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1-Nightcall 4.19*
2-Under Your Spell 3.52** 3-A Real Hero (Feat. Electric Youth) 4.27*** 4-Oh My Love (Feat. Katyna Ranieri) 2.50+ 5-Tick of the Clock 4.48++ 6-Rubber Head 3.08 7-I Drive 2.03 8-He Had A Good Time 1.37 9-They Broke His Pelvis 1.58 10-Kick Your Teeth 2.40 11-Where's The Deluxe Version? 5.32 12-See You In Four 2.37 13-After The Chase 5.25 14-Hammer 4.44 15-Wrong Floor 1.31 16-Skull Crushing 5.57 17-My Name on a Car 2.19 18-On the Beach 6.35 19-Bride of Deluxe 3.57 *Interprété par Kavinsky et Lovefoxxx **Interprété par Desire ***Interprété par College Feat. Electric Youth +Interprété par The Chromatics ++Composé par Riz Ortolani Feat. Katyna Ranieri Musique composée par: Cliff Martinez Editeur: Lakeshore Records LKS 342322 Produit par: Cliff Martinez (c) 2011 Bold Films/Odd Lot Entertainment/Motel Movies/Marc Platt Productions. All rights reserved. Note: *** |
DRIVE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Cliff Martinez
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Le cinéaste danois Nicolas Winding Refn s’est fait remarquer à la fin des années 90 et dans les années 2000 pour sa trilogie « Pusher » sans oublier « Bronson » (2009) et le mutique et intense « Valhalla Rising » (2010). Pour son nouveau long-métrage, « Drive », sorti en 2011, Nicolas Winding Refn est plus que jamais au sommet de son art et nous offre l’un de ses films les plus brillants et les plus personnels. « Drive » est adapté du roman de James Sallis et emprunte beaucoup d’idées au film « Driver » de Walter Hill sorti en 1978. Le film raconte l’histoire d’un mystérieux conducteur (Ryan Gosling) qui mène une double vie à Los Angeles : le jour, il est un jeune mécanicien taciturne qui travaille dans un garage et exécute des cascades pour le cinéma. La nuit, il se transforme en chauffeur pour criminels et multiplie les convoyages pour la pègre. Son patron Shannon (Bryan Cranston) lui demande alors de participer à des courses de voiture et s’associe pour l’occasion avec Bernie Rose (Albert Brooks) et son complice Nino (Ron Perlman), deux dangereux mafieux de Los Angeles. Le chauffeur vient tout juste d’emménager dans son nouvel appartement, où il fait la connaissance de sa voisine Irene (Carey Mulligan) et de son petit garçon Benicio. Le mari d’Irene, Standard (Oscar Isaac), vient tout juste de sortir de prison et tente de se racheter une conduite, mais il doit 5000 dollars à des individus qui ont assuré sa protection en prison, et il est aujourd’hui incapable de rembourser sa dette. Après s’être fait tabassé violemment, les créanciers de Standard menacent de s’en prendre à sa famille s’il ne braque pas un prêteur sur gage afin de rembourser sa dette. C’est alors que le conducteur se propose de lui venir en aide et le conduit jusqu’au lieu du braquage : mais le hold-up tourne mal et Standard est tué. Le conducteur s’enfuit alors à toute vitesse avec Blanche (Christina Hendricks), la complice de Standard, ainsi que le butin du braquage : mais il découvre alors qu’il n’y a pas 5000 dollars dans le sac mais un million de dollars. Les deux compères se retrouvent alors poursuivis par une autre voiture, comprenant ainsi qu’il est tombé dans un piège et qu’il se retrouve englué dans une sombre affaire de règlement de compte mafieux.
« Drive » met en scène Ryan Gosling de l’un de ses meilleurs rôles, un chauffeur énigmatique et taciturne qui parle très peu mais agit très vite. Comme dans « Valhalla Rising », Nicolas Winding Refn développe un héros mutique qui agit plus qu’il ne parle : le silence est le mot d’ordre du cinéaste, plus que jamais, préférant jouer sur les regards ou les expressions du visage. Le personnage du conducteur est d’ailleurs un véritable paradoxe à lui tout seul, avec son visage d’ange apparent, il est capable d’être très tendre pendant un temps et d’exploser de rage la seconde d’après, comme le confirme la magnifique séquence du baiser dans l’ascenseur, immédiatement suivi de la scène la plus violente du film, dans laquelle le conducteur écrase la tête d’un de ses poursuivants à coup de pied – la scène où le conducteur se déguise avec un masque et part affronter Nino et Bernie Rose symbolise parfaitement cette idée de transfiguration silencieuse du héros. Comme toujours chez Refn, la violence est omniprésente mais dévoilée sous un angle psychologique et incroyablement réaliste. « Drive » vaut surtout par la qualité incroyable de sa mise en scène et son esthétique visuelle à des années lumières de l’indigence de certains blockbusters hollywoodiens actuels : réfléchie, mûrie et résolument esthétique, la mise en scène de Nicolas Winding Refn joue sur les expressions des personnages, les regards (entre le conducteur et Irene), les jeux de lumière et les angles de caméra. Visuellement, « Drive » est donc particulièrement splendide, avec ses décors urbains tentaculaires magnifiés avec un sens poétique rare par la photographie de Newton Thomas Sigel. Refusant les effets hollywoodiens 3D et la surenchère visuelle habituelle, Refn préfère opter pour un jeu de nuances clair/obscur, avec des scènes courses poursuite en voiture d’une qualité incroyable, ponctué par des idées visuelles d’une beauté poignante et contradictoire : ralentis, mélancolie silencieuse, course poursuite, fusillade, baiser d’adieu dans l’ascenseur, violence extrême, tous ces éléments se télescopent comme dans la vraie vie et créent une dimension cinématographique et artistique réellement personnelle et impressionnante, à tel point que Refn remporte son pari de faire de cette simple série-B d’action U.S. un vrai film personnel, en passe de devenir une référence dans son genre - et surtout, bien plus maîtrisé et passionnant que le soporifique « Valhalla Rising » qui ressemblait plus à un laboratoire d’idées expérimental qu’à un film réellement abouti ! La bande originale de « Drive » est, à l’image de la mise en scène de Nicolas Winding Refn, mûrement réfléchie : elle alterne ainsi entre une sélection de chansons pop/électro aux consonances vaguement ‘eighties’ qui nous plongent dans une ambiance particulière (« Nightcall » de Kavinsky interprété par Lovefoxxx du groupe de rock/électro brésilien CSS, « Under Your Spell » de Desire, sans oublier l’utilisation incroyable du romantique « Oh My Love » de Riz Ortolani durant l’une des scènes les plus violentes du film), et le score électro de Cliff Martinez, qui signe pour « Drive » une partition atmosphérique, planante et envoûtante très orienté vers les synthés des années 80, à mi-chemin entre la musique de Kraftwerk et celle du groupe électro allemand Tangerine Dream. A noter que, dans le film, les chansons sont souvent utilisées pour accompagner les plans nocturnes de la ville, apportant une ambiance particulière à la fois mystérieuse, poétique et fascinante pour ces vues de Los Angeles la nuit. En quelques minutes, la musique parvient à nous plonger dans l’ambiance de façon totalement immersive, à l’instar du film lui-même. Cliff Martinez renoue quand à lui avec un style atmosphérique électronique hérité de ses travaux sur les films de Steven Soderbergh, optant pour une approche non mélodique mais aussi clairement minimaliste et retenue (exit ici aussi l’approche musicale hollywoodienne habituelle). « Rubber Head » confirme d’emblée l’orientation musicale voulue par le compositeur sur le long-métrage de Refn en optant pour une approche résolument minimaliste mais néanmoins précise : nappes synthétiques planantes et mouvantes, pulsations électroniques présentes, tels sont les ingrédients de ce premier morceau simple mais efficace. « I Drive » renforce la dimension humaine et intériorisée du personnage de Ryan Gosling avec ses nappes synthétiques new age et ses harmonies mélancoliques renforçant les pensées intérieures du conducteur et sa romance avec Irene dans le film. « I Drive » développe ici un motif harmonique touchant qui fera office de Love Theme pour le héros et sa voisine tout au long du récit. On retrouve d’ailleurs ces sonorités dans l’intime et touchant « He Had A Good Time », tandis que « They Broke His Pelvis » reprend les sonorités de « Rubber Head » avec ce mélange de nappes synthétiques new age et de pulsations électroniques plus présentes. Mais c’est « Kick Your Teeth » qui attire alors plus particulièrement notre attention en développant la facette plus thriller/action du score (et du film) : Cliff Martinez développe alors une série de pulsations/rythmes électro très marquées sur fond de nappes sonores plus sombres suggérant habilement les scènes de tension/suspense du film. Ici aussi, le minimalisme reste à l’ordre du jour pour Cliff Martinez, et les fans du compositeur reconnaîtront sans mal les sonorités électroniques habituelles du compositeur. « Where’s The Deluxe Version ? » renforce à son tour la tension du score avec ces accélérations rythmiques soudaines – à l’image des courses poursuites en voiture – sur fond de sonorités qui semblent surgir d’une musique électronique d’un film des années 80. A noter qu’en plus des nappes synthétiques, Martinez utilise à plusieurs reprises un son de piano et des nappes de guitare électrique filtrée pour renforcer les textures sonores de sa partition. « Where’s The Deluxe Version ? » s’avère donc être plus immersif et rythmé que « Kick Your Teeth », et développe par la même occasion un second motif harmonique que l’on retrouvera à quelques reprises dans le score, et notamment lors du générique de fin avec l’excellent et très eighties « Bride of Deluxe ». La tension monte d’un cran dans le sinistre « See You in Four » et l’intense « After The Chase », avec ses sonorités métalliques quasi expérimentales et ses pulsations synthétiques étranges. Même chose pour le sombre et rythmé « Hammer » avec ces rythmes qui rentrent et qui sortent, et l’impressionnant « Skull Crushing » et ses explosions de violence musicale si caractéristiques du film. On aboutit à un climax de noirceur dans le conclusif « On the Beach » où la résolution paraît plus qu’évidente, tandis que Cliff Martinez reprend une dernière fois son Love Theme dans « Wrong Floor », puis son motif harmonique de « Where’s the Deluxe Version ? » dans « Bride of Deluxe ». Cliff Martinez signe donc une intéressante partition électro atmosphérique pour « Drive », un travail résolument minimaliste et personnel, éloigné du style musical hollywoodien actuel, mais qui risque fort d’en rebuter plus d’un, car si la musique accomplit parfaitement son rôle à l’écran, créant une ambiance particulière à la fois poétique, sombre et immersive sur les images, l’écoute sur l’album paraît plus difficile, réservée essentiellement aux fans du compositeur et à ceux qui apprécient les travaux électroniques/atmosphériques du compositeur de « Traffic » ou de « Solaris ». ---Quentin Billard |