1-Meet the Elizabeths 1.10
2-Ski Training 1.18
3-2000 euros 2.15
4-Juliette 2.07
5-Mr. Christmas 1.02
6-Mama Strut 1.24
7-Five 1.09
8-Late 1.29
9-Mama Takes the Lead 1.37
10-The Scrabble Game 0.59
11-Ice Skating 1.26
12-Tea Time/Lost 1.37
13-Memories 2.07
14-Angels Around Us 0.37
15-The First Star 1.09
16-Family Diner 0.59
17-The Sledge 1.33
18-The Trip 1.06

Musique  composée par:

Erwann Kermorvant

Editeur:

MovieScore Media MMD0003

Producteur exécutif de l'album:
Mikael Carlsson
Musique produite par:
Erwann Kermorvant

(c) 2009 Vendredi Film/Mars Films. All rights reserved.

Note: ***
LA PREMIÈRE ETOILE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Erwann Kermorvant
« La Première Etoile » est une comédie française réalisée par le cinéaste martiniquais Lucien Jean-Baptiste et sortie en 2008. Il s’agit du tout premier long-métrage du réalisateur, plus connu en tant qu’acteur de doublage (il est la voix française de Don Cheadle dans « Ocean’s Eleven » ou Will Smith dans « I Am Legend » par exemple) et acteur occasionnel dans des films aussi divers que « Du bleu jusqu’en Amérique », « L’Ex-femme de ma vie » ou bien encore le polar « 13 m² » (2007), qui permit d’ailleurs à l’acteur d’acquérir enfin la reconnaissance du public. C’est donc avec « La Première Etoile » que Lucien Jean-Baptiste se décida enfin à passer derrière la caméra en nous livrant une sympathique comédie dans laquelle il interprète Jean-Gabriel, un modeste père de famille qui vit avec sa femme Suzy (Anne Consigny) et ses trois enfants dans un HLM de Créteil, multipliant les petits boulots tout en passant une bonne partie de ses journées au bar PMU du coin. Un jour, alors que sa femme lui reproche de ne rien faire de ses journées, Jean-Gabriel décide de faire plaisir à sa fille en lui promettant, précipitamment, de partir en vacances avec toute la famille au ski. Dépitée, Suzy ne croit plus à ses promesses sans lendemain et lui annonce d’emblée la couleur : s’il ne respecte pas cette ultime promesse, elle le quittera pour de bon. Désormais, Jean-Gabriel se retrouve seul pour organiser les vacances et amasser suffisamment d’argent pour pouvoir payer la location d’un chalet et d’un équipement de ski. Ces vacances seront aussi pour lui l’occasion d’apprendre à se surpasser et à devenir un meilleur père de famille, tout en se rapprochant petit à petit de ses enfants, et plus particulièrement de l’aîné, Yann (Jimmy Woha-Woah), en froid avec son père, qu’il considère comme un loser. « La Première Etoile » est donc une comédie sympathique qui mélange avec intelligence film social et comédie familiale, tout en abordant quelques sujets plus graves comme le racisme ou les préjugés – l’arrivée de la famille à la montagne provoquera quelques railleries et soulèvera les préjugés raciaux de la propriétaire du chalet incarnée par Bernadette Lafont, et ce au grand dam de son mari brillamment campé par le chanteur/acteur Michel Jonasz. Le film s’avère être simple et sans grande prétention. Point d’artifice dans la mise en scène extrêmement sobre de Lucien Jean-Baptiste, qui, à défaut d’apporter une quelconque personnalité à son film, préfère rester proche des personnages qu’il filme (et qu’il joue) tout en donnant lieu à réfléchir sur la condition de la population antillaise dans les banlieues difficiles de la région parisienne, et le problème de l’acceptation des différences. Le film est un brin caricatural et navigue entre émotion et sourire, même si « La Première Etoile » finit par basculer quelque peu dans les bons sentiments un peu faciles. Mais qu’importe, il y a une vraie tendresse dans cette comédie simple et sans prétention, qui, selon Lucien Jean-Baptiste lui-même, est bien plus qu’une simple histoire de noirs à la neige, qui prête à réfléchir dans les sujets qu’il aborde. Les personnages sont attachants, les situations bien trouvées – avec un humour bien distillé mais jamais trop ‘franchouillard’ façon Dany Boon – et le casting est très réussi, avec une excellente Firmine Richard parfaite dans le rôle de la belle-mère imposante qui n’a pas sa langue dans sa poche. Voilà donc une sympathique comédie française sans prétention qui se laisse voir, même si l’on n’en gardera pas un souvenir impérissable.

La partition musicale d’Erwann Kermorvant est de loin l’un des meilleurs éléments de « La Première Etoile ». Le compositeur, connu pour ses travaux symphoniques rafraîchissants sur « Mais qui a tué Paméla Rose ? », « Un Ticket pour l’espace » ou bien encore « Big City » nous livre sur « La Première Etoile » une sympathique partition orchestrale qui surfe agréablement sur les codes des musiques de comédie hollywoodiennes, avec son lot de mélodies accrocheuses et de passages de mickey-mousing légers et sautillants. En ce sens, l’approche de Kermorvant sur « La Première Etoile » n’est certes pas originale ni même très surprenante mais elle rappelle néanmoins le talent du compositeur pour maîtriser un langage musical outre-atlantique qu’il a parfaitement digéré tout au long de sa formation à l’UCLA et qu’il met aujourd’hui régulièrement en pratique sur les films français pour lesquels il compose. Confiée aux musiciens du London Philharmonia dirigé par Allan Wilson, la partition de « La Première Etoile » apporte une énergie et un charme évident au film de Lucien Jean-Baptiste. Avec « Meet the Elizabeths », Erwann Kermorvant débute le film avec un premier morceau léger et enjoué avec piano sautillant, cordes joyeuses, harpe, marimba et bois colorés. Le compositeur choisit ici judicieusement ses différentes sonorités instrumentales qu’il dose avec un certain doigté, sans jamais en faire de trop. On découvre ensuite les grands paysages montagneux enneigés du film dans « Ski Training », pour la scène où toute la famille Elizabeth s’entraîne au ski. La musique devient ici plus rythmée et enjouée avec un rythme très prononcé des cordes et des percussions (tambours, maracas, etc.) pour évoquer les déboires de la sympathique famille au ski. On notera ici l’emploi d’un piano jazzy et d’une guitare vers le milieu du morceau, apportant avec une certaine inventivité quelques couleurs supplémentaires à un morceau plein d’entrain et d’énergie. La musique s’avère donc très finement orchestrée et colorée, sans jamais en faire de trop sur les images du film. Kermorvant nous rappelle par la même occasion qu’il maîtrise parfaitement l’écriture orchestrale et les codes musicaux hérités de son expérience passée aux states. On retrouve ainsi certains tics des musiques de comédie/film animé dans « 2000 Euros », qui évoquent les déboires du pauvre Jean-Gabriel, bien embêté lorsqu’il apprend qu’il doit récolter en quelques semaines 2000 euros pour payer des vacances à la neige à ses enfants. Le compositeur nous propose ici quelques touches de mickey-mousing agrémentées de pizz sautillants, de quelques notes de guitare, d’une clarinette espiègle, de cloches et de marimba pour les besoins de la scène, le tout avec un certain humour feutré et tout en finesse.

Dans « Juliette », le compositeur dévoile un très joli Love Theme pour Juliette et Yann, confié à un piano, des cordes et des bois, une mélodie fraîche, douce et gracieuse, toute en retenue, et qui évoque les sentiments naissants entre les deux ados. Erwann Kermorvant explore aussi la partie plus humoristique de sa musique dans le sautillant « Mr. Christmas », qui évoque clairement les musiques de noël avec son lot de clochettes, de pizz, de bois espiègles et de célesta qui rappellent le « Home Alone » de John Williams. Visiblement, le compositeur se fait plaisir et varie les ambiances à loisir tout au long du film. On retrouve la guitare bluegrass de « Ski Training » dans « Mama Strut » avec son lot de pizz sautillants et de mickey-mousing à la limite de la musique de cartoon. Les orchestrations restent assez inventives, dynamiques et colorées, rappelant ici aussi le savoir-faire évident du compositeur, même si l’on regrettera quelque peu la manque de thème dans ces passages de mickey-mousing sympathiques mais un brin fonctionnels à l’écran – en revanche, la musique reste très agréable à écouter sur l’album publié par MovieScore Media. A noter l’emploi réussi du marimba dans « Five » et des bois dans le mélancolique et chaleureux « Late », qui apporte une certaine émotion à la partition de « La Première Etoile », avec une nouvelle utilisation très réussie d’un piano aux consonances vaguement jazzy. On retrouve la guitare bluegrass associée à mama dans « Mama Takes the Lead » et ses pizz/bois sautillants du plus bel effet, tandis que la musique devient plus douce et touchante dans le très beau « Ice Skating » pour une nouvelle scène entre Juliette et Yann. Enfin, « The Trip » conclut cette jolie histoire avec une bonne humeur évidente et sans prétention. Vous l’aurez donc compris, c’est un score simple et rafraîchissant que nous offre Erwann Kermorvant sur « La Première Etoile », un score certes mineur mais qui n’en demeure pas moins très charmant, enjoué et touchant, une jolie musique qui, bien qu’assez modeste, n’en demeure pas réjouissante et attachante, à découvrir sur le sympathique album publié par MovieScore Media, qui apporte une bonne humeur évidente aux images du film de Lucien Jean-Baptiste, et qui confirme encore une fois le talent indéniable d’Erwann Kermorvant, en passe de devenir l’un des meilleurs musiciens officiant à l’heure actuelle pour le cinéma français !



---Quentin Billard