1-Breakfast Song 3.04*
2-The Morning Way to School 2.21
3-Horseplay 1.03
4-Reminiscence 2.02
5-Fine Girl 0.45
6-Latin Quartier of Paris 2.22
7-Setting Sun from the Clubroom 1.25
8-I Shall Walk Looking Up 3.11**
9-The Flag in the Picture 0.29
10-When a White Flower
Blooms (Chorus) 0.57
11-In the Days of First Love 1.29*
12-Party 1.50
13-Flow of the Red River (Chorus) 0.43
14-Signal Flag 1.31
15-Canal in Twilight 1.50
16-Spring Cleaning 2.14
17-Reminiscence 2.19
18-Rainy Way Back 1.30
19-Dream 2.51
20-Unity 1.04
21-Escape 0.59
22-Leaden Umi 0.35
23-Confession 1.18
24-Mother-Young Love 3.04
25-Reunion 0.48
26-Welcome to Quartier Latin 1.18
27-Deep Blue Swells (Chorus) 1.14
28-Run to Tomorrow 1.37
29-Summer of Goodbye -
From Up on Poppy Hill 4.08*

*Interprété par Aoi Teshima
**Interprété par Kyu Sakamoto
Musique de Hachidai Nakamura
Paroles de Rokusuke Ei.

Musique  composée par:

Satoshi Takebe

Editeur:

Tokuma Japan Communications
TKCA-73665

Album produit par:
Satoshi Takebe

Artwork and pictures (c) 2011 Studio Ghibli. All rights reserved.

Note: ***
KOKURIKO-ZAKA KARA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Satoshi Takebe
Nouvelle production animée très attendue du studio Ghibli, « Kokuriko Zaka Kara » (La colline aux coquelicots) est le second long-métrage de Goro Miyazaki, fils de Hayao Miyazaki. Le jeune cinéaste s’était fait remarquer en 2006 pour son premier film animé « Gedo Senki » (Les Contes de Terremer), film bancal et inégal qui reflétait le manque d’expérience du jeune cinéaste – et qui provoquera d’ailleurs le mécontentement du père, qui clamera haut et fort à la sortie du film que son fils « n’est pas encore adulte ! ». Avec « Kokuriko Zaka Kara », Miyazaki junior adapte un manga éponyme de Chizuru Takahashi, scénarisé par Tetsurô Sayama et sorti au début des années 80 dans le magazine japonais Nakayoshi. La production du film a été assez laborieuse, puisque le projet débuta en 2010, pour une sortie au Japon prévue à peine un an après : hélas, le tsunami lié au séisme du 11 mars 2011 obligea l’équipe de Miyazaki à interrompre pendant un temps le projet, qui reprit finalement trois jours après et força l’ensemble du staff à travailler sur ordinateur la nuit. Sorti finalement au Japon durant l’été 2011, le film n’arrivera chez nous que tardivement, début 2012. A noter que le père et le fils Miyazaki ont cette fois-ci collaboré activement sur le film, alors qu’ils ne s’étaient même pas adressé la parole durant la production de « Gedo Senki » en 2006. Le résultat est plutôt satisfaisant sans être une production majeure du studio Ghibli. L’histoire se déroule au Japon durant l’année 1963, à la veille des Jeux Olympiques de Tokyo de 1964. Umi Matsukazi est une jeune lycéenne de 16 ans qui vit dans une maison située sur une colline face au port de Yokohama. Tous les matins, Umi hisse un drapeau de signalisation maritime le long d’un mat, comme le lui a appris autrefois son père, un marin disparu en mer pendant la guerre de Corée. La jeune adolescente vit avec sa grand-mère, sa petite soeur et son petit frère dans cette maison d’hôtes qui accueille de nombreux pensionnaires, et c’est aussi une élève très sérieuse au lycée Konan à Yokohama. Un jour, elle découvre qu’un groupe de garçons du lycée luttent pour préserver l’ancien foyer des élèves, un bâtiment nommé le « Quartier latin », qui doit être prochainement démoli pour laisser place à une nouvelle construction. C’est alors qu’Umi fait la connaissance de Shun Kazama, l’un des délégués élève et rédacteur du journal du lycée. Petit à petit, Umi va s’intéresser à son tour au Quartier Latin et va découvrir que le vieux bâtiment abrite en réalité tous les clubs étudiants du lycée Konan – philosophie, littérature, peinture, musique – Après avoir assisté à une réunion d’élèves mouvementée, Umi lance par hasard une simple idée : pourquoi ne pas nettoyer et restaurer le Quartier Latin, pour le rendre ainsi plus présentable aux yeux de la direction ? Et de fil en aiguille, la jeune lycéenne va se retrouver impliquée dans ce projet de restauration tout en entretenant une relation avec Shun, qui finissent par se rapprocher l’un de l’autre en développant des sentiments mutuels. Mais un jour, Shun découvre une photo du père d’Umi et comprend, à regret, qu’ils sont en réalité frère et soeur. Ils savent désormais que leurs sentiments ne peuvent plus exister, car ils sont unis par le même sang. Chaque nouveau film du studio Ghibli est en soit un véritable événement, mais « Kokuriko Zaka Kara » est assez particulier puisqu’il s’agit de la seconde réalisation de Goro Miyazaki, qui semble avoir parcouru bien du chemin depuis la semi-déception de « Gedo Senki » en 2006. Le film est très agréable, lent, doux et nostalgique : il porte les couleurs et les senteurs d’une époque lointaine, inspirée de l’Europe (les allusions au quartier latin parisien) et développe une galerie de personnages attachants dans une romance contrariée sur fond d’adolescence et d’insouciance. Tour à tour poétique et parfois un peu naïf et désuet, « Kokuriko Zaka Kara » nous raconte une histoire simple avec une animation de qualité, subtile et toute en finesse, une reconstitution historique très riche et réussie, le tout baigna
nt dans une atmosphère contemplative et paisible. Certes, Goro n’est pas Hayao et le film n’atteint jamais le niveau de Miyazaki père : mais qu’importe, « Kokuriko Zaka Kara » n’a pas à souffrir de la comparaison et affirme désormais une personnalité qui ne demande qu’à mûrir.

La musique du long-métrage animé de Goro Miyazaki a été confiée à Satoshi Takebe, compositeur et pianiste japonais encore peu connu mais qui a déjà travaillé pour le cinéma d’animation nippon à plusieurs reprises, notamment en tant qu’arrangeur (il a signé par exemple de nombreux arrangements pour les musiques de l’anime culte « Ranma 1/2 »). Le score de Takebe pour « Kokuriko Zaka Kara » s’éloigne radicalement de ce que l’on entend habituellement dans les musiques d’animes produits par Ghibli : la partition se veut plutôt orientée vers le jazz rétro des années 50/60, évoquant l’époque à laquelle se déroule le film. A noter qu’une bonne partie de la bande originale de « Kokuriko Zaka Kara » est constituée de chansons traditionnelles japonaises des années 60, dont certaines sont d’ailleurs de véritables classiques dans le pays et même sur le plan international (« Ue wo muite arukô » de Kyû Sakamoto, énorme succès de l’année 1961). Les chansons renforcent à la fois la poésie du film et rappellent l’univers des jeunes nippons des sixties sur fond de révoltes étudiantes et d’émancipation de la jeunesse japonaise – d’où l’allusion au quartier latin de Paris – Quand au score de Satoshi Takebe, il parvient à se faire une place satisfaisante au milieu de toutes ces chansons en utilisant un ensemble instrumental incluant batterie, contrebasse, guitares, accordéon, clarinette, section de cuivres, orgue électrique et piano (interprété par le compositeur lui-même). Takebe a aussi écrit quelques chansons originales dont il a confié l’interprétation à la jeune chanteuse Aoi Teshima, qui avait déjà prêté sa voix légère et éthérée à la partition de « Gedo Senki » en 2006. Parmi ces chansons, on notera la très belle « Summer of Goodbye » qui accompagnait déjà avec poésie la bande-annonce officielle du film. On notera aussi la sympathique ballade jazzy d’ouverture de « Breakfast Song » ou le romantique « In the Days of First Love », évoquant les premiers émois amoureux des ados avec un ton toujours un brin naïf et insouciant. Quand au reste de la bande originale du film, elle fait surtout la part belle aux ballades jazzy aux sonorités éminemment rétro, voire quasiment parisiennes comme « The Morning Way To School » qui semble évoquer par moment la musique populaire des quartiers parisiens des années 20/30, avec sa mélodie nostalgique et légère d’accordéon avec l’ensemble instrumental. On appréciera aussi le ragtime savoureux de « Horseplay » dominé par sa clarinette jazzy pour une autre évocation de la vie étudiante japonaise dans le film. La musique cède ensuite le pas à l’intimité et le romantisme dans le piano touchant et délicat de « Reminiscence », qui, pour le coup, rappelle davantage le style poétique habituel des musiques des films animés Ghibli (et notamment celles de Joe Hisaishi).

Ce style jazzy insouciant se retrouve ensuite dans « Quartier Latin » avec le retour du thème jazzy de « Horseplay », thème associé dans le film au groupe d’étudiants du quartier latin. Le thème est confié cette fois-ci au piano sur un rythme toujours aussi entraînant et indéniablement accrocheur. La musique vire même au slow jazzy dans « Setting Sun from the Clubroom » avec ses orchestrations rétro – piano, clarinette, guitare, orgue hammond, batterie – Satoshi Takebe développe ainsi tout au long du film une série d’atmosphères musicales associées aussi bien aux deux jeunes ados du film qu’à leur quotidien mouvementé dans leur école japonaise. « Party » fait par exemple la part belle au piano sur un rythme léger, tandis que l’instrument devient plus délicat et nostalgique dans « Signal Flag », avec une mélodie plus touchante et retenue qui rappelle là aussi vaguement Hisaishi. Le piano est d’ailleurs très présent vers le milieu du film, alors que la musique quitte progressivement l’insouciance jazzy du début pour s’orienter vers un style plus intime et posée, comme le confirme le très beau « Canal in Twilight » et son mélange piano/cordes toujours aussi nostalgique, touchant et chaleureux. Le score alterne ainsi entre intimité (« Dream ») et passages musicaux évoquant les danses de salon jazzy comme « Spring Cleaning » et son style hérité des années 20 (on retrouve des accents de quick step ici, avec un tempo légèrement plus modéré), ou « Unity » et ses rythmes de tango, sans oublier le ragtime de piano de « Escape » qui rappelle parfois les musiques de Scott Joplin. Le thème nostalgique de « Signal Flag » revient dans « Confession » pour évoquer le rapprochement dans le film entre Umi et Shun Kazama. Le piano domine alors toute la fin du score avec « Mother-Young Love » alors que le thème jazzy du quartier latin revient encore une fois dans « Welcome to Quartier Latin », le score cédant finalement à l’exubérance dans « Run to Tomorrow » et son thème de guitare électrique un brin kitsch sur un rythme endiablé et irrésistible. Satoshi Takebe nous livre donc une partition très soignée pour « Kokuriko Zaka Kara », un score qui ne prétend nullement rivaliser avec les grands noms des productions musicales Ghibli (on est loin de Joe Hisaishi ou de Yuji Nomi) mais qui, derrière son caractère anecdotique, recèle un vrai sens du rythme, de l’exubérance et de la nostalgie, un score qui emprunte autant au jazz rétro et aux danses de salon tout en se faisant l’écho d’une jeunesse japonaise d’antan, pleine d’insouciance et d’espoir. Le résultat est rafraîchissant à l’écran et sympathique sur l’album, où il faudra malheureusement se contenter d’un mixage hasardeux, mélangeant les sons et les bruitages du film au début de nombreuses pistes. Une jolie partition en somme, anecdotique certes pour une production Ghibli, mais au capital sympathie indéniable !




---Quentin Billard