1-Leila Runs Free 1.40
2-Stadium Memories 2.34
3-Seeing Her Son 1.35
4-The Changing Room 1.09
5-Training Games 1.28
6-First Training 1.38
7-Training Breakthrough 1.42
8-The Other Woman 1.42
9-You Tricked Me! 1.31
10-Suspension Bridge 2.21
11-Stealing a Car 2.23
12-Running in the Sand 3.38
13-Yannick Falls Overboard 1.11
14-Rescued 1.57
15-Playing Bridges 1.46
16-Leila's Past 1.48
17-Triple Training 2.06
18-Raising Hands Together 1.46
19-Through the Tunnel 1.13
20-The Race 2.23
21-Yannick and Leila 2.41

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-7070

Producteur musique:
Maggie Rodford
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique orchestrée par:
Patrick Doyle
Monteur musique:
Rupert Cross
Préparation de la musique:
Colin Rae
Assistant producteur musique:
Helen Yates

(c) 2011 Gaumont/France 2 Cinéma. All rights reserved.

Note: ***
LA LIGNE DROITE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Pour son nouveau long-métrage, le réalisateur Régis Wargnier revient au registre du drame intimiste dans « La Ligne Droite », dans lequel il évoque l’athlétisme handisport à travers le destin de deux êtres brisés, l’un physiquement, l’autre moralement. Leïla (Rachida Brakni) vient tout juste de sortir de prison après avoir passé 5 ans derrière les barreaux lorsqu’elle fait la connaissance de Yannick (Cyril Descours), jeune athlète devenu aveugle à la suite d’un accident de voiture. Ce dernier s’entraîne tous les jours à la course mais son handicap l’oblige à avoir recours à un guide, duquel il est constamment relié par un fil blanc. Yannick propose alors à Leïla de devenir son guide pendant un temps. L’entraînement débute alors de manière assez chaotique et laborieuse, mais Marie-Claude (Clémentine Célarié), la mère de Yannick, réussit à convaincre Leïla de persévérer avec son fils, sentant que la complicité spontanée entre la jeune femme et le jeune athlète est un véritable cadeau de la providence pour Yannick. Ce sera aussi l’occasion pour les deux individus d’apprendre à renaître à la vie et à guérir les blessures de leur passé. « La Ligne Droite » aborde donc avec brio un sujet rarement traité au cinéma, l’athlétisme handisport, en illustrant le portrait de deux individus en quête de revanche sur la vie. Le film doit beaucoup à l’interprétation juste et poignante de Rachida Brakni et Cyril Descours, qui forment un duo touchant à l’écran, un film dans lequel la complicité qui les lie symboliquement à travers cette course d’athlétisme va petit à petit se transformer en sentiments plus forts : hélas, le passé de Leïla refait brusquement surface, quand à Yannick, il va très vite montrer ses faiblesses à travers un comportement parfois dur et impulsif. On regrettera quelque peu le manque de finesse des dialogues qui ne sont pas toujours très soignés, tout comme la réalisation « téléfilm » assez plate de Régis Wargnier, qui nous a pourtant habitué à des drames bien plus prestigieux et ambitieux. Reste que « La Ligne Droite » fonctionne parfaitement, malgré le côté téléphoné de son scénario, le film devant aussi bien à son évocation réussie de scènes de course (on penserait presque au « Chariots of Fire » d’Hugh Hudson) qu’à l’interprétation émouvante de ses interprètes, incluant la trop rare Clémentine Célarié, plutôt effacée dans le film. A une époque où le cinéma français se montre de plus en plus décevant, terne et sans relief, un joli film comme « La Ligne Droite » apporte une vraie bouffée de fraîcheur à un paysage cinématographique bien morose, et ce même si on se serait attendu à un résultat plus convaincant et surtout plus mémorable.

« La Ligne Droite » marque les retrouvailles entre Régis Wargnier et le compositeur écossais Patrick Doyle, après « Indochine » (1992), « Une femme française » (1995), « Est – Ouest » (1999), « Man to Man » (2005) et « Pars vite et reviens tard » (2007). Pour sa sixième collaboration à un film de Régis Wargnier, Patrick Doyle signe une partition orchestrale assez intime et modeste pour « La Ligne Droite », évoquant les sentiments et les états d’âme de Leïla et Yannick tout au long du film. Etant donné le caractère intime du film de Wargnier, Patrick Doyle décida d’avoir recours à un orchestre de chambre, réunissant dix musiciens britanniques issus du prestigieux London Symphony Orchestra. Délaissant l’approche orchestrale hollywoodienne habituelle, Doyle privilégie à contrario pour « La Ligne Droite » un style minimaliste et une esthétique proche de la musique de chambre classique, avec un petit ensemble à cordes – violons, altos, violoncelle, contrebasse - un piano et quelques percussions, une approche plus européenne d’esprit. Le score repose sur un thème principal dont les notes rapides et répétées évoquent clairement l’idée du dépassement de soi et de la revanche sur la vie pour Leïla et Yannick. Ce thème, partagé entre les cordes et le piano, apparaît dès le début du film dans « Leila Runs Free ». L’idée des notes répétées retranscrit parfaitement à l’écran la sensation du rythme et de la course lors des scènes d’entraînement et d’athlétisme du film. C’est ce que l’on ressent clairement dans « Stadium Memories », avec ses effets intéressants d’écho au piano. Un morceau comme « Seeing Her Son » développe quand à lui un thème plus intime et mélancolique pour Leïla, déjà introduit dans « Stadium Memories », et que l’on retrouve ici lors de la scène où la jeune femme voit son jeune fils pour la première fois depuis sa sortie de prison. Le thème suggère clairement le passé de Leïla et son envie de reconstruire sa vie. Dans « The Changing Room », Patrick Doyle utilise de manière plus hésitante le piano sur fond de cordes froides et discrètes, évoquant les tourments de Yannick et son handicap.

On retrouve dans « Training Games » l’idée de l’entraînement et de la détermination avec un intéressant travail rythmique autour de l’orchestre à cordes, dans une écriture très proche de certains quatuors classiques du 18ème ou 19ème siècle. On appréciera la façon dont Doyle fait osciller ses notes rapides staccatos d’un instrument à l’autre. La complicité qui naît entre Leïla et Yannick est illustrée dans « First Training », où l’on retrouve les effets d’écho du piano (l’idée du souvenir et du passé, encore une fois). « Training Breakthrough » intensifie le tempo avec sa reprise du thème principal aux cordes et au piano, avec un certain lyrisme intime plus typique de Patrick Doyle. Les doutes, les craintes et les états d’âme des personnages principaux sont relayés dans les intimes « The Other Woman » ou le mélancolique et résigné « You Tricked Me ! » où domine une tonalité mineure plus morose, tandis que l’espoir est à nouveau de mise dans « Suspension Bridge » et « Stealing A Car », des morceaux dont l’orientation clairement minimaliste n’est pas sans rappeler Philip Glass ou même Michael Nyman. On appréciera la façon dont Doyle joue sur les différentes sonorités des cordes tout au long de « Stealing A Car », que ce soit les notes longues et intimes, les staccatos associées aux scènes de course, les pizzicati plus bondissants ou les effets d’harmonique plus froids et distants. On retrouve aussi ces fameux effets d’écho sur le piano à la fin de « Stealing A Car », ajoutant dans le film une couleur supplémentaire à l’instrument. L’optimisme d’une nouvelle vie est à nouveau permis dans « Running In The Sand » tandis que le thème est réexposé de manière dramatique et intense au piano et aux cordes dans « Yannick Falls Overboard » pour la scène de l’accident en bateau. On appréciera l’écriture contrapuntique très classique d’esprit de « Rescued », un véritable allegro enragé pour cordes et piano, à la manière d’un quintette agité. La dernière partie du film permet au compositeur d’accentuer la sensation de vitesse et de rythme dans l’agité « Triple Training », « Raising Hands Together » et « Through the Tunnel », sans oublier l’intense climax final pour la dernière course dans « The Race », et la conclusion lyrique et poignante de « Yannick and Leila ».

Patrick Doyle signe donc une partition minimaliste, rythmée et lyrique pour « La Ligne Droite », illustrant parfaitement chaque facette de l’histoire avec une grande économie de moyens et un savoir-faire classique évident. Rien de bien original ici, si ce n’est l’utilisation assez rafraîchissante d’un petit orchestre de chambre pour la bande originale de « La Ligne Droite », dans un style minimaliste qui rappelle l’école américaine de Glass ou Nyman. Le résultat est impeccable à l’écran, bien qu’un brin monotone sur l’album publié par Varèse Sarabande. Reste que, après les semi déceptions de « Thor » et « Rise of the Planet of the Apes », une musique plus simple, plus intime et plus personnelle comme « La Ligne Droite » apporte un relief plus que salvateur dans la filmographie du compositeur écossais, et confirme encore une fois l’excellente tenue de la collaboration Régis Wargnier/Patrick Doyle !



---Quentin Billard