1-How I Would Die 1.53
2-Who Are They? 3.26
3-Treaty 1.59
4-Phascination Phase 2.04
5-Humans Are Predators Too 2.04
6-I Dreamt of Edward 1.06
7-I Know What You Are 2.37
8-The Most Dangerous Predator 2.22
9-The Skin of a Killer 2.58
10-The Lion Fell in Love
With the Lamb 3.10
11-Complications 1.11
12-Dinner With His Family 0.38
13-I Would Be the Meal 1.24
14-Bella's Lullaby 2.19
15-Nomads 3.51
16-Stuck Here Like Mom 1.40
17-Bella Is Part of the Family 1.24
18-Tracking 2.19
19-In Place of Someone You Love 1.45
20-Showdown in the Ballet Studio 4.50
21-Edward at Her Bed 1.05

Musique  composée par:

Carter Burwell

Editeur:

Summit Ent/WEA/Atlantic 517000-2

Album produit par:
Carter Burwell
Montage musique:
Adam Smalley
Orchestrations de:
Carter Burwell

Artwork and pictures (c) 2008 Summit Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
TWILIGHT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Carter Burwell
En l’espace de quelques années, la saga « Twilight » est devenue un véritable phénomène de société, au même titre que les « Harry Potter » ou la trilogie « Lord of the Rings ». A l’origine, il s’agit d’une série de romans écrits par l’américaine Stephanie Meyer entre 2005 et 2008. Avec le succès colossal de ces best-sellers, l’écrivaine vendit par la suite ses droits à Hollywood, qui s’empara du phénomène littéraire en adaptant chaque livre en long-métrage. « Twilight », premier opus, est sorti en 2008 sous la direction de la réalisatrice Catherine Hardwicke, à qui l’on doit entre autre « The Nativity Story », « Thirteen » ou bien encore « Red Riding Hood ». Dans ce premier épisode de la saga (baptisé « Fascination » en V.F.), on découvre l’histoire de Bella Swan (Kristen Stewart), jeune adolescente de 17 ans qui quitte l’Arizona pour s’installer avec son père Charlie (Billy Burke) dans la petite ville de Forks, bourgade modeste de l’Etat de Washington grise et pluvieuse. Au lycée, Bella se fait de nouveaux amis mais très vite, elle rencontre la mystérieuse famille Cullen et ressent une attirance étrange et inexplicable pour Edward (Robert Pattinson), le plus jeune garçon du groupe, qui reste très distant, au comportement pour le moins étrange. Fascinée par Edward et les Cullen, Bella décide d’en savoir plus et cherche à connaître leur secret. Elle découvre finalement qu’Edward est un vampire, et qu’il doit vivre en marge de la société pour se protéger, lui et sa famille. Mais alors qu’Edward et Bella finissent par tomber amoureux l’un de l’autre, trois vampires puissants et dangereux font leur apparition, menaçant la sécurité de Bella. Edward, qui refuse de goûter au sang humain, comme dans le reste de sa famille, va tout faire pour tenter de protéger la jeune fille des attaques du redoutable James (Cam Gigandet), implacable prédateur assoiffé de sang. « Twilight » reprend donc les grandes lignes du roman de Stephanie Meyer bien que de nombreux éléments aient été modifiés dans le scénario par rapport au livre d’origine – ce qui semble avoir particulièrement déplu à de nombreux fans. Autre problème de taille : le film montre une vision hyper édulcorée du thème du vampire. Ici, ce ne sont plus des créatures monstrueuses en quête de sang, à la sexualité déviante, qui redoutent la lumière du soleil, les pieux, les crucifix et l’eau bénite, mais bien des adolescents marginaux au teint blafard, sans croc et totalement débarrassée de la connotation sexuelle habituelle des vampires. Ce problème avait déjà été soulevé par les critiques littéraires à la sortie du premier roman en 2005, mais force est de constater que le film de Catherine Hardwicke ne fait rien pour arranger les choses, bien au contraire : elle enfonce le clou en développant une atmosphère de teen movie pour ado américain moyen, avec tout son lot de stéréotype habituel, le tout rythmé par une bande son pop/rock moderne, des effets spéciaux pauvres (à la limite parfois de l’amateurisme) et une mise en scène tendance clip MTV - c’est d’autant plus flagrant lors du générique de fin. La romance entre Bella et Edward reste malgré tout très réussie et assez touchante, « Twilight » ayant permis d’élever Kristen Stewart et Robert Pattinson au rang de jeunes nouvelles stars d’Hollywood.

La musique de « Twilight » a été confiée à Carter Burwell, qui signe une partition moderne à base de percussions diverses, synthétiseurs, cordes et guitares électriques/acoustiques. La musique résonne d’emblée de manière moderne et surprenante dans l’ouverture du film, « How I Would Die », avec son lot de guitares, percussions et synthétiseurs grinçants et un peu dissonants. Fidèle à son sens habituel de l’inventivité et de l’expérimentation, Carter Burwell élabore des textures sonores parfois assez riches et bien choisies dans « Twilight » autour d’un ensemble instrumental délaissant l’approche symphonique habituelle, qui n’aurait de toute évidence pas pu coller à l’atmosphère particulière du film de Catherine Hardwicke. « Who Are They ? » prolonge l’approche moderne et rock du score à l’aide de guitares électriques et batterie pour l’atmosphère « teen-movie » du film, le tout agrémenté des vocalises féminines sensuelles et hypnotiques de la soliste Lizzie Pattinson. Indéniablement, l’approche voulue par Burwell paraît assez atypique pour une grosse production de ce genre et renvoie à son travail sur les films des frères Coen. Dans « Treaty », le compositeur met l’accent sur les percussions utilisées de manières diverses – raclements, sonorités boisées, métalliques – avec les guitares et une flûte ethnique pour renforcer l’ambiance étrange et mystérieuse entourant le monde d’Edward et des vampires. Dans « Phascination Phase », Carter Burwell évoque la rencontre entre Bella et Edward, illustrant la fascination de la jeune fille pour le vampire. Les arpèges répétés de la guitare acoustique et la mélodie hésitante de la deuxième guitare renforcent, avec quelques notes de piano et de nappes synthétiques, cette atmosphère de fascination qui renvoie clairement au titre V.F. de ce premier épisode. Avec « Humans Are Predators Too », Carter Burwell développe l’atmosphère mélancolique et mystérieuse de sa composition avec une certaine assurance. Les sonorités deviennent plus sombres, plus tendues, et aussi plus tourmentées. Les percussions et les sonorités grinçantes des guitares électriques trash renforcent la tension pour évoquer les vampires adverses du clan d’Edward, tandis que le motif sombre de deux notes entendu au début du film dans « How I Would Die » revient ici pour suggérer la menace des prédateurs.

Le thème principal de « Twilight » est entendu dans « I Dreamt of Edward », accompagnant le destin des deux improbables amants. Il s’agit du Love Theme pour Bella et Edward, que Carter Burwell développera dans le fameux « Bella’s Lullaby », devenu un classique des reprises et des compilations musicales consacrées à la saga « Twilight » - on ne compte plus le nombre d’arrangements de ce thème pour piano sur le net – Le Love Theme est en fait interprété par Edward lui-même au piano dans le film le jour de l’anniversaire de Bella, une très belle scène entièrement portée par le charme et la poésie de « Bella’s Lullaby », sans aucun pathos ni sentimentalisme mais avec une élégance et une classe rare, un très beau morceau devenu un petit classique de la musique de film depuis la sortie du film en 2008. Burwell poursuit ensuite son exploration des sonorités plus modernes et atmosphériques associées au monde des vampires dans « I Know What You Are » et son motif entêtant de deux notes. Les cordes sont ici mises en avant avec quelques bois discrets, des guitares et des sonorités électroniques atmosphériques. Ici aussi, le motif de deux notes traduit à la fois un sentiment de doute, d’inquiétude, de mystère et de fascination pour l’univers dangereux, marginal mais incroyablement attirant des vampires. Même chose pour « The Most Dangerous Predator » et son atmosphère froide et sombre reprenant le Love Theme de manière plus hésitante. Les arpèges de guitare acoustique empruntés à « Phascination Phase » reviennent dans « The Lion Fell in Love With The Lamb » et illustrent la romance entre Bella et Edward, devenus inséparables, tandis que le thème romantique se superpose au piano sur les arpèges de guitare. Dans « Nomads », la musique nous fait entrer dans la dernière partie du film. Burwell expérimente ici autour des textures sonores de guitares électriques et de sa section de percussions, comme dans l’agressif « Bella Is Part Of The Family », où les percussions créent un sentiment d’urgence alors que Bella est poursuivie par le dangereux James. L’affrontement final aboutit au sombre et intense « Showdown In The Ballet Studio », avec ses sonorités grinçantes de guitare électrique et ses percussions agressives sur fond de développement du motif de deux notes associé au monde des vampires. Carter Burwell signe donc une partition tout à fait intéressante pour « Twilight », à des années lumière de l’approche orchestrale hollywoodienne habituelle. On retrouve ici l’inventivité habituelle du compositeur, proche de ses expérimentations musicales sur les films des frères Coen, une approche rock qui sied parfaitement à l’atmosphère particulière du film de Catherine Hardwicke et apporte un sentiment étrange et fascinant de mélancolie et de mystère aux images : voilà en tout cas une bien belle entrée en la matière pour tous ceux qui souhaiteraient s’intéresser à l‘univers musical de la saga « Twilight » et à son incontournable hit « Bella’s Lullaby » !



---Quentin Billard