1-Overture 2.24
2-A Ticket to Space 1.21
3-Scolco 0.47
4-Space Center Alert 1.05
5-So Far, So Close/Gavotte 1.54
6-Practice, Practice! 2.27
7-Cider Kiss 1.31
8-The Wrong Stuff 1.49
9-Countdown 2.44
10-First Night in Space 1.12
11-The Code Breaker 1.45
12-Space...1.37
13-Charlemagne/Towel Kung Fu 1.19
14-Distress Call 1.47
15-Trouble/Remember Me? 2.15
16-Room Service 2.20
17-Alien Turkey 2.37
18-Prisoner/Mouchette 2.01
19-Re-Entry 1.55
20-Final Poetry 1.53
21-Suite from "A Ticket to Space" 5.57

Musique  composée par:

Erwann Kermorvant

Editeur:

Movie Score Media MMS-10004

Album monté et produit par:
Mikael Carlsson
Producteur exécutif pour Gaumont:
Quentin Boniface
Producteur exécutif pour
Movie Score Media:
Mikael Carlsson
Musique interprétée par:
The Bulgarian Symphony Orchestra
-SIF 309

Dirigé par:
Dimitar Danchev

Artwork and pictures (c) 2006 Gaumont/M6 Films. All rights reserved.

Note: ****
UN TICKET POUR L'ESPACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Erwann Kermorvant
Comédie d’aventure réalisée par Eric Lartigau et mettant en scène Kad et Olivier – célèbre duo d’humoriste des années 90 qui se fit connaître à la radio avec « Le Rock’n Roll Circus » puis « La Grosse émission » sur la chaîne « Comédie ! » entre 1999 et 2001 – « Un ticket pour l’espace » réunit Kad Mérad et Olivier Baroux ainsi qu’une bonne partie de l’équipe de « Mais qui a tué Pamela Rose ? » (2003). Sorti en 2006, « Un ticket pour l’espace » reprend les formules et l’humour absurde de « Pamela Rose » en transposant cette fois-ci l’intrigue dans l’univers des astronautes et de l’espace. L’histoire débute en France, alors que le gouvernement décide de relancer l’intérêt des français pour la recherche spatiale en organisant un concours très spécial : un jeu présenté sous forme de ticket à gratter, dont les deux gagnants obtiendront un billet pour l’espace, à destination d’une station orbitale en compagnie d’un scientifique et de deux spationautes de renom. Le Colonel Beaulieu (Olivier Baroux) est chargé de conduire l’expédition spatiale, mais il ne voit guère d’un très bon oeil la présence de deux civils à bord de la navette : les deux gagnants sont Alexandre Yonis (Guillaume Canet) et Stéphane Cardoux (Kad Mérad). Mais si le premier semble réussir tous les tests haut la main, le second est une véritable calamité et s’affirme comme un véritable loser mythomane. Mais grâce à sa conviction et sa détermination, Stéphane finira par rejoindre l’expédition, avec une autre astronaute, Soizic Le Guilvinec (Marina Foïs) et le professeur Rochette (Frédéric Proust). Mais ce qui devait être une expédition spatiale idéale va très vite se transformer en cauchemar, lorsque l’un des candidats, qui a triché pour obtenir le billet gagnant, se révèlera être un fou dangereux prêt à tout pour assouvir une vieille vengeance contre Beaulieu et Werburger (André Dussolier), chef de la mission spatiale. « Un ticket pour l’espace » vaut donc essentiellement pour son casting prestigieux réunissant, en plus du duo Kad et Olivier, quelques incontournables de la comédie française comme les deux ex-Robin des Bois, Marina Foïs et Pierre-François Martin Laval, sans oublier le vétéran André Dussolier et l’éclectique Guillaume Canet, formidable dans le rôle du bad guy de service. A noter quelques seconds rôles sympathiques incluant Thierry Frémont, l’ancien rugbyman français Vincent Moscato ou Frédérique Bel (« La minute blonde » sur Canal +). « Un ticket pour l’espace » est un mélange détonnant d’humour, de gags, d’action et d’aventure, multipliant les clins d’oeil et les références cinématographiques sur un rythme effréné. Le film d’Eric Lartigau parodie ainsi « Alien » (la scène d’attaque du dindon mutant), « Jurassic Park » (les héros traqués par le dindon à la fin du film), « Armageddon » (le ralenti héroïque sur les spationautes), « Apollo13 » (le décollage de la fusée), « 2001 A Space Odyssey » (l’allusion au « Beau Danube Bleu » de Strauss lors de l’arrivée dans l’espace), « Fantomas » (scène où Guérin retire son masque et révèle son vrai visage), « Fight Club » (le passage en accéléré dans le couloir menant à la cachette d’Alexandre sur fond de bande son rock/trash), etc. A noter aussi quelques allusions diverses dans les dialogues du film comme la fameuse chanson « Mon fils, ma bataille » de Daniel Balavoine, chanson à laquelle Kad Mérad fait ironiquement référence à deux reprises dans le film en parlant de son propre fils. Malgré la trame action/science-fiction du film, « Un ticket pour l’espace » conserve un humour omniprésent du début jusqu’à la fin : les gags font mouche à chaque fois, les répliques sont fidèles au style de Kad et Olivier, et les effets spéciaux plutôt corrects pour une production française de cette envergure. Les fans de « Pamela Rose » et de Kad et O. devraient donc adorer « Un ticket pour l’espace », une comédie frenchy plutôt sympathique et assez réussie dans son genre !

Le compositeur Erwann Kermorvant retrouve Eric Lartigau un an après avoir écrit le score de « Mais qui a tué Pamela Rose ? ». Fidèle à son style orchestral ample et très influencé par les productions hollywoodiennes, Kermorvant nous livre une partition d’aventure héroïques, prenante et intense pour « Un ticket pour l’espace ». Brillamment confiée au Bulgarian Symphony Orchestra, la musique d’Erwann Kermorvant contribue à renforcer le sentiment d’aventure du film d’Eric Lartigau tout en jouant sur la dimension parodique et humoristique du film, multipliant les clins d’oeils et les références musicales avec agilité. Selon les dires du compositeur lui-même, le principal mot d’ordre du réalisateur quand à la musique de son film était de trouver le son le plus « épique » possible afin de contrebalancer l’humour absurde et la dérision de certaines scènes du film. Parmi ses influences, Kermorvant cite aussi bien les musiciens russes du XXe siècle (on pense bien entendu à Stravinsky) que certains grands maîtres hollywoodiens tels que Jerry Goldsmith ou John Williams. Le compositeur, qui a étudié la musique dans sa jeunesse à Los Angeles, en profite pour rappeler qu’il a grandi en regardant des films tels que « Alien », « Star Wars » ou bien encore « E.T. », des films qui l’ont certainement inspiré par la suite dans ses propres compositions, y compris pour « Un ticket pour l’espace ». Le score d’Erwann Kermorvant repose avant tout sur un thème principal associé à l’aventure et à l’expédition spatiale, thème entendu dès le début du film dans « Overture », confié à un ensemble de cuivres, bois, percussions et cordes amples et solennelles, très hollywoodien dans son écriture, le tout accompagné de quelques rythmes martiaux associés à l’univers de l’aérospatiale française. Ce premier grand thème d’aventure pose le ton de la partition ainsi que du film lui-même, annonçant un style à la fois grandiose et épique assez savoureux. On notera ici la richesse des orchestrations (assurées par le compositeur lui-même), élément récurrent dans les oeuvres musicales d’Erwann Kermorvant. « A Ticket to Space » dévoile un motif d’action de cordes/percussions pour l’arrivée du colonel Beaulieu dans les bâtiments de l’aérospatiale, motif qui n’est pas sans rappeler curieusement un thème du score de « Backdraft » de Hans Zimmer. La partie plus comédie du film est évoquée dans « Scolco » où le thème est repris de façon plus légère avec une écriture dominée par les bois et les cordes. Les rythmes martiaux et spectaculaires de « Space Center Alert » confèrent au centre des opérations spatiales un caractère à la fois imposant et respectueux, digne d’un établissement militaire (et non dénué d’une certaine ironie).

Kermorvant se fait plaisir et nous offre même un passage plus intime à base de piano, cordes et bois, tandis que le compositeur va même jusqu’à écrire une brève danse celtique dans « Gavotte » rappelant avec humour les origines bretonnes du personnage de Marina Foïs – Kermorvant explique même dans une note du livret de l’album qu’il souhaitait absolument faire allusion aux origines de ce personnage dans le film, étant lui-même breton d’origine. Le motif d’action à la Hans Zimmer associé au centre spatial revient aux vents dans l’excellent « Practice, Practice ! », scène où les deux candidats préparent leur voyage dans l’espace. Ici aussi, la richesse sophistiquée des orchestrations et le travail autour des différentes couleurs instrumentales est non seulement impressionnant, mais contribue à apporter un véritable sentiment d’aventure au film, avec un mélange de premier et de second degré assez remarquable. A noter l’écriture très contrapuntique et assez classique des cordes dans « Practice, Practice ! », qui renforce l’énergie et la dynamique de cette séquence/montage. On retrouve des allusions à la musique celtique dans « Cider Kiss » pour le personnage de Le Guilvinec, avec une utilisation remarquable de la harpe et d’une cornemuse dans un style qui rappelle indéniablement le « Braveheart » de James Horner. « The Wrong Stuff » accompagne quand à lui la scène où l’équipe se prépare au décollage de la fusée spatiale. Ici aussi, le morceau est dominé par des rythmes martiaux assez prenants, des cuivres imposants et une utilisation un brin plus mickey-mousing des instruments pour l’aspect comédie du film. Les préparatifs du décollage sont illustrés dans un« Countdown » plus solennel et vibrant qui dévoile un nouveau thème du score, un thème héroïque de cuivres qui accompagne l’équipe de l’expédition dirigée par le colonel Beaulieu, et qui rappelle vaguement le style du « The Right Stuff » de Bill Conti (auquel fait référence ironiquement le titre de la piste 8). L’espace est illustrée par le retour très réussi du thème principal dans « First Night in Space », dans lequel Kermorvant évoque l’immensité spatiale par le biais d’orchestrations plus mystérieuses et douces, malgré un final plus sombre et oppressant. Inventif, le compositeur n’hésite pas à varier les ambiances comme le rappelle l’électro/techno débridée de « The Code Breaker » associé au complot orchestré par le personnage de Guillaume Canet dans le film. Dans « Space... », le compositeur évoque l’espace d’une manière quasi romantique et lyrique, tout en faisant ironiquement référence au célèbre « Beau Danube bleu » de Johann Strauss (clin d’oeil au « 2001 » de Kubrick). Et si vous attendiez de l’action, avec « Charlemagne » ou « Distress Call », vous allez être servi ! Erwann Kermorvant en profite pour nous rappeler qu’il maîtrise aussi parfaitement les grands déchaînements orchestraux avec une vitalité et une énergie impressionnante typique du compositeur : la tension est à son comble dans « Trouble/Remember Me ? » alors que Yonis dévoile enfin sa véritable identité et ses intentions (à noter que le morceau pastiche de manière amusante la musique de « Top Gun » d’Harold Faltermeyer pour les besoins du film). Dans « Room Service », l’action domine à grand renfort de rythmes complexes, de percussions, de cordes et de cuivres agités, agrémentés de quelques touches électroniques. « Alien Turkey » illustre même la scène de la poursuite avec le dindon mutant en faisant ironiquement référence au style des musiques d’épouvante hollywoodiennes – on pense clairement ici au « Alien » de Jerry Goldsmith. Erwann Kermorvant signe donc une excellente partition symphonique très hollywoodienne, riche et inspirée pour « Un ticket pour l’espace », car, même si la composition du musicien breton reste avant tout un brillant exercice de style qui manque parfois un peu de personnalité, l’ensemble reste extrêmement solide et d’une rare qualité pour un film français de ce genre. Erwann Kermovant semble s’être bien amusé sur la composition de « Un ticket pour l’espace », et sa musique f
ait rudement plaisir à entendre, le compositeur signant là sans aucun doute l’un de ses meilleurs scores pour le cinéma français, une jolie réussite à redécouvrir grâce à l’excellente édition CD publiée par Movie Score Media !



---Quentin Billard