1-Ludlow Wakes Up 3.03*
2-The Kims 2.56
3-Captain Wander 1.01
4-Washington's Drive 2.02*
5-The Market 3.13
6-Security Cam 1.58
7-Funeral 2.05
8-Ludlow and Diskant Alliance 1.06
9-Chasing Quicks 1.40*
10-Ludlow Talks With
Mrs. Washington 1.28
11-El Sereno 2.54
12-Ludlow Visits
Mrs. Washington At Home 1.37
13-Drive To Fremont and Coates 1.22*
14-All About Weight 2.50
15-Diskant 1.21
16-Grace's Apartment 2.51
17-Car Ride With Ludlow 1.03
18-Ludlow With
Santos and DeMille 3.32
19-Wander's Kitchen 1.34
20-The Cookie Jar 1.40
21-Wander and Ludlow 1.46
22-Biggs and Ludlow 1.48
23-Street Kings X 2.01*

*Musique additionnelle de
DJ Muggs.

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Fox Music - Download Only

Musique produite par:
Graeme Revell
Musique additionnelle de:
DJ Muggs
Monteurs musique:
Ashley Revell, Roy Pendergast
Superviseurs musique:
John Houlihan, Season Kent
Coordination musicale:
Kevin Houlihan
Monteur musique additionnelle:
Bryon Rickerson

Artwork and pictures (c) 2008 20th Century Fox. All rights reserved.

Note: ***
STREET KINGS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
« Street Kings » (Au bout de la nuit) est un polar réalisé par David Ayer et co-écrit par James Ellroy, assez inspiré des romans de l’écrivain américain, considéré comme le spécialiste du genre (« L.A. Confidential »). Le film raconte les déboires de Tom Ludlow (Keanu Reeves), inspecteur de l’Ad Vice, unité spéciale de la police de Los Angeles. Ludlow est connu pour ses méthodes expéditives et son penchant pour l’alcool. Son supérieur le capitaine Jack Wander (Forest Whitaker) le couvre régulièrement. Les ennuis commencent le jour où Terrence Washington (Terry Crews), son ancien équipier qui s’apprêtait à balancer Ludlow aux affaires internes, est assassiné par deux malfrats dans une épicerie alors que Ludlow se trouvait lui-même sur les lieux. Tom se retrouve alors accusé à tort du crime de son ancien collègue et va devoir lutter contre un système policier corrompu et les visites harassantes du capitaine James Biggs (Hugh Laurie), inspecteur des affaires internes chargé d’enquêter sur Ludlow. Pour calmer le mécontentement de ses supérieurs, Ludlow se retrouve alors affecté au service des plaintes, où il effectue un job routinier en attendant que les choses se calment. Mais Tom est bien décidé à prouver son innocence et va lui-même enquêter sur le meurtre de Washington, avec l’aide d’un jeune policier, l’inspecteur Paul « Disco » Diskant (Chris Evans). « Street Kings » est un polar plutôt bien ficelé, servi par un casting solide (Keanu Reeves, Forest Whitaker, Hugh Laurie, Chris Evans et les rappeurs The Game et Common) et une excellente intrigue policière qui tient en haleine jusqu’au bout, le tout parsemé de quelques rebondissements. Fidèle au style des romans de James Ellroy, « Street Kings » aborde le thème de la corruption policière en dévoilant les coulisses d’un système pourri jusqu’à la moelle, où même les meilleurs flics peuvent basculer à tout moment dans les ténèbres. Habitué aux rôles de héros invincible, Keanu Reeves campe un Tom Ludlow tout à fait convaincant, un policier alcoolique aux méthodes violentes plus que douteuses. On appréciera aussi les quelques scènes avec le toujours aussi charismatique Hugh Laurie : le fameux « Dr. House » campe ici un inspecteur déterminé de la police des polices. Moins inspiré qu’un « L.A. Confidential » ou qu’un « Bad Times », « Street Kings » reste malgré tout un bon thriller urbain, violent et nerveux, qui mélange tous les codes du genre avec un savoir-faire évident et qui satisfera à coup sûr tous les amateurs des polars inspirés de l’univers de James Ellroy.

La musique de Graeme Revell n’est certes pas l’élément le plus mémorable du film de David Ayer mais l’ensemble n’a rien de vraiment honteux sans être ce que le compositeur néo-zélandais a fait de mieux dans le genre. Revell utilise pour « Street Kings » l’ensemble habituel d’orchestre et de synthétiseurs agrémentés de rythmiques/loops électros modernes pour les décors urbains du film. Rien de bien neuf à l’horizon, pour un compositeur qui renoue ici avec la verbe action urbaine de « The Negotiator » ou de « Assault on Precinct 13 ». « Ludlow Wakes Up » pose les fondements de la partition en évoquant en guise d’ouverture le quotidien du flic campé par Keanu Reeves, qui se voit associé dans le film à un thème de piano un brin mélancolique et intime, dans la lignée du thème de « Assault on Precinct 13 ». Revell convoque ici l’armada habituelle de rythmes électroniques, synthétiseurs et mélange de cordes et de clavier pour parvenir à ses fins, avec l’aide d’un complice, l’américain DJ Muggs (connu pour ses collaborations avec le groupe de rap Cypress Hill), qui s’occupe de certaines parties électro du score. On pense bien évidemment au « Main Titles » de « The Negotiator », avec ici quelques harmonies de cordes dramatiques associées à Tom Ludlow dans le film et sa quête pour prouver son innocence. A noter que le morceau est entièrement accompagné par un son imitant celui d’une montre, suggérant l’idée d’un compte à rebours. L’action débute sans ambiguité dans « The Kims », première scène de fusillade du film et premier morceau d’action rapide et nerveux, ponctué de percussions synthétiques agressives et de cordes sombres. Le travail autour des percussions électroniques est assez typique du style synthétique habituel de Graeme Revell, sans réelle surprise ici. Le score devient même atmosphérique et fonctionnel dans des passages comme « Captain Wander », mais c’est l’action qui domine ici avant tout comme le rappelle le nerveux « Washington’s Drive » évoquant l’état d’esprit de Ludlow au début du film et son antagonisme avec son ancien collègue Washington. A noter ici le rôle des percussions métalliques/synthétiques, des samples électros et de la batterie qui traversent l’ensemble du score de Revell et soulignent à la fois l’état d’esprit des personnages et les décors urbains de Los Angeles. La tension monte d’un cran durant la séquence de la fusillade dans l’épicerie (« The Market »), morceau chaotique ponctué de basse synthétique entêtante, de rythmes scandés et de crescendos agressifs de dissonances. Puis très vite, le ton change au bout d’une minute et cède la place à une trompette élégiaque, un piano et des cordes plaintives pour la mort de Washington et les charges qui pèsent sur Ludlow. La musique même sombre et amère dans « Funeral » avec son très beau mélange de cordes, violoncelle, piano et solo de trompette imitant les sonneries funéraires militaires/policières – fort heureusement, on évite ici le cliché des cornemuses à la « Braveheart » qui plombaient la musique de la scène des funérailles dans « The Negotiator » !

Graeme Revell s’applique donc à suivre chaque scène et chaque sentiment avec une intensité constante mais sans originalité particulière. Sa musique demeure constamment tendue tout au long du film et prolonge cette atmosphère de corruption policière et d’enquête difficile comme le rappelle « Ludlow and Diskant Alliance » et ses loops électro musclés. De l’action, le compositeur nous en offre à loisir dans la poursuite de « Chasing Quicks » avec ses percussions agitées et ses effets étranges de guitare électrique (glissandi saturés, frottements des cordes). Dommage que Revell se laisse trop souvent aller à des rythmes un brin cacophonique dans ces passages d’action qui manquent cruellement de relief et d’originalité. On retrouve le thème dramatique du violoncelle de « Funeral » dans « Ludlow Talks With Mrs. Washington », alors que Ludlow rend visite à la veuve de Washington. Comme dans « Grace’s Apartment », la musique devient alors plus intime, sombre et amère tout en privilégiant les solistes (violoncelle, piano, hautbois) pour un style plus nuancé qui contraste alors radicalement avec la sauvagerie sonore des morceaux d’action. De l’action, Revell nous en offre aussi dans le brutal « All About Weight » avec ses percussions métalliques agressives et ses contrebasses staccatos survoltées. Le thème de piano de Ludlow revient dans « Diskant » - soulignant sa complicité avec le jeune Diskant - et rappelle ici aussi la parenté plus qu’évidente avec le thème du score de « Assault on Precinct 13 ». La tension monte d’un cran dans le cacophonique « Car Ride With Ludlow » ou les tendus « Ludlow With Santos and Demille » et « Wander’s Kitchen », qui souffrent tous ici aussi d’un recours trop systématique à un amoncellement de percussions et de dissonances brutales et cacophoniques assez laborieuses à l’écoute, bien que très intenses à l’écran et traduisant fidèlement l’atmosphère sombre et violente du film de David Ayer. La boucle est bouclée dans « Biggs and Ludlow » qui reprend une dernière fois le thème principal de Ludlow aux cordes pour un final traduisant l’idée de l’accomplissement du policier, qui réussit enfin à retrouver son intégrité et son honneur, bien que la musique reste malgré tout plutôt sombre et quelque peu dramatique jusqu’au bout – on se doute que cette expérience laissera une trace indélébile dans la vie de Tom Ludlow. Graeme Revell accomplit donc son travail en bon artisan hollywoodien qu’il est, point barre. Son travail sur « Street Kings » reste plutôt honnête et de bonne facture, bien que sans génie particulier. Revell se contente de recycler ses formules électroniques habituelles et va même jusqu’à lorgner de très près sur le thème de « Assault on Precinct 13 » pour écrire le thème de « Street Kings ». Et que dire du mix final de « Street Kings X » (co-écrit avec DJ Muggs) qui rappelle énormément le mix du « End Titles » de « Assault ». Décidément, Graeme Revell semble s’acharner à suivre de très près ici son travail sur le film de Jean-François Richet, bien que « Street Kings » propose un style électronique bien plus convaincant et abouti que dans « Assault ». Cela n’en fait pas pour autant un must du compositeur, ni même un score particulièrement mémorable, qui aura bien du mal à survivre en dehors des images. Seuls les amateurs de Graeme Revell, compositeur de plus en plus discret ces derniers temps (il n’a composé que deux musiques de film en 2008 et aucune en 2009 !) y trouveront certainement leur compte, pour les autres, « Street Kings » risque de les laisser quelque peu indifférent, mais chacun y trouvera son compte, au final !




---Quentin Billard