1-Safe House 3.16
2-A Hundred Lies A Day 3.16
3-Get In The Trunk 4.25
4-Do I Make You Nervous? 3.08
5-I Used To Be Innocent Like You 2.11
6-Tobin Frost 2.19
7-Off The Grid 3.28
8-Do What You Have To Do 4.49
9-Don't Kill Innocent People 3.45
10-Who Do You Work For? 3.45
11-Walk Away 6.04
12-People Change 2.17
13-Be Better Than Me 4.12
14-Langa 6.14
15-More Past Than Future 3.19
16-12 Months 3.06
17-Truth 3.43
18-I'll Take It From Here 5.47

Musique  composée par:

Ramin Djawadi

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 137 2

Score produit par:
Ramin Djawadi
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2011 Universal Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
SAFE HOUSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ramin Djawadi
« Safe House » (Sécurité rapprochée) s’inscrit dans la continuité des thrillers d’espionnage remis au goût du jour par la saga « Jason Bourne » dans les années 2000. Premier long-métrage hollywoodien du réalisateur suédois Daniel Espinosa qui s’était fait remarquer en 2010 pour son troisième film « Easy Money » (grand succès du cinéma suédois), « Safe House » raconte les péripéties d’un ex-agent de la CIA, Tobin Frost (Denzel Washington), recherché activement depuis plus de 10 ans par les services américains de contre-espionnage et accusé de trahison et de conspiration. Un jour, Frost refait brusquement surface au Cap en Afrique du sud avant d’être alpagué à l’ambassade américaine et conduit en lieu sûr pour y être interrogé par des agents. Mais la cachette est soudainement attaquée par un mystérieux commando qui décime toute l’équipe. Dès lors, le jeune Matt Weston (Ryan Reynolds), gardien du bâtiment, se voit obligé d’assurer seul la protection de Tobin Frost et réussit à s’enfuir avec lui afin de le conduire dans une nouvelle résidence sécurisée. Pour Matt, cette mission est une occasion inespérée de faire ses preuves auprès de l’agence afin d’obtenir la promotion qu’il réclame ardemment depuis des années. C’est alors que débute une relation tendue entre Matt et Tobin, l’un jeune recrue de la CIA, l’autre ex-agent endurci et manipulateur né. « Safe House » est un film d’action somme toute assez banal, qui vaut surtout pour l’interprétation sans faille de Denzel Washington en mode « Tony Scott », et Ryan Reynolds, qui semble bien plus rapide et nerveux que dans ses précédents films. Si l’intrigue rappelle autant « Jason Bourne » que des classiques de l’espionnage tels que « Three Days of the Condor », elle n’est finalement qu’un prétexte à une longue succession de bagarres, fusillades et autres scènes d’action pétaradantes filmées caméra à l’épaule dans un style emprunté à Tony Scott et Paul Greengrass. Mais Daniel Espinosa n’est pas Greengrass, et « Safe House » souffre hélas d’un sérieux manque d’originalité, d’autant que ses scènes d’action sont parfois assez illisibles et pas toujours bien conçues. Le scénario accumule tous les poncifs du genre et les quelques rebondissements finaux ne parviennent pas à rehausser le niveau d’un thriller routinier et sans âme, tout juste sauvé par un Denzel Washington charismatique et en pleine forme.

Propulsé par le succès de sa musique pour la série TV « Game of Thrones » et ses quelques scores récents (« Clash of the Titans », « Fright Night »), Ramin Djawadi renoue avec l’action et le suspense dans « Safe House ». Cet énième représentant du studio Remote Control (ex-Media Ventures) de chez Hans Zimmer nous livre un nouveau score d’action fonctionnel et sans surprise pour le long-métrage de Daniel Espinosa, suivant les traces de John Powell sur les musiques de la saga « Jason Bourne ». Pour parvenir à ses fins, Ramin Djawadi convoque l’orchestre symphonique habituel – le Hollywood Studio Symphony – agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs, percussions et loops électros modernes pour les décors urbains du film. A vrai dire, c’est ce recours perpétuel aux synthés et aux rythmiques modernes qui rend l’écoute de « Safe House » non seulement laborieuse mais aussi atrocement prévisible et sans surprise. Pourtant, Djawadi a fait du chemin depuis ses débuts très contestés (« Iron Man »), et son récent travail sur « Fright Night » semble en avoir étonné plus d’un. Mais force est de constater que le compositeur est toujours aussi peu inspiré lorsqu’il s’agit d’écrire de la musique d’action moderne à la sauce Remote Control/Hans Zimmer. « Safe House » (intro) pose d’emblée les bases de la partition dans un mélange de sonorités électroniques diverses, de percussions, guitares et de cordes sombres sur fond d’instrument soliste (violoncelle). C’est l’occasion pour le compositeur d’introduire sur la fin du morceau son thème principal confié à des cordes amples, que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film et en grande pompe pour le final de « I’ll Take It From Here ». Si la musique reste un temps plus intime pour évoquer le personnage de Tobin Frost (« A Hundred Lies A Day »), le rythme devient plus nerveux et tendu dans « Get In The Trunk » avec sa déferlante de percussions synthétiques et d’ostinatos de cordes agitées. On retrouve ici un style action emprunté aux « Bourne » de John Powell, notamment dans l’utilisation (banale) des percussions et des synthétiseurs. Ramin Djawadi reprend donc toutes les formules habituelles du genre, sans jamais rien apporter de nouveau, se contentant simplement d’obéir à un cahier des charges plutôt strict.

Un morceau comme « Do I Make You Nervous ? » évoque la relation maître/disciple entre Tobin et Matt sans faire pour autant des étincelles. Ramin Djawadi se contente bien souvent de souligner le suspense avec une même ligne de basse, quelques ponctuations de percussions et une série de cordes dissonantes et agressives. Heureusement, les quelques passages plus intimes parviennent à apporter un soupçon de relief à un score somme toute particulièrement monolithique et laborieux, comme « I Used To Be Innocent Like You » qui approfondit davantage la relation entre les personnages de Denzel Washington et Ryan Reynolds dans le film. Le compositeur utilise ici un mélange de cordes, nappes synthétiques et claviers pour parvenir à ses fins – on regrettera, comme souvent avec Djawadi, la maigreur extrême des orchestrations, délaissant totalement les bois et annihilant toute forme de travail sur la couleur orchestrale. Priorité ici à l’efficacité coûte que coûte, et exit la nuance et la subtilité : le suspense et la tension sont les maîtres mots du percussif « Tobin Frost » ou de l’excitant « Off The Grid » et ses rythmes scandés par un ensemble de percussions évoquant les décors d’Afrique du sud du film. Et la routine se poursuit dans « Do What You Have To Do » ou « Walk Away ». Seules quelques harmonies de cuivres solennels dans le méditatif « People Change » parviennent à rehausser un tant soi peu le niveau et à susciter un bref intérêt lorsque Tobin et Matt sont séparés dans le film, sans oublier un intéressant travail autour du violoncelle et du clavier dans « Be Better Than Me ». Si vous aimez les musiques d’action modernes, vous adorerez certainement les 6 minutes intenses de la poursuite musclée dans les taudis de « Langa », qui rappelle parfois certains passages du « Inception » de Hans Zimmer, accentuant non seulement la nervosité de la poursuite mais aussi la violence du film. La musique parvient néanmoins à devenir plus dramatique dans « Truth » avec ses quelques sonorités africaines quelconques et ses cordes/cuivres plus élégiaques évoquant l’accomplissement pour Tobin et Matt à la fin de leur aventure. Ramin Djawadi nous offre donc un score d’action prévisible et sans surprise pour « Safe House », score sans réelle personnalité mais parfaitement adapté au ton nerveux et violent du film. Prétendre que « Safe House » est un travail fonctionnel et sans passion est bien peu dire : ce n’est certainement pas avec ce genre de musique d’action moderne à la « Jason Bourne » entendue 1000 fois auparavant que Ramin Djawadi saura convaincre l’auditoire et faire taire ses nombreux détracteurs, qui continuent de voir en lui l’un des plus mauvais éléments du studio Remote Control. On attend donc mieux de sa part !




---Quentin Billard