1-Arrival 2.59
2-Doors Open from Both Sides 3.29
3-Tunnel Chase 4.47
4-Interrogation 2.38
5-Stark Goes Green 4.46
6-Helicarrier 2.09
7-Subjugation 3.09
8-Don't Take My Stuff 5.06
9-Red Ledger 5.10
10-Assault 4.25
11-They Called It 2.41
12-Performance Issues 4.56
13-Seeing, Not Believing 4.25
14-Assemble 5.21
15-I Got A Ride 4.00
16-A Little Help 3.49
17-One Way Trip 5.50
18-A Promise 3.34
19-The Avengers 2.03

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Hollywood/Intrada D001759402

Album produit par:
Alan Silvestri,
David Bifano

Artwork and pictures (c) 2012 Marvel Studios/Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE AVENGERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Film choral de super-héros très attendu par tous les fans de l’univers Marvel, « The Avengers » débarque enfin sur nos écrans, réunissant pour de bon tous les héros que l’on a pu voir à tour de rôle dans leurs propres films respectifs : « Thor », « Hulk », « Captain America », « Iron Man », etc. Le point commun ? Nick Fury (Samuel L. Jackson), le chef de l’organisation d’espionnage du SHIELD, chargé de recruter tous ces héros afin de les réunir pour le projet « Avengers », et qui apparaissait furtivement à la fin des films cités précédemment, pour préparer « The Avengers ». Et voici enfin que le long-métrage réalisé par Joss Whedon sort enfin sur nos écrans et tient miraculeusement ses promesses : on nous avait promis un grand spectacle dans la lignée de la série des comics « Avengers » de chez Marvel, avec des héros surpuissants, des combats épiques, un grand méchant, une intrigue dense et un zest d’humour : nous l’avons enfin ! Whedon, que l’on connaît pour ses choix singuliers et ses prises de risque, nous livre un film de super-héros très réussi, à des années lumières des déceptions de « Thor » ou « Iron Man 2 » : ici, le réalisateur prend le temps de soigner ses personnages, développe une intrigue simple mais rendue somme toute assez dense par l’amoncellement de personnages et d’intrigues secondaires, et élabore des dialogues assez denses pour un blockbuster de cette envergure – on a beaucoup reproché au film d’être justement un brin trop bavard – Quand au scénario, il reste classique et sans surprise : Loki (Tom Hiddleston), le demi-frère de Thor (Chris Hemsworth), s’est associé avec un peuple d’extra-terrestres belliqueux, les Chitauris, pour dominer la Terre en échange du puissant Tesseract, un Cube Cosmique capable d’ouvrir un portail dimensionnel entre son monde et celui de la Terre. Face à la menace qui grandit, Nick Fury n’a plus d’autre choix que celui de réactiver le projet initiative des Avengers afin de récupérer le Tesseract et de déjouer la conspiration orchestrée par Loki. Pour cela, il envoie l’agent Natasha Romanoff alias la Veuve Noire (Scarlett Johansson) en Inde afin de recruter le docteur Bruce Banner/Hulk (Mark Ruffalo). Pendant ce temps, l’agent Phil Coulson (Clark Gregg) rend visite à Tony Stark alias Iron Man (Robert Downey Jr.) et Steve Rogers alias Captain America (Chris Evans) pour réunir l’équipe au complet. Thor arrive peu de temps après suite à son exil sur Terre pour stopper Loki et le ramener à Asgard. Toute l’équipe est enfin réunie à bord de l’aéronef du SHIELD et la mission peut enfin commencer : hélas, de profonds désaccords menacent l’intégrité du groupe, qui est sur le point d’éclater à tout moment. Mais face à la menace d’invasion extra-terrestre orchestrée par Loki, les Avengers doivent maintenant mettre leurs différends de côté et s’unir s’ils veulent réussir à sauver le monde d’une catastrophe imminente.

Sur un scénario somme toute archi classique de super héros affrontant des super méchants, Joss Whedon parvient à créer un film incroyablement dense et extrêmement fun de bout en bout : malgré plusieurs longueurs, « The Avengers » est une réussite intégrale qui doit beaucoup à son casting prestigieux, à sa construction et à sa mise en scène qui, bien loin de se limiter aux effets spéciaux 3D (d’une qualité ahurissante !) prend aussi le temps de développer chaque personnage, avec des seconds rôles charismatiques et de bonnes idées – les désaccords parfois violents entre les héros, à des années lumières des clichés habituels de films de super héros – le pari était risqué pour Whedon, car à trop vouloir accumuler beaucoup de personnages à la fois, le film aurait pu être véritablement ‘casse-gueule’, mais il n’en est rien : la longueur parfois fastidieuse du film (plus de 2h) est amplement justifiée par l’importance accordée à chaque personnage, développés comme il se doit si bien que l’on finit très vite par s’attacher à chacun d’entre eux. Les héros restent d’ailleurs fidèles à eux-mêmes ici : Tony Stark manie toujours autant la dérision avec dextérité, Steve Rogers reste le héros militaire nostalgique et vaillant issu d’une autre époque, Bruce Banner est le héros torturé qui cherche toujours un moyen de contrôler la bête qui est en lui, Thor est le puissant demi-dieu emprunt de contradiction entre son monde et la Terre qu’il continue de défendre vaillamment, etc. Le film de Joss Whedon oscille remarquablement entre aventure, cascades, action et humour (le clin d’oeil à « Alien » avec l’apparition surprise d’Harry Dean Stanton), le film étant à la fois incroyablement spectaculaire, grandiose mais aussi parfois très drôle et redoutablement fun : la longue bataille finale dans les rues de la ville prend parfois l’apparence de tours de montagnes russes. On frôle par moment ici le « Transformers 3 » de Michael Bay et son interminable bataille finale de près d’une heure, à ceci près que Joss Whedon se montre plus habile, moins lourdingue et surtout moins complaisant dans sa mise en scène. Enfin, signalons la soin tout particulier accordé ici aux dialogues, chose plutôt rare dans un film de super-héros, qui se contente bien trop souvent d’aller à l’essentiel et de multiplier les effets spéciaux sans aucun fond particulier (cf. le désastreux « Green Lantern »). Ici, il n’en est rien, car si les effets spéciaux sont effectivement très présents, Whedon prend aussi le temps de nous raconter une histoire, certes archi classique, mais dont les enjeux dramatiques sont bel et bien là : sauver le monde d’une catastrophe annoncée n’a jamais été aussi fun que dans « The Avengers », un film qui prend parfois des allures de gigantesque jeu vidéo mais qui ne trahit jamais l’essence même des comics Marvel et de ses super héros charismatiques et finalement très attachants – même du côté des méchants – Réussite intégrale, « The Avengers » est sans aucun doute l’un des meilleurs blockbusters U.S. de l’année 2012 et rappelle le talent sûr de Joss Whedon, qui signe donc là un excellent divertissement hollywoodien que les fans de Marvel apprécieront à coup sûr !

Après avoir flirté avec l’univers de « Captain America », c’est de nouveau au tour d’Alan Silvestri d’écrire la musique des aventures des Avengers, la production du film l’ayant d’ailleurs choisi suite à son travail sur le précédent film de Joe Johnston. Pour « The Avengers », l’objectif d’Alan Silvestri était on ne peut plus simple : suggérer l’action et la tension de cet affrontement pour la survie du monde et évoquer le rassemblement des héros avec un nouveau thème héroïque vigoureux et fédérateur. Evidemment, impossible ici d’écrire un thème pour chaque héros, car si l’on retrouve effectivement des allusions au fameux thème de Captain America dans « Don’t Take My Stuff » par exemple, ou un thème de harpe aux consonances slaves pour la Veuve Noire dans « Interrogation », la plupart des anciens thèmes écrits par les compositeurs précédents sur « The Incredible Hulk » (Craig Armstrong), « Thor » (Patrick Doyle) ou même « Iron Man » (Ramin Djawadi) et « Iron Man 2 » (John Debney) ne sont pas repris ici. On regrettera d’ailleurs le fait que le thème de « Thor » de Patrick Doyle n’ait pas été repris ici, alors que Thor et Loki sont pourtant au coeur même de l’intrigue du film. En revanche, Silvestri a préféré opter pour un nouveau thème fédérateur évoquant le rassemblement des Avengers : ce thème, suggéré dès l’introduction du film (« Arrival »), se distingue par deux éléments bien distincts : un ostinato de cordes/percussions martiales ascendant, et un motif de cuivres héroïque qui vient se greffer par dessus. Le thème est un anthem héroïque et martial absolument typique d’Alan Silvestri, dans la continuité de ses thèmes héroïques de « Captain America », « Eraser », « G.I. Joe » ou même « Judge Dredd ». Impossible d’ailleurs de résister à l’enthousiasme de la reprise finale et surpuissante du thème dans toute sa splendeur pour le générique de fin du film (« The Avengers ») : les fans du compositeur seront donc comblés par le nouveau thème de Silvestri pour le film de Joss Whedon : la classe absolue, comme d’habitude ! En revanche, le reste du score déçoit quelque peu par sa thématique assez pauvre et assez insignifiante, même si les thèmes sont très présents mais pas toujours mémorables ou identifiables : on retrouve d’ailleurs l’un des principaux défauts de la partition de « Captain America », à savoir qu’en dehors du thème principal, le reste de la musique ne nous laisse guère de souvenir particulier.

La thématique de « The Avengers » se construit donc autour du thème héroïque des Avengers introduit dès le début du film et qui sera surtout repris lors de la bataille finale et pour le générique de fin. On retrouve aussi des allusions au thème de Captain America sous une forme ‘action’ (« Don’t Take My Stuff »), un thème pour la Veuve Noire introduit à la harpe dans « Interrogation » et qui réapparaîtra lors des scènes mettant en avant les exploits de l’héroïne incarnée par Scarlett Johansson, que ce soit au début de « Red Ledger » au hautbois ou à l’orchestre dans une envolée héroïque de « I Got A Ride » lors de la bataille finale. Le thème de la Veuve Noire possède un côté un brin mélancolique évoquant clairement l’âme slave et l’esprit de certaines musiques d’Europe de l’Est, mais qui reste malheureusement injustement sous-utilisé dans la musique de « The Avengers » : on aurait effectivement aimé l’entendre davantage ! Silvestri développe donc ses thèmes avec prudence et hésitation, là où on se serait attendu à une thématique plus affirmée et décomplexée, comme le compositeur sait pourtant si bien le faire. Enfin, le Tesseract a droit à son propre thème, introduit dès le début du film dans « Arrival » à 0:06, un motif de cordes mystérieux et inquiétant qui évoque clairement la menace que représente l’objet convoité par Loki, ce dernier ayant droit lui aussi à son propre thème, un motif de cuivres sombre et menaçant introduit à 0:25 dans « Arrival » et assez présent durant la première partie du film. Concernant le motif du Tesseract, il faut rappeler que Silvestri avait déjà conçu ce thème dans le score de « Captain America », où l'objet mythique était déjà convoité par Red Skull. Le retour de ce motif dans « The Avengers » est donc parfaitement logique et permet à Silvestri d'établir ainsi un lien entre ses deux partitions. Le motif du Tesseract est repris au début de « Doors Open From Both Sides », tout comme le motif de Loki qui revient de nouveau lors de l’apparition du super méchant dans le centre de recherche du SHIELD au début du film. Comme toujours avec Alan Silvestri, les orchestrations sont très soignées, incluant quelques éléments synthétiques secondaires, et une large utilisation du pupitre des cuivres, des cordes et des percussions. Avec ses différents thèmes, Alan Silvestri renforce la narration du film et suit l’action et les péripéties avec une énergie constante : vous aimez le Silvestri de l’action 100% martial ? Alors vous allez adorer « Tunnel Chase », « Don’t Take My Stuff », « Assault » ou bien encore « I Got A Ride », qui s’avèrent être autant de déchaînements orchestraux massifs et survitaminés, apportant un punch indéniable à l’écran ! Silvestri reste donc ici fidèle à lui-même et met les bouchées doubles, même si l’on retrouve ici les défauts de ses récentes partitions action : comme dans « G.I. Joe » ou « Captain America », la thématique fait cruellement défaut à ces passages d’action, réduisant les déchaînements martiaux du compositeur à de simples faire-valoir narratifs musicaux pour l’image, là où on se serait attendu à davantage de pirouettes mélodiques et de virtuosité !

Du coup, les morceaux d’action se suivent et se ressemblent de façon fonctionnelle tout en trahissant la faiblesse thématique du score de « Avengers ». Evidemment, certains passages s’écartent du lot comme l’envolée héroïque très prenante de « Assemble », lorsque les Avengers décident enfin de s’unir et de coordonner leurs actions pour mener l’équipe à la victoire. A noter l’utilisation de quelques loops électro/techno dans « Stark Goes Green », « Assemble » ou « Interrogation » : ce dernier illustre d’ailleurs la scène où la Veuve Noire s’échappe d’un interrogatoire russe musclé, les loops techno étant une sorte de clin d’oeil subtil à un morceau similaire entendu dans le « Iron Man 2 » de John Debney (il s’agissait du morceau « Black Widow Kicks Ass »). Parmi les moments plus mémorables du score, on pourra citer l’envolée chorale de « Performance Issues », la coda héroïque de « Assemble », l’enthousiasme de « Helicarrier », la guitare intime et le violoncelle de « A Promise » et la reprise triomphante du thème principal dans « The Avengers ». Alan Silvestri reste donc fidèle à lui-même et signe un score d’action tonitruant et robuste pour le film de Joss Whedon, mais qui, en dehors de son excellent thème principal, ne laissera pas un grand souvenir particulier. Hélas, Silvestri semble désormais en mode auto-pilote sur ses dernières partitions d’action, incapable de se renouveler ou de proposer des thèmes plus affirmés (en dehors du thème principal !), alors qu’il a pourtant toujours été connu pour cela par le passé. Du coup, « The Avengers » s’avère être un score tout à fait correct et réussi dans le film, mais sans grande originalité et finalement plus fonctionnel que réellement mémorable !




---Quentin Billard