1-Charlestown 2.18
2-Bank Attack 3.38
3-Doug Reflects 1.53
4-FBI Show & Tell 1.48
5-Oxycontin 2.09
6-Healing and Stealing 3.12
7-Nuns With Guns 3.40
8-The Necklace 2.19
9-The Wreath 1.24
10-Cathedral of Boston 2.28
11-Fenway 3.09
12-Who Called 911? 3.07
13-Making the Switch 2.39
14-Sunny Days 2.27
15-Leaving 2.54
16-The Letter 2.47

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams/David Buckley

Editeur:

Silva Screen SILCD1343

Score produit par:
Harry Gregson-Williams,
David Buckley

Musique additionnelle de:
Justin Caine Burnett,
Anthony Lledo


Artwork and pictures (c) 2010 Warner Bros. Pictures. All rights reserved.

Note: **
THE TOWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams/David Buckley
Second long-métrage de Ben Affleck en tant que réalisateur, « The Town » est l’adaptation cinématographique du roman « Prince of Thieves » de Chuck Hogan, film sorti en 2010 et salué par la critique. C’est le deuxième film que réalise Ben Affleck après son premier coup d’essai réussi « Gone Baby Gone » sorti en 2007. « The Town » nous plonge dans le quartier malfamé de Charlestown à Boston, aux Etats-Unis. Le quartier abrite une grande partie des braqueurs « professionnels » de la ville, des familles pauvres et modestes où l’on naît braqueur de banque, de père en fils. Doug MacRay (Ben Affleck) est l’un de ces braqueurs qui refuse de suivre le chemin d’un père criminel et meurtrier qui a fini en prison. Ses principaux faits d’arme : avoir réussi plusieurs braquages sans jamais verser la moindre goutte de sang. Il est à la tête d’un gang de braqueurs, aux côtés de son fidèle ami, le colérique et violent Jem (Jeremy Renner). Ses amis sont la seule « famille » qui lui reste à présent. Un jour, Doug, Jem et leurs compagnons braquent une banque de Boston et prennent alors en otage la directrice de l’établissement, Claire Keesey (Rebecca Hall). Peu de temps après s’être échappés avec le butin, ils découvrent que Claire habite également Charlestown. Jem s’inquiète alors de savoir si la jeune femme serait en mesure de les reconnaître. Connaissant le tempérament violent et brutal de Jem, Doug décide de prendre les choses en main et rentre alors en contact avec Claire, avec laquelle il sympathise rapidement. Mais la jeune femme ne se doute pas encore que le séduisant jeune homme n’est autre que celui qui l’a prise en otage lors du braquage de la banque. « The Town » est au final un excellent film de braquage dans la lignée des grands classiques du genre (« The Italian Job », « Ocean’s Eleven », « The Score », etc.). Ben Affleck se nourrit ainsi de ses différentes influences et nous livre un drame fort où l’intrigue de braquage cède rapidement la place à une histoire d’amour difficile entre un gangster en quête de rédemption et une jeune femme traumatisée qui ignore tout de l’homme qu’elle commence alors à fréquenter. Le scénario (écrit en partie par Affleck lui-même) joue astucieusement sur la double facette de Doug MacRay et le film nous offre de superbes séquences de braquage et de fusillades, dans la plus pure tradition du genre, le tout servi par la mise en scène efficace bien qu’un brin impersonnelle de Ben Affleck. A noter que « The Town » est le dernier long-métrage du célèbre acteur anglais Pete Postlethwaite, décédé seulement quelques mois après le film. Quand à Jeremy Renner, « The Town » lui a valu d’être nominé aux Oscars 2011 en tant que meilleur acteur dans un second rôle. En bref, « The Town » reste donc une jolie réussite dans son genre et un deuxième essai réussi pour la carrière de réalisateur de Ben Affleck.

La musique de « The Town » a été confiée au duo Harry Gregson-Williams/David Buckley, deux compositeurs issus du studio Remote Control de Hans Zimmer. Le duo nous livre pour « The Town » l’habituelle composition synthético-orchestrale propre au studio RC, mélangeant ainsi parties orchestrales et éléments synthétiques modernes pour affirmer le caractère urbain et contemporain du film de Ben Affleck, et ce dès les premières minutes du film dans « Charlestown ». A noter l’utilisation du piano sur fond de cordes et nappes/rythmiques synthétiques sombres, annonçant la tonalité dramatique du film. La première scène de braquage permet à HGW et David Buckley de nous offrir un premier morceau d’action rapide et agité dans « Bank Attack ». Les deux musiciens ménagent ici la tension et l’excitation de la scène à l’aide d’un ensemble de percussions synthétiques made in Remote Control, samples en tout genre et loops électro rutilants, dans la lignée des musiques d’action habituelles d’Harry Gregson-Williams pour les films d’action/thriller de Tony Scott. Dans « Bank Attack », le compositeur et son complice ne dérogent pas à la règle et nous offre une musique d’action moderne et agressive, sans grande surprise particulière, essentiellement dominée par les rythmes électroniques et le travail des percussions synthétiques sur fond de cordes dramatiques et tourmentées (on est clairement ici dans le style des scores de « Man on Fire », « Unstoppable » ou « The Taking of Pelham 123 »). Le thème principal fait son apparition à la guitare acoustique dans l’intimiste et retenu « Doug Reflects », thème nostalgique et touchant aux consonances irlandaises associé dans le film au personnage de Doug MacRay et qui évoque ses sentiments et sa quête personnelle de rédemption et de paix intérieure. Ce très beau thème intimiste contrastera d’ailleurs tout au long du film avec les morceaux à suspense atmosphériques du reste de la partition, ou les quelques passages d’action qui parsèment la bande originale de « The Town ».

Avec « FBI Show & Tell », on retrouve un style plus électronique moderne typique des deux compositeurs, à base de loops et samples divers agrémentés de quelques rythmes synthétiques contemporains – on retrouve un style urbain qui rappelle beaucoup la partition du film « Phone Booth » du même Harry Gregson-Williams. Le morceau évoque la traque du FBI, qui mène l’enquête sur le braquage de la banque et cherche à coincer les auteurs du hold-up. Plus atmosphérique, « Oxycontin » se propose d’élaborer de longues nappes synthétiques latentes, tandis que les entêtants loops électro sont toujours présents. On regrettera néanmoins la faiblesse des orchestrations, très maigrichonnes, qui se limitent bien trop souvent à de simples parties de cordes sans grande saveur. Fort heureusement, le thème principal associé au personnage de Ben Affleck revient, au piano, dans le touchant « Healing and Stealing », avant de céder à nouveau la place à la tension et aux rythmes électro. La deuxième séquence de braquage (« Nuns with Guns ») met les bouchées doubles niveau action, permettant au duo Gregson-Williams/Buckley de nous offrir un nouveau morceau d’action frénétique et survitaminé, avec ses loops électro/techno métalliques et ses effets sonores de guitare électrique qui rappellent beaucoup les samples électro de la musique du film « Unstoppable ». Les fans de musique d’action synthético-orchestrale made in RC seront aux anges avec « Nuns with Guns », qui reste à n’en point douter l’un des meilleurs passages d’action du score de « The Town ». « The Necklace » se propose d’apporter un peu d’espoir et d’émotion à la partition d’Harry Gregson-Williams et David Buckley, tandis que « The Wreath » se veut au contraire moins rassurant et plus agité dans son style atmosphérique plus sombre. Même chose pour « Fenway » ou « Who Called 911 », des morceaux d’action/tension sans grande envergure et aussi très fonctionnels à l’écran, et qui s’avèrent être malheureusement ultra répétitifs sur l’album et pas vraiment passionnants à écouter – on frôle bien souvent la musique de série TV policière à budget réduit. L’action reprend le dessus dans l’explosif « Making the Switch » et ses percussions électroniques typiques du studio de Hans Zimmer, avant de céder la place au final qui débute avec l’optimiste « Sunny Days » et se conclut avec « The Letter », reprenant une dernière fois le thème principal dans un très beau trio violon/violoncelle/piano et orchestre à cordes, un morceau d’une grande beauté évoquant la rédemption du personnage principal à la fin du film.

Harry Gregson-Williams et David Buckley signe donc un score d’action/thriller assez anecdotique et routinier pour « The Town », une partition synthético-orchestrale sans grande envergure qui reprend encore une fois le même schéma musical habituel des anciens scores d’action du compositeur, et plus particulièrement ceux pour les films de Tony Scott. Les deux compères ne prennent alors aucun risque sur « The Town » et applique toutes les recettes du genre comme de bons professionnels qu’ils sont, mais leur musique ennuie plus qu’autre chose et reste désespérément générique, plate et sans saveur, aussitôt consommée, aussitôt oubliée. Dommage, car cela fait maintenant depuis quelques années qu’Harry Gregson-Williams semble s’être assoupi et multiplie les partitions fonctionnelles et routinières sans grande inspiration, alignant les musiques alimentaires à grande vitesse sans prendre le temps de se renouveler ou de proposer autre chose que ce qu’il fait habituellement dans le style synthético-orchestrale. Encore une fois, seules ses musiques pour le cinéma d’animation lui permettent encore aujourd’hui de s’exprimer avec plus d’aisance et d’inventivité, alors que ses musiques pour les films d’action/suspense l’obligent à se répéter constamment, un genre dans lequel Harry Gregson-Williams n’a visiblement plus rien à dire et dans lequel il tourne irrémédiablement en rond. Ordinaire, banale et sans saveur, la musique de « The Town » déçoit par son manque total d’inspiration et d’originalité, et ce même si le score reste assez réussi à l’écran, apportant action, tension et émotion au film de Ben Affleck. Mais il n’empêche qu’on attend toujours mieux de la part d’Harry Gregson-Williams, un grand compositeur possédant un véritable potentiel créatif qu’il gâche constamment sur des films qui ne l’inspirent plus, et pour lesquels il doit systématiquement ressortir les mêmes formules musicales, les mêmes banques de son, les mêmes scores routiniers et interchangeables d’un film à l’autre. En résumé : une déception, encore une fois !



---Quentin Billard