1-Immortal and Divine 1.30
2-War in the Heavens 2.32
3-Hyperion's Siren 3.47
4-Witness Hell 1.56
5-To Mt. Olympus 2.54
6-Enter the Oracles 2.30
7-Theseus and Phaedra 1.37
8-Poseidon's Leap 1.23
9-This Is Your Calling 1.31
10-Theseus Fight the Minotaur 2.13
11-Theseus Fire the Bow 2.16
12-My Own Heart 3.03
13-Zeus' Punishment 2.27
14-Ride to the Gates 1.00
15-In War Fathers
Bury Their Sons 1.05
16-The Gods Chose Well 1.18
17-Fight So Your Name Survives 3.07
18-Battle in the Tunnel 2.43
19-Immortal Combat 3.34
20-Do Not Forsake Mankind 4.33
21-Apotheosis 1.44
22-Sky Fight/End Credits 2.22

Musique  composée par:

Trevor Morris

Editeur:

Relativity Music Group 700240

Score produit par:
Trevor Morris
Coordination du choeur:
Terry Edwards
Arrangements musicaux:
TJ Lindgren, Todd Haberman
Monteurs musique:
Tom Carlson, Scott Stambler
Superviseurs techniques score:
Phil McGowan, Steven Richard Davis
Ambiant music design:
Diego Stocco
Superviseurs musique:
Happy Walters, Bob Bowen
Direction de la musique pour
Relativity Music Group:
Jason Markey

Artwork and pictures (c) 2011 Relativity Media. All rights reserved.

Note: **
IMMORTALS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Morris
Le réalisateur indien Tarsem Singh nous offre son troisième long-métrage avec « Immortals » sorti en 2011, après avoir réalisé deux long-métrages très remarqués à leur époque, « The Cell » (2000) et « The Fall » (2006). Le cinéaste indien, connu pour ses fulgurances visuelles et son sens de l’esthétique graphique assez personnelle, s’inspire librement de plusieurs récits de la mythologie grecque dans « Immortals » et nous offre une grande fresque guerrière et barbare dans la continuité de « 300 » ou « Troy ». L’histoire se déroule en plein coeur de l’antiquité grecque : Hypérion (Mickey Rourke), le roi de la Crète, s’est mis en tête de libérer ses ancêtres les Titans, ennemis jurés des Dieux de l’Olympe. Pour se faire, le maléfique roi guerrier lève des armées pour détruire la Grèce et retrouver le légendaire arc d’Epiros, une arme quasi divine aux pouvoirs incroyables. Seul celui qui possède l’arc d’Epiros sera capable de libérer les Titans du mont Tartare, où ils ont été enfermés il y a bien longtemps par les dieux. C’est alors que le jeune Thésée (Henry Cavill), modeste paysan dont la mère a été tuée par Hypérion, jure de se venger et décide alors de combattre les troupes du roi de Crète. Thésée est alors secrètement chargé par le dieu Zeus (Luke Evans) de retrouver l’arc et d’empêcher la libération des Titans. Thésée est rejoint dans sa quête par un groupe de guerriers et une oracle sibylline, Phèdre (Freida Pinto), dont les visions prémonitoires vont l’aider à mener sa mission à bien. « Immortals » reprend donc tous les codes habituels du péplum post-année 2000 façon « 300 » de Zack Snyder, avec son lot de batailles, d’ultra violence/gore, de décors numériques, d’effets 3D et de casting musclé. On retrouve ici le style visuel habituel de Tarsem Singh, mais sans l’audace de « The Cell » : « Immortals » est clairement un film de commande ultra formaté, avec son scénario qui part dans tous les sens – les puristes de la mythologie grecque hurleront certainement au scandale en visionnant le film, tant l’histoire originelle du héros grec Thésée n’est absolument pas respectée, hormis peut être le combat avec le Minotaure – sa violence gratuite et son esthétique visuelle soignée mais un peu artificielle (notamment dans les fonds numériques, pas toujours réussis). Niveau interprétation, l’anglais Henry Cavill campe un Thésée plutôt convaincant, mais c’est l’infatigable Mickey Rourke qui s’impose ici dans le rôle d’Hypérion, bad guy charismatique et barbare tout simplement impressionnant dans le film. La jolie Freida Pinto est quand à elle l’atout charme du film dans le rôle de Phèdre. En revanche, mauvais point pour les interprètes des dieux de l’Olympe, trop jeunes pour camper ces rôles et dénués du moindre charisme, avec des costumes peu virils et ridicules, limite gay. Le résultat, plutôt inégal, est une relecture modernisée de la mythologie grecque façon blockbuster 3D, un péplum barbare et guerrier qui satisfera surtout les fans de « 300 » et des péplums modernes. Les autres risquent fort de s’ennuyer ferme !

La musique de « Immortals » a été confiée à Trevor Morris, compositeur canadien issu du studio Remote Control et habitué des productions Hans Zimmer. Ancien assistant de James Newton Howard et Hans Zimmer et aussi compositeur additionnel pour des scores de chez Remote Control (« The Island », « Amityville », « The Ring 2 », « Spanglish », « Pirates of the Caribbean 2 »), Trevor Morris est surtout connu pour ses musiques pour les séries TV historiques telles que « The Tudors », « The Pillars of the Earth » et « The Borgias ». C’est d’ailleurs grâce à ses partitions pour « The Borgias » ou « The Tudors » que le compositeur a été choisi pour composer la musique de « Immortals ». Le score de Trevor Morris fait la part belle aux cuivres musclés, aux percussions ethniques et aux choeurs guerriers – le prestigieux London Voices – pour un résultat somme toute atrocement prévisible et sans surprise. Surfant sur la vague des musiques guerrières épiques/ethniques inspirées du « 300 » de Tyler Bates – probablement le score hollywoodien le plus décrié de ces 10 dernières années, en raison de nombreux emprunts à Elliot Goldenthal entre autre – Trevor Morris accouche d’une partition ample et massive qui reflète parfaitement la trame du film et l’univers musclé et barbare de ce conte mythologique. Si « Immortal and Divine » introduit le film de manière étonnante à l’aide de choeurs dissonants dont les sonorités ne sont pas sans rappeler étrangement le « Requiem » de Ligeti, alors que l’on aperçoit les Titans emprisonnés dans leur cage du mont Tartare au début du film, quelques ponctuations agressives de cuivres et de brèves rythmiques électroniques viennent rappeler le ton plus moderne et hollywoodien de l’oeuvre. « War in Heavens » enfonce le clou en nous rebalançant les sonorités habituelles du studio Remote Control : percussions samplées, synthés, ostinato de cordes en staccatos – peut être le ‘tic’ actuel le plus reconnaissable des musiques estampillées Remote Control – Dans « Hyperion’s Siren », Morris dévoile le motif associé à Hyperion, qui s’apparente à une série de ponctuations graves et menaçantes de cuivres (cors/trombones) qui scandent régulièrement la même note pour renforcer l’aspect dangereux et barbare du roi de Crète. Le morceau demeure ici aussi dissonant et tendu, et semblerait presque surgir d’une musique d’épouvante. Ce caractère sombre et dissonant est largement confirmé par le sinistre et brutal « Witness Hell » évoquant les méfaits sanguinaires d’Hyperion. C’est l’occasion ici pour Trevor Morris de sortir l’artillerie lourde à grand renfort de percussions synthétiques guerrières et de choeurs épiques pour la première scène de combat du film, lors du massacre du village de Thésée.

Le héros campé par Henry Cavill dans le film a droit à son propre motif, thème harmonique/mélodique qui deviendra par la suite l’élément clé de la plupart des morceaux d’action du score. Ce thème est introduit dans « Theseus and Phaedra » et fait office de Love Theme pour Thésée et Phèdre. Le thème apporte grâce à sa succession d’accords touchants (mais d’une banalité incroyable) un sentiment d’espoir incarné par le héros grec tout en soulignant sa romance avec la belle oracle. A noter que le thème est construit en deux parties : quatre accords sur lesquels viennent se greffer un motif de 3 notes de cordes associé à Thésée. Autre élément important dans « Immortals » : l’utilisation des choeurs. Largement valorisé dès le début du film, ils apportent un caractère solennel et religieux dans « To Mt. Olympus » pour évoquer les dieux, ou renforcent la dimension épique/guerrière du récit comme le confirment « The Gods Chose Well » et « Fight So Your Name Survives » - avec son rythme martial sauvagement emprunté sans vergogne à « Dracula » de Wojciech Kilar. Dans « Immortal Combat », Trevor Morris retombe dans le cliché habituel des musiques chorales épiques qui rappellent un nombre incalculable de musique de bande annonce hollywoodienne actuelle : « cliché » semble être peu approprié, tant le compositeur fait preuve ici d’une faiblesse d’inspiration conséquente. Pire encore, le morceau calque facilement le « Angels and Demons » de Hans Zimmer, influence incontestable dans le final « Sky Fight/End Credits », pour lequel Morris va même jusqu’à imiter les rythmes et les sonorités chorales du fameux « 160BPM » de la partition de Zimmer pour le film de Ron Howard. Encore une fois, l’influence des temp-tracks est omniprésente, et le compositeur n’a d’autre choix que celui de se plier aux desideratas de producteurs frileux qui ne jurent plus que par le son Zimmer et co, comme le confirme les emprunts à « Thin Red Line » dans l’adagio tragique final de « Do Not Forsake Mankind » ! Le thème principal est repris dans toute sa splendeur dans ces morceaux guerriers avec une dimension parfois héroïque/solennelle sympathique à l’écran mais totalement annihilée par l’influence indigeste des temp-tracks. On appréciera néanmoins sa reprise émouvante dans « Apotheosis » lors de la victoire finale de Thésée. Pour le reste, pas de surprise donc, le score du film de Tarsem Singh est une longue succession de morceaux d’action reprenant toutes les formules habituelles du genre : orchestrations monolithiques (cuivres/percus/cordes), percussions synthétiques, solistes divers, choeurs guerriers, instruments ethniques utilisés parfois à bon escient (notamment dans le violon électrique de « My Own Heart »), etc. Le résultat reste en plus mal valorisé par le mixage du film, privilégiant les bruitages au détriment du score, rendu quasi inaudible lors des scènes de bataille. Que ce soit d’un point de vue compositionnel ou sur le plan de la thématique et des idées musicales, « Immortals » est donc une solide déception sur toute la ligne ! A l’écoute de ses travaux pour les séries TV « The Tudors » ou « The Borgias », on sait que Trevor Morris est capable de faire de bien meilleures choses, à condition qu’il ne soit pas bridé par des producteurs sourds et un cahier des charges contraignant !




---Quentin Billard