Medley*

1-Fright Night 15.25

The Score**

2-Window Watching 1.57
3-Jerry Takes Off 1.45
4-Drive to Evil and
Bat Attack 2.07
5-Charlie's Cathedral,
Charmed and Alley Bat 5.29
6-Evil Visitor 1.44
7-Charlie Begs for Help and
Come To Me (Seduction Scene) 4.38
8-Vampire Killers and Your
Dinner's In The Oven 9.44
9-Jerry's Time Is Up 7.28
10-The Basement 5.21
11-You're So Cool Brewster
and Come To Me 5.44***

*From the 1/4" 15 i.p.s. Stereo mixes
**From the 1/4" 1/2
i.p.s. Stereo mixes
***Interprété par Brad Fiedel
(non crédité).

Musique  composée par:

Brad Fiedel

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 183

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif du CD:
Roger Feigelson
Orchestrations électroniques de:
Brad Fiedel
Violon électrique de:
Ross Levinson
Supervision musicale:
David Chackler, Kevin Benson,
Irwin Mazur
for Cinemusic
Montage musique du film:
Jim Weidman
Assistant de production:
Regina Fake
Consultant du projet:
Taylor White

Artwork and pictures (c) 1985/2011 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
FRIGHT NIGHT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brad Fiedel
Grand classique du cinéma d’épouvante des années 80, « Fright Night » (Vampires, vous avez dit vampires ?) est l’un des grands succès cinématographique de l’année 1985, et aussi un classique du genre. Réalisé par Tom Holland, spécialiste des films d’horreur (on lui doit entre autre « Child’s Play » ou bien encore « Thinner »), « Fright Night » nous plonge dans une histoire de vampire mélangeant humour noir et horreur avec un certain doigté. Le film raconte les péripéties rocambolesques de Charley Brewster (William Ragsdale), jeune adolescent américain sans histoires qui se retrouve du jour au lendemain confronté à de bien terrifiants événements, alors qu’il découvre par hasard que son nouveau voisin, Jerry Dandrige (Chris Sarandon), est un vampire. Charley tente alors d’alerter les autorités et ses proches, mais personne ne semble prêt à le croire. Désespéré, Charley décide alors de contacter Peter Vincent (Roddy McDowall), un célèbre acteur de cinéma spécialisé dans les rôles de chasseur de vampire. Charley tente alors de convaincre l’acteur de l’aider à traquer Jerry Dandrige avant qu’il ne soit trop tard. D’abord hésitant et dubitatif, Peter Vincent va se laisser entraîner dans l’aventure. Mais alors qu’il croyait fermement à une plaisanterie d’ado, l’acteur va prendre réellement conscience de la gravité de la situation lorsqu’il découvrira avec effroi que Jerry Dandrige est bel et bien un vampire. « Fright Night » nous propose ainsi une relecture ironique et grinçante du film de vampire avec tous les codes du genre – le crucifix, l’eau bénite, les gousses d’ail, les pieux dans le coeur, la lumière qui tue les vampires – transposé dans une trame de teen-movie typique des années 80. Le film ne manque donc pas d’humour et bascule ainsi lentement de la comédie pour ado vers le film d’épouvante pur et dur. « Fright Night » vaut surtout par le charme rétro de ses effets spéciaux (la transformation du loup-garou, la mort sanguinaire et gore du bras droit de Dandrige, etc.) et la qualité de son interprétation : mention spéciale à l’excellent et inquiétant Chris Sarandon, qui campe un vampire séducteur et dangereusement irrésistible pour la gente féminine (le film nous offre même une séquence de danse extrêmement sexy vers le milieu du film), sans oublier Roddy McDowall, fameux acteur anglais révélé par la saga « Planet of the Apes » et qui campe ici un chasseur de vampire poltron et peu sûr de lui, à des années lumière des rôles qu’il interprète dans la série télévisée que l’on aperçoit régulièrement dans le film. Même si « Fright Night » s’est pris un bon coup de vieux, il n’en demeure pas moins une belle réussite du genre et un classique du film de vampire des années 80 !

La musique synthétique de Brad Fiedel est à coup sûr l’atout-clé du film de Tom Holland. Le compositeur, qui s’était fait connaître du grand public en signant la musique du « Terminator » de James Cameron en 1984, renoue dans « Fright Night » avec ses bons vieux claviers et autres synthétiseurs typiquement ‘eighties’. C’est Tom Holland lui-même qui souhaitait ainsi une approche musicale moderne pour son film, délaissant ainsi le style orchestral hollywoodien habituel pour quelque chose de plus approprié à l’époque de « Fright Night » (le milieu des années 80). Pour Brad Fiedel, c’était donc l’occasion d’expérimenter différentes choses avec ses synthétiseurs, optant pour une approche quasi intuitive des images, une vision musicale très viscérale. Mais dans le fond, le score de « Fright Night » reste relativement classique, notamment dans sa construction thématique qui reste tout à fait ordinaire. Le thème principal est introduit dans « Window Watching » : il est associé dans le film au personnage de Jerry Dandrige, et se traduit par son motif synthétique cool et entêtant, sur fond d’ostinato rythmique de boîte à musique 80’s et d’une mélodie improvisée sur ce qui semble être une guitare électrique saturée – en réalité, ce son a été obtenu à partir d’un violon électrique, brillamment interprété par Ross Levinson. L’idée de prendre le son d’un violon traditionnel et de le déformer pour en faire une sorte de guitare électrique est l’un des concepts forts de la musique de « Fright Night », symbolisant la nature cachée de Jerry Dandrige qui, derrière son apparence de séducteur invétéré, cache en réalité un redoutable vampire assoiffé de sang. A noter d’ailleurs que « Window Watching » n’est pas loin d’évoquer par moment une atmosphère rétro un brin érotique et sensuel, à la manière des années 80, une atmosphère qui sied parfaitement au caractère séducteur et manipulateur du charismatique Jerry Dandrige. Le second thème est entendu dans « Jerry Takes Off », un thème plus sombre et sournois associé au vampire et au danger qu’il représente pour le jeune Charley. On notera ici le riff de basse électrique, les percussions synthétiques entêtantes et le violon/guitare électrique du thème principal, sonorité typique de la musique de « Fright Night », sans oublier le sound design, très présent, et toujours la performance remarquable du violoniste Ross Levinson dans la musique du film. Le sound design est aussi très présent, Fiedel évoquant notamment les créatures du film en utilisant des sonorités de gargouillis macabres et oppressants typiques des musiques horrifiques rétro des années 80. Brad Fiedel utilise aussi quelques parties orchestrales live qu’il mélange à ses synthétiseurs, comme c’est le cas notamment dans « Drive to Evil and Bat Attack », qui représente à lui tout seul la quintessence même de la musique d’épouvante made in 80’s. A noter que le morceau n’est guère dénué d’un certain humour noir, Fiedel jouant ainsi la carte des vieux clichés de musiques de film d’horreur, le tout accompagné de ses propres expérimentations électroniques.

Dans « Charlie’s Cathedral », Brad Fiedel évoque magnifiquement l’idée du sacrifice de Charley Brewster, qui prend son courage à deux mains et décide de partir affronter Jerry Dandrige, un thème dramatique aux consonances quasi religieuses avec ses synthétiseurs évoquant un orgue gothique, et qui rompt un peu avec l’atmosphère lugubre et macabre du reste du score. Le thème sensuel/érotique de Jerry Dandrige revient ensuite dans « Charmed » avant de céder à nouveau la place au soliste Ross Levinson dans le macabre et atonal « Alley Bat ». « Evil Visitor » confirme l’orientation horrifique de la musique de « Fright Night » avec un nouveau passage de dissonances pures et d’expérimentations électroniques diverses, à base de percussions synthétiques aléatoires quasi improvisées et d’un sound design plus chaotique, pour la scène où Peter Vincent affronte le loup-garou. A noter ici l’utilisation d’instrument synthétique évoquant les traditionnels gamelans malaisiens, un son que le compositeur a associé inconsciemment à la créature, qu’il voyait ainsi comme une sorte de marionnette maléfique à laquelle il souhaitait apporter un caractère quasi mystique (et chaotique). Brad Fiedel expérimente donc de façon spontanée sur les images du film, la musique ne délaissant pas pour autant l’émotion et les sentiments comme le rappelle l’intime « Charley Begs For Help » et son piano électrique plus apaisé, tandis que le thème de la séduction érotique du vampire revient dans « Come To Me (Seduction Scene) », pour l’une des scènes « hot » centrales du film – toujours à la limite de la musique de film érotique des années 80, le tout non dénué d’humour et de dérision. Le thème dramatique du sacrifice revient dans « Vampire Killers », alors que Peter et Charley se rendent ensemble chez Jerry pour l’affronter. La musique prend une tournure dramatique similaire à « Charlie’s Cathedral » et cède très vite la place à la terreur et à une nouvelle série d’expérimentations sonores débridées et macabres, dans « Your Dinner’s in the Oven », autre passage de musique horrifique ‘eighties’ pur, indéniablement rétro et daté, qui satisfera tous les fans du genre. Dans « Jerry’s Time is Up » et « The Basement », Peter et Charley affrontent ensemble Jerry et son bras droit maléfique Billy (Jonathan Stark) pour deux tour de force synthétiques mélangeant les sonorités avant-gardistes crées à partir de choeurs synthétiques et de violoncelles électriques, sans oublier la présence majeure d’un piano, qui apporte une sonorité plus classique étonnante à cette confrontation finale. Le thème de clavier plus intime de « Charley Begs For Help » revient enfin à la fin de « The Basement » pour évoquer la victoire finale des chasseurs de vampire et les retrouvailles entre Charley et Amanda. Le thème en question revient ensuite dans « You’re So Cool Brewster », qui reprend une dernière fois le thème sensuel et cool de Jerry Dandrige lors de la chanson finale « Come To Me », accompagnée des excellents solos de Ross Levinson et de la performance vocale de Brad Fiedel lui-même lors du générique de fin du film.

L’album présenté par Intrada nous offre ainsi deux sources différentes liées au score, la première sous la forme d’une longue piste de 15 minutes regroupant une partie de la musique dans une version stéréo récupérée sur un master de sauvegarde à partir d’une copie DAT. La deuxième source, provenant d’un autre master, présente ainsi le score avec les morceaux séparés et séquencés dans l’ordre chronologique du film, mais avec une qualité sonore un peu plus décevante, bien que tout à fait correcte pour un enregistrement synthétique datant de 1985. A noter que les fameuses chansons pop/rock du film, déjà éditées sur CD à la sortie de « Fright Night », n’ont pas été reproduites ici pour des questions de droit, l’album se consacrant ainsi exclusivement au travail de Brad Fiedel. Le résultat est somme toute assez appréciable et totalement indissociable de l’atmosphère horrifique et ironique du film de Tom Holland : le compositeur nous livre ici son travail le plus expérimental qu’il ait réalisé à ce jour pour un film hollywoodien, un score aux sonorités électroniques irrémédiablement kitsch et datées, mais qui possède un charme 80’s rétro qui ravira les nostalgiques du film et des musiques de long-métrages horrifiques des années 80. A noter que « Fright Night » est resté pendant longtemps l’un des scores les plus réclamés par les fans de musique de film, peut-être parce qu’il s’agit, après « Terminator » et « Terminator 2 », de la musique de Brad Fiedel la plus appréciée en général par le public béophile. Et pourtant, le résultat est quand même tout à fait discutable, car la musique fonctionne bien mieux à l’écran que sur l’album, ou son caractère expérimental assez cacophonique et difficile d’accès risque fort d’en rebuter plus d’un, d’autant que le son électronique global de la musique reste fort daté et révélateur des limites d’une certaine époque. Néanmoins, l’album d’Intrada est la preuve incontestable du talent de Brad Fiedel, toujours aussi à l’aise lorsqu’il s’agit d’expérimenter dans le domaine de l’électronique pure, et qui offre à « Fright Night » quelques notes macabres et grinçantes indissociables de toute une époque révolue du cinéma d’épouvante hollywoodien.



---Quentin Billard