1-Main Title 4.40
2-Home From The War 1.58
3-Going To Town 2.00
4-The Wagon Chase 2.41
5-Mattie Wants Children 1.55
6-Railroad 1.50
7-Nicholas Spings Wyatt 1.31
8-Is That Your Hat? 2.06
9-The Wedding 3.16
10-Stillwell Makes Bail 2.36
11-It All Ends Now 1.53
12-Urilla Dies 4.35
13-Tell Me About Missouri 2.56
14-The Night Before 3.11
15-O.K. Corral 7.01
16-Down By The River 2.57
17-Kill'em All 5.02
18-Dodge City 1.01
19-Leaving Dodge 1.23
20-Indian Charlie 1.33
21-We Stayed Too Long 1.50
22-Winter To Spring 1.18
23-It Happened That Way 1.10

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Warner Bros Records
9 45660-2

Album produit par:
James Newton Howard
Co-produit par:
Michael Mason
Directeur en charge de la musique pour Warner Bros:
Gary LeMel
Monteur de la musique:
Jim Weidman
Assistant montage:
David Olson

Artwork and pictures (c) 1994 Warner Bros/Warner Bros. Records Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
WYATT EARP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Western à la longueur assez conséquente (près de 3 heures environ !) réalisé par Lawrence Kasdan et sorti en 1994, « Wyatt Earp » raconte l’histoire légendaire des frères Earp dans la ville de Tombstone durant l’ère du Far-West au 19ème siècle, histoire connue pour sa très célèbre fusillade à O.K. Corral - il s’agit d’une histoire vraie à l’origine, largement romancée pour les besoins dramatiques du film. Le cinéma américain s’est d’ailleurs intéressé à ce sujet à plusieurs reprises à travers de nombreux films tels que « My Darling Clementine » (1946), « Gunfight at OK Corral » (1957), « Cheyenne Autumn » (1964), « Hour of the Gun » (1967) ou bien encore « Tombstone » (1993). Lawrence Kasdan nous propose à son tour sa propre vision de la célèbre histoire de Wyatt Earp, figure emblématique de l’univers du far-west américain qui décéda en 1929 après avoir fréquenté quelques plateaux de tournage à Hollywood. L’histoire du film commence ainsi avec la jeunesse de Wyatt Earp (Kevin Costner). Issu d’une famille d’avocats et de juges, le jeune Wyatt semblait destiné à suivre la voie du monde de la justice. Marié à Urilla Sutherland, son amour de jeunesse, Wyatt commence alors à étudier le droit et décide de s’installer dans le Missouri pour y fonder une famille. Hélas, sa femme décèdera de la typhoïde quelques temps plus tard alors qu’elle venait de tomber enceinte. Cette perte tragique bouleversa à tout jamais son existence. Wyatt décide alors de voyager et de multiplier les petits boulots en tout genre. Il part ensuite pour la ville de Wichita et s’installe à Dodge City dans le comté de Ford au Kansas, où il deviendra un shérif craint et respecté pour son intransigeance. Avec ses trois frères Virgil (Michael Madsen), Morgan (Linden Ashby) et James (David Andrews), Wyatt décide de s’installer dans la ville de Tombstone afin de monter une affaire. Il est accompagné de son fidèle ami, Doc Holliday (Dennis Quaid), joueur de poker professionnel alcoolique et tuberculeux mais as de la gâchette. Malheureusement pour eux, leur tranquillité sera très vite troublée par un gang qui sévit dans Tombstone, les Clanton et les McLaury. Leurs incessantes altercations se concluront finalement par le très célèbre règlement de compte à OK Coral.

« Wyatt Earp » évoque donc cette légende incontournable du western américain, un film long et ambitieux qui tente de renouer avec la virtuosité des films de John Ford ou de John Sturges. Lawrence Kasdan nous offre ainsi un western plutôt académique et très réussi pour l’époque : rappelons ainsi que « Wyatt Earp » est sorti en 1994, à une époque où le genre du western était tombé en désuétude dans le cinéma américain, et ce malgré quelques tentatives de qualité variable, du bon (« Silverado », « Tombstone ») au moins bon (« Bad Girls »). Kevin Costner interprète avec brio le rôle de Wyatt Earp, entouré d’un casting particulièrement impressionnant (Dennis Quaid, Gene Hackman, Jeff Fahey, Joanna Going, Mark Harmon, Michael Madsen, Catherine O’Hara, Bill Pullman, Isabelle Rossellini, Tom Sizemore, JoBeth Williams, Mare Winningham, etc.). Hélas, malgré toutes ses bonnes qualités, le film fut un échec au box-office américain, l’un des premiers grands échecs de Kevin Costner qui connaîtra hélas un long passe à vide dans les années 90 avec les échecs répétés de « Waterworld » et « The Postman ». De toute évidence, le public n’avait plus envie de voir un nouveau western de trois heures sur un sujet maintes fois rabâché au cinéma.

La musique de James Newton Howard pour « Wyatt Earp » s’inscrit clairement parmi les plus belles réussites du compositeur dans les années 90, une partition généralement très appréciée des fans de JNH. On y retrouve ici tout le talent et le style personnel de James Newton Howard, mélangeant aventure épique, action tonitruante et romantisme. Le générique de début (« Main Title ») introduit ainsi une mélodie de cors qui se trouve être le thème principal de la partition de « Wyatt Earp », réexposé ensuite aux cordes et à l'orchestre. Ce thème majestueux représente dans le film le personnage de Wyatt Earp et sa foi en une justice intransigeante et respectueuse des lois. Sans être véritablement héroïque ou triomphant, le thème évoque les valeurs et la détermination du personnage de Kevin Costner dans le film. Le score de James Newton Howard se compose alors dans le film en plusieurs sections : ainsi donc, la première partie qui dure une bonne demi-heure dans le film s'attache à suivre l'enfance de Wyatt au sein de sa famille. Le compositeur développe alors une ambiance plutôt paisible et enjouée, utilisant un accordéon, un violon-fiddle et une guitare pour les scènes où Wyatt va en ville et aide son père dans les champs. JNH utilise clairement les instruments caractéristiques de l’Ouest américain en apportant une couleur « americana » à sa musique dans le film, et plus particulièrement grâce au fiddle, le fameux violon indissociable des musiques populaires des pays anglo-saxons. La musique évolue alors progressivement pour devenir plus douce et intime : c'est la rencontre entre Wyatt et Urilla, son premier amour de jeunesse. James Newton Howard développe alors un magnifique « Love Theme » de cordes et de vents, entendu notamment dans « The Wedding » pour la scène du mariage.

Entre temps, JNH utilise son tout premier morceau d'action entraînante avec la course poursuite de « The Wagon Chase », réexposant le thème de Wyatt Earp de manière plus héroïque, rappelant au passage le brio de l’écriture orchestrale du compositeur - servie comme toujours par des orchestrations très soignées et un style « action » extrêmement vif et prenant dans le film. Puis, la musique s’assombrit progressivement dans le film : on entre ainsi dans la seconde partie de la partition de JNH. Wyatt perd sa femme (le dramatique et poignant « Urilla Dies »), puis il devient ensuite shérif à Dodge City et à Tombstone. La musique de James Newton Howard devient alors plus sombre, plus tendue au fur et à mesure que se profile à l'horizon la menace d'un règlement de comte imminent à l'intérieur même de la ville. La musique représente aussi la détermination de Wyatt, prêt à aller jusqu'au bout pour mettre fin à la menace de la bande des Clanton et des McLaury, suivant les conseils de son père Nicholas (« tirer pour tuer ! »). Tendue et nerveuse, la musique du règlement de comte (« O.K. Corral ») prend très rapidement une tournure quasi martiale assez typique du compositeur. On appréciera ici la façon dont James Newton Howard a réussit à illustrer avec brio la séquence où l'on aperçoit la bande des quatre shérifs s'avancer d'un pas déterminé en plein milieu des rues de la ville, armés jusqu'aux dents pour affronter leurs ennemis, la détermination étant clairement palpable sur leurs visages. La musique exprime clairement l'inexorabilité de l'affrontement, l'impossibilité de faire marche arrière. La manière dont JNH illustre la scène de la très sanglante fusillade est particulièrement impressionnante dans le film : une musique chaotique et violente, agressive et dissonante, avec des orchestrations plus incisives et marquées, sans aucun doute le morceau le plus sombre et le plus agressif de toute la partition de « Wyatt Earp ». « O.K. Corral » et ses sept minutes assez éprouvantes nous renvoient clairement aux passages similaires du « Tombstone » de Bruce Broughton ou au « Hour of the Gun » de Jerry Goldsmith - qui débutait aussi sur une musique extrêmement sombre et chaotique pour le célèbre règlement de compte à OK Corral.

Après quelques passages plus sombres (« Kill’em All »), le film se conclut avec la reprise du thème de Wyatt pour le triomphe de la justice, malgré le fait que Wyatt ait du violer la loi pour éliminer les individus qui ont tué ses frères, une conclusion particulièrement belle reprenant le thème de Wyatt Earp, qui conclut le film avec un certain optimiste. N’oublions pas de signaler aussi le retour du très beau « Love Theme » pour la nouvelle romance entre Wyatt et la jeune actrice juive Josie (Joanna Going), permettant alors au compositeur de développer son thème romantique qui n'apparaît finalement qu’à deux reprises tout au long du film, pour les deux scènes romantiques entre Wyatt et les deux femmes qui ont le plus compté dans sa vie : Urilla et Josie. On pourrait finalement être tenté de comparer la musique de deux westerns de Lawrence Kasdan, celles de « Wyatt Earp » de James Newton Howard et celle de « Silverado » de Bruce Broughton. Dans les deux cas, la musique évite les clichés habituels des musiques westerns des années 60. Elles reposent essentiellement sur une conception musicale plus contemporaine de l'action et de l’aventure. Cependant, on retrouvera beaucoup plus de pièces aux sonorités « americana » traditionnelles dans « Wyatt Earp » que dans la partition de Bruce Broughton pour « Silverado », qui demeurait essentiellement symphonique en dehors de quelques touches plus discrètes de guitare. Mais dans les deux cas, il est assez intéressant de constater que l'approche musicale sur ces deux westerns est quasiment similaire - sans aucun doute est-ce dû à la personnalité du réalisateur Lawrence Kasdan et à la conception plus moderne des musiques de western tels qu’on les concevait alors à l’époque dans les années 90.

Sans être le chef-d'oeuvre impérissable de James Newton Howard, « Wyatt Earp » résume parfaitement toute l’étendue des talents du compositeur américain, mélangeant ici aventure, action et romantisme avec une maestria rare. JNH nous rappelle aussi qu’il maîtrise parfaitement l’écriture orchestrale et la composition de thèmes mémorables, avec ici un thème majestueux de très grande qualité pour Wyatt Earp, indissociable de l’univers du film de Lawrence Kasdan. La partition de JNH apporte donc une émotion et une ambiance « americana »/action assez saisissante dans le film, car même si le score de « Wyatt Earp » n’a rien de follement original, il n’en demeure pas moins très réussi et incontournable dans la filmographie 90’s de James Newton Howard.



---Quentin Billard