tr> |
1-Wrath of the Titans 2.15
2-Humans Stopped Praying 4.10 3-Zeus in the Underworld 4.02 4-Attack of the Chimera 4.10 5-Son of Zeus 5.19 6-Pegasus 2.59 7-Andromeda 6.12 8-Cyclops 5.04 9-The Orb 6.44 10-Ares Fights 3.15 11-Perseus In The Labyrinth 6.23 12-Escape From Tartarus 4.17 13-To The Battle 4.33 14-Brother Ares 4.22 15-Zeus Leaves 5.33 16-Kronos Megalos (Remix) 5.07 Musique composée par: Javier Navarrette Editeur: WaterTower Music WTM39282 Album produit par: Javier Navarrette Artwork and pictures (c) 2012 Warner Bros. Pictures. All rights reserved. Note: *** |
WRATH OF THE TITANS
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Javier Navarrette
|
|
Après un premier épisode sorti en 2010 et largement malmené par les critiques et le public en général, les producteurs de la Warner Bros. ont décidé de rempiler contre toute attente pour un second opus, confié cette fois-ci à la caméra de Jonathan Liebesman, réalisateur de « The Killing Room » et « Battle : Los Angeles ». L’histoire se déroule dix ans après les événements du premier film. Sorti victorieux de son combat contre le Kraken, Persée (Sam Worthington) s’est retiré dans un petit village grec où il élève seul son jeune fils de dix ans Hélios. Mais le manque de dévotion des humains a considérablement affaibli les dieux de l’Olympe, qui n’arrivent plus à contrôler les gigantesques titans enfermés dans le Tartare. Hadès (Ralph Fiennes), le dieu des enfers, complote contre son frère Zeus (Liam Neeson) avec la complicité d’Arès (Edgar Ramirez), le dieu de la guerre. Ce dernier a passé un pacte avec le monstrueux Kronos, le chef des titans et père de Zeus, Hadès et Poséidon (Danny Huston). Kronos compte ainsi utiliser les pouvoirs de Zeus pour s’évader du Tartare et dévaster le monde, mais c’est sans compter sur la fougue de Persée, qui doit aujourd’hui combattre les titans sur le point de ravager le monde, obligeant la reine Andromède (Rosamund Pike) à lever une armée pour combattre les gigantesques monstres échappés du Tartare. Accompagné de la reine, d’Agénor (Toby Kebbell), le fils de Poséidon, et du dieu déchu Héphaïstos (Bill Nighy), qui a forgé le puissant triton de Poséidon, Persée se lance dans une nouvelle quête pour libérer son père Zeus et sauver l’humanité toute entière. Malgré tous les moyens mis en place (3D spectaculaire, effets spéciaux gigantesques, budget imposant – 150 millions de dollars, casting prestigieux), « Wrath of the Titans » parvient hélas à être encore plus mauvais que le premier opus, déjà très décrié à son époque. Jonathn Liebesman reste fidèle à son sens du spectacle, notamment dans les séquences de bataille, totalement démesurées, dans la lignée de son récent « Battle : Los Angeles ». En revanche, intérêt zéro en ce qui concerne le scénario et les dialogues, d’une nullité incroyable, à peine digne d’un dessin animé pour les moins de 5 ans. Le script tient sur une ligne et ressemble davantage au scénario d’un jeu vidéo qu’à celui d’un vrai péplum mythologique : d’ailleurs, « Wrath of the Titans » est très clairement influencé par les jeux vidéos de type « God of War », « Skyrim » ou « World of Warcraft ». Privilégiant l’action au détriment de tout enjeu dramatique, Jonathan Liebesman accouche d’un blockbuster insipide et fade, certes visuellement grandiose, mais totalement raté dans son exploitation de l’histoire (nulle) et des personnages à la psychologie inexistante. Le film est mécanique, froid et sans âme, et parvient même à nous faire regretter le premier opus de Louis Leterrier. Quand au casting, on a du mal à croire que des acteurs aussi talentueux que Liam Neeson ou Ralph Fiennes viennent perdre leur temps dans ce navet à gros budget qui ne rend guère justice à leurs incroyables talents de comédien. Restent quelques scènes de bataille impressionnantes (l’affrontement contre les cyclopes, l’attaque du chimère, la bataille finale contre Kronos), des effets spéciaux réussis et quelques allusions aux créatures et héros de la mythologie grecque, mais rien qui mérite vraiment le détour !
Alors que Brian Tyler fut initialement pressenti pour écrire la musique de « Wrath of the Titans », l’équipe du film prit une décision inattendue, celle de confier la partition musicale à Javier Navarette, compositeur espagnol peu habitué aux blockbusters hollywoodiens de cette envergure – on lui doit entre autre des scores tels que « El espinazo del diablo », « Pan’s Labyrinth» ou bien encore « Mirrors » - Il faut dire que Navarette est connu pour son style musical souvent complexe, élégant et bien plus intelligent que la plupart des compositions pour des blockbusters U.S. de cette envergure. C’est pourquoi sa participation à « Wrath of the Titans » est aussi stupéfiante qu’inattendue, tout comme les raisons de son engagement sur le film – le long-métrage ayant été tourné principalement en Espagne, la production souhaitait engager un compositeur espagnol originaire des environs – A l’instar de Patrick Doyle sur « Thor » (2011), Javier Navarrette s’est vu confier la lourde tâche d’écrire une musique épousant totalement les standards musicaux du genre, à savoir le son et le style des productions Remote Control, célèbre studio d’Hans Zimmer qui a su imposer son style dans le cinéma et les médias en général et qui est plus que jamais LE son à la mode depuis les années 2000. Ce choix désespérément facile et atrocement prévisible renvoie clairement au principal problème des musiques de blockbuster hollywoodien d’aujourd’hui, à savoir une uniformatisation dangereuse de la musique au cinéma essentiellement due à des impératifs commerciaux insupportables et à l’omniprésence ahurissante des productions Remote Control et co. Bon nombre de compositeurs hollywoodiens ont été obligés de se plier à cet exercice de style imposé et envahissant, qu’il s’agisse de Pat Doyle sur « Thor » ou « Rise of the Planet of the Apes », mais aussi Alan Silvestri sur « The A-Team », James Horner sur « The Amazing Spider-Man » ou James Newton Howard sur « The Hunger Games », des musiciens au style personnel qui n’avaient pourtant rien à voir à l’origine avec les productions Remote Control (hormis peut être James Newton Howard). Il faut d’ailleurs rappeler que pour parvenir à ses fins, Navarrette, dont le style Remote Control lui était assez étranger, consulta Hans Zimmer à plusieurs reprises avant de débuter la composition du score de « Wrath of the Titans ». Le résultat, évidemment très prévisible, n’est pourtant pas si déshonorant et reste malgré tout largement supérieur à ce qu’a fait Ramin Djawadi sur le premier épisode sorti en 2010, le tout servi par les orchestrations de Nicholas Dodd. Navarrette reprend ainsi le style et l’esthétique musicale de « Clash of the Titans » tout en proposant un nouveau thème principal, une mélodie ample, héroïque et solide dévoilée rapidement dans le film (« Wrath of the Titans »), et omniprésente tout au long de l’aventure. Elle accompagne constamment Persée et ses amis dans leur quête pour sauver l’humanité, à grand renfort de cuivres massifs, d’ostinati de cordes, de choeurs et de percussions typiques des musiques d’action à la Remote Control. Ce thème simple et mémorable illustre parfaitement la dimension épique et héroïque du film et restera très présent à l’écran, bien qu’un peu trop constamment répété. Dommage cependant qu’il n’existe aucun autre thème secondaire pour pouvoir contrebalancer à l’écran l’impact du thème principal associé à Persée. « Humans Stopped Praying » impose le son du score à grand renfort de percussions, loops synthétiques et orchestre dominé par les cordes, les cuivres et les choeurs. A noter une chorale masculine épique et imposante, qui renforce la dimension mythologique et grandiose du film, avec des paroles grecques écrites par Javier Navarrette lui-même pour les besoins du film – les paroles sont en partie basées sur le livre « Théogonie » d’Hésiode, écrit environ 700 ans avant J-C et qui relate les origines des Dieux de la Grèce Antique - Autre élément important : l’utilisation d’instruments ethniques évoquant des sonorités orientales traditionnelles, comme c’est par exemple le cas dans « Son of Zeus ». Navarrette utilise ici un mélange de shehnai (sorte de hautbois indien), violoncelle électrique et instrument à vent pour concevoir la partie plus ethnique/arabisante de la partition de « Wrath of the Titans », afin d’évoquer un son plus antique et traditionnel. Malgré bon nombre de concession faite au style Remote Control, Javier Navarrette parvient à nous proposer quelques idées intéressantes, comme cette utilisation remarquable de glissandi dissonants des choeurs dans « Zeus in the Underworld », évoquant l’emprisonnement de Zeus dans les enfers. L’aspect dissonant des voix dont les cris semblent surgir de l’au-delà renforcent à l’écran la dimension terrifiante du monde souterrain gardé par Hadès, tandis que la chorale mixte alterne entre passages chantés en langue grecque et cris chaotiques. Mais le principal mot d’ordre de Navarrette sur « Wrath of the Titans » semble avoir été l’action, comme le confirme la partie finale de « Zeus in the Underworld » ou de quelques déchaînements orchestraux comme le frénétique et excitant « Attack of the Chimera » ou le massif « Cyclops », durant lesquels le compositeur barcelonais évoque les monstrueux titans à grand renfort de cuivres, choeurs, percussions et loops synthétiques divers. « Attack of the Chimera » est un morceau d’action rapide et nerveux largement dominé par l’écriture soutenue et cuivrée de l’orchestre, le tout ponctué de différents éléments percussifs, à la fois acoustiques ou électroniques. Ce sont d’ailleurs ces passages orchestraux qui nous permettent clairement d’affirmer que le travail de Navarrette est techniquement supérieur à ce qu’a fait Djawadi sur le premier film. Autres morceaux d’action épiques et colossaux : « Ares Fights », « Perseus In The Labyrinth » ou bien encore « Brother Ares », accompagnant la grande bataille finale contre Kronos, des morceaux d’une intensité parfois saisissante, que ce soit dans l’utilisation des percussions, du pupitre assez démesuré des cuivres, des choeurs ou des synthétiseurs, sans oublier les incessantes allusions au thème principal héroïque de Persée. L’écriture orchestrale atteint parfois un niveau de complexité ahurissant durant ces grands déchaînements d’action épiques, même si l’ensemble reste constamment plombé par cette esthétique Remote Control impersonnelle au possible et assez laborieuse voire inutile. La plupart des pièces restent suffisamment longues pour permettre au compositeur de développer pleinement ses ambiances et ses sonorités, qu’il s’agisse de la musique des dieux, des héros ou des titans (« Andromeda », « Perseus In The Labyrinth » et « The Orb » dépassent ainsi allègrement les 6 minutes). Javier Navarrette signe donc un score d’action épique et puissant pour « Wrath of the Titans », dans lequel le musicien espagnol a été obligé de se plier à son tour aux exigences de la musique d’action made in Hans Zimmer et co, un style que Navarrette a visiblement bien cerné et parfaitement digéré durant sa composition pour « Wrath of the Titans ». Le résultat, évidemment impersonnel au maximum, séduira les fans du premier score de Ramin Djawadi et les amateurs de grande musique d’action épique typique des années 2000. Mais ceux qui s’attendaient à retrouver le nouveau grand opus musical de Javier Navarrette risquent fort d’être déçus, car « Wrath of the Titans » est à coup sûr son travail le moins personnel et le moins intéressant pour le cinéma américain, bien que l’ensemble reste néanmoins suffisamment réussi à l’écran (comme sur l’album) pour retenir un minimum notre attention. Piètre consolation et triste constat que celui d’une industrie musicale hollywoodienne en panne d’idée, englué dans un style uniforme et incroyablement gonflant, qui touche même des compositeurs autrefois intègres, avec un vrai point de vue musical et artistique. « Wrath of the Titans » reste donc un bon score d’action épique mais risque fort d’en agacer plus d’un, à commencer par les détracteurs du style Remote Control : fans de Javier Navarrette, prenez gare à la chute ! ---Quentin Billard |