1-Did I Miss It? 1.49
2-The Circus Sets Up 2.32
3-Circus Fantasy 3.44
4-Jacob Sees Marlena 5.00
5-Button Up Your Overcoat 0.32*
6-Prosze Rosie, Daj Noge 4.12
7-Rosie 3.24
8-Speakeasy Kiss 1.33
9-I'm Confessin' That
I Love You 1.40**
10-Barbara's Tent 1.18
11-Jacob Returns 5.30
12-Don't Tell Him What
Happened To Me 2.02***
13-Shooting Star 2.25
14-The Job Is Yours 0.57
15-I Need A Little Sugar
In My Bowl 2.49+
16-Stomp Time Blues 2.34++
17-I Can See Straight
Through You 6.00
18-Sanctuary 1.55
19-Baptism/Jacob & Rosie 1.58
20-The Stampede/
I'm Coming Home 8.21

*Interprété par Ruth Etting
Ecrit par Lew Brown, BG De Sylva
et Ray Henderson
**Ecrit par Al Neiburg
Composé par Doc Daugherty
et Ellis Reynolds
***Ecrit par Lew Brown, BG De Sylva
et Ray Henderson
+Interprété par Bessie Smith
Ecrit par J.Tim Brymn,
Clarence Williams et Dally Small
++Interprété par Jasper Taylor
et His State Street Boys
Featuring Johnny Dodds
Ecrit par Tiny Parham.

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Sony Classical

Produit par:
James Newton Howard, Jim Weidman
Monteur superviseur musique:
Jim Weidman
Monteur musique:
David Olson
Production du score:
Stuart Michael Thomas
Technical Score Advisor:
Sven Faulconer
Coordination scoring:
Pamela Sollie
Supervision de la musique:
Alexandra Patsavas
Direction de la musique pour
Twentieth Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour la
20th Century Fox par:
Amy Driscoll
Business Affairs pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Music Clearance:
Ellen Ginsburg, Summer Stone
Production musicale supervisée
pour la 20th Century Fox par:
Rebecca Morellato
Consultant musique cirque:
Charles P.Conrad

Artwork and pictures (c) 2011 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
WATER FOR ELEPHANTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Drame romantique réalisé par Francis Lawrence et sorti en 2011, « Water for Elephants » (De l’eau pour les éléphants) est adapté du roman éponyme de Sara Gruen publié en 2006, et raconte l’histoire de Jacob Jankowski (Robert Pattinson), orphelin sans le sou qui vagabonde près des voies ferrées en pleine ère de la Grande Dépression dans les années 1930. Jacob saute alors à bord du train des Frères Benzini et de leur cirque ambulant, qui sillonne une bonne partie des Etats-Unis. Après avoir réussi à convaincre le patron du cirque, August Rosenbluth (Christoph Waltz), Jacob est alors engagé comme soigneur, prétendant ainsi avoir fait des études de vétérinaire. Le jeune homme découvre alors l’envers du décor, et se retrouve dans un monde dur et impitoyable, où hommes comme animaux doivent subir l’exploitation et les mauvais traitements infligés par August. Jacob fait alors la connaissance de la jeune et séduisante épouse d’August, Marlena (Reese Whitherspoon), avec laquelle il vivra une passion amoureuse difficile et tourmentée, tous deux perdus dans un monde impitoyable où les sentiments n’ont pas leur place. « Water for Elephants » est un drame poignant qui respecte le roman originel de Sara Gruen dans les grandes lignes. Pour Robert Pattinson, c’est l’occasion de prouver au public qu’il est plus qu’un simple « teenage lover », l’acteur étant issu des sagas « Harry Potter » et « Twilight ». L’acteur semble déjà avoir atteint ici une certaine maturité, et s’impose avec aisance à l’écran. A ses côtés, la jolie Reese Whitherspoon est impeccable dans son incarnation de la femme rêvée qui vit une relation amoureuse impossible. Mais c’est Christoph Waltz qui s’impose radicalement ici, dans le rôle du tyrannique August Rosenbluth. L’acteur autrichien, révélé il y a quelques années dans « Inglourious Basterds » de Quentin Tarantino, s’impose encore une fois par son charisme machiavélique et son jeu d’acteur d’une intensité rare. Mais le film de Francis Lawrence vaut surtout pour son exploration passionnante du monde du cirque dans les années 30, un monde de spectacle et d’illusion qui, derrière son côté magique et féérique, cache bien souvent une réalité plus dure. « Water for Elephants » reste donc un bon mélo hollywoodien à l’ancienne, servi par un romantisme flamboyant qui rappelle parfois avec nostalgie les grands drames romantiques de l’âge d’or hollywoodien, et ce même si l’on regrettera le côté hyper académique et conventionnel de la mise en scène de Francis Lawrence (plus connu pour ses films « I Am Legend » et « Constantine »). Bien que prévisible et inégal, « Water for Elephants » est un drame romantique touchant et prenant, malgré un scénario parfois très téléphoné et sans réelle surprise. On regrettera le côté parfois trop sage et trop lisse du film de Francis Lawrence, la relation amoureuse entre Jacob et Marlena manquant un brin de passion, de flamme et de déchirement. Voici donc un spectacle rétro et un peu trop conventionnel, mais qui devrait néanmoins convaincre les connaisseurs du roman d’origine et ceux qui apprécient les drames romantiques à l’ancienne.

La partition symphonique de James Newton Howard reste l’un des atouts de « Water for Elephants ». Pour le compositeur, le film marque sa seconde collaboration avec le réalisateur américain Francis Lawrence après « I Am Legend » en 2007. Si JNH ne s’est guère montré très inspiré ces derniers temps, entre des partitions anecdotiques (« Nanny McPhee & The Big Bang ») et d’autres carrément décevantes (« Green Lantern »), son travail sur « Water for Elephants » s’avère être tout bonnement rafraîchissant, servi par une poésie véritablement sincère et un lyrisme nostalgique émouvant. On retrouve parfois ici l’intimité de « The Emperor’s Club » ou le romantisme de « The Prince of Tides » ou « The Man in the Moon ». Utilisant toutes les ressources habituelles de l’orchestre symphonique agrémenté d’un piano soliste, James Newton Howard élabore une partition intime et nostalgique, et ce dès les premières notes du film, dans « Did I Miss It ? ». Quelques notes de harpe, de cordes et de célesta suffisent à instaurer une atmosphère à la fois poétique, lyrique et légère dès le début du film, en évoquant les souvenirs lointains d’un Jacob vieillissant, qui se souvient de l’aventure extraordinaire qu’il a vécu autrefois au cirque des Frères Benzini. « The Circus Sets Up » met en avant une série d’instruments solistes aux sonorités « americana » traditionnelles à l’aide de guitares, accordéon, tambourin et de l’ensemble des cordes et des vents. La musique amorce ici un rythme plus enthousiaste et entraînant illustrant les préparatifs du cirque, avec les rythmes et les harmonies enjouées typiques de James Newton Howard (et qui semble à nouveau inspiré, après les déceptions de ses récentes partitions). A noter ici l’utilisation des harmonies, majestueuses et pleines d’optimisme, qui témoignent des promesses et de la magie apportées par la création du cirque. De la magie, il en est justement question dans « Circus Fantasy », où l’on retrouve le thème nostalgique de Jacob, partagé ici entre le piano, la harpe, les cordes et des nappes synthétiques atmosphériques et délicates. JNH développe alors plus activement son thème principal aux cordes, avec, comme toujours, des orchestrations très soignées, incluant les différents solistes qui viennent apporter une couleur agréable et poétique à l’ensemble. Ici aussi, il règne un sentiment de nostalgie heureuse typique des musiques de comédie dramatique de James Newton Howard, un style musical frais et agréable qui permet enfin au compositeur de rompre un peu avec ses derniers scores d’action sur lesquels il semblait ne plus avoir grand chose à dire - le pire restant l’échec incompréhensible de « Green Lantern ».

Avec « Jacob Sees Marlena », JNH dévoile son Love Theme poignant et mélodique, confié à un piano sur fond de cordes, clarinette, harpe et nappes synthétiques planantes. Il règne dans « Jacob Sees Marlena » un sentiment d’émerveillement mélancolique latent assez touchant, le compositeur jouant ici sur un certain minimalisme et une grande retenue pour évoquer les sentiments naissants de Jacob pour l’inaccessible et belle Marlena. Le morceau évoque aussi l’idée d’un amour impossible, qui va devoir se heurter à bon nombre d’épreuves dans un monde cruel et impitoyable, d’où un sentiment sous-jacent de mélancolie qui se dégage du morceau. Tout n’est pourtant pas rose, loin de là, car « Prosze, Rosie, Dac Noge » nous fait alors comprendre, par ses harmonies de cordes plus sombres et graves, que les choses ne vont pas tarder à s’aggraver, avec l’arrivée de l’irascible August Rosenbluth, brillamment interprété à l’écran par Christoph Waltz. Puis, très vite, l’inquiétude du début cède très vite la place à des harmonies plus lyriques et légères des cordes, des bois et de la harpe pour la fin de « Prosze, Rosie, Doc Noge », alors qu’à l’écran, Jacob rencontre ses nouveaux collègues avec lesquels il va travailler – le lyrisme poétique et tout en retenu de « Water for Elephants » (rappelant beaucoup parfois le style sentimentaliste/émotionnel habituel de James Horner). A noter un très beau thème frais et poétique pour « Rosie », dont la délicatesse mélodique subtile évoque parfois Alexandre Desplat (« Benjamin Button ») ou Thomas Newman. Ici aussi, JNH joue sur une retenue exemplaire, avec une émotion fraîche et délicate comme on en entend rarement de nos jours dans les musiques de film de James Newton Howard. Le romantisme de « Speakeasy Kiss » évoque alors l’amour tumultueux entre Jacob et Marlena tandis que le compositeur s’essaie brièvement à l’exercice périlleux de la source music originale en écrivant des pièces pour big band/jazz des années 20 dans « Barbara’s Tent ». Les choses prennent une tournure plus sérieuse dans le sombre et agité « Jacob Returns », avec son martèlement de tambours taikos japonais (très utilisés depuis plusieurs années à Hollywood), ses guitares omniprésentes et ses nappes synthétiques froides et ses cordes plus graves et sombres qui illustrent le début des ennuis pour Jacob, alors opposé à la tyrannie d’August Rosenbluth.

Cette gravité ressurgit à nouveau dans « Shooting Star » tandis que les guitares « americana » à la Thomas Newman entendues au début reviennent dans « The Job is Yours » avant de céder à nouveau la place à un autre passage sombre et vaguement dissonant dans « I Can See Straight Through You », illustrant l’idée de l’amour interdit entre Jacob et Marlena et de l’omniprésence machiavélique d’August dans le monde du cirque. On retrouve ici les sonorités sombres et inquiétantes de l’intense « Jacob Returns », tandis que le piano devient plus mélancolique, solitaire et résigné dans le retenu et minimaliste « Sanctuary », avec sa tenue de nappe synthétique qui rappellerait presque certains scores dramatiques du James Horner des années 90. Après la fanfare big/band de « Baptism/Jacob & Rosie », JNH reprend à nouveau son magnifique thème pour l’éléphant Rosie, évoquant encore une fois la relation amicale entre Jacob et l’animal dans le film avant de céder la place au superbe et incontournable climax émotionnel de la partition, « The Stampede/I’m Coming Home ». Pendant plus de 8 minutes, JNH développe son climax sous la forme d’un long crescendo dramatique débutant sur une série de sound design électronique sombre et angoissant, avant de laisser la place à l’orchestre et aux cordes tragiques et torturées pour la fin du cirque d’August. A noter ici l’écriture contrapuntique des cordes, puissante et élégante, qui rappelle par moment certains passages dramatiques/épiques du score de « The Last Airbender » avant de reprendre une dernière fois le thème principal associé à Jacob pour conclure délicatement la musique (et le film), avec le piano et les cordes. Vous l’aurez donc compris, c’est un James Newton Howard inspiré et élégant qui s’exprime tout au long de la musique du film « Water for Elephants », une musique nostalgique, émouvante, intime, dramatique, romantique et tout en retenue, qui doit autant au style 90’s des musiques dramatiques du compositeur qu’à des musiciens de référence tels que Thomas Newman, James Horner ou Alexandre Desplat. Cela faisait bien longtemps que James Newton Howard ne nous avait pas offert une musique d’une telle qualité, aussi belle, fraîche et délicate. C’est maintenant chose faite avec « Water for Elephants », sans aucun doute l’un des meilleurs travaux du compositeur depuis ces cinq dernières années !



---Quentin Billard