1-Main Title 3.25
2-Columbus Circle 3.13
3-Discovery 2.47
4-Intricate Moves 2.23
5-Agoraphobia 2.08
6-Emerging 2.49
7-Abigail's Story 3.31
8-Digger 2.34
9-Exit Strategy 7.00
10-Stratford 3.10
11-Klanderman 2.23
12-Dr. Fontaine 0.53
13-Identity Theft 4.44
14-Comforting 1.09
15-Extortion 2.47
16-The Detective 3.14
17-Lillian and Abigail 3.03
18-Puzzle Pieces 11.45

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 211 2

Produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson
Orchestré et conduit par:
Brian Tyler
Arrangements additionnels de:
Pakk Hui
Préparation de la musique:
Eric Stonerook

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 2012 G4 Pictures, Inc. and Oxymoron Entertainment, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
COLUMBUS CIRCLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
« Columbus Circle » est un thriller indépendant réalisé par George Gallo et produit par Christopher Mallick, qui avait déjà produit le précédent film du réalisateur, « Middle Men ». Le film, réalisé avec un budget misérable (à peine 10 millions de dollars), est sorti directement en DVD aux Etats-Unis en 2012. L’histoire se déroule en plein coeur d’un appartement du Columbus Circle, célèbre quartier de Manhattan. Abigail (Selma Blair) vit recluse au dernier étage de cet appartement, dont elle ne sort quasiment jamais, souffrant d’agoraphobie et protégeant un lourd secret lié à un passé bien sombre, qu’elle tente de fuir par tous les moyens. Mais l’existence d’Abigail se retrouve bouleversée le jour où sa voisine, une vieille femme très riche, est brutalement assassinée dans son appartement situé juste en face de celui d’Abigail. L’inspecteur de police Frank Giardello (Giovanni Ribisi) se rend alors chez la jeune femme pour tenter d’en savoir plus, mais il remarque rapidement le comportement étrange d’Abigail qui vit enfermée nuit et jour dans son appartement. Inquiète, cette dernière téléphone à son protecteur, le Dr. Raymond Fontaine (Beau Bridges) qui lui suggère de ne surtout pas s’inquiéter et de laisser la police faire son travail. Peu de temps après, un jeune couple, Charles Stratford (Jason Lee) et Lillian Hart (Amy Smart), décide de s’installer dans l’appartement occupé autrefois par la voisine d’Abigail. Mais un soir, une violente dispute éclate dans le couloir, et Abigail découvre avec effroi que Lillian est sauvagement brutalisée par son mari soûl. Terrifiée et prenant son courage à deux mains, la jeune femme décide enfin d’ouvrir sa porte et de venir en aide à Lillian. Mais elle ignore encore les répercussions de son geste. Avec un scénario hitchcockien et une bonne dose de suspende, de manipulation et de rebondissements, « Columbus Circle » a tout pour être un thriller de bonne facture. Si effectivement le film joue admirablement bien sur l’idée des faux semblants et de la manipulation, la mise en scène, qui nous propose quelques bonnes idées de montage et de trouvailles visuelles, reste assez fade et décevante : George Gallo réalisé une série-B proche d’un téléfilm sans grande envergure, avec un script qui dévoile trop rapidement ses twists et ses rebondissements, à tel point que la dernière partie, privée de tout suspense, s’essouffle de façon vertigineuse, alors que les 30 premières minutes s’acharnaient pourtant à créer une atmosphère psychologique assez impressionnante (l’agoraphobie d’Abigail, un voisinage chaotique, etc.). « Columbus Circle » nous propose un casting de qualité réunissant quelques spécialistes des seconds rôles tels que la jolie Selma Blair, Amy Smart, Jason Lee, Kevin Pollack (aussi co-scénariste du film), Giovanni Ribisi et Beau Bridges. Malgré son scénario prometteur à la base, « Columbus Circle » échoue finalement dans cette catégorie de thriller anonyme et dispensable, sympathique mais sans aucun génie particulier, aussitôt consommé, aussitôt oublié.

Brian Tyler retrouve à nouveau George Gallo sur « Columbus Circle » deux ans après « Middle Men ». Le compositeur livre pour « Columbus Circle » un travail d’une qualité remarquable, visiblement inspiré par l’atmosphère psychologique du film et le jeu des acteurs. Budget oblige, le compositeur s’est adjoint les services d’une petite formation instrumentale pour « Columbus Circle », composant ainsi son oeuvre pour un octuor à cordes (le livret de l’album crédite le « Verismo String Octet ») agrémenté de quelques percussions interprétées et enregistrées par Brian Tyler lui-même dans son studio - marimba, vibraphone, piano, percussions diverses – ici, pas de Hollywood Studio Symphony ou de grande masse orchestrale, bien au contraire, Tyler privilégie pour une fois une approche plus restreinte mais pas forcément trop minimaliste pour autant : l’écriture instrumentale reste ample et solide malgré la présence d’une petite formation de chambre. L’approche reste donc rafraîchissante de la part d’un compositeur qui nous livre très souvent (trop?) des partitions énormes et démesurées, qui tombent bien trop souvent dans la surenchère orchestrale typiquement hollywoodienne. Le score de « Columbus Circle » repose pour commencer sur un thème principal associé à Abigail dans le film, thème dévoilé rapidement dans le traditionnel « Main Title ». Alors que l’on aperçoit à l’écran différentes pièces d’un puzzle se former progressivement – à l’image de l’intrigue du film – les cordes développent progressivement un motif à base d’arpèges mineurs ascendants puis descendants en staccato, arpèges qui forment très vite la ligne mélodique mélancolique et solitaire évoquant le personnage de Selma Blair dans le film et son isolement dans son appartement. Avec un classicisme d’écriture presque quasi européen d’esprit (on penserait presque par moment à du Alexandre Desplat dans l’approche instrumentale), le « Main Title » pose d’emblée le ton mystérieux et sombre du score avec ses cordes et ses percussions diverses à la Bernard Herrmann, avant de laisser le piano développer pleinement le très beau thème fragile et mélancolique d’Abigail. Le thème revient ensuite dans « Columbus Circle », où il est confié à l’octuor à cordes dans une approche clairement inspirée de la musique de chambre traditionnelle - les notes staccatos répétées des violoncelles et contrebasses/vibraphone ne sont pas sans rappeler le style répétitif d’un Philip Glass. Certains rapprochent parfois le style de « Columbus Circle » à certains travaux de Danny Elfman, qui semble avoir aussi vaguement inspiré Brian Tyler par endroit sur ce film.

« The Discovery » prolonge le jeu staccato et intriguant des cordes tout en maintenant une certaine tension sous-jacente et un rythme constant à base d’ostinato rythmique entêtant de cordes et de percussions. Elément remarquable : malgré la taille réduite de sa formation instrumentale, Brian Tyler parvient à se rapprocher étonnamment du style ample de l’écriture orchestrale de ses travaux hollywoodiens habituels, comme si le fait d’écrire pour 90 instruments ou pour une quinzaine d’instruments ne faisait aucune différence pour lui. On retrouve ensuite l’idée des ostinatos rythmiques entêtants dans « Intricate Moves » où se mélangent cordes et piano avec un soupçon d’intimité et de solitude. Les choses se bousculent dans le trépidant « Emerging », illustrant la scène où Abigail se décide à ouvrir la porte pour venir en aide à Lillian dans le couloir. Le morceau est bâtit sur une envolée lyrique poignante et stupéfiante, rare de la part de Brian Tyler : l’accompagnement en arpèges du violon rappelle clairement le « Village » de James Newton Howard, tandis qu’une cellule de 4 notes est développée tout au long de ce puissant crescendo dramatique et poignant d’une grande intensité à l’écran : l’émotion qui parcourt cette première minute évoque aussi bien le courage soudain d’Abigail – qui lutte contre son agoraphobie et sa peur du monde extérieur – que son « sacrifice » pour venir en aide à la femme battue. La seconde partie de « Emerging » nous permet enfin de retrouver le Brian Tyler de l’action avec son lot de cordes sombres et de percussions agressives, avec un son toujours assez ample et puissant dans le jeu des percussions. Le ton devient plus mystérieux dans « Digger » où le jeu des cordes devient hésitant, tour à tour lent puis en staccato. Le suspense et l’action reviennent dans « Exit Strategy » où la musique dévoile enfin sa partie ‘thriller’ plus palpitante : l’ensemble des percussions est à nouveau au rendez-vous, tout comme les cordes et leur jeu plus hystérique et staccato. On plonge ici clairement en pleine dissonance et atonalité rageuse à la « Aliens vs. Predator Requiem », tandis que le motif en arpège qui ouvrait le « Main Titles » est repris sur la fin de « Exit Strategy » pour faire avancer l’intrigue du film (les pièces du puzzle commencent finalement à s’aligner clairement dans le récit), sans oublier une utilisation remarquable du piano sur la fin du morceau, avec ses notes syncopées et décalées (que l’on retrouve dans « Dr. Fontaine »), et sa reprise lente et douce du très joli thème mélancolique d’Abigail. La dernière partie du film est un prétexte à une succession de morceaux d’action plus agressifs voire terrifiants, comme le sinistre « Identity Theft », évoquant l’idée du piège qui se referme sur Abigail à grand renfort de clusters de piano, de percussions, de cordes staccatos à la Don Davis (le passage de cordes rapides à partir de 2 :51 rappelle clairement « The Matrix ») et d’accélérations rythmiques, sans oublier la reprise du motif du « Main Title ». L’explosion de violence finale de « Extortion » est d’une intensité rare et extrême, aussi bien dans le film que sur l’album, preuve s’il en est que l’on peut parfaitement écrire des musiques amples et puissantes avec une formation instrumentale restreinte.

Brian Tyler signe donc une partition assez imposante pour « Columbus Circle », écrite pour un orchestre de chambre mais non dénuée d’une certaine intensité et d’une amplitude remarquable – le tout orchestré par Brian Tyler lui-même – voilà donc une composition intelligente qui, sans rompre pour autant avec les précédents travaux plus massifs du compositeur, nous rappelle que Tyler est décidément toujours plus inspiré lorsqu’il compose pour des productions indépendantes (on pense par exemple aux réussites de « Bug » ou « The Killing Room »), s’éloignant un temps des grosses machines hollywoodiennes sur lesquelles son inspiration lui fait de plus en plus défaut. Recommandé, donc !



---Quentin Billard