1-Main Title 2.50
2-The Honeymooners 2.45
3-Kidnapped 4.00
4-Arrival in Plymouth 1.49
5-Bear Pit/Squanto Escapes 5.37
6-Squanto Found 0.52
7-The Hawk 2.02
8-Horse Ride 3.00
9-Montage 1.27
10-Lacrosse/Lonely Brave/
Hawk Warning/
Sacking the Monastery 5.05
11-Goodbye 3.26
12-Epinow Rescue 1.37
13-The Great Escape 5.03
14-Home 1.49
15-Burning Boat/Fire to Pilgrims 6.30
16-Confrontation 6.17
17-The Healing 2.33
18-Thanksgiving 3.06
19-End Credits 3.58

Musique  composée par:

Joel McNeely

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.179

Album produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif de l'album:
Roger Feigelson
Assistant de production:
Regina Fake

Artwork and pictures (c) 1994/2011 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ****
SQUANTO : A WARRIOR'S TALE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joel McNeely
« Squanto A Warrior’s Tale » est un film d’aventure produit par Disney et réalisé par Xavier Koller. Le film est une retranscription assez libre de la vie du célèbre Squanto (de son vrai nom « Tisquantum »), fameux indien Wampanoag qui aida en 1620 les pèlerins anglais du Mayflower à s’installer dans leur nouvelle colonie de Plymouth en Amérique. Le film nous replonge ainsi au 17ème siècle, navigant entre l’Amérique et l’Angleterre au temps des premiers colons britanniques. L’histoire commence lorsqu’un indien de la tribu Patuxet, Squanto (Adam Beach), est capturé par des anglais et emmené à Plymouth, où il deviendra l’esclave d’un riche commerçant sans scrupules, Sir Georges (Michael Gambon). Usant de son courage et de sa vaillance, Squanto réussit à s’échapper et se cache dans un monastère où il demeurera pendant plusieurs mois. Ce sera pour lui l’occasion d’apprendre la langue anglaise au contact des moines, qui veilleront sur lui. Le temps passe, jusqu’à ce qu’un des moines l’informe qu’une nouvelle expédition est en route pour l’Amérique. Squanto saisit alors l’occasion de rejoindre le navire, bravant le danger et les obstacles. Mais à son retour chez lui, l’indien découvre que sa tribu a disparue et que son peuple est désormais en guerre contre les colons. « Squanto A Warrior’s Tale » reste donc une excellente production d’aventure épique qui retrace une bonne partie de la vie du célèbre indien avant et après l’arrivée des pèlerins britanniques du Mayflower dans le « nouveau monde ». Le film nous propose quelques solides scènes d’action et d’aventure, comme pour la séquence où Squanto s’échappe de Plymouth ou lorsqu’il tente d’affronter un ours sans arme. Le réalisateur Xavier Koller parvient à insuffler un souffle épique à son récit, même si l’ensemble reste assez impersonnel et sans grand éclat particulier, juste correct pour une production d’aventure Disney. En revanche, le film a été très critiqué pour ses nombreuses libertés prises par rapport à l’Histoire, le long-métrage de Xavier Koller n’ayant bien évidemment pas la prétention d’être une biographie exhaustive ou même un documentaire historique sur la vie de Squanto. Le film soulève aussi quelques problèmes et interrogations intéressantes, et notamment à travers l’idée du choc des civilisations et des ravages du colonialisme de masse. A leur arrivée au Nouveau Monde, les anglais considèrent alors les natifs américains comme des sauvages, mais leur attitude montrera justement l’inverse au fil de l’histoire. Néanmoins, « Squanto » parvient à éviter toute forme de manichéisme primaire en montrant aussi les méfaits du côté des indiens – et plus particulièrement durant la scène où Epenow brûle le navire anglais. A travers la rencontre improbable entre Squanto et les moines vers le milieu du film, le héros apprendre la langue anglaise et découvre qu’il y a aussi du bon chez ceux qu’il considérait au départ comme ses ennemis. La séquence chez les moines donne d’ailleurs lieu à quelques scènes assez cocasses comme par exemple la scène du pop-corn ou celle, plus humoristique, des mocassins. Surfant sur la vague des films 90’s en rapport avec les natifs américains (« Dances with Wolves », « The Last of the Mohicans »), le film est entièrement porté par la performance remarquable d’Adam Beach, parfait dans le rôle de Squanto, tandis que l’on suit l’histoire avec intérêt jusqu’à la conclusion qui délivre un message de paix et de tolérance adressé à tous. Comme la plupart des productions live Disney, « Squanto » est essentiellement destiné à un jeune public, même si tout le monde pourra s’y retrouver : les enfants adoreront le souffle épique et les grandes scènes d’aventure du film, les adultes pourront quand à eux apprécier l’aspect historique du film et la beauté des décors du 17ème siècle.

La partition symphonique de Joel McNeely est de loin l’élément le plus remarquable de « Squanto A Warrior’s Tale ». Le compositeur est devenu rapidement un spécialiste des musiques pour les productions Disney, et ce dès le début des années 90 (jusqu’à aujourd’hui), puisqu’il signa dès 1988 la musique du téléfilm « Splash, Too » produit par Disney, suivi de « Davy Crockett : Rainbow in the Thunder », et les films « Polly » et « Iron Will », autre grand film d’aventure familial produit par Disney la même année que « Squanto ». Pour ce dernier, Joel McNeely se voit à nouveau confier une grande formation symphonique et mélange orchestre et instrumentation ethnique évoquant le peuple des natifs américains de Squanto et Epenow. Comme toujours chez Joel McNeely, la musique de « Squanto » repose avant tout sur une série de thèmes majeurs qui seront très présents et développés tout au long du film – à noter que, comme souvent dans les productions live Disney de cette époque, la musique est très présente à l’écran et bien mise en valeur. Le premier thème du score est entendu dans le générique de début (« Main Title »), qui introduit la mélodie principale associée à Squanto sur fond de tambours ethniques et de flûte évoquant l’instrumentation indienne. Le thème de Squanto s’avère être majestueux, emprunt d’une certaine noblesse et d’une vaillance, symbolisant parfaitement les valeurs défendues par le personnage d’Adam Beach dans le film, gardien « faucon » du peuple Patuxet. Les orchestrations restent riches et très soignées, McNeely multipliant les détails instrumentaux avec un savoir-faire évident, notamment dans le mélange orchestre/solistes ethniques. Après cette grande introduction mélangeant instruments ethniques, piano, cordes, bois et cuivres, McNeely nous donne à entendre son second thème dans « Kidnapped », un Love Theme mélancolique et touchant associé à Squanto et sa jeune épouse Nakooma, et que McNeely développera à plusieurs reprises dans le film pour rappeler l’appartenance de Squanto à sa tribu. « Kidnapped » dévoile ensuite un nouveau motif, plus rythmique, à base de bois sur fond de rythmes en croches pointées – doubles croches pour l’arrivée des colons anglais. Ce motif évoque d’ailleurs clairement le style de certaines anciennes mélodies populaires britanniques. Le troisième grand thème du score est entendu à la fin de « Kidnapped » et illustre à l’écran le drame de la séparation de Squanto d’avec son peuple et son épouse Nakooma, qu’il ne reverra jamais plus. Ce thème tragique, basé sur une série de six notes descendantes, interviendra à son tour lors de la plupart des scènes dramatiques du film, comme pour la scène du navire qui brûle (« Burning Boat ») ou lors de la confrontation finale (« Confrontation »). Enfin, last but not least, le quatrième thème du score est, avec le thème principal, la mélodie la plus mémorable du score de « Squanto ». Il s’agit du thème associé à la confrérie des moines, dévoilé vers le milieu du film, et entendu pour la première fois à la fin de « Squanto Escapes ». La mélodie se caractérise par ses harmonies qui évoquent le style de certains chants religieux médiévaux et lointains (notamment dans l’emploi d’accords en quintes et d’harmonies modales). Ce thème « spirituel » des moines deviendra le faire-valoir des idéaux de paix et de tolérance délivré par le message de Squanto à la fin du film : il évoque aussi la réconciliation entre Squanto et les blancs à travers le personnage de frère Daniel (Maury Pitkin), qui prendra soin de lui durant tout son séjour au monastère. Evidemment, le reste de la partition contient aussi quelques motifs secondaires plus disparates, comme le motif des anglais, le motif plus massif associé au navire de Sir Georges (entendu dans « The Great Escape ») et un motif plus apaisé lié à la liberté retrouvée de Squanto (« The Hawk », « Goodbye »).

Les différents thèmes et motifs de Joel McNeely permettent à la musique du film d’accompagner et d’illustrer musicalement tous les éléments du récit et des différents personnages, accentuant les situations et les péripéties avec une force et une intensité digne des plus grandes pages du compositeur américain, entre action, aventure, drame et lyrisme. Si l’on appréciera cette écriture lyrique et touchante dans le tendre « The Honeymooners » pour la scène du mariage traditionnel entre Squanto et Nakooma au début du film, on appréciera ensuite la férocité du premier morceau d’action entendu dans l’agité « Kidnapped », alors que Squanto et Epenow sont capturés et emmenés par les anglais sur le navire de Sir Georges. Après l’apparition du motif britannique, la musique évolue très rapidement vers l’action lorsque McNeely dévoile enfin ses rythmes martiaux et ses cuivres tonitruants accompagnant la débâcle des deux malheureux indiens. Rythmes syncopés complexes, écriture cuivrée massive, cordes agitées, tout est mis en oeuvre pour suggérer la tension et l’excitation de l’action, avec une intensité typique des musiques d’action de Joel McNeely : on retrouve ici le style action habituel du compositeur, qui rappelle « Iron Will » ou « Terminal Velocity ». De l’action, le compositeur nous en offrira tout au long du film, que ce soit dans le frénétique « Bear Pit/Squanto Escapes » (avec ses percussions guerrières très réussies) ou à la fin de « Sacking the Monastery », avec ses cuivres massifs et ses ostinatos rythmiques de caisse claire militaire et agressive. N’oublions pas de mentionner aussi « Epinow Rescue » ou le superbe « The Great Escape », 5 minutes d’action et d’aventure pure, avec ses grands élans de trompettes héroïques assez savoureuses et triomphantes. On appréciera par la même occasion la marche héroïque et un brin ironique associée à Sir Georges dans « Arrival in Plymouth », aux sonorités typiquement britanniques et volontairement pompeuses. McNeely s’amuse dans cette scène et la fraîcheur spontanée de son écriture orchestrale fait véritablement plaisir à entendre, bien que l’on regrettera le côté parfois impersonnel de sa composition (on pense parfois à John Williams ou à James Horner). Avec « Squanto Found », McNeely développe son magnifique thème des moines qui apporte un véritable relief émotionnel et mélodique à la musique de « Squanto », idéal pour se reposer les oreilles entre deux grands déchaînements orchestraux. Dans « The Hawk », le compositeur développe l’idée de spiritualité et reprend les sonorités ethniques associées à Squanto pour rappeler son appartenance à son peuple (on retrouve par la même occasion le Love Theme de l’introduction de « Kidnapped », qui souligne les souvenirs de Squanto au sujet de Nakooma et de sa tribu). Impossible aussi de ne pas apprécier le charme et la fraîcheur de « Horse Ride » pour la scène où Squanto apprend à monter à cheval avant de s’élancer fièrement dans les plaines derrière le monastère. La musique devient ici plus légère et insouciante. Niveau orchestrations, on notera l’emploi de la harpe et de la flûte ethnique vers le début de la pièce, sans oublier l’apparition d’une grande fanfare héroïque sous forme de chevauchée à partir de 1:37, typique du compositeur (un style qu’on retrouvera aussi dans la musique du film « Iron Will »). Le compositeur reprend alors le thème de Squanto sous une forme héroïque, agrémenté d’un contrepoint de trompettes assez solide et très réussi. Le motif britannique est même partiellement repris à la clarinette à 2:27 avec ses rythmes caractéristiques, avant une coda triomphante à souhait.

La musique prend une tournure plus sombre dans la dernière partie du film, introduite par le triomphant « Home » pour le retour de Squanto dans sa terre natale. Le drame se noue dans « Burning Boat » avec le retour du thème dramatique de six notes, nous conduisant lentement vers le sinistre et oppressant « Confrontation », sans aucun doute le morceau le plus sombre de la partition de « Squanto ». Pendant plus de 6 minutes, Joel McNeely élabore une atmosphère de tension pure lorsque les indiens et les colons s’apprêtent à s’affronter vers la fin du film. Le morceau est entièrement bâti sur une série d’harmonies de cordes dissonantes et tendues (qui rappellent curieusement certaines partitions suspense d’Ennio Morricone – on jurerait par exemple entendre un passage de « The Thing »), accompagné de quelques ponctuations percussives agressives et de notes furtives de flûte ethnique évoquant la détermination des indiens. Un tambour militaire martèle alors un rythme entêtant à partir de 1:48, annonçant l’imminence de la confrontation. Le morceau s’avère être extrêmement intense et aussi très réussi à l’écran, car il véhicule quasiment à lui tout seul toute la tension de la séquence. Avec « The Healing » et « Thanksgiving », l’histoire touche à sa fin avec le retour du thème principal de Squanto, du Love Theme pour le peuple indien, et du motif majestueux entendu en introduction du « Main Title », que McNeely reprend ici une dernière fois pour la toute fin du film, la boucle étant bouclée, Squanto ayant accompli sa tâche de pacificateur et de guide spirituel pour son peuple. Le « End Credits » se propose ainsi de résumer l’essentiel des thèmes de la partition sur près de 4 minutes, un morceau parfait pour finir le score en beauté (et qui aurait véritablement sa place dans une compilation best-of de Joel McNeely !). Le compositeur signe donc une très solide partition symphonique pour « Squanto A Warrior’s Tale », sans aucun doute l’un de ses meilleurs travaux sur une production Disney. Joel McNeely apporte une couleur et une force essentielle au film de Xavier Koller à travers une série de thèmes riches et variés, des orchestrations solides et soignées, de l’émotion et des morceaux d’action virtuoses et excitants. Tous les éléments sont donc réunis pour faire de la partition de « Squanto » une grande réussite, un très bon score qui apporte une vraie force et une cohésion au film, à redécouvrir enfin grâce à l’édition CD d’Intrada !



---Quentin Billard