1-Dieter's Theme 3.00
2-Journey 1.22
3-Hope 5.28
4-Sign This 1.33
5-Gathering Rice 1.48
6-The Plan 2.24
7-After The Fire 1.56
8-Rain 2.58
9-Operation Rescue Dawn 2.43
10-It's Him 4.07
11-Keep Your Head Down 0.54
12-America Gave Me Wings 1.58
13-Mirror 1.46
14-Sleepwalkers 2.42
15-Rescue 4.45
16-Light (Rescue
Dawn Version) 4.20*
17-Dieter's Theme Reprise 1.49
18-This Is How I
Remember Him 2.35**

*Interprété par James Carrington
Ecrit par James Carrington
et Klaus Badelt
Produit par Klaus Badelt
**Dialogue de Werner Herzog

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Milan Records 36285-2

Produit par:
Klaus Badelt
Score co-produit par:
Christopher Brooks
Arrangements de:
Ian Honeyman, Andrew Raiher
Préparation de la musique:
Vic Fraser
Assistant de Klaus Badelt:
Jamie Bukowski
Assistant technique du score:
Christopher Carmichael
Producteur exécutif:
Robyn Klein
Producteurs exécutifs de l'album
pour Milan:
Jean-Christophe Chamboredon,
Ian Hierons

Milan Business & Legal Affairs:
Roya R.Hekmat, Esq.

Artwork and pictures (c) 2006 Top Gun Productions, LLC. All rights reserved.

Note: ****
RESCUE DAWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
« Rescue Dawn » marque le retour de l’allemand Werner Herzog qui livre un nouveau film assez intense et immersif, inspiré de l’histoire vraie de Dieter Dengler, officier américain qui réussit à s’échapper d’un camp de prisonnier au Laos durant la guerre du Viêt Nam en 1966. Herzog avait déjà abordé ce sujet dans le documentaire « Little Dieter Needs To Fly » sorti en 1997. Visiblement soucieux d’aller plus loin dans l’évocation de cette incroyable histoire, le cinéaste allemand - un habitué du genre du documentaire - Werner Herzog décida de réadapter le récit de Dieter Dengler dans un nouveau long-métrage de fiction, inspiré du livre autobiographique publié par Dengler lui-même en avril 2010. Le lieutenant Dieter Dengler (Christian Bale) est pilote dans l’aéronavale américaine, envoyé en mission secrète au dessus du Laos en février 1966. Objectif de la mission : bombarder les points stratégiques de l’armée nord-vietnamienne. Mais son appareil est abattu en plein vol, et Dieter réussit à survivre au crash, avant d’être capturé par des miliciens de l’organisation politico-militaire Pathet Lao. Torturé et humilié, Dieter est emmené ensuite dans un camp de prisonniers, où il se retrouvera en compagnie de cinq autres prisonniers, dont deux aviateurs américains, le lieutenant Duane Martin (Steve Zahn) et le sergent Eugene DeBruin (Jeremy Davies), captif depuis deux ans. Affaibli par des conditions de détention cruelles et difficiles, Dieter et ses compagnons d’infortune sont sur le point d’abandonner tout espoir, jusqu’à ce que Dengler réussisse à les convaincre d’organiser ensemble un plan d’évasion. Dieter et ses compagnons réussissent alors à s’échapper dans la confusion la plus totale en juin 1966. Dengler se retrouve alors seul avec Martin, tandis que les autres partent chacun de leur côté. Leur objectif : rejoindre le Mekong afin d’atteindre la Thaïlande. Mais la marche à travers la jungle sera particulièrement difficile, éprouvante et pleine de danger pour les deux évadés. « Rescue Dawn » reste un film immersif et réussi, qui malgré sa longueur (125 minutes) et son rythme lent, n’en demeure pas moins très prenant, porté par un souci constant de réalisme, proche du documentaire. Plus sage et discipliné que certains anciens films de Werner Herzog, « Rescue Dawn » délaisse la folie artistique de certains long-métrages plus anciens du cinéaste pour aborder un sujet plus dramatique, nous livrant un survival de guerre de grande qualité. Le film vaut surtout par l’interprétation ahurissante de Christian Bale qui, pour les besoins du film, a dû perdre près de 20 kilos (on voit le personnage perdre de plus en plus de poids tout au long du film), un fait qui rappelle aussi l’exploit de l’acteur sur « The Machinist » de Brad Anderson (2004), pour lequel il avait dû perdre plus de 28 kilos. A noter que le film n’est malheureusement jamais sorti en France, uniquement distribué en DVD dans un doublage canadien de qualité douteuse. Reste que, sans être l’un des meilleurs films de Werner Herzog, « Rescue Dawn » est une très belle réussite dans son genre !

Après avoir collaboré pour la première avec le cinéaste allemand sur « Invincible » (2001), le compositeur Klaus Badelt retrouve Werner Herzog sur « Rescue Dawn », pour lequel il signe une partition orchestrale lyrique, alternant entre orchestre symphonique et instrument soliste. La partition de Klaus Badelt repose avant tout sur un magnifique thème principal exposé dès le générique de début du film, « Dieter’s Theme », associé dans le film au personnage brillamment incarné par Christian Bale. Ce thème, ample, lyrique et mélodique, évoque le courage et la détermination de Dieter Dengler, des valeurs humaines qui l’amèneront à survivre à cette terrible épreuve en plein coeur du Viêt-Nam. Le « Dieter’s Theme » s’impose d’emblée par le ton élégiaque, lyrique et poignant des cordes, dans un style assez classique qui rappelle beaucoup sa partition co-écrite avec Hans Zimmer pour le film « Invincible » de Werner Herzog. L’autre thème du score est une mélodie plus mélancolique et intimiste, associé aux souffrances de Dieter dans « Journey », un très beau thème chaleureux et humain qui résonne tout au long de la partition de « Rescue Dawn », entre désespoir et mélancolie sincère. A noter une troisième idée thématique pour la libération, qui s’apparente davantage à une sonorité particulière plus qu’à une mélodie à proprement parler, présent dans « Hope », et qui s’apparente à une répétition métronomique et entêtante de percussions électroniques typiques des productions Remote Control, alors que le « Dieter’s Theme » est repris au violoncelle et aux cordes à travers un crescendo orchestral/percussif ample et prenant, symbole d’espoir, de force morale et de détermination. La partition conserve un lyrisme élégiaque de bout en bout, comme le rappelle le très beau et mélancolique « Journey », illustrant les conditions de vie difficiles de Dieter dans le camp de prisonnier vietnamien. On notera ici aussi l’apport très classique d’esprit des cordes et du violoncelle – on n’est guère loin par moment du lyrisme poétique et poignant du « Thin Red Line » de Hans Zimmer. Le thème de Dieter revient, au piano et aux cordes, dans le touchant « Gathering Rice », évoquant la fraternité qui unit les prisonniers américains du camp pour la récolte des grains de riz. Ici aussi, place à une émotion sincère et toute en sobriété, la musique évitant constamment d’en faire de trop dans le film, tout en conservant une retenue émouvante et poignante.

« The Plan » illustre les préparatifs du plan d’évasion de Dieter et les autres prisonniers. La musique devient alors plus sombre et menaçante, avec l’utilisation de sonorités synthétiques et de percussions électroniques, tout en reprenant le motif rythmique de la libération de « Hope » avec un tempo un peu plus rapide, traduisant le sentiment d’urgence et de danger. Les percussions synthétiques du thème de la libération cohabitent ici avec le thème de Dieter, repris aux violoncelles, sur un ton plus sombre, tendu et incertain, à l’image de la vie dans le camp. Le piano solitaire de « After the Fire » et le mélange piano/harpe/violoncelle de « Rain » (reprenant le thème mélancolique de « Journey ») apportent à leur tour une émotion et une profonde humanité à la musique de Klaus Badelt dans le film, même si la plupart des derniers morceaux du score n'ont pas été retenus pour le film, remplacés lors des vingt dernières minutes par des pièces de l'inclassable violoncelliste de jazz Ernst Reijseger, avec lequel Herzog vient tout juste de collaborer à nouveau sur son récent documentaire 3D « Cave of Forgotten Dreams » sorti en 2011 (dommage que les superbes compositions originales pour violoncelle seul d'Ernst Reijseger n'aient pas été retenues pour l'album publié par Milan Records). On relèvera une reprise brillante du thème de Dieter dans « Operation Rescue Dawn » et ses percussions puissantes, ou un « It’s Him » plus élégiaque avec cordes, piano, violoncelle et nappes synthétiques atmosphériques et contemplatives. On appréciera aussi le lyrisme déchirant du violoncelle dans la reprise du thème dramatique de « Journey» dans « Keep Your Head Down », puis à la harpe dans le solitaire et intimiste « America Gave Me Wings », évoquant les sentiments intérieurs et les pensées de Dieter Dengler. Les entêtantes percussions synthétiques du motif de la libération reviennent dans « Mirror », tandis que les cordes reflètent le drame humain et la tragédie des conditions de Dieter et son compagnon de fortune, perdus en pleine jungle laotienne dans le magnifique et élégiaque « Sleepwalkers », qui reprend le thème dramatique de « Journey » dans toute sa splendeur, pour ce qui reste l’un des plus beaux morceaux du score de « Rescue Dawn », et ce avant la grande reprise finale et grandiose du thème de Dieter dans « Rescue », triomphant et victorieux. A noter que l’album nous offre en guise de bonus une très belle reprise orchestrale du thème poignant de « Journey » avec un monologue récité par Werner Herzog lui-même dans « This is How I Remember Him », au sujet des souvenirs du cinéaste allemand concernant le vrai Dieter Dengler. Klaus Badelt signe donc une magnifique partition orchestrale pour « Rescue Dawn », qui apporte une émotion sincère et véritable au long-métrage de Werner Herzog. Après la réussite de « Invincible », Klaus Badelt confirme encore une fois son talent de compositeur symphonique aux influences classiques et nous livre une magnifique composition élégiaque et vibrante pour cette histoire vraie de courage et de survie, sans aucun doute l’une des plus belles partitions écrites par Klaus Badelt pour le cinéma !



---Quentin Billard