1-Asturias*/Main Titles 1.47
2-Subway 3.18
3-Ben Carson 2.27
4-First Night 1.36
5-Handprints 4.44
6-Fire 2.06
7-Esseker 2.57
8-The Dressing Room 3.22
9-The Mayflower 3.13
10-Angela's Death 3.30
11-What Do You Want From Me? 2.05
12-Asturias*/Investigation 2.21
13-The Mirrors Room 4.26
14-Little Anna 2.44
15-Asturias*/The House is Safe 2.26
16-The Quest 2.38
17-Farmhouse Basement 3.25
18-Extending Mirrors 4.02
19-Michael's Reflection 1.33
20-Keep Your Eyes Closed 4.46
21-Open Your Eyes 1.20
22-Possession 1.50
23-Escape 2.39
24-Srorrim 3.20
25-Asturias*/In The Mirror 1.30

*Composé par Isaac Albéniz
Adapté par Javier Navarrete.

Musique  composée par:

Javier Navarrete

Editeur:

Lakeshore Records LKS-34026

Produit par:
Javier Navarrete

Artwork and pictures (c) 2008 20th Century Fox. All rights reserved.

Note: ****
MIRRORS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Javier Navarrete
Le cinéaste français Alexandre Aja est devenu au fil des années un spécialiste du cinéma d’horreur, lui qui se fit connaître en 2003 avec le thriller choc « Haute Tension », et qui se vit ouvrir les portes d’Hollywood avec quelques productions sanguinolentes telles que « The Hills Have Eyes » ou le récent « Piranha 3D ». Avec « Mirrors », Aja poursuit son exploration de l’épouvante en évoquant le cauchemar d’un modeste veilleur de nuit qui travaille dans un grand magasin truffé de miroirs hantés, qui reflètent des visions terrifiantes. Ben Carson (Kiefer Sutherland), ancien policier, a été suspendu après le décès tragique d’un collègue qu’il a abattu par erreur. Aujourd’hui, Ben tente de se reconstruire et accepte un modeste emploi de veilleur de nuit dans un grand magasin. Mais au bout de quelques nuits, Ben finit par apercevoir d’étranges visions dans les miroirs du magasin. Le jour où il apprend que son ancien collègue qu’il remplace était un obsédé des miroirs décédé dans d’étranges circonstances, Ben comprend que les visions qui se reflètent dans ces miroirs sont bel et bien réelles et terriblement dangereuses. Croyant d’abord être victime d’hallucinations, Ben comprend que les miroirs reflètent des personnes mortes ou des choses imaginaires qui finissent par l’attaquer dans la réalité, lui et sa famille. Désormais, le veilleur de nuit va devoir entamer une longue course contre la montre pour tenter de protéger sa famille et de découvrir le secret associé à ce magasin, qui était autrefois un hôpital psychiatrique ayant accueilli des malades atteints de schizophrénie. « Mirrors » est un solide film d’épouvante qui repose essentiellement sur la phobie des miroirs, avec une interrogation plutôt subtile : et si, au lieu de regarder les miroirs, c’était les miroirs qui nous observaient ? Diabolisant ainsi un objet fortement symbolique et très souvent utilisé dans le cinéma d’épouvante, « Mirrors » véhicule une tension permanente tout au long du film, porté par l’interprétation remarquable de Kiefer Sutherland en ex-policier dépressif qui tente de se reconstruire après une bavure tragique qui coûta la vie à l’un de ses collègues. La mise en scène reste maîtrisée et captivante, même si les influences d’Aja paraissent évidentes (on pense à « Shining », « Poltergeist », la série de jeux « Silent Hill » ou même certains films d’épouvante espagnols contemporains). « Mirrors » reprend la trame principale de l’intrigue du film d’épouvante coréen « Into the Mirrors », intrigue qu’Alexandre Aja se réapproprie ici totalement, même si l’on regrettera le côté parfois impersonnel de cette production hollywoodienne dans laquelle le cinéaste français a parfois bien du mal à y apporter une personnalité quelconque. L’atmosphère angoissante qui se dégage du film reste malgré tout très réussie, avec quelques séquences gores assez extrêmes – comme toujours chez Aja – et une interprétation sans faille. Thriller horrifique peuplé de visions de terreur, de suspense macabre et de sursauts sanguinolents, « Mirrors » devrait séduire les amateurs de frissons et de fantastique avec ses montées de tension permanentes, son rythme nerveux et son utilisation incroyablement intense et immersive de l’univers maléfique des miroirs. Dommage que le scénario s’avère être un peu prévisible par moment (les révélations finales sont un peu convenues et téléphonées), même si la fin reste plutôt maligne et étonnante dans son genre, une sorte de twist diabolique que n’aurait certainement pas renié Shyamalan.

La partition musicale de « Mirrors » doit beaucoup au savoir-faire plus qu’évident du compositeur espagnol Javier Navarrete, qui livre sur le film d’Alexandre Aja une partition symphonique ample, sombre, mystérieuse et envoûtante. Confiée à un orchestre symphonique traditionnel, le score de « Mirrors » repose essentiellement sur une idée thématique majeure, la réutilisation du célèbre « Asturias » du compositeur espagnol Isaac Albéniz, pièce écrite à l’origine pour guitare en 1892 et que Navarrete a adapté à l’orchestre pour les besoins de « Mirrors » - c’est aussi un clin d’oeil savoureux et sympathique à la culture musicale espagnole, rappelant par la même occasion les origines de Javier Navarrete – Dans « Asturias - Main Title », le compositeur développe à l’orchestre l’air de « Asturias » avec son fameux motif de 6 notes introduit par des sonorités cristallines et des cordes graves sur fond de synthétiseurs, percussions électroniques, cuivres et choeurs aux consonances résolument maléfiques. Le « Main Title » impose d’emblée le ton fantastique et inquiétant de la partition de « Mirrors » avec une intensité remarquable. « Subway » confirme l’orientation horrifique voulue par Navarrete sur le film d’Alexandre Aja en ayant recours aux traditionnelles techniques instrumentales avant-gardistes, lors de la mort du gardien au début du film. Le compositeur développe ici un mélange de clusters stridents, de cordes dissonantes, de percussions agressives, de synthétiseurs et de sonorités cristallines et mystérieuses évoquant clairement les miroirs maléfiques. La dimension atonale de « Mirrors » rappelle non seulement le goût de Javier Navarrete pour les partitions d’épouvante mais contribue également à renforcer la dimension horrifique et angoissante du film. « Ben Carson » introduit un thème pour piano plus mélancolique et intime, associé au personnage de Kiefer Sutherland dans le film. Le thème évoque l’isolement du personnage et son envie de se reconstruire et de redonner un sens à sa vie. Le thème est très vite rejoint par l’orchestre qui apporte une dimension dramatique et sombre à la mélodie. On appréciera ici le soin apporté aux orchestrations, Javier Navarrete dévoilant un savoir-faire évident et une maîtrise agréable de l’écriture orchestrale avec un classicisme agréable. Dans « First Night », le compositeur dévoile un nouveau thème dramatique, mélodie aux notes descendantes qui rappelle curieusement le début de la « Romance » du « Lieutenant Kijé » de Prokofiev (autre inspiration classique sur le score de « Mirrors » ?). Le jeu hésitant des cordes dans « First Night » suggère clairement l’isolement de Ben lors de sa première nuit passée dans le magasin abandonné. « Handprints » développe ensuite une atmosphère plus mystérieuse, lente et envoûtante en reprenant le thème de « First Night » au piano sur fond de cordes latentes. Malgré son calme apparent, « Handprints » nous fait déjà clairement comprendre que quelque chose ne va pas, notamment à travers l’utilisation de sonorités synthétiques et de sons cristallins rappelant le verre et les miroirs. Le morceau dérive d’ailleurs très rapidement vers le suspense et l’épouvante, lorsque Ben découvre des visions étranges et terrifiantes dans les miroirs du magasin. A noter ici l’utilisation de l’électronique, qui accentue la tension du morceau avec une ambiance à la fois étrange, glauque et immersive. « Fire » confirme l’orientation horrifique du score de « Mirrors » avec une utilisation plutôt réussie d’un son de didgeridoo australien, tandis que Navarrete reprend le thème mystérieux de cordes de « Handprints », thème obsédant associé aux secrets maléfiques des miroirs tout au long du film. Le piano est utilisé à bon escient dans « Esseker », alors que Ben cherche à découvrir l’énigme des miroirs, tandis que « Dressing Room » nous plonge dans l’angoisse avec un nouveau déchaînement orchestral de terreur à base de clusters stridents de cordes et de ponctuations agressives et dissonantes des cuivres et des percussions.

A noter ici l’utilisation de voix lointaines et étranges, un élément caractéristiques du travail de Javier Navarrete sur « Mirrors », voix qui semblent surgir de l’au-delà et soulignent les visions étranges et macabres reflétées dans les miroirs. Ces effets vocaux sont non seulement très réussis mais contribuent grandement à apporter une véritable personnalité musicale à la composition de Navarrete, le tout enrobé d’une intensité orchestrale absolument saisissante à l’écran comme sur l’album. Dans le même genre, on appréciera aussi le terrifiant et puissant « Angela’s Death », illustrant avec une violence musicale rare la scène la plus gore du film, un pur moment de terreur qui fera frissonner n’importe quel fan d’atmosphère musicale macabre ! Les passages plus intimes au piano comme « Mayflower » déçoivent davantage par leur aspect fonctionnel et quelconque, bien qu’habités eux aussi par une intensité constante. La mélodie dramatique de « First Night » revient dans « What Do You Want From Me », évoquant les tourments de Ben, harcelés par les visions de terreur projetées dans les miroirs. Ici aussi, les techniques avant-gardistes contemporaines sont très présentes, notamment dans l’écriture des cordes – on pensera inévitablement ici à Marco Beltrami ou Christopher Young – La musique semble habitée d’une véritable présence maléfique comme le rappelle le violent et impressionnant « Mirrors Room », avec ses voix cauchemardesques et ses sursauts orchestraux chaotiques et dissonants. Encore une fois, on reste frappé ici par la puissance remarquable de l’orchestre et les partis pris musicaux de Javier Navarrete, pas vraiment originaux dans le fond, mais terriblement efficaces dans la forme. La tension monte crescendo jusqu’au dénouement final, que ce soit dans le sinistre « Extending Mirrors » avec son utilisation remarquable du didgeridoo australien ou ses effets vocaux étranges et déformées si caractéristiques du score de « Mirrors », le tout sur fond de glissandi aléatoires de cordes. Le mélange des différentes sonorités frôle ici l’expérimentation pure et contribue à renforcer l’ambiance angoissante du film – quand au jeu du didgeridoo, il rappelle par moment certains sons du score de « Alien » de Jerry Goldsmith (1979). Impossible aussi de passer sous silence le terrible « Keep Your Eyes Closed », pur moment d’épouvante musicale avec son mélange de didgeridoo et d’effets vocaux divers et macabres (chuchotements aléatoires, sifflements, raclements de gorge, etc.). La terreur culmine dans le puissant « Escape » avec son utilisation extrêmement brutale des percussions sur fond de sforzandos répétés des cuivres et de cordes survoltées, lors de l’affrontement final. On appréciera pour finir l’émotion de « Srorrim » (« Mirrors » à l’envers) qui accompagne le dénouement final dans un mélange paradoxal d’apaisement et de tension pour le twist final. Si vous cherchez un score horrifique impressionnant et réussi écrit durant l’année 2008, vous l’avez trouvé, car à défaut d’avoir écrit une partition très originale, Javier Navarrete nous livre là l’un de ses meilleurs travaux pour « Mirrors » (aux côtés du somptueux « Pan’s Labyrinth »). La musique du film d’Alexandre Aja est d’une intensité incroyable, parsemée de sursauts d’angoisse pure, de sonorités étranges et expérimentales, et de trouvailles sonores parfois assez stupéfiantes. Suspense, terreur et frisson sont donc à l’ordre du jour dans « Mirrors », score horrifique hautement recommandé, bien que réservé en priorité aux fans de musique d’épouvante !



---Quentin Billard