1-I Like That 5.09*
2-Mockba-Moscow 3.22**
3-Space 2.32
4-Northern Lights 2.39
5-Night Club Attack 3.01
6-The Bridge Is Out 1.47
7-Crashed 1.05
8-They're Inside 2.42
9-Now What? 2.17
10-Moscow Streets 1.55
11-Holy Shit! 2.45
12-Here's Our Mission 1.42
13-Dusted 2.47
14-Say Goodbye 2.39
15-Man Overboard 2.12
16-Train Yard Battle 4.01
17-Fighting Back 1.28
18-Looking Forward 2.32

*Ecrit par Richard Vission
Interprété par Richard Vission
et Static Revenger
Feat. Luciana
**Ecrit par Igor Pustelnik
Interprété par Marselle.

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Lakeshore Records LKS-342452

Album produit par:
Tyler Bates, Wolfgang Matthes
Montage musique:
Darrell Hall
Orchestrations:
Tim Williams
Conduit par:
Adam Klemens

Artwork and pictures (c) 2011 Summit Entertainment/Regencey Enterprises. All rights reserved.

Note: *1/2
THE DARKEST HOUR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Décidément, l’année 2011 aura été celle des invasions extra-terrestres au cinéma : nos chers ‘amis’ les aliens sont particulièrement à la mode ces derniers temps : « Skyline », « Battle : Los Angeles », « Cowboys & Aliens », « Transformers 3 », « Attack the Block », et bien sûr les récents « Battleship » et « Men in Black III », autant d’exemple qui prouvent que les invasions extra-terrestres ont plus que jamais le vent en poupe à Hollywood. Dernier né de cette nouvelle génération de blockbusters sci-fi déchaînés, « The Darkest Hour » est le premier film hollywoodien a avoir été intégralement tourné à Moscou en 3D. Ce choix atypique s’explique avant tout par la présence du cinéaste russe Timur Bekmambetov à la production du film (on lui doit quelques productions récentes telles que « Chernaya Molnia », « Apollo 18 » ou « 9 »). « The Darkest Hour », second long-métrage du réalisateur Chris Gorak après « Right at Your Door » (Los Angeles : Alerte maximum), nous entraîne dans l’univers moderne de Moscou et de ses quartiers branchés, une nuit où tout bascule pour notre groupe de héros aux prises avec une menace extra-terrestre sans précédent : Sean (Emile Hirsch) et Ben (Max Minghella) sont à Moscou pour faire des affaires, mais leurs plans sont contrariés par Skyler (Joel Kinnaman), un concurrent suédois malhonnête et sans scrupules qui réussit à les doubler. Le soir même, ils décident de se rendre dans la boîte de nuit la plus branchée de la ville où ils croisent à nouveau Skyler, et font la connaissance de Natalie (Olivia Thirlby) et Anne (Rachael Taylor), deux américaines qui prévoyaient au départ de se rendre au Népal. Mais la soirée est très rapidement interrompue par une menace soudaine venue du ciel : des aliens invisibles attaquent la ville et désintègrent les habitants les uns à la suite des autres. Alors que le monde semble avoir plongé dans le chaos absolu, Sean, Ben, Natalie, Anne et Skyler réussissent à se cacher mais doivent désormais survivre à cet enfer et comprendre qui sont ces mystérieux envahisseurs invisibles qui semblent manipuler l’électricité sous toutes ses formes. Seule originalité de « The Darkest Hour » : pour une fois, cette invasion alien ne se déroule pas aux Etats-Unis mais en Russie, chose rare pour un film américain. Autre élément intéressant : les extra-terrestres sont ici invisibles et sont constitués d’énergie et d’électricité. Du coup, la tension est d’autant plus importante que la menace semble omniprésente et jamais visible, en dehors des appareils électriques qui se mettent à fonctionner en présence des mystérieux aliens. Hélas, malgré ces bons points, « The Darkest Hour » est une déception manifeste : les personnages n’ont aucune profondeur, les dialogues sont nullissimes et dignes d’un nanar pur souche (Natalie : « tu es revenu pour moi ! », Sean : « c’est certain ! »), le film est étrangement court (à peine 1h29, générique inclus) et les effets spéciaux 3D pas du tout exceptionnels. On se demande même comment un acteur de la trempe à Emile Hirsch (pourtant un habitué du cinéma américain indépendant) a pu se laisser convaincre de participer à un film aussi navrant ! De plus, le scénario est complètement bâclé et multiplie les incohérences de manière ahurissante : le héros n’a qu’un seul pistolet à micro-ondes pour combattre les aliens - forcément, puisqu’il s’agit d’un modèle artisanal unique – mais alors pourquoi les héros en possèdent soudainement deux, par magie, vers la fin du film ? Bilan plus que décevant donc pour ce nanar de science-fiction/suspense qui tombera très rapidement dans les oubliettes : dans le même genre, « Skyline » s’avérait pourtant 100 fois plus convaincant !

Ce n’est hélas pas la participation du très controversé Tyler Bates à la musique du film qui viendra rehausser le niveau d’une production minable et désespérément frustrante. Le compositeur, qui s’est spécialisé depuis plusieurs années dans les musiques d’horreur/suspense à base de sound design et d’électronique trafiqué, est surtout connu pour être l’indéfectible complice de Zack Snyder, pour lequel il a signé les musiques de « Dawn of the Dead », « 300 », « Watchmen » ou bien encore « Sucker Punch ». Rappelons que Tyler Bates avait suscité une certaine polémique lors de la sortie du film « 300 », pour lequel sa musique avait été en grande partie calquée note pour note sur celle de « Titus » d’Elliot Goldenthal – volonté farouche de la production et/ou exigence tyrannique des temp-tracks ? Certes, mais Tyler Bates ne s’en était guère accommodé et avait misé à fond sur le repompage intégral et sans vergogne du score de Goldenthal, sans aucun savoir-faire ni respect pour l’oeuvre originale. Depuis, le compositeur attitré de Snyder est régulièrement critiqué pour son manque de talent, ses musiques plates, insipides et souvent mal écrites, comme en témoigne l’énorme déception du score de Bates pour « Conan the Barbarian » version 2011. Hélas, ce n’est pas avec la bande originale de « The Darkest Hour » que les choses vont s’arranger pour le musicien, car, même si la musique fonctionne bien à l’écran, le score ne laissera aucun souvenir particulier : encore une fois, Tyler Bates sacrifie tout au profit du sound design et des bidouillages électroniques, privilégiant les nappes synthétiques et les atmosphères bruyantes pour évoquer la présence des aliens invisibles et de la menace qui pèse sur les survivants en plein coeur de Moscou. Bates pose le ton du score dès « Space », pour l’arrivée des aliens dans la ville. Il plane sur le morceau une ombre de mystère et de menace, largement relayée par les synthétiseurs, les nappes sonores et les rythmiques électro/techno modernes. Le caractère contemporain et électronique de ce premier morceau renforce clairement l’atmosphère de menace extra-terrestre du film, sans grande surprise particulière. « Northern Lights » confirme l’orientation électronique du score avec une série de nappes sonores brumeuses alors que des lumières apparaissent dans le ciel nocturne de Moscou, symbolisant l’arrivée des aliens. Dès lors, la musique fait place à une série de drones et de sound design plutôt efficace dans le film mais musicalement assez pauvre (on est loin de l’inventivité d’un Cliff Martinez par exemple !). Quand au climax cacophonique et dissonant de « Northern Lights », il ne laisse aucune ambiguïté quand aux motivations des envahisseurs.

L’action débute enfin dans « Night Club Attack », premier morceau d’action déchaîné lors de l’attaque des envahisseurs dans le night club moscovite. Quelques cordes, des samples et une pléiade de percussions ‘action’ synthétiques suffisent au compositeur pour accentuer la tension de cette attaque brutale qui tourne rapidement au carnage pour les humains. Ici, comme dans le reste du score de « The Darkest Hour », la thématique est quasi inexistante, hormis peut être vers la fin du film et du score : priorité aux atmosphères à suspense et aux envolées d’action percussives et cacophoniques ! L’atmosphère de la partition devient plus sombre et tendue dans « The Bridge Is Out » qui symbolise l’omniprésence du danger dans les rues de la ville, tout comme le lugubre « Crashed » et ses sonorités aigues étranges un brin expérimentales. La musique ménage le suspense et crée un sentiment latent d’attente angoissée dans « They’re Inside », pour le retour des aliens invisibles dans les rues où se cachent les quelques survivants. Tyler Bates met ici aussi l’accent sur les cordes staccatos (à la fois acoustiques et parfois synthétiques, voire résolument ‘cheap’ !), les nappes synthétiques, les percussions agressives, le tout baignant dans un climat atonal et dissonant de bonne facture mais sans la moindre once d’imagination. « Now What ? » ou « Moscow Streets » rappellent parfois, de par leur aspect synthétique bruitiste et un brin expérimental, le style des musiques horrifiques synthétiques des années 80, un style qui convient parfaitement à « The Darkest Hour » mais qui reste plat et ennuyeux en dehors des images. On appréciera néanmoins la façon dont Tyler Bates caractérise les aliens dans « Holy Shit ! » avec une série de drones industriels et graves, illustrant clairement le caractère étranger et menaçant des créatures invisibles. L’action reprend de plus belle dans l’intense « Dusted », « Train Yard Battle » et « Metro Shred », dans lequel Bates utilise des effets de guitare électrique filtrée et samplée pour renforcer la tension tragique à l’écran. Les choses changent dans « Say Goodbye » où la musique devient enfin plus intime et chaleureuse avec un semblant de mélodie confiée à un piano sur fond de nappe synthétique et de cordes. Quelques harmonies tonales et majeures voient enfin le jour à la fin de « Fighting Back », annonçant une première victoire pour les humains, tandis que « Looking Forward » développe un semblant de thème héroïque pour la partie finale, alors que les humains s’apprêtent dorénavant à contre-attaquer. L’espoir est enfin à l’ordre du jour pour cette coda solennelle et héroïque plutôt salvatrice, qui permet enfin d’entendre quelque chose d’un peu plus enthousiasmant. Tyler Bates signe donc un score atmosphérique et moderne pour « The Darkest Hour » efficace et intense dans le film, mais insipide et décevant sur l’album, un score somme toute assez ennuyeux et sans inspiration, qui rappelle encore une fois à quel point Tyler Bates est un compositeur décevant et très décrié par le public béophile en général, mais à qui on continue pourtant de confier régulièrement la musique de gros blockbusters hollywoodiens : une énième déception à rajouter au palmarès de Tyler Bates.




---Quentin Billard