1-Come On, Come Out 3.39*
2-Sleepwalking 4.28
3-Heavens to Be Had 1.59
4-The Water Waltz 2.25
5-Twister Hearts, Broken Souls 2.36
6-Losing to You 2.38
7-Vanish 1.32
8-Wishing Well Blues 3.51
9-How Old Do I? 1.17
10-Three Angels Underground 2.40
11-Fire Flowers 3.19
12-Kriskraft 2.44
13-Ferris Wheel 2.16
14-Sparkle Road 1.42
15-She's a Dead Diamond Dancer 2.13
16-Mad Bad Dad 5.51
17-Shine On 7.51

*Interprété par A Fine Frenzy
Ecrit par Alison Sudol,
Hal Cragin et Lukas Burton.

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Lakeshore Records LKS 33994

Producteurs exécutifs de l'album:
Skip Williamson, Brian McNelis
Supervision de la musique:
Kevin Edleman
A&R pour Lakeshore:
Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2008 Ferris Entertainment, LLC. All rights reserved.

Note: ***
SLEEPWALKING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Drame psychologique du réalisateur William Maher sorti en 2008, « Sleepwalking » est un film dur et mélancolique, emprunt d’une profonde morosité assez déstabilisante et rare dans une production américaine de ce genre. Joleen Reedy (Charlize Theron) est forcée de quitter son domicile après l’arrestation de son petit ami par la police. Elle part alors se réfugier chez son frère cadet James (Nick Stahl), avec sa jeune fille de 12 ans Tara (AnnaSophia Robb). James est un homme simple et sans grande personnalité, qui accepte tout sans jamais broncher : c’est ainsi qu’il accueille chez lui Joleen et Tara dans le modeste appartement qu’il loue. Peu de temps après, Joleen quitte l’appartement en compagnie d’un autre homme et abandonne Tara et James. Ce dernier se retrouve alors à s’occuper seul de sa jeune nièce adolescente, mais très vite, malgré tous ses efforts, James se retrouve complètement dépassé par la situation. Il perd malheureusement son emploi, tandis que les services sociaux viennent chercher Tara pour la placer en famille d’accueil. James décide alors de prendre une situation qui bouleversa sa vie à tout jamais : il enlève Tara de la Californie du Nord et prend la route avec de nouvelles identités : ils sont désormais père et fille. S’il s’agit au départ d’un simple stratagème visant à tromper les autorités, cela sera pour James l’occasion d’apprendre à devenir un bon père pour Tara, père qu’elle n’a jamais eu. Pour James, c’est aussi l’occasion de reprendre son existence en main et de donner une nouvelle signification à son existence. Leur voyage les conduira jusqu’à la ferme familiale dans l’Utah, où Joleen et James ont grandis ensemble, en compagnie d’un père tyrannique, au caractère abusif et violent (Dennis Hopper). Produit par Charlize Theron elle-même, « Sleepwalking » est un petit film amer et poignant porté par une atmosphère dépressive et lente extrêmement morose. La mise en scène extrêmement sobre et minimaliste de William Maher renforce le caractère mélancolique et intimiste d’un récit construit sous la forme d’un road-movie initiatique, où un homme et sa jeune nièce apprendront à se connaître et à redonner un sens à leur vie. On appréciera encore une fois l’interprétation remarquable de la jeune AnnaSophia Robb (vue dans « Charlie and the Chocolate Factory » et « Bridge to Terabithia »), d’une maturité étonnante pour son âge - hormis une scène d’un goût douteux, dans laquelle la jeune ado se prélasse au bord d’une piscine, cigarette à la bouche - à ses côtés, Charlize Theron est bouleversante en mère complètement perdue et dépassée par la situation, mais c’est finalement l’excellent Nick Stahl (révélé en 1993 par le film « The Man Without a Face » de Mel Gibson) qui s’impose ici, dans le rôle du jeune oncle qui tentera de tout faire pour redonner le sourire à sa jeune nièce. Au casting, on retrouve aussi Woody Harrelson et le regretté Dennis Hopper, qui campe un père autoritaire et violent absolument détestable et terrifiant à souhait : « Sleepwalking » est d’ailleurs l’un des derniers films du grand acteur américain, qui nous a malheureusement quitté en 2010.

La musique de « Sleepwalking » permet à Christopher Young de nous offrir une nouvelle partition intimiste sobre et touchante, dans la lignée de « Sweet November » ou de sa musique rejetée pour « An Unfinished Life ». Dès les premières minutes du film, le morceau « Sleepwalking » pose le ton de la partition de Chris Young avec son ensemble de guitares acoustiques/électriques diverses, de nappes synthétiques et de notes vaporeuses de piano. La musique affiche clairement d’emblée son caractère minimaliste et intimiste, un fait qui se concrétise dans « Heavens To Be Had » et son thème plus rafraîchissant de piano sur fond de guitares et de cordes. On retrouve ici les harmonies chaleureuses et délicates habituelles de Chris Young, dans un style proche de « Sweet November » ou « Wonder Boys ». La musique évoque dans le film la complicité naissante entre James et Tara, avec une légèreté poétique et nostalgique typique des musiques de comédie dramatique du compositeur. « The Water Waltz » nous offre ainsi une nouvelle pièce pour piano, cordes et guitare avec un thème léger, un brin naïf et insouciant, à l’image des deux personnages principaux du film campés par AnnaSophia Robb et Nick Stahl. La musique de « Sleepwalking » évoque aussi les doutes et les souffrances intérieures des personnages dans « Twisted Hearts, Broken Souls », où le piano devient plus délicat, jouant tout en finesse sans jamais en faire de trop. Ici aussi, l’approche minimaliste porte ses fruits à l’écran, et la musique se veut à la fois délicate et réservée, tout en suggérant la pensée et les sentiments des personnages. Le duo piano/guitare de « Losing To You » reste quand à lui très réussi, même si l’on finit très vite par se lasser de l’approche minimaliste un brin monotone de la partition de Christopher Young. Néanmoins, il règne dans « Losing To You » une certaine légèreté subtile et un peu insouciante, à l’image du personnage de Nick Stahl dans le film, qui semble complètement perdu, à la recherche d’un but dans sa vie.

Les guitares restent très présentes dans « Vanish » et « Wishing Well Blues ». Ce morceau véhicule d’ailleurs un sentiment de solitude et d’isolement un peu morose et doucement mélancolique, avec une retenue extrême et une grande économie de moyens (ici, point d’envolée orchestrale mélodramatique, pas une note plus haute que l’autre !). Mais quand ce n’est pas la guitare de James qui résonne, ce sont les notes de piano délicates de Tara dans « How Old Do I » qui apportent une émotion délicate et attentionnée à la musique du film de William Maher. Le thème léger de « Heavens To Be Had » revient alors dans « Three Angels Underground », à nouveau confié au duo piano/guitare pour évoquer la complicité entre Tara et James. Ici aussi, la musique est extrêmement épurée et réduite au strict minimum : quelques instruments suffisent à créer une émotion intimiste à l’écran, à l’image d’un film lent et un peu morose. A noter les sonorités plus sombres et ambiguës de « Fire Flowers » avec ces effets sonores de guitares et ces notes plus mystérieuses de piano et de guitare, qui créent une sorte de tension latente sous-jacente assez réussie. Le thème principal de piano revient dans « Kriskraft » sur fond de guitares et de nappes synthétiques, puis Chris Young lui adjoint un rythme de valse à 3 temps dans « Ferris Wheel » évoquant le départ de James et Tara pour leur périple sur la route. Le minimalisme extrême et le caractère épuré de la partition de « Sleepwalking » renvoient clairement au style intimiste habituel de Thomas Newman, un compositeur qui semble avoir servi de modèle à Christopher Young sur la musique du film de William Maher. Cette influence se confirme d’ailleurs dans le solitaire « Sparkle Road » ou « She’s A Dead Diamond Dancer », avec ses arpèges de guitare qui évoquent par moment la musique country américaine traditionnelle (on pense notamment aux scores de « Bandits » ou « The Country Bears »). La musique atteint son climax dans le sombre et torturé « Mad Bad Dad », dans lequel Chris Young évoque le personnage du père brillamment interprété dans le film par Dennis Hopper, avec des notes déstructurées de guitare, des nappes synthétiques sombres et quelques tenues de cordes latentes et inquiétantes – « Mad Bad Dad » est d’ailleurs l’unique morceau du score à hausser davantage le volume sonore, lors de la scène où James commet l’irréparable pour sauver Tara des griffes de son père. Enfin, « Shine On » nous permet de respirer, en reprenant le thème de piano/cordes/guitare de « Sleepwalking » en guise de conclusion plus optimiste et apaisée.

Christopher Young signe donc une partition intimiste un brin morose, douce et poétique pour « Sleepwalking ». Sa musique reflète les sentiments intérieurs des deux principaux protagonistes du film avec une retenue extrême, apportant une certaine émotion délicate et retenue au film de William Maher. Chris Young ne prend pas beaucoup de risque ici et soigne davantage le jeu du piano et de la guitare en reléguant au second plan l’orchestre habituel, qui se résume uniquement à quelques parties de cordes discrètes, sans oublier l’utilisation nuancée et elle aussi discrète de quelques parties synthétiques atmosphériques. Christopher Young reprend un style dramatique/intimiste qu’il a déjà mis en valeur dans des films tels que « Sweet November », « Wonder Boys » ou bien encore dans la musique rejetée de « An Unfinished Life », qui se rapproche beaucoup stylistiquement de son travail sur « Sleepwalking ». Dommage cependant que le score s’avère être somme toute un brin monotone et répétitif sur la longueur, et pas follement original ni même très passionnant à écouter. La musique ne décolle vraiment jamais, et donne assez souvent l’impression de planer et de survoler le film sans grande passion, même si l’on appréciera ce souci de minimalisme constant et cette extrême retenue touchante de la musique sur les images (peut-être même trop retenue ?). On est véritablement ici à des années lumières des partitions horrifiques à suspense de Christopher Young, le compositeur explorant encore une fois sur « Sleepwalking » une autre facette de sa personnalité musicale, plus légère, minimaliste et poétique. On reste néanmoins un peu déçu par le côté tout à fait quelconque et anecdotique de cette partition mineure dans la filmo de Chris Young, mais qui devrait néanmoins ravir les amateurs de musique intimiste et minimaliste !



---Quentin Billard