1-Tony Meets Bill 4.09
2-Tony Meets Jacques 3.20
3-Election Victory 1.20
4-Northern Ireland 5.37
5-Hillary C 6.06
6-Trouble For Bill 1.54
7-Tony Saves Bill 4.02
8-Kosovo 5.43
9-Monica L 5.50
10-The Chicago Speech 1.59
11-Number One Leader 5.20
12-Farewell 3.27

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 208 2

Produit par:
Alexandre Desplat
Producteurs exécutifs:
Robert Townson, Evyen J Klean
Montage musique:
Gerard McCann
Programmation:
Alexandre Desplat, Xavier Forcioli
Préparation musique:
Norbert Vergonjanne, Claude Romano
Coordination production musicale:
Xavier Forcioli

Artwork and pictures (c) 2010 Home Box Office, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE SPECIAL RELATIONSHIP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
Troisième opus de la trilogie cinématographique consacrée à l’ancien premier ministre anglais Tony Blair après « The Deal » (2003) et « The Queen » (2006) de Stephen Frears, « The Special Relationship » s’intéresse plus particulièrement à l’amitié privilégiée entre Tony Blair et le président américain Bill Clinton durant les années 1992 à 2001. Le téléfilm de Richard Loncraine permet ainsi à Michael Sheen d’endosser pour la troisième fois le rôle de Tony Blair, face à un Dennis Quaid épatant dans le rôle de Bill Clinton. L’histoire débute lors de la toute première rencontre entre Bill Clinton (élu président des Etats-Unis en 1992) et le jeune Tony Blair, élu nouveau leader du parti travailliste en Grande-Bretagne en 1994. Le téléfilm suit ainsi l’amitié indéfectible qui unit les deux hommes et s’intéresse à leurs parcours politiques/personnels respectifs. Le récit se structure autour d’événements majeurs qui marquèrent la présidence de Clinton durant son mandat, à commencer par le scandale de l’affaire Monica Lewinsky, mais aussi la crise du processus de paix en Irlande du Nord, et enfin la gestion complexe de l’intervention armée de l’OTAN au Kosovo en 1999, pour mettre fin au génocide orchestré par le président serbe Slobodan Milosevic. Le téléfilm insiste particulièrement sur les détails du scandale lié à la relation sexuelle entre Bill Clinton et l’ex stagiaire de la maison blanche Monica Lewinsky, scandale duquel le président américain ressortit particulièrement affaiblit politiquement et moralement, tandis que Tony Blair consolida sa position de principal allié des Etats-Unis et symbolisa un certain idéal moral après le scandale Lewinsky et l’après-Kossovo. Le téléfilm se termine avec le départ de Bill Clinton et l’élection de George W. Bush qui devint le nouveau président des Etats-Unis en 2001, obligeant par la même occasion Tony Blair à réfléchir à sa future position à envisager vis-à-vis du nouveau président – suivant les conseils de Clinton qui lui suggéra de faire bien attention à cette nouvelle administration, élue de manière illégale selon lui. « The Special Relationship » est un téléfilm biographique somme toute richement documenté et magnifiquement interprété, qui a aussi la sagesse de ne pas trop s’éterniser (le film dure à peine 1h30), même si la réalisation de Richard Loncraine manque parfois un peu de tonus et d’ambition. Martin Sheen reste toujours aussi convaincant dans le rôle de Tony Blair, mais c’est Dennis Quaid qui impressionne réellement ici en interprétant un Bill Clinton plus vrai que nature – certaines mimiques ou certaines expression du visage étant parfois incroyablement ressemblantes, même si le visage de l’acteur est au final sensiblement différent de celui de Clinton – Dennis Quaid s’est totalement approprié le rôle et s’impose tout au long du film. A ses côtés, Hope Davis interprète une Hillary Clinton très convaincante : la ressemblance avec la vraie First Lady est là aussi assez stupéfiante. Voilà en tout cas une excellente conclusion à cette brillante trilogie consacrée à Tony Blair, dont la fin laisserait envisager une éventuelle suite consacrée cette fois-ci aux années Bush.

Après avoir mis en musique « The Queen » en 2006, c’est en toute logique qu’Alexandre Desplat a de nouveau été choisi par la production pour écrire cette fois-ci la partition musicale de « The Special Relationship ». Le compositeur français retrouve encore une fois son orchestre de prédilection, le London Symphony Orchestra, avec lequel il s’entoure de quelques solistes incluant un trio de saxophones, un trio de guitares et une flûte (qu’il interprète lui-même). Le compositeur suit les traces de sa partition de « The Queen » en reprenant une esthétique musicale assez similaire mais tout en proposant de nouveaux thèmes. Il n’y a donc pas de continuité thématique à proprement parler, mais plus un style assez semblable d’un score à l’autre. Dans « The Special Relationship », la musique, très présente tout au long du téléfilm, évolue à l’image des carrières politiques respectives de Tony Blair et Bill Clinton : d’abord enthousiasmantes et débordante d’énergie, la musique va petit à petit se teinter d’une douce mélancolie et d’une certaine forme d’introspection plus retenue. L’introduction (« Tony Meets Bill ») présente le premier thème de la partition, thème enjoué confié aux cordes et aux bois sur fond de ponctuations de timbales, de marimba, de guitares, de basse et parsemé de notes jazzy de saxophones, de piano et de glockenspiel. Les orchestrations sont, comme toujours chez Desplat, très soignées et riches en couleur, Desplat privilégiant davantage ici le jeu des instruments solistes pour accompagner l’ascension politique de Tony Blair et son amitié naissante avec Clinton. Le résultat, typique de Desplat, n’est pas sans évoquer Thomas Newman par moment, notamment dans l’emploi des solistes. Les saxophones et les guitares apportent ici une couleur particulière à la musique, tandis que le reste de l’orchestre, plutôt enjoué et léger, conserve une certaine exubérance propre à la jeunesse du personnage de Blair dans le film, qui fait ses premiers pas en tant que nouveau leader du parti travailliste anglais. Cet enthousiasme et cette énergie se retrouvent décuplés dans « Tony Meets Jacques » pour la rencontre avec Jacques Chirac. On y retrouve le thème introductif développé ici par les guitares sur fond d’ostinato de basse et de cordes, le tout accompagné par un rythme à trois temps plus léger et insouciant. Ce climat d’insouciance et d’exubérance se retrouve là aussi largement développé dans le triomphant « Election Victory », porté par un contrepoint intéressant de contrebasses sur fond de piano, guitares, cordes, timbales et percussions. Le motif de quatre notes associé à Blair est toujours très présent, développé sous de multiples variations instrumentales.

« Northern Ireland » vient mettre fin à cette série de pièces enjouées et bondissantes en imposant d’emblée l’autre facette de la partition de « The Special Relationship » : Alexandre Desplat nous dévoile ici la partie plus mélancolique et dramatique de sa musique en utilisant un nouveau motif, un ostinato mélodique constitué d’une série de notes entêtantes répétées ici par la guitare sur fond de cordes plus amères et dramatiques, évoquant les tensions tragiques en Irlande du nord et le processus de paix complexe entamé avec le Sinn Féin de Gerry Adams au milieu des années 90. Le compositeur développe sur plus de 5 minutes cet ostinato obsédant et répétitif suggérant la tension en Irlande du Nord, tandis que les cordes restent très présentes mais beaucoup plus lentes et mélancoliques, un très beau morceau assez immersif et envoûtant. Dans « Hillary C », on retrouve le style enjoué du début en se plaçant cette fois-ci du côté du couple Clinton. La musique devient alors plus intime et nuancé, avec quelques notes plus sombres et hésitantes, suggérant clairement les problèmes à venir, problèmes confirmés dans « Trouble for Bill » et « Monica L », lors du scandale Monica Lewinsky. C’est l’occasion pour Desplat de reprendre dans « Monica L » l’ostinato mélodique entêtant de « Northern Ireland », toujours très présent et extrêmement obsédant, comme une sorte de rengaine impossible à s’ôter de la tête, à l’image de ces problèmes qui n’en finissent plus d’entacher la présidence de Clinton. La musique devient même clairement tragique dans « Kosovo » pour évoquer la situation dramatique au Kosovo. Desplat suggère les bombardements américains en utilisant un ensemble de percussions dominé par les timbales, le piano et les martèlements secs de ‘col legno’ des cordes (technique consistant à frapper les cordes des instruments avec le bois de l’archet), le tout sur fond de cordes agitées. La musique devient même plus chaleureuse et intime dans le poignant « Tony Saves Bill », lors du discours médiatique de Blair qui réaffirme son attachement et son amitié à Clinton. Desplat conserve ici une certaine retenue touchante, dominée par la flûte sur fond de cordes, guitare, harpe et timbale.

Cette dimension intime et émotionnelle domine largement lors du final poignant de « Farewell », pour les adieux entre Blair et Clinton, un très beau morceau porté par un lyrisme cher au compositeur français et une écriture plus raffinée et émouvante des cordes, le morceau suggérant clairement la fin d’une époque (c’est la fin des années 90, le départ de Clinton et l’arrivée de Bush au pouvoir). Enfin, signalons le mouvementé « Number One Leader » et son utilisation assez réussie et inattendue d’un loop de batterie samplé de 1:21 à 2:12 et un style plus sombre et tendu qui n’est pas sans rappeler le travail d’Alexandre Desplat sur le film « The Ghost Writer ». Le compositeur signe donc une partition orchestrale somme toute assez intéressante pour « The Special Relationship » bien que sans surprise particulière. On y retrouve de façon prévisible le style de « The Queen », porté par une instrumentation brillante, assez riche et parfois même inventive, bien que la musique ne laisse aucun souvenir particulier après écoute (même le thème principal ne marque pas plus que ça les esprits, alors que celui de « The Queen » s’avérait bien plus mémorable). Cela reste du travail honnête et de bonne facture, sans être un hit dans la carrière d’Alexandre Desplat : la partition s’écoute d’ailleurs aussi bien dans le téléfilm que sur l’album, qui révèle toutes les richesses instrumentales et sonores de cette sympathique partition mineure mais néanmoins assez réussie.




---Quentin Billard