1-Générique 2.11
2-Clémence 0.48
3-Bad Dream 2.32
4-Confessions 3.34
5-Le meurtre 3.01
6-Après le meurtre 1.12
7-Le bureau 1.14
8-Patrick & Brown 1.03
9-Douche 0.51
10-Patrick s'invite 1.51
11-Fleur 0.42
12-Stabat Mater, RV 621
(Extrait) 3.25*
13-Le toit 2.07
14-Le restaurant/
la garçonnière 2.15
15-Clémence est enceinte/
Richie Brown 1.31
16-Le fax 0.55
17-Clémence s'en va 1.16
18-Prison 2.00
19-Ventes 1.01
20-Patrick veut s'évader 1.09
21-Petit-déjeuner 2.22
22-Chase 1.18
23-Mort de Patrick 2.06
24-La lettre/Clémence 3.03
25-Générique de fin
(Version alternative) 5.32

*Composé par Antonio Vivaldi
Interprété par Tracy Smith Bessette,
Marion Newman, Aradia Ensemble
et Kevin Mallon.

Musique  composée par:

Christophe La Pinta

Editeur:

Colosseum CST 8140.2

Musique arrangée par:
Christophe La Pinta
Programmations additionnelles:
Damien Salançon
Supervision musicale:
Marie Sabbah, Jean-Pierre Arquié
pour Film Music Services-Paris

Artwork and pictures (c) 2010 Fidélité Films, Paris. All rights reserved.

Note: ***
SANS LAISSER DE TRACES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christophe La Pinta
Thriller franco-belge réalisé par Grégoire Vigneron et sorti en 2010, « Sans laisser de traces » met en scène Benoît Magimel dans le rôle d’Etienne Meunier, un ambitieux cadre d’entreprise d’une quarantaine d’années sur le point de prendre la présidence de son groupe, mais qui est tourmenté par sa conscience à la suite d’une injustice dont il est responsable et qui lui a assuré son succès dans l’entreprise. Effectivement, Etienne a volé il y a plusieurs années le brevet d’un inventeur, François Michelet (André Wilms), brevet qui lui a valu fortune et gloire, tandis que la vie de François s’est effondrée pour de bon. Avec l’aide d’un ancien ami d’enfance qu’il vient tout juste de retrouver, Patrick Chambon (François-Xavier Demaison), Etienne décide de se rendre un soir chez François Michelet pour lui avouer enfin toute la vérité et soulager ainsi sa conscience. Mais alors qu’Etienne propose de dédommager l’homme qu’il a lésé il y a plusieurs années, les choses se compliquent et une bagarre éclate entre les deux individus, obligeant alors Patrick à intervenir. Ce dernier frappe alors François avec un verre et le tue accidentellement. Dès lors, la vie d’Etienne bascule dans le cauchemar : obligé de garder un secret bien lourd avec Patrick, il décide d’offrir un poste à son ami dans son entreprise afin d’acheter son silence, puis il est ensuite contacté par Fleur (Léa Seydoux), la jeune fille de François Michelet, qu’il décide d’aider, tourmenté par sa conscience. Mais les choses se compliquent, entre sa femme Clémence (Julie Gayet) devenue soupçonneuse, et l’enquête d’un policier obstiné, bien décidé à découvrir la vérité, et plus le temps avance, plus la situation devient extrêmement complexe et dangereuse pour Etienne. Et comme si cela ne suffisait pas, Patrick le harcèle régulièrement et se fait de plus en plus remarquer, obligeant alors Etienne à envisager des solutions plus radicales pour échapper à la prison. « Sans laisser de traces » reste donc un thriller plutôt honnête et de bonne facture, bien que sans surprise particulière. Le scénario de Grégoire Vigneron et Laurent Tirard est suffisamment captivant et rythmé pour nous maintenir en haleine jusqu’au dénouement final, tandis que Benoît Magimel campe un jeune PDG totalement dépassé par les événements, qui se débat comme un diable pour tenter d’échapper à un piège sans issue. Face à lui, François-Xavier Demaison, plus connu pour ses rôles dans des comédies légères, campe un ami d’enfance plutôt maladroit, inquiétant et ambigu, à l’origine de tous les problèmes d’Etienne – on pense parfois au film « Harry un ami qui vous veut du bien » - « Sans laisser de traces » aborde brillamment les thèmes des remords et de l’ambition en mélangeant tension psychologique et suspense troublant sans aucun temps mort et sans artifice visuel/scénaristique particulier. La mise en scène sobre de Grégoire Vigneron et la photographie froide et bleutée achèvent de rendre le film particulièrement prenant bien que sans grande originalité particulière. Dommage cependant que le scénario laisse trop souvent un air de déjà-vu.

La partition synthético-orchestrale du compositeur d’origine toulonnaise Christophe La Pinta apporte à « Sans laisser de traces » une atmosphère de tension assez particulière bien que très fonctionnelle et sans grande surprise. Visiblement très motivé par la musique de son film, Grégoire Vigneron explique dans une note du livret de l’album publié par Colosseum que la musique de Christophe La Pinta avait un rôle essentiel à jouer sur les images, que ce soit dans l’utilisation de sons exotiques parfois un peu étranges et de l’ambiance particulière que le score crée tout au long du film, prolongeant la tension immersive de l’intrigue. Percussionniste de formation, Christophe La Pinta s’est assuré les services de l’orchestrateur Cyrille Aufort tandis que la partition est interprétée par l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, enregistré en Belgique. Pour agrémenter ses parties orchestrales, le compositeur ajoute toute une série d’instruments solistes incluant des synthétiseurs, un violoncelle électrique, quelques percussions, un piano et un mélange de guitares acoustiques/guitares électriques/basse. Les sonorités électroniques et les guitares renforcent d’ailleurs parfaitement le caractère urbain et moderne de la musique, tandis que la tension est largement entretenue dans le film par le travail autour des parties synthétiques/loops électro habituels et l’utilisation des cordes. « Générique » pose d’emblée le ton de la partition avec nappes synthétiques inquiétantes et effets sonores du violoncelle électrique et de la guitare électrique – un son atmosphérique qui rappelle bon nombre de sonorités héritées des productions Remote Control de Hans Zimmer aux Etats-Unis – « Générique » dévoile d’ailleurs le thème principal associé à Etienne tout au long du film, motif aux notes descendantes accompagné d’un lot de percussions, de cordes et d’effets électroniques divers. On retrouve ici un style atmosphérique moderne sans grande originalité hérité de la clique à Zimmer, sans grande prise de risque particulière de la part de Christophe La Pinta. « Clémence » nous offre quand à lui un très joli thème romantique fragile et mélancolique pour Clémence, la femme d’Etienne, tandis que les sonorités atmosphériques et sombres du générique se retrouvent dans l’oppressante scène du cauchemar (« Bad Dream »), et annoncent déjà le suspense et la tension à venir.

L’atmosphère devient plus grave et pesante dans « Confessions » et débouche sur le macabre « Le Meurtre », dans lequel les nappes synthétiques obscures, les loops électro et les trémolos en sul ponticello des cordes renforcent la tension de la scène du meurtre et suggèrent toute la gravité de la situation. A l’instar du film lui-même, la musique entretient ce climat immersif et pesant avec des sonorités modernes incluant des notes mystérieuses et aigues de la guitare électrique dans « Après le meurtre », ou des synthétiseurs suggérant les remords et les tourments d’Etienne dans « Le Bureau ». On retrouve les sonorités de trémolos mystérieux des cordes dans « Patrick & Brown » accompagnés des effets sonores du violoncelle électrique, tandis que « Patrick s’invite » fait monter la tension d’un cran alors que Patrick commence à envahir quelque peu la vie d’Etienne. A noter l’utilisation d’un célesta plus délicat dans « Fleur », lors de la scène où Etienne rencontre la fille de François Michelet, qui permet de contrebalancer radicalement avec la noirceur ambiante du reste de la partition. Mais le suspense ne tarde pas à reprendre le dessus dans l’oppressant et torturé « Le Toit », suggérant les idées noires d’Etienne au sujet de Patrick. La musique conserve ici aussi un caractère moderne/urbain quasi expérimental dans l’utilisation des rythmiques électroniques et des samples électro en tout genre, le sound design restant très présent et parfaitement adapté à chaque situation du film. On retrouve le très beau thème romantique de Clémence à la guitare acoustique dans « Clémence est enceinte/Richie Brown » et dans « Clémence s’en va », tandis que des pièces comme « Le Fax », « Patrick veut s’évader » et le frénétique « Chase » (sans aucun doute le meilleur morceau du score) font monter la tension jusqu’au dénouement final et la reprise du thème principal pour le générique de fin. Christophe La Pinta signe donc une bonne partition synthético-orchestrale plutôt énergique et intense, mais assez fonctionnelle et sans grande surprise particulière. On regrettera surtout le côté assez impersonnel d’une composition passe-partout qui pourrait sortir tout droit du studio Remote Control, respectant tous les codes des musiques d’action/suspense hollywoodiennes d’aujourd’hui, sans la moindre once d’originalité. Néanmoins, la bande originale de « Sans laisser de traces » remplit parfaitement le cahier des charges vis-à-vis du film de Grégoire Vigneron, même s’il paraît évident que l’on ne retiendra pas grand chose du travail honnête mais un brin fonctionnel de Christophe La Pinta en dehors du film.




---Quentin Billard