1-In The Beginning...1.02
2-The Cabin in The Woods 1.57
3-Beware The Harbinger 2.03
4-What Could Go Wrong 1.23
5-Places, Everyone 2.40
6-The Cellar 3.04
7-The Diary of Patience Buckner 2.24
8-Hadley's Lament 0.39
9-We're Not The Only
Ones Watching 4.58
10-I Thought There'd Be Stars 2.49
11-We Are Abandoned 1.58
12-The Cabinets Will
Have To Wait 2.30
13-For Jules 2.41
14-Whatever Happens,
We Have To Stay Calm 2.19
15-And Lo! Fornicus 3.09
16-420 1.25
17-Herald The Pale Horse
(Hadley's Lament Redux) 3.11
18-This We Offer
In Humility And Fear 1.43
19-Punished For What? 3.39
20-Patience's Lullaby 1.25
21-Youth 2.52

Musique  composée par:

David Julyan

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 145 2

Produit par:
David Julyan
Producteur exécutif:
Robert Townson
Score conduit par:
Nick Ingman
Superviseur musique:
Dana Sano
Monteurs musique:
Tony Lewis, Clint Bennett
Programmation:
David J Hoskins,
Jody Jenkins, David Walter

Préparation musique:
Jill Streater

Artwork and pictures (c) 2012 Lions Gate Films Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE CABIN IN THE WOODS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Julyan
« The Cabin in the Woods » (La cabane dans les bois) est un film d’épouvante assez particulier, sorti en 2012 et réalisé par Drew Goddard. Le film est produit et co-écrit par Goddard et Joss Whedon, auteur à succès des séries TV « Buffy », « Angel », « Firefly », scénariste de renom à Hollywood (il a signé les scripts de « Toy Story », « Alien Resurrection », « Titan A.E. ») et réalisateur du récent « The Avengers » (2012). Connu pour ses parti pris et ses univers singuliers, Whedon aborda « The Cabin in the Woods » comme un film d’horreur en réaction contre la médiocrité, la banalité et les clichés des films d’horreur actuels. Considérant que le genre a été plus qu’usé jusqu’à la moelle depuis des décennies à Hollywood, le scénariste et son complice Drew Goddard décidèrent de faire de ce long-métrage un slasher movie inhabituel, dans le sens où la plupart des codes du genre sont savamment détournés afin d’aboutir à une intrigue différente qui nous permet de relativiser notre vision du cinéma d’épouvante américain. Ici, ce ne sont plus des monstres ou des tueurs en série qui tirent les ficelles mais bien un groupe de personnes qui en manipulent d’autres à distance, dans le but d’accomplir une sinistre expérience cruciale, dont l’enjeu n’est autre que l’avenir de l’humanité. Le film commence alors qu’un groupe de cinq jeunes amis décident de partir en week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Dana (Kristen Connolly), Curt (Chris Hemsworth), Marty (Fran Kranz), Holden (Jesse Williams) et Jules (Anna Hutchison) ne se doutent pas encore de ce qui les attends dans cette sinistre cabane à l’apparence ordinaire. Non loin d’ici, deux mystérieux cadres, Steve Hadley (Richard Jenkins) et Richard Sitterson (Bradley Whitford) contrôlent tous leurs moindres mouvements par le biais d’écrans interposés : ils n’ont plus qu’à presser quelques boutons pour faire basculer leur sort dans le cauchemar absolu. Pourquoi font-ils cela à ces cinq jeunes ? C’est la question à laquelle tente de répondre le film, qui débute comme un hommage plus qu’évident au « Evil Dead » de Sam Raimi et se prolonge de manière inattendue en survival sur fond de fin du monde. Malin, le script de Goddard et Wheddon l’est assurément ! Hélas, on ne pourra pas en dire autant de la mise en scène impersonnelle de Drew Goddard, qui applique toutes les recettes du genre à la lettre sans grande inventivité : on retrouve tous les trucs habituels des films de zombie ou des survivals dans les bois, même si le lieu même de la cabane finit par être curieusement délaissé au bout d’une heure pour partir dans une toute autre direction (quid de l’intérêt de la cabane alors ?). Les 30 dernières minutes, résolument gores et apocalyptiques, partent dans tous les sens et se transforment en un gigantesque bordel de monstres et d’effets sanguinolents, là où on se serait attendu à des révélations plus stupéfiantes et davantage recherchés. Dommage, car à trop vouloir faire un film d’horreur inhabituel en réaction contre la médiocrité hollywoodienne du genre, Drew Goddard et son scénariste Joss Whedon accouchent d’un film bancal et frustrant, parsemé d’un humour noir assez réussi mais plombé par une mise en scène inégale et laborieuse. On est quand même bien loin ici du grand film d’horreur que vantent les médias depuis la sortie du film en avril 2012 !

Le compositeur David Julyan renoue encore une fois avec le registre de l’horreur et du suspense avec « The Cabin in the Woods », pour lequel le musicien signe une nouvelle partition orchestrale sinistre, macabre et oppressante, à l’instar de ses récents travaux sur « The Descent », « Heartless » ou bien encore « Eden Lake ». A vrai dire, une première écoute de « The Cabin in the Woods » dans le film nous permet d’emblée de faire une connexion plus qu’évidente avec « The Descent », tant les deux partitions semblent résolument proches dans leurs sonorités et leur esthétique musicale. Si le but des concepteurs du film était de détourner tous les codes du slasher-movie pour aboutir à quelque chose d’assez particulier et de peu ordinaire - justifiant par la même occasion une réflexion habile sur le voyeurisme, la manipulation et le goût du public pour l’horreur et la mort au cinéma – l’objectif de David Julyan semble avoir été bien plus simple : créer une atmosphère d’épouvante musicale atonale à base d’effets orchestraux avant-gardistes habituels, de techniques instrumentales aléatoires, de cordes dissonantes/stridentes et de clusters macabres. Tous les clichés de la musique d’épouvante sont passés ici en revue par un David Julyan assez inspiré bien qu’en mode auto-pilote, servi par les orchestrations de Dana Niu, Robert Elhai, Rossano Galante et Andrew Kinney (orchestrateurs spécialisés dans les musiques d’épouvante hollywoodiennes) et l’interprétation sans faille de l’orchestre enregistré à Londres, avec une équipe similaire à celle de « The Descent ». Niveau construction, le score limite l’aspect mélodique en dehors de quelques idées thématiques passagères, et se construit en deux parties bien distinctes : la première accompagne l’arrivée des jeunes à la cabane et la découverte des mystères entourant le lieu perdu dans les bois, la deuxième, plus enlevée, évoque le déchaînement de terreur et de mort. Le score lui-même est axé autour de deux idées majeures : le drame et la terreur. La partie dramatique apparaît au début et vers la fin du score, évoquant la mort, la tragédie humaine et la dévastation. Ces passages plus lyriques et retenus sont généralement réservés à des cordes mélancoliques et amères, avec un thème entendu dans « The Cabin in the Woods », plus harmonique que réellement mélodique. C’est ici que l’on fait immédiatement le rapprochement avec le score de « The Descent », qui contenait lui-même des passages dramatiques plutôt similaires. La musique demeure sombre et mystérieuse au début de l’histoire, avec un autre thème introductif entendu dans « In the Beginning », et annonçant la terreur à venir, le tout baignant dans quelques nappes synthétiques obscures et inquiétantes.

Le thème dramatique et sa mélodie ascendante de quatre notes de cordes est suggéré dans « Beware the Harbinger », « What Could Go Wrong » et « Places, Everyone », qui annoncent de façon sinistre le drame à venir. « The Cellar » nous plonge dans l’obscurité avec des cordes dissonantes évoquant un suspense et un malaise certain à l’écran. On notera l’utilisation très réussie de l’alto et du violoncelle dans « The Diary of Patience Buckner », pour la découverte du journal relatant les horreurs associées à la cabane Buckner dans le film. A noter que « The Diary of Patience Buckner » est d’ailleurs l’un des rares les plus mélodiques de la partition de David Julyan, idéal pour respirer un grand coup avant le chaos qui s’ensuit, car dès « We’re Not The Only Ones Watching », la musique prend une toute autre tournure et débouche sur la terreur et la violence avec son lot de percussions meurtrières, de cordes stridentes, de cuivres vrombissants et de dissonances extrêmes. Le thème principal est suggéré par le violoncelle au début de « I Thought There’d Be Stars », où la musique devient plus cacophonique et brutale, dans la lignée de « The Descent ». La terreur est au rendez-vous avec le massif « We Are Abandoned » ou l’agressif « The Cabinets Will Have To Wait », qui oscille entre cordes ‘action’ agitées et glissandi suraigus et dissonants de cors, créant un sentiment d’urgence et de danger alors que l’expérience semble se détériorer de manière inexorable. La partie plus dramatique du score culmine dans le désespéré « For Jules », dont l’envolée orchestrale est brusquement coupée par un cluster agressif et terrifiant du plus bel effet, suggérant l’échec d’un des jeunes qui tente de fuir les bois sur sa moto. On appréciera la virtuosité macabre de l’intense « Herald the Pale Horse (Hadley’s Lament Redux) », pour lequel Julyan reprend le thème d’alto de « The Diary of Patience Buckner » sur fond de percussions synthétiques, de cuivres stridents et de percussions métalliques (enclumes) martelées sauvagement pour suggérer l’attaque finale des monstres. « Patience’s Lullaby » détourne quand à lui le titre faussement inoffensif du morceau pour asséner de violents assauts orchestraux/percussifs lors de l’affrontement final, tandis que « Youth » résonne de façon triste et amère comme une sorte de lamentation élégiaque et résignée pour cordes, évoquant clairement l’issue pessimiste du film. David Julyan remplit donc parfaitement le cahier des charges et nous offre une partition horrifique oppressante et chaotique, à l’image du film de Drew Goddard. Rien de bien neuf à l’horizon donc, car si le compositeur tente (timidement) de sortir des sentiers battus en détournant les codes du genre, Julyan reste ici conventionnel de bout en bout dans son approche et reprend des formules musicales déjà établies dans « The Descent ». Les fans du compositeur apprécieront donc ce nouveau travail de qualité sur « The Cabin in the Woods », mais pour ceux qui s’attendaient à ce que le compositeur bouscule lui-même les codes du genre en évitant d’être trop premier degré, la déception risque de pointer à l’horizon.



---Quentin Billard