1-Fly 4.39
2-Writing Poems 4.09
3-The Ghetto 4.57*
4-Der Freischütz/Act 1-"Nein,
Länger Trag' Ich Nicht 1.01 (Weber)**
5-You're Goin' Miss
Your Candyman 7.18***
6-Blind Test (François Cluzet) 2.22
7-L'origine Nascosta 3.13
8-Feeling Good 2.53+
9-Cache-Cache 3.50
10-Concerto pour 2 violons et
orchestre à cordes op.3 n°8
(Vivaldi) 3.21++
11-Une Mattina 3.23
12-Red Light 4.29+++

*George Benson
**Peter Schreier
***Terry Callier
+Nina Simone
++L'Angelicum de Milan
+++Vib Gyor.

Musique  composée par:

Ludovico Einaudi

Editeur:

TF1 Musique

Musique produite par:
Ludovico Einaudi

(c) 2011 Gaumont. All rights reserved.

Note: ***
INTOUCHABLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ludovico Einaudi
Véritable succès populaire du cinéma français de la fin d’année 2011, « Intouchables » est le quatrième long-métrage du duo Olivier Nakache/Eric Toledano. Le film s’inspire de la vie de Philippe Pozzo di Borgo et de son aide à domicile Abdel Yasmin Sellou, et raconte l’amitié improbable entre deux hommes issus de milieux différents : Philippe (Fr ançois Cluzet), riche tétraplégique qui mène une existence terne et morne malgré sa richesse, et Driss (Omar Sy), jeune banlieusard parisien d’origine sénégalaise qui vient de répondre à l’annonce de Philippe dans l’espoir de continuer à toucher les Assedic. Si la rencontre entre les deux hommes commence de manière un peu abrupte – Philippe est convaincu que Driss ne tiendra pas plus d’une semaine – la relation entre le riche tétraplégique et son aide à domicile va très vite se transformer en amitié indestructible, une forte complicité qui durera pendant près de 10 ans et permettra aux deux hommes d’affronter et de surmonter bien des épreuves dans leurs vies respectives. « Intouchables » est un film bien rare dans le paysage cinématographique français d’aujourd’hui : malgré un sujet « social » un peu tendance – c’est la grande mode à l’heure actuelle dans les médias français – le film d’Olivier Nakache et Eric Toledano est une réussite incontestable, qui doit énormément à l’irrésistible duo formé à l’écran par Omar Sy et François Cluzet. En plus de raconter une formidable histoire d’amitié aussi drôle que touchante, « Intouchables » est une belle leçon de vie, une fable qui évite les clichés moralisateurs et parvient à montrer la réalité des uns et des autres (la vie difficile des milieux défavorisés dans les HLM parisiens surpeuplés, l’existence terne et superficielle de la bourgeoisie française, etc.) avec un humour constant et sans lourdeur. Le film accumule ainsi les vannes, les mots d’esprit et les répliques cinglantes sur un rythme effréné, le tout servi par une mise en scène sans grand artifice mais qui repose beaucoup sur des effets de montage autour des chansons, qui permettent de cimenter certaines séquences-clé du film. Omar Sy et François Cluzet semblent s’être bien amusés sur « Intouchables », et l’alchimie qui naît de leur duo à l’écran est tout simplement époustouflant : on y croit du début jusqu’à la fin, et on se laisse prendre par cette fable sur le courage, l’amitié, la solidarité, l’envie de prendre un nouveau départ dans la vie en affrontant les épreuves à deux. Le succès de « Intouchables » fut finalement au rendez-vous, car le public ne s’y est pas trompé : en plus d’être le film le plus vu en France en 2011, « Intouchables » vient aussi de cumuler près de 17 millions d’entrée en se classant comme quatrième plus grand succès dans l’histoire du box-office français derrière « Bienvenue chez les Ch’tis » de Dany Boon sorti en 2008. Le film est même resté numéro 1 pendant près de 9 semaines d’affilée.

Les deux réalisateurs, soucieux de l’utilisation de la musique dans leur film – et notamment des chansons qui rythment le montage, dont celle du groupe Earth, Wind and Fire – souhaitaient engager un compositeur qui soit capable de livrer une partition intimiste et minimaliste, à mi-chemin entre Thomas Newman et Mychael Nyman. C’est ainsi qu’Olivier Nakache et Eric Toledano ont décidé de faire appel au musicien italien Ludovico Einaudi, connu pour ses compositions classiques minimalistes pour piano. La musique de « Intouchables » reste dans la veine des compositions habituelles de Ludovico Einaudi : ainsi, le thème principal exposé au début du film dans « Fly » évoque parfaitement l’amitié entre Driss et Philippe avec une mélodie de piano simple sur fond de notes discrètes de guitare et de synthétiseur. La musique se distingue par son approche répétitive et minimaliste du piano, avec une écriture mélodique simple et élégante qui rappelle parfois Mychael Nyman. Cette approche minimaliste se prolonge ensuite dans « Writing Poems », qui évoque la condition de Philippe avec une musique lente, dont les notes paraissent en suspend, entre piano et nappes synthétiques. « L’origine Nascosta » évoque les états d’âme de Driss et de Philippe avec une musique intime et contemplative dominée ici aussi par un piano délicat et des cordes planantes. Rien de bien neuf, même si la musique reste néanmoins plutôt agréable et bien placée sur les images. « Cache-cache » s’inscrit dans le même ordre d’idée avec une approche minimaliste et intimiste du piano, un brin mélancolique et contemplatif. Alors que le film est dominé par son rythme et son humour irrésistible, les compositions de Ludovico Einaudi s’avèrent être plutôt lentes, intimes et un brin mélancoliques, reflétant davantage les pensées intérieures et les destins des deux personnages principaux plutôt que l’humour ou les péripéties du film. La fin de « Cache-cache » nous offre même une écriture plus concertante et classique du piano sur fond d’orchestre à cordes – probablement en référence à la culture musicale dans laquelle baigne Philippe. A noter que certains morceaux d'Einaudi ne sont pas des compositions originales mais proviennent d'anciens albums du musicien italien - c'est le cas de « Une Mattina » par exemple.

« Une Mattina » reste quand à lui le morceau-clé du score de « Intouchables ». Ce thème, utilisé à quelques reprises dans le film, évoque la rencontre entre Driss et Philippe de manière touchante et intime. Ici aussi, le piano domine avec des notes délicates et une mélodie un brin mélancolique, très agréable à l’écran. « Une Mattina » reste d’ailleurs le meilleur morceau de la partition de Ludovico Einaudi, celui que l’on remarque le plus dans le film, car il est bien mis en valeur lors de ses quelques apparitions, et évoque parfaitement la complicité humaine et amicale qui unit les personnages de François Cluzet et Omar Sy dans le film, si différents et pourtant si forts ensemble, que rien ni personne ne semble pouvoir atteindre. Le reste de la bande originale du film est constitué des chansons qu’utilisent Olivier Nakache et Eric Toledano pour rythmer leur film, qu’il s’agisse d’Earth, Wind and Fire (« September »), George Benson (« The Ghetto »), Terry Callier (« You’re Goin’ Miss Your Candyman »), Nina Simone (« Feeling Good ») ou Vib Gyor (« Red Light »), sans oublier les quelques musiques classiques utilisées dans le film, incluant Vivaldi, Bach et Chopin. Cette rencontre des deux cultures musicales (classique / funk – pop) renforce d’ailleurs judicieusement dans le film le choc de la rencontre entre deux individus d’horizons différentes. Ludovico Einaudi parvient quand même à imposer son style minimaliste et épuré face aux nombreuses chansons du film, même si ses morceaux ne sont pas toujours utilisés en entier dans le film. Rien de bien original au final, même si la composition du musicien italien reste agréable dans le film comme sur l’album. Le score de « Intouchables » est à réserver aux amateurs de musique pour piano intimiste et aux fans du film – et ils sont nombreux – l’album de la bande originale du film ayant déjà été classé disque d’or grâce au succès phénoménal du film ! A écouter, donc !



---Quentin Billard