1-9000 Days 3.14*
2-Invictus Theme 4.09
3-Colorblind 3.24**
4-Siyalinda (The Waiting) 2.28
5-World in Union 95' 3.50***
6-Madiba's Theme 1.17
7-Hamba Nathi 1.35+
8-Thanda (Love) 2.08
9-Shosholoza 3.30++
10-Inkathi (Time) 2.34
11-Olé Olé Olé -
We Are The Champions 2.06+++
12-Enqena (Anxious) 0.59
13-The South Africa
National Anthem 1.57#
14-Ukunqoba (To Conquer) 2.32
15-Victory 4.01##
16-Xolela (Forgiveness) 1.54
17-The Crossing (Osiyeza) 2.18###
18-9000 Days (Acoustic) 3.13°

*Interprété par
Overtone avec Yollandi Nortjie
Musique de Clint Eastwood
et Michael Stevens
Paroles de Dina Eastwood
et Emile Welman
**Interprété par Overtone
Paroles et musique de Daniel Po
***Interprété par
Overtone avec Yollandi Nortjie
Musique et paroles de
Charlie Skarbek,
Joseph Shabalala et Gustav Holst
+Traditionnel, interprété par
Overtone avec Yollandi Nortjie
++Traditionnel, interprété par
Overtone avec Yollandi Nortjie
Arrangements musicaux de
Gobingca George Mxadana
+++Interprété par
Overtone avec Yollandi Nortjie
Musique et paroles de
Armath/Deja
#Interprété par Overtone
Musique de Enoch Sontonga et
Révérend Marthinus L. de Villiers
Paroles de Enoch Sontonga,
Cornelis J. Langenhoven
et Jeanne Z.Rudolph
Arrangé par
James Stephen Mzilikazi Khumalo
et Jeanne Z.Rudolph
##Interprété par
The Soweto String Quartet
Musique de Reuben Khemese
###Interprété par
Overtone avec Yollandi Nortjie
Musique et paroles de
Johnny Clegg
°Interprété par Emile Welman.

Musique  composée par:

Kyle Eastwood/Michael Stevens

Editeur:

New Line Records NLR 39169

Score produit par:
Michael Stevens
Score arrangé et conduit par:
Roger Kellaway
Monteur musique:
Chris McGeary
Album Business Affairs:
Keith Zajic, Dirk Hebert
Producteurs exécutifs de l'album:
Clint Eastwood, Rob Lorenz
Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Doug Frank
Direction de la musique pour
New Line Records:
Jason Linn

Artwork and pictures (c) 2009 Warner Bros. Entertainment Inc and Spyglass Entertainment Funding, LLC. All rights reserved.

Note: ***
INVICTUS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Kyle Eastwood/Michael Stevens
Avec « Invictus », Clint Eastwood revient à nouveau derrière la caméra et évoque la victoire de l’Afrique du sud lors de la Coupe du monde de rugby à XV en 1995. L’histoire débute avec l’arrivée de Nelson Mandela (Morgan Freeman) à la présidence du pays, pour son premier mandat. Mandela sent que le pays a besoin d’union, c’est pourquoi il décide, contre l’avis de tous, d’organiser un événement sportif qui permettrait de créer un sentiment d’union nationale derrière l’équipe des Springboks, qui ont symbolisé pendant des années l’apartheid des blancs sud-africains. « Invictus » aborde donc l’un des événements majeurs survenu au milieu des années 90 en Afrique du sud, un match symbolique qui devait ainsi influencer l’état d’esprit de la population et mettre fin aux vieilles rancoeurs du passé, le tout dirigé par un seul homme, Nelson Mandela. L’espoir se retrouva alors concentré dans une seule équipe de rugby, les Springboks, équipe médiocre au demeurant, qui triomphera finalement en 1995, permettant au pays d’affirmer son unité d’une seule et même voix. L’histoire est belle et magnifique (cela méritait réellement d’en faire un film), certes, mais aussi non dénuée de quelques zones d’ombre. Pourtant, l’objectif de Clint Eastwood semble plus que clair : avec « Invictus », il a tout fait pour glorifier Nelson Mandela, montré tout au long du film comme une sorte de christ sauveur qui redressera toute une nation par son message de paix et d’union nationale.

C’est d’ailleurs dans cette glorification quasi christique que « Invictus » dérange finalement le plus : ce n’est pas tant l’interprétation (solide au demeurant) de Morgan Freeman qui est à remettre en cause, mais bien la mise en scène et le scénario, qui accumule les incohérences et prend d’énormes raccourcis par rapport à la réalité. Le fait même que Mandela ne rencontre quasiment aucune forme d’opposition tout au long du film tient davantage de la fiction hollywoodienne idéalisée et fantaisiste que du biopic historique pur : réunir les blancs et les noirs dans une même nation après des décennies d’apartheid ne fut guère chose aisée, mais c’est un fait que le film ne montre quasiment pas. En faisant l’impasse sur un élément majeur de son récit, Clint Eastwood rate ainsi complète le coche, et va donc à l’essentiel, sans grand souci de réalisme. Pourtant, la ressemblance frappante entre Morgan Freeman et Nelson Mandela est assez criante de vérité dans le film, tandis que Matt Damon apporte une certaine conviction à son personnage du capitaine Boks Francois Pienaar. Mais le film reste trop long, trop idéalisé et trop « hollywoodien » dans son approche pour convaincre pleinement : tout semble trop propre, trop sage, trop aseptisé pour permettre d’aborder réellement l’histoire de cette coupe du monde 95 dans toute sa profondeur et ses différents enjeux – le film omet ainsi de parler des soupçons de tricherie entourant le match, ou de l’arbitrage contesté de Derek Bevan (il paraît clair que tout a été fait pour que le match tourne en la faveur de l’Afrique du sud, qui devait gagner absolument). Dès lors, « Invictus » reste un bon film sur les valeurs pacifiques et fédératrices du sport comme ultime moyen de réunir les hommes au coeur d’une même nation. Dommage que le long-métrage de Clint Eastwood, long et inégal, soit parsemé d’incohérences et de raccourcis discutables.

La partition musicale de « Invictus » a été confiée à Kyle Eastwood, fils du réalisateur, et Michael Stevens, qui composent une musique intimiste aux accents sud-africains, évoquant les espoirs de paix et d’unité nationale que nourrit le personnage de Nelson Mandela tout au long du film. Le score repose essentiellement sur un très joli thème principal, solennel et émouvant, entendu dans « Invictus Theme », thème associé dans le film à Nelson Mandela et ses différentes actions pour réunir le pays dans la paix. Le thème est confié à une trompette jazzy solitaire sur fond d’harmonies touchantes de cordes, un très beau thème à n’en point douter, sobre et facilement mémorisable, qui sera aussi assez présent tout au long du film. Le « Invictus Theme » est d’ailleurs assez typique des thèmes intimistes et émouvants que l’on entend régulièrement dans les films de Clint Eastwood, qu’il s’agisse de « Gran Torino », « Million Dollar Baby », « Flag of our Fathers » ou bien encore « Absolute Powers » : il paraît plus qu’évident, qu’encore une fois, Eastwood ne peut pas se passer de ses sempiternels thèmes intimistes dans ses films, « Invictus » n’échappant guère à la règle. Dans « Siyalinda (The Waiting) », Kyle Eastwood et Michael Stevens utilise quelques cordes lentes sur fond de rythmes électroniques/percussions acoustiques discrètes, très vite rejoints par quelques notes de piano. On retrouve ici aussi cette ambiance à la fois contemplative et solennelle typique de la partition musicale de « Invictus », qui véhicule dans le film cette sensation de noblesse, d’inimité et aussi parfois de drame. Le deuxième thème de la partition est associé à Morgan Freeman dans le film : « Madiba’s Theme », mélodie majestueuse et elle aussi solennelle confiée à des cordes sur fond de choeurs masculins discrets en bouche fermée, évoquant des chants africains lointains. « Thanda (Love) » confirme cette orientation solennelle et noble de la partition jouant aussi sur une certaine retenue et une utilisation minimaliste des instruments : ne vous attendez pas ici à de grandes envolées orchestrales grandioses, bien au contraire, comme souvent dans les bandes originales des films de Clint Eastwood, la musique reste minimaliste et retenue.

On appréciera néanmoins le sentiment d’espoir grandissant de « Thanda (Love) » et son atmosphère optimiste qui évoque la détermination de Mandela et l’équipe des Boks à dépasser leurs limites pour une noble cause. A noter l’utilisation de ces choeurs africains en arrière-plan, qui restent discrets et eux aussi minimalistes, tandis que les violoncelles apportent un certain lyrisme appréciable au final de « Thanda (Love) ». La musique conserve aussi son approche intimiste et retenue dans « Inkhati (Time) », véhiculant ici aussi un sentiment d’espoir grandissant assez agréable. Dans « Engena (Anxious) », Eastwood et Stevens soulignent une atmosphère plus sombre et dramatique pour les moments plus inquiétants du film, à base de cordes froides et de quelques percussions africaines en arrière-plan. Mais ici aussi, le caractère trop retenu et minimaliste de la musique empêche de ressentir une impression mémorable dans le film, le score restant définitivement anecdotique même sur l’album à force de trop vouloir miser sur la retenue - on se serait tout de même attendu à une musique plus poignante et mémorable étant donné le sujet du film ! On retrouvera enfin le « Invictus Theme » dans une très belle version vocale pour le générique de fin du film, entendu dans « 9000 Days », sur des paroles de Dina Eastwood et Emile Welman. On appréciera aussi « World in Union 95 » accompagnant le générique de fin, chanson-hymne basée sur l’air central du célèbre « Jupiter » des « Planètes » de Gustav Holst, dans une très belle version vocale accompagnée par les onomatopées caractéristiques du groupe sud-africain Overtone et les vocalises de la chanteuse Yollandi Nortjie, qui interprètent ensemble une bonne partie des pièces vocales de la BO de « Invictus ». La BO du film de Clint Eastwood nous permet donc de nous replonger avec respect et émotion dans l’histoire de Nelson Mandela et la coupe du monde de rugby en 1995, la musique apportant solennité et recueillement aux images du film d’Eastwood, sans laisser pour autant un souvenir particulier après écoute – un problème souvent récurrent dans les musiques des films réalisés par Clint Eastwood, qui s’avèrent souvent réussis mais assez anecdotiques. Hélas, la partition de « Invictus » ne déroge pas à la règle : dans un registre similaire en rapport avec la musique sud-africaine, Hans Zimmer s’en était bien mieux tiré sur « The Power of One » ou même George Fenton dans « Cry Freedom ».



---Quentin Billard