1-Theme from the Resident 1.53
2-Main Titles 3.43
3-Weak Man 3.13
4-Dinner Date 3.08
5-Rewind 3.34
6-First Night/Welcome Gift 3.15
7-Bad Wine 2.14
8-Opening Up/Behind the Walls 4.15
9-Sublet Security/Brush'n Stroke 2.24
10-My Life Now 2.48
11-Erection Dejection 2.00
12-Love Injection 3.20
13-Revelations 3.57
14-Max is Back 1.36
15-Rough Day 2.22
16-Nailing Max 3.11
17-End Titles 1.31

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Pale Blue Limited

Produit par:
John Ottman
Arrangements additionnels de:
Edwin Wendler
Préparation de la musique:
Livesay Music
Interprété par:
The Menegroth Philharmonic
Préparation du score:
Janice Lester
Monteur musique:
Joseph Bonn
Programmation synthétiseur:
John Ottman, Edwin Wendler

Artwork and pictures (c) 2011 Hammer. All rights reserved.

Note: **
THE RESIDENT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Premier long-métrage d’Antti Jokinen, un obscur spécialiste de clips jusqu’ici inconnu aux bataillons (il a travaillé entre autre avec Will Smith, Beyoncé ou bien encore Eminem), « The Resident » (Le Locataire) est un énième thriller hollywoodien qui sent la routine à plein nez. Tout ici semble réchauffé et prévisible de bout en bout : on a même du mal à croire qu’Hilary Swank – productrice et actrice principale du film – ait pu se laisser embarquer dans pareille galère. Le scénario tient sur un fil : à la suite d’une séparation avec son conjoint, Juliet (Hilary Swank) décide de chercher un nouvel appartement pour y démarrer une nouvelle vie. C’est alors qu’elle déniche un superbe loft en plein milieu de Brooklyn : l’endroit est magnifique, le loyer est assez peu élevé et le propriétaire, Max (Jeffrey Dean Morgan), semble plutôt sympathique et charmant. Seulement voilà, peu de temps après s’être installée dans son nouvel appartement, Juliet commence à ressentir l’étrange sensation d’être constamment observée : quelque chose ne va pas, mais elle ignore encore tout de la situation. La jeune femme va désormais faire face à la perversité d’un voisin sadique qui va l’épier et la harceler régulièrement : elle devra se battre pour tenter de sortir de cet enfer avant qu’il ne soit trop tard. « The Resident » nous offre ainsi le lot habituel de suspense, sursauts et rebondissements, sauf qu’ici, l’unique véritablement rebondissement apparaît au bout de la trentième minute (l’identité du voisin machiavélique) si bien que le reste du film ne propose plus grand chose et accumule les poncifs et les scènes téléphonées à une vitesse ahurissante. Tout est prévisible de bout en bout, les recettes paraissent bien éculées, et le scénario est tout simplement navrant. Même les acteurs ont l’air de s’ennuyer : que dire par exemple de Christopher Lee, ancienne gloire du cinéma d’épouvante américain qui se retrouve à cachetonner misérablement dans ce film sans trop savoir quoi faire (il me semble livré à lui-même, alors que son personne est totalement inexistant dans le film !). Idem pour Hilary Swank et Jeffrey Dean Morgan, qui s’ennuient plus qu’autre chose. « The Resident » est donc une solide déception de bout en bout, même pour un premier long-métrage : espérons qu’Antti Jokinen saura faire de bien meilleurs choix par la suite !

La musique de « The Resident » est signée John Ottman, qui renoue encore une fois avec le domaine de la musique à suspense, un genre dans lequel il s’est spécialisé depuis près de deux décennies avec des partitions telles que « Usual Suspects », « Apt Pupil » ou bien encore « Gothika » ou « Hide and Seek ». Premier constat : « The Resident » n’apporte rien de neuf dans le genre. John Ottman applique d’emblée toutes les principales recettes du genre en grand professionnel qu’il est, mais sans brio ni inspiration particulière. A la routine soporifique du film d’Antti Jokinen, le compositeur répond par une partition sombre, immersive, mélancolique et tendue, mais sans grande conviction particulière. John Ottman utilise ici l’orchestre habituel dominé par les cordes accompagnées d’un piano – associé dans le film à Juliet – et d’une pléiade de synthétiseurs atmosphériques pour l’ambiance sombre du film. Le score débute au son d’un « Theme from the Resident » plutôt mélancolique, avec ses notes de piano hésitantes et son motif entêtant de quatre notes sur fond de cordes et de nappes synthétiques brumeuses. Le thème est associé aux tracas de Juliet tout au long du film mais aura bien souvent tendance à être occulté au profit d’atmosphères à suspense plus fonctionnelles et prévisibles. « Main Titles/Nice Place » introduit justement ce motif principal de piano dès le générique de début, motif développé ici sur fond de rythmes électroniques modernes, de cordes tendues et de synthétiseurs inquiétants. Les sonorités synthétiques évoquent clairement ici l’univers urbain du film d’Antti Jokinen tout en suggérant à l’avance l’atmosphère de menace et de paranoïa du film, alors que le piano, instrument moteur du score, reste omniprésent.

Avec « Weak Man », Ottman confirme l’orientation sombre/suspense de sa partition en accentuant l’utilisation des samples et du sound design pour créer une atmosphère poisseuse et glauque à l’écran. On retrouve ici le style thriller/horrifique cher à John Ottman, hérité de « Apt Pupil », « Gothika », « Hide and Seek », « House of Wax » ou bien encore « Valkyrie ». Les cordes créent ici un sentiment à la fois dramatique et inquiétant, mélangées aux synthétiseurs atmosphériques sinistres qui illustrent l’âme tourmentée du voisin (nous ne dirons pas son nom pour éviter les spoilers, mais sachez que l’on découvre bien trop tôt son identité !). La musique devient dissonante et extrêmement tendue dans « Dinner Date », où Ottman accentue la tension à l’aide d’un sound design plus immersif, à base de sons manipulés/bricolés et de clusters macabres des cordes et de notes éthérées de piano – l’ombre de Christopher Young plane sur certaines mesures du score – La fin de « Dinner Date » bascule quasiment dans l’avant-gardiste et l’expérimental avec une utilisation assez inventive de bruitages manipulés et samplés (une constante dans les partitions thriller de John Ottman). Le mélange cordes/piano mélancolique associé à Juliet revient dans « Rewind », suggérant la détresse de la jeune femme, un moment intime malheureusement très vite interrompu par une nouvelle déferlante de sonorités synthétiques et de bruitages expérimentaux divers (notamment des sons inversés de piano). L’aspect électro expérimental de « The Resident » risque fort d’en rebuter plus d’un, car l’ensemble, plein de bonnes intentions, paraît souvent bien lourdingue, peu aéré et mal équilibré, dans le film comme sur l’album. La peur, élément moteur du score, est suggérée à travers cette longue série de bruitages macabres et de clusters cacophoniques de cordes : dommage que les sonorités synthétiques s’avèrent être résolument envahissantes et finissent par écraser la partie orchestrale – mais à l’image du film, le résultat est tout de même cohérent, comme pour évoquer la présence menaçante et envahissante d’un voisin pervers et trop curieux. Le score bascule finalement dans l’horrifique pur avec « Max is Back », « Rough Day » et « Nailing Max », longue série de déchaînements cacophoniques dans lesquels l’approche bruitiste/expérimentale de John Ottman frôle le style de la musique concrète pure et dure, bien que l’ensemble devienne un brin trop bruyant et brouillon pour convaincre pleinement. « The Resident » apporte donc son lot de suspense et de tension au film d’Antti Jokinen mais décevra à coup sûr les fans de John Ottman, qui attendent toujours de retrouver un compositeur plus inspiré, sur des projets qui le stimulent réellement. Il paraît évident qu’Ottman n’a plus rien à dire dans le domaine des musiques horrifiques/suspense ! A quand un nouveau coup de maître dans la lignée de « Astroboy » ?



---Quentin Billard