1-The Good Life 2.39*
2-Flim Flam 0.12
3-Ichi-Ni-San 2.51
4-Matchstick Men 2.09
5-Weird Is Good 6.42
6-Lonely Bull 2.15**
7-Ticks & Twitches 2.48
8-I Have A Daughter? 1.06
9-Swedish Rhapsody 2.37***
10-Keep The Change 1.24
11-Nosy Parker 2.44
12-Leaning On A Lamp Post 3.00+
13-Pool Lights 0.54
14-Pygmies! 2.07
15-Charmaine 3.05++
16-Roy's Rules 2.04
17-Carpeteria 2.26
18-Shame On You 2.55
19-Tuna Fish and Cigarettes 1.55
20-No More Pills 4.39
21-Tijuana Taxi 2.05+++
22-The Banker's Waltz 3.07

*Interprété par Bobby Darin
Ecrit par Jack Reardon,
Sacha Distel et Jean Broussole
**Interprété par Herb Alpert
& The Tijuana Brass
Ecrit par Sol Lake
***Interprété par
Mantovani & His Orchestra
Ecrit par Percy Faith
+Interprété par George Formby
Ecrit par Noel Gay
++Interprété par
Mantovani & His Orchestra
Ecrit par Lew Pollack et Erno Rapee
+++Interprété par Herb Alpert
& The Tijuana Brass
Ecrit par Ervan (Bud) Coleman.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6515

Score arrangé et produit par:
Hans Zimmer
Producteur exécutif musique:
Ridley Scott
Superviseurs musique:
Dody Dorn, Marc Streitenfeld
Musique et arrangements additionnels:
Geoff Zanelli, James Michael Dooley
Assistant monteur:
Del Spiva
Team Zimmer:
Trevor Morris, Melissa Muik
Orchestre:
The Hollywood Studio Symphony
& The Santa Monica Synthphonia

Directeurs de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Gary LeMel, Doug Frank
Album compilé par:
Melissa Muik
Assisants Hans Zimmer:
Moanike'ala Nakamoto,
Bettina Lynch

Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Cuts 4,5,11,16,20 include
"La Dolce Vita" from "La Dolce Vita"
Ecrit par: Nino Rota

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2003 Warner Bros. Entertainment, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
MATCHSTICK MEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Ridley Scott s’accorde régulièrement quelques « pauses » dans sa carrière éclectique afin de réaliser quelques films mineurs conçus en général entre deux grosses productions hollywoodiennes explosives. Après l’énorme « Black Hawk Dawn » (2001) et le très sous-estimé « Hannibal », Ridley Scott s’attela deux ans plus tard à une production mineure, « Matchstick Men » (Les Associés) sortie en 2003, et adaptée du roman d’Eric Garcia. Le film raconte l’histoire de Roy Waller (Nicolas Cage), un escroc talentueux qui souffre de nombreux TOC, multipliant les arnaques avec la complicité de son associé Franck Mercer (Sam Rockwell). Roy décide alors de consulter un psy, le Dr. Klein (Bruce Altman), afin de soigner ses nombreux troubles mentaux (TOC, agoraphobie, mysophobie, etc.). C’est alors qu’il découvre par hasard qu’il a une fille née d’une union avec son ex-compagne Heather (Melora Walters), une jeune ado de 14 ans nommée Angela (Alison Lohman). D’abord hésitant, Roy se décide alors à rencontrer sa fille, qui admire le mode de vie de son père et désire s’initier à son tour au monde de l’escroquerie. « Matchstick Men » est donc une comédie légère et plutôt sympathique - produite par nul autre que Robert Zemeckis en personne – le tout mené tambour battant par une galerie de personnages hauts en couleur, à commencer par un Nicolas Cage excellent dans la peau d’un anti-héros bourré de TOC. Le film de Ridley Scott aborde ainsi le monde de l’arnaque vu de l’intérieur avec un casting solide, des situations hilarantes et des dialogues incisifs et drôles. Sans être le meilleur film du cinéaste anglais, « Matchstick Men » est un bon divertissement plutôt réussi et sans grande prétention, une sympathique parenthèse dans la filmographie épique de Ridley Scott, avec un Nicolas Cage incroyablement névrosé et un scénario astucieux et léger. C’est l’occasion pour le cinéaste de nous rappeler qu’il maîtrise aussi impeccablement le registre de la comédie, un genre finalement peu présent dans sa filmographie.

Qui dit Ridley Scott dit bien évidemment Hans Zimmer à la musique. « Matchstick Men » marque les retrouvailles entre les deux hommes après une longue collaboration qui débuta en 1989 sur le film « Black Rain », suivi de « Thelma and Louise » (1991), « Gladiator » (2000), « Hannibal » (2001) et « Black Hawk Dawn » (2002). Pour les besoins du nouveau film de Ridley Scott, Hans Zimmer s’est entouré de son équipe habituelle des studios Media Ventures/Remote Control pour concevoir un score entraînant, joyeux et dynamique, à l’image de ce trio d’arnaqueurs malicieux et intrépides qui jouent avec les apparences pour mieux arriver à leurs fins. Pour Ridley Scott, que l’on sait exigeant tant sur le contenu de ses films que de ses musiques, l’objectif principal de la musique d’Hans Zimmer était d’évoquer l’univers renfermé de Roy Waller en musique, que les concepteurs situèrent plutôt dans la musique des années 50/60. C’est ainsi que Zimmer utilisa toute une série d’instruments et de sonorités rappelant la musique rétro de cette époque, qu’il s’agisse de l’accordéon de l’indispensable Frank Marocco (désigné avec humour dans le livret comme « non, vraiment !!! LE Frank Marocco), l’orgue électrique d’Hans Zimmer, la guitare d’Heitor Pereira, le sifflet de Rick Riccio et les différents instruments solistes qui parcourent l’ensemble de la partition (trombone, piano, flûte, hautbois, clarinette, saxophones, voix, percussions diverses, etc.). Arborant un style résolument kitsch et rétro, entre jazz et lougne, la musique de « Matchstick Men » évoque l’insouciance et le monde intérieur du sympathique mais étrange Roy Waller, le tout avec une inventivité savoureuse et un sentiment de malice et d’espièglerie rafraîchissant. Le premier motif malicieux associé à Roy est sifflé dans « Flim-Flam » et reviendra à plusieurs reprises dans le film. Le thème principal apparaît ensuite à l’accordéon dans « Ichi-Ni-San », sur fond de marimba, guitare, piano, bois et cordes. Dans « Matchstick Men », Zimmer prolonge son exploration de la musique rétro des 50’s en citant explicitement le célèbre thème de la « Dolce Vita » de Nino Rota, qui correspondait parfaitement à la naïveté psychotique du personnage de Nicolas Cage dans le film. A noter le retour du motif moqueur de « Flim-Flam » aux clarinettes, tandis que la guitare d’Heitor Pereira renforce ici l’insouciance et la jovialité de ce morceau bondissant jazzy et résolument kitsch, le tout non dénué d’un certain humour assez rafraîchissant et particulièrement inventif. « Weird is Good » fait clairement allusion quand à lui aux rythmes traditionnels de tango avec l’accordéon, le tout mixé sur fond de rythmes pop/électro plus typiques d’Hans Zimmer, avec des sons de criquets (véridique !), de riffs de basse, de batterie et de cordes, un mélange hybride assez réussi et très inventif, tout à fait représentatif de l’univers musical de « Matchstick Men ».

Hans Zimmer s’essaie ici à différentes idées, que ce soit dans le jeu astucieux des différents solistes ou le mélange de styles ou de sonorités (ici, pop/tango et même citation à Nino Rota). On penserait presque parfois à l’inventivité de Thomas Newman, dont Zimmer semble se rapprocher par moment ici dans sa façon de jouer avec les différents instruments solistes. Le compositeur expérimente même dans « Ticks & Twitches » quelques jolies variantes amusantes autour de la mélodie de Nino Rota, le tout avec une inventivité constante. Le thème principal associé à Roy Waller est repris par les deux clarinettes dans « I Have a Daughter ? » lorsque Roy découvre qu’il a une fille. « Keep the Change » nous fait rentrer quand à lui dans la seconde partie du film, évoquant la relation entre Roy et sa fille Angela de manière plus intime et nostalgique, un très beau morceau qui rappelle à quel point Zimmer sait se montrer subtil et raffiné quand il s’en donne les moyens sur des films qui l’inspirent vraiment (le musicien n’a d’ailleurs jamais caché son attirance pour les comédies). On frôle par moment le mickey-mousing pur et dur dans « Nosy Parker », où l’on devine la folie sous-jacente de Roy avec un bourdonnement instrumental non dénué de malice. Le thème revient dans « Pygmies ! » sur fond de rythmes plus marqués et pressants, permettant à Zimmer de reprendre à l’occasion quelques uns de ses samples orchestraux préférés de chez Remote Control (notamment dans les cuivres). « Pygmies ! » prend l’apparence d’une valse déjantée qui semble se détériorer au fur et à mesure qu’elle avance, un peu comme le personnage de Nicolas Cage dans le film. Il est aussi question de la folie des TOC de Roy dans le très jazzy/swing « Roy’s Rules » avec le retour du motif espiègle de clarinette repris de « Flim Flam », motif que l’on reconnaît grâce à sa mélodie jouée entièrement en secondes mineures parallèles, ce qui rend immédiatement le dit motif particulièrement étrange et assez spécial (cf. « No More Pills »). « Carpeteria » prolonge le ton rétro du score de « Matchstick Men » en prenant l’apparence d’un slow jazzy nostalgique et savoureux. Le score n’est pas exempt de surprise, puisque Zimmer va même jusqu’à nous offrir de la techno pure et dure dans « Tuna Fis hand Cigarettes », qui rompt radicalement avec l’univers musical rétro associé à Nicolas Cage dans le film, évoquant davantage ici le monde moderne de l’escroquerie. Pour finir, Zimmer se fait plaisir en nous offrant en guise de bonus une très belle valse malicieuse et élégante dans « The Banker’s Waltz », idéal pour conclure l’album et le film en beauté.

C’est donc un Hans Zimmer inventif et inspiré que l’on retrouve dans la partition de « Matchstick Men », un compositeur probablement encouragé dans son approche musicale inventive et conceptuelle par Ridley Scott lui-même. La musique apporte une ambiance particulière au film du cinéaste britannique, évoquant à la fois l’humour, le côté décalé du récit et l’esprit malade et confus de Roy Waller, toujours au bord de la folie tout au long du film. C’est l’occasion pour le compositeur allemand de nous rappeler son goût pour les musiques de comédie, un genre dans lequel il semble toujours aussi inspiré, à des années lumière de ses musiques synthético-orchestrales fatigantes, qui semblent tourner dangereusement en rond au fil du temps. Voilà en tout cas un très bon score de comédie simple, inventif et rafraîchissant, qui devrait réconcilier pendant un temps les détracteurs du compositeur avec sa musique. On en vient même à se demander pourquoi Zimmer n’est pas plus souvent sollicité dans le registre de la comédie, un genre dans lequel il excelle régulièrement et se montre toujours plus inventif et inspiré !



---Quentin Billard