1-Angus 0.55
2-Double Divide 1.36
3-The Whisperers 2.21
4-Accident 1.45
5-There Was Snow (Opening) 3.17
6-Hooking On 1.23
7-Montana 1.23
8-Pilgrim's Progress 1.59
9-Runaway Meadow 3.00
10-Badlands 0.47
11-Voice of God 1.00
12-The Rythm of the Horse 3.15
13-Rancher's Wife 1.30
14-Iron 1.33
15-Simple Truths 3.21
16-Hereford Cross 1.15
17-Tunnel 1.26
18-Awkward Talk 1.58
19-Your Misfortune 2.52
20-Hooves 1.14
21-Hobble 2.52
22-The Very Act of Being 2.28
23-Grace 3.06
24-Lazy J 1.00
25-Creek House 1.14
26-The Vast Continent 3.39
27-Percheron Stallion 1.49
28-End Title 3.44

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Hollywood Records
162 137-2

Album produit par:
Thomas Newman,
Bill Bernstein

Producteur exécutif de l'album:
Robert Redford
Monteur de la musique:
Bill Bernstein
Assistant montage:
Jordan Corngold
Superviseurs de la musique:
John Bissell, Kathy Nelson
Directeurs en charge de la musique
pour The Walt Disney
Motion Pictures Group:
Kathy Nelson, Bill Green
Directeurs en charge de la
bande originale pour
Hollywood Records:
Mitchell Leib

Artwork and pictures (c) 1998 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE HORSE WHISPERER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
Pour son nouveau retour derrière la caméra, Robert Redford décide de porter à l’écran l’adaptation d’un roman de Nicholas Evans sorti en 1995. « The Horse Whisperer » (L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux) est de loin l’un des meilleurs films de 1998, l’histoire poignante d'une mère et de sa fille paralysée après un accident de cheval, qui vont partir à la rencontre d'un cow-boy du Montana spécialisé dans la rééducation des chevaux à problèmes - ceux que l’on appelle les « chuchoteurs », des dresseurs de chevaux qui utilisent des méthodes basées sur la compréhension de la nature et des besoins de l’animal. L'histoire suit à la fois cette rééducation compliquée, la relation difficile entre Grace MacLean (Scarlett Johansson) et sa mère Annie (Kristin Scott-Thomas) après l'accident puis l'histoire d'amour naissante dramatique entre Annie et Tom Booker (R.Redford). On retrouve la mise en scène pastorale et contemplative de « A River Runs Through It », amplifiée cette fois-ci avec un lyrisme plus intense et toujours aussi humain. A partir de l’intrigue du roman d’origine, Robert Redford a su parfaitement retranscrire toute la beauté de l'histoire et des décors incomparables du Montana dans son film. A noter que « The Horse Whisperer » a aussi permis de révéler une Scarlett Johansson encore bien jeune à l’époque (elle n’a que 14 ans au moment où elle tourne dans le film de Robert Redford), l’actrice ayant d’ailleurs remporté à l’époque le YoungStar Award de la meilleure performance féminine. Un très beau film, en somme !

La musique de Thomas Newman contribue grandement à retranscrire toute la beauté du film à travers une musique à la fois chaleureuse, intime, retenue, et aussi très pastorale, sur a douceur apaisante et la beauté exceptionnelle des paysages du Montana. Rappelons pour information que Thomas Newman fait parti d'une grande famille de musiciens, dont le plus connu reste encore Alfred Newman, célèbre compositeur de l'âge d'or hollywoodien, mais aussi Randy Newman et David Newman. Son cousin Lionel Newman a quand à lui dirigé plusieurs fois le National Philharmonic Orchestra pour Jerry Goldsmith, sur des partitions telles que « Alien » ou « The Omen ». Thomas Newman, connu pour son goût des comédies et des drames, abhorrant souvent l'idée de composer pour des grosses productions hollywoodiennes, a écrit pour le film de Robert Redford une musique extrêmement touchante et très réussie. A l'image du film, la musique de Newman se veut très intime et très retenue, la musique s’autorisant malgré tout quelques envolées orchestrales plus majestueuses et aériennes afin de retranscrire plus intensément la beauté de l’histoire et des paysages du Montana.

Dès l'ouverture du film, la musique se fait la plus discrète possible. « The Horse Whisperer » n'est jamais de trop avec les images et évite toute forme d’envolée orchestrale puissante ou mélodramatique. Elle intervient essentiellement dans les moments-clé de l’histoire, sans jamais en faire de trop, comme c'est malheureusement trop souvent le cas dans la plupart des productions hollywoodiennes actuelles. Un thème extrêmement mélodieux et délicatement lyrique illustre dans le film les paysages sauvages du Montana mais aussi la relation entre Grace/Annie et Pilgrim le cheval, sans oublier l’idylle naissante entre Tom et Annie. Le thème possède un côté vaguement mélancolique sans jamais verser dans le dramatique pur, un thème plutôt nuancé et délicat qui apporte une certaine douceur relaxante aux images, telle une bonne bouffée d'air frais dans une région magnifique et sauvage des Etats-Unis. Le score de Thomas Newman reste toujours très intime et assez retenu, les orchestrations - très soignées - mettant bien souvent l’accent sur le piano (l'instrument de l’intimité par excellence), les cordes et les instruments à vents, sans oublier l’apport indispensable de quelques instruments solistes, avec des cuivres plus discrets qui interviennent la plupart du temps dans les scènes de bétail et des troupeaux à la ferme des cow-boys.

A ce propos, le compositeur nous propose ici un travail très intéressant autour de l'ambiance musicale des cow-boys du Montana. Newman a écrit une musique de cow-boy traditionnelle, inspirée du folklore musical américain avec son violon fiddle solo et ses inévitables banjos et autres guitares au son « americana ». Cette partie musicale de la partition de Thomas Newman illustre avec une certaine nostalgie la vie des cow-boys et de leurs familles dans les fermes de l'Amérique profonde, en plein milieu des troupeaux de vaches et de chevaux, le tout réalisé avec un certain respect pour cette culture musicale (on pense notamment à une scène où Tom est en train de débuter la rééducation de Pilgrim). Signalons au passage l’excellent morceau illustrant la ballade d'Annie et de Tom en chevaux, scène assez dépaysante et grisante où la nature nous dévoile enfin toutes ses merveilles. Newman utilise la flûte et les cordes à travers un thème majestueux et particulièrement inspirant, représentant idéalement les grands espaces américains, sans jamais tomber dans l’épique ou le grandiloquent pur. Il s'agit d’ailleurs probablement de l'une des plus belles pièces de la partition de « The Horse Whisperer ». Il est même assez regrettable que l'on ne puisse l’entendre qu’à deux reprises dans le film, lors de cette scène à chevaux puis pour le générique de fin (le thème aurait largement mérité d’être plus présent dans le film !). L'exposition de la mélodie au début du morceau évoque non seulement les images du film mais aussi le sentiment grisant de se trouver au beau milieu de la nature, l'âme humaine en harmonie avec la beauté à la fois si mystérieuse et si sauvage du Montana. Cette très belle reprise du thème à l'orchestre (et plus particulièrement aux cordes) est non seulement extrêmement belle, lyrique et aérienne, mais elle évoque aussi un sentiment d'évasion, de communion avec la nature : un grand moment dans la partition de Thomas Newman et dans le film de Robert Redford !

Rappelons simplement que le score de « The Horse Whisperer », tout en étant plus ou moins minimaliste, conserve une certaine retenue particulièrement touchante tout au long du film. Ces quelques rares moments d'évasion dans la musique du film permettent ainsi au compositeur d’offrir un relief véritable à l’oeuvre de Thomas Newman. Le thème est suggéré tout au long de la partition, intervenant dans les moments évoquant le cheval ou dans les passages illustrant l'amour difficile entre Tom et Annie. On appréciera tout particulièrement la reprise de ce thème au violon solo très « americana » d’esprit lorsque Tom est en train de rééduquer Pilgrim dans son ranch. En conclusion, sans être un chef-d'oeuvre du genre, « The Horse Whisperer » est une très belle partition à la fois sobre, intime et particulièrement émouvante. La musique apporte une émotion sincère et véritable au film de Robert Redford, dans lequel elle sait se faire discrète pour mieux exercer avec humilité et poésie son émotion toute en délicatesse, et ce même si certains passages s’avèrent être beaucoup plus majestueux et mémorable. Une partition « americana » très touchante et toute en relief, à l'image des paysages sauvages du Montana.


---Quentin Billard