Pour leur nouveau et très attendu long-métrage animé, les studios Disney ont adapté le célèbre conte populaire des frères Grimm « Rapunzel » dans une toute nouvelle version réalisée par Byron Howard et Nathan Greno, sortie en 2010. « Tangled » reprend les grandes lignes du conte originel en modifiant certains éléments remis au goût du jour. L’histoire débute alors que Mère Gothel, une vieille sorcière maléfique, crée une fleur magique aux pétales d’or, capable de soigner les blessures et de conserver éternellement la jeunesse. Quelques années plus tard, la reine d’un important royaume tombe malade alors qu’elle est sur le point d’accoucher. Ses gardes ont pour mission de récupérer la précieuse fleur magique capable de sauver la reine. Une fois la mission accomplie, la reine est enfin guérie et donne ensuite naissance à Raiponce, une petite fille à la chevelure blonde et extrêmement longue. C’est alors que Gothel s’introduit une nuit dans le château et coupe une mèche des cheveux du bébé, croyant que les pouvoirs de la fleur sont toujours conservés dans les cheveux. Mais les cheveux perdent subitement leur lumière d’or une fois coupés : la sorcière décide alors de kidnapper l’enfant et de l’emmener dans sa tour cachée en plein coeur de la forêt. Elle l’élève alors comme sa propre fille et utilise ses cheveux pour conserver sa jeunesse éternelle, tout en l’empêchant de sortir. Raiponce grandit et rêve de plus en plus de découvrir le monde extérieur qu’elle ne connaît pas. De nombreuses années plus tard, un voleur nommé Flynn Rider court dans la forêt après avoir dérobé la précieuse tiare de la princesse disparue. Poursuivi par les gardes, Flynn abandonne ses complices et découvre la tour dans la forêt où il décide de se cacher pour fuir ses poursuivants. C’est alors que l’intrépide voleur fait la connaissance de Raiponce qui l’assomme et le séquestre. La jeune fille cherche en réalité un moyen de s’enfuir de la tour, et Flynn semble être la solution : la jeune fille et le séduisant brigand réussissent alors à quitter la tour ensemble et partent pour une longue aventure vers les mystérieuses lanternes volantes qui flottent chaque année dans le ciel au dessus du royaume, en souvenir de la princesse disparue. « Tangled » (Raiponce) est donc un savant mélange d’humour, d’aventure, d’émotion et de poésie, un grand Disney dans la plus pure tradition du genre. En revenant à ce qui faisait le charme des Disney d’antan, Byron Howard et Nathan Greno signent un film animé irrésistible, qui allie à la fois le nouveau et l’ancien. Avec cette relecture du célèbre conte des frères Grimm, « Tangled » nous permet enfin de redécouvrir tout ce qui faisait la magie des contes de fée anciens avec un ton parfois assez moderne dans les dialogues et des péripéties aussi rocambolesques qu’hilarantes. De l’aventure, le film n’en manque pas, avec une animation 3D brillante et des graphismes riches, colorés et élégants, tandis que « Tangled » nous propose une galerie de personnages attachants et une approche assez moderne de ce classique des contes de fée – cette fois-ci, la princesse se rebelle et quitte la tour où elle était censée attendre le prince charmant – jouant sur les codes du genre avec une malice et un humour constant. Après plusieurs productions plutôt décevantes à la fin des années 90 et au début des années 2000, Disney semble enfin avoir retrouvé la bonne voie dans « Tangled », qui n’augure que du meilleur pour la suite !

Désireux de revenir à tout ce qui faisait le charme des grands classiques Disney d’avant, les concepteurs de « Tangled » ont confié la musique du film animé à Alan Menken, compositeur-clé du studio qui a signé les musiques de « The Little Mermaid », « Beauty and the Beast », « Aladdin », « Pocahontas », « The Hunchback of Notre Dame », « Hercule » et « Home on the Range ». Après avoir composé la musique de deux films Disney live, « The Shaggy Dog » (2006) et « Enchanted » (2007), Alan Menken retrouve enfin l’univers du cinéma animé Disney dans « Tangled », pour lequel le compositeur renoue avec son style musical habituel, mélangeant chansons originales et score symphonique dans la plus pure tradition du genre. On retrouve ainsi dans « Tangled » les traditionnelles chansons héritées des comédies musicales de Broadway, qu’interprètent les personnages dans le film et qui viennent ponctuer l’histoire lors des principaux moments-clé du récit. Epaulé par le parolier Glenn Slater, Alan Menken nous offre une pléiade de nouvelles chansons de qualité, à commencer par « When Will My Life Begin », chanson-clé de « Tangled » qu’interprète Raiponce (Mandy Moore) dans le film, et qui évoque son envie de découvrir le monde extérieur et d’accomplir ses rêves. Grandiose, la chanson est soutenue par des orchestrations riches et denses, présentée à travers trois versions pour l’album, incluant la traditionnelle reprise pop en introduction du CD. Comme toujours dans les scores Disney de Menken, la mélodie de la chanson deviendra un thème majeur dans le score orchestral – on reste néanmoins déçu par le côté quelconque du refrain de « When Will My Life Begin », chanson sympathique mais bien en dessous des classiques des années 90 (« Beauty and the Beast », etc.). La sorcière Gothel a droit à sa propre chanson dans l’exubérant « Mother Knows Best » et son accompagnement orchestral vif, léger et coloré qui rappelle ici aussi l’univers musical de Broadway, sans oublier l’hilarant « I’ve Got A Dream » accompagnant la scène des brigands dans la taverne, à grand renfort de choeurs, piano, accordéon et orchestre. L’émotion n’est pas en reste avec le très beau et poétique « I See The Light » évoquant les rêves de Raiponce lorsqu’elle aperçoit les lanternes lumineuses dans le ciel, sans oublier le mélancolique « Healing Incantation » pour la scène poignante où Raiponce essaie de redonner la vie à Flynn à la fin du film.

Le score orchestral débute avec « Flynn Wanted », premier morceau d’action illustrant la poursuite entre le voleur et les gardes au début du film : les cuivres sont ici de la partie, avec une écriture très riche et soignée sur fond de rythmes martiaux et guerriers. On retrouve les sempiternelles touches de mickey-mousing habituelles (notamment dans l’emploi du xylophone) tandis que le pupitre des cuivres est largement mis en valeur avec un caractère guerrier plutôt impressionnant. « Prologue » illustre le début du film en mélangeant chanson originale et score autour de Mère Gothel et de la jeune Raiponce. La musique est à la fois poétique, légère et grandiose, avec un premier thème intime et assez réussi, typique d’Alan Menken. Mais à l’instar de « Flynn Wanted », le compositeur semble privilégier particulièrement l’action et l’aventure tout au long de son score, comme en témoignent les énergiques « Horse With No Rider », « Escape Route » et « Realization and Escape ». Menken nous offre ici une succession de morceaux d’action denses et musclés, avec les rythmes martiaux, les cordes agitées et les cuivres imposants de « Horse With No Rider » développant un motif sombre de 6 notes, motif que l’on retrouvera d’ailleurs durant certaines scènes d’action du film. Dans « Escape Route », la musique devient plus colorée avec l’ajout de bongos évoquant une atmosphère d’espionnage sur fond d’orchestrations plus variées et détaillées. L’émotion et l’intimité dominent ensuite dans « Campfire », évoquant le rapprochement entre Raiponce et Flynn. On retrouve ici le thème de « When Will My Life Begin » repris au piano, aux cordes et aux bois avec une douceur et une nostalgie touchante, Menken faisant de cette mélodie une sorte de joli Love Theme pour la princesse et le brigand dans le film. A noter l’emploi d’une penny whistle aux consonances vaguement celtiques dans la suite de « Campfire », qui reste décidément l’un des plus beaux morceaux du score de « Tangled ». On retrouve d’ailleurs des touches celtiques dans l’enjoué « Kingdom Dance » qui prend des allures de jig irlandaise avec son mélange de fiddle, flûte, tambourin, guitare et orchestre lors de la scène où Raiponce et Flynn arrivent dans le royaume, un autre excellent morceau du score d’Alan Menken. L’émotion de « Campfire » trouve écho dans le romantique et tendre « Waiting For The Lights » avec son envolées chorale/orchestral féerique et grandiose, tandis que la musique devient plus sombre et mélancolique dans « Return To Mother », évoquant la sorcière avec une première partie qui rappelle curieusement la partition de « Lady in the Water » de James Newton Howard (influence des temp-tracks ?). L’action culmine dans « Realization and Escape », ponctué de quelques touches d’humour et d’excellentes envolées héroïques, tandis que l’aventure touche à sa fin dans le climax grandiose de « The Tear Heals » et ses envolées thématiques prenantes où culmine le thème principal dérivé de « When Will My Life Begin ». Alan Menken signe donc une très belle partition pour « Tangled », un score qui s’inscrit dans la continuité de ses précédentes musiques pour les films animés Disney des années 90, sans aucune prise de risque mais avec un savoir-faire constant et exemplaire. La partition de « Tangled » offre au film de Byron Howard et Nathan Greno un solide mélange d’action, d’aventure et d’émotion avec le plaisir constant de retrouver la poésie et la magie des musiques et chansons Disney d’il y a 20 ans, mais sans génie particulier. Certes, pas de surprise à l’horizon dans une bande originale assez ordinaire pour un Disney, mais qui ne manquera pas de réjouir les fans d’Alan Menken et des productions musicales du studio de la souris aux grandes oreilles !



---Quentin Billard