1-Dara and Sunny,
Arriving in Bangkok 3.04
2-Going to Beg 0.35
3-The Accident 1.32
4-Rescuing Dara 2.30
5-Poachers 1.47
6-Return of the Patrol 1.33
7-Happy Together 1.18
8-Fire! 2.26
9-Boon's Death 0.55
10-By the River 1.32
11-Ready to Fight 1.18
12-Go To The Temple 1.09
13-Waterfalls 1.17
14-Mysteries 3.43
15-Sunny's First Patrol 2.43
16-Becoming A Man 4.33
17-They Got Prisoners! 2.55
18-So Close To Danger 2.35
19-Escape 1.30
20-Final Battle 2.58
21-Baby Tigers 0.38
22-Guilty 0.35
23-Cool! 2.18
24-Dara and Sunny 4.02
25-End Credits 1.23

Musique  composée par:

Joe Hisaishi

Editeur:

Cristal Records CR 141

Album produit par:
Joe Hisaishi

(c) 2008 Canal+/France 2 Cinéma/Les Productions JMH/MC4 Productions/Téléclub. All rights reserved.

Note: ***
SUNNY ET L'ÉLÉPHANT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joe Hisaishi
Passé totalement inaperçu à sa sortie dans les salles françaises en 2008, « Sunny et l’éléphant » est le premier long-métrage de Frédéric Lepage et Olivier Horlait. Romancier, producteur pour la télévision et réalisateur, Lepage se spécialisa rapidement dans le registre du documentaire (on lui doit entre autre les séries documentaires « Chroniques de l’Afrique sauvage » et « Chroniques du dernier continent »). C’est lors d’un tournage en Australie que le réalisateur fit une escale à Bangkok en Thaïlande et découvrit ce pays qui le fascina au plus haut point et l’attira tout particulièrement. C’est sur ce coup de coeur qu’est né le film « Sunny et l’éléphant ». Epaulé par le réalisateur Olivier Horlait, Frédéric Lepage souhaitait ainsi raconter une histoire simple et universelle qui puisse toucher tous les publics, avec comme toile de fond la rencontre entre l’homme et la nature. L’histoire se déroule dans les forêts vierges du nord de la Thaïlande. Sunny (Keith Chin), un jeune adolescent, rêve de devenir un jour cornac – maître, guide et soigneur d’éléphant - mais son vieux maître Boon (Grikgiat Punnpipatt) s’y oppose, pensant qu’il n’est pas prêt à assumer cette prestigieuse fonction. Hélas, l’avancée de l’industrie et la mécanisation en masse des exploitations forestières obligent les cornacs et leurs éléphants à quitter les forêts pour partir vivre en ville. Aujourd’hui, ils n’ont plus d’autre choix que celui de partir se réfugier à Bangkok, où ils vont tenter de survivre comme ils le peuvent avec leurs animaux, vivant de l’aumône des touristes. Mais un jour, Nicholas (Simon Woods), un jeune vétérinaire européen, fait la connaissance des cornacs et propose à Boon et ses semblables de les ramener dans la forêt pour faire d’eux des gardes forestiers. Avec son éléphante Dana, Sunny va tenter sa chance et saisir l’occasion que lui offre Nicholas pour prouver à Boon de quoi il est réellement capable. « Sunny et l’éléphant » est un petit film sans grande prétention qui raconte ainsi une histoire simple avec des personnages simples. On y découvre surtout la vie et les coutumes des cornacs, un sujet rarement abordé au cinéma et qui prend ici des allures de documentaire, évoquant par la même occasion les traditions du peuple Karen (venu d’Indonésie), l’opposition entre la modernité des grandes villes et les coutumes et croyances ancestrales, mais aussi la rencontre entre la culture européenne (le personnage du vétérinaire Nicholas) et asiatique (les cornacs), sans oublier l’éléphante Dara, personnage-clé du film, avec laquelle le jeune Sunny vivra une grande aventure pleine de rebondissements, d’émotions et de dangers, allant même jusqu’à traquer un groupe de dangereux businessmen sans scrupules qui cherchent à capturer les animaux pour exproprier les cornacs de chez eux et raser la forêt afin d’y construire à la place des buildings. Evidemment, le scénario reste simple et sans surprise, avec un message écologique un peu manichéen essentiellement destiné à un jeune public, bien que « Sunny et l’éléphant » s’adresse à tout le monde, les petits comme les grands. Le film fait parfois sourire devant sa naïveté et son innocence un peu désuète mais néanmoins rafraîchissante, même si tout cela semble parfois très (trop ?) gentillet, notamment dans la façon d’évoquer les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Néanmoins, le spectacle est complètement assuré grâce à l’immense beauté des décors thaïlandais, le jeu des comédiens et des éléphants (cf. l’impressionnante scène du sauvetage de l’éléphant tombé dans un trou sur un chantier), un film finalement très sympathique tout en étant assez anecdotique et inoffensif, une jolie fable dépaysante et rafraîchissante.

Alors que le pari semblait insensée à l’origine, Frédéric Lepage eut l’idée de confier la musique de « Sunny et l’éléphant » à Joe Hisaishi, compositeur attitré d’Hayao Miyazaki (et anciennement de Takeshi Kitano). Pour Lepage, Hisaishi représentait un choix idéal, car il fallait trouver un musicien capable d’évoquer la nature, la sensibilité et l’environnement du film, et le compositeur japonais représentait tout cela à la fois. Grâce à l’acharnement du producteur Jean-Pierre Bailly, Frédéric Lepage a finalement réussi à contacter Joe Hisaishi et à communiquer régulièrement avec le maestro nippon au sujet de son film. Quelques mois plus tard, Hisaishi signait pour « Sunny et l’éléphant » et livrait une nouvelle grande partition orchestrale belle, élégante, énergique et rafraîchissante. Rappelons d’ailleurs que ce n’est pas la première fois qu’Hisaishi compose pour un film français puisque le musicien avait déjà écrit en 2001 la musique du film « Le Petit Poucet » d’Olivier Dahan. Pour « Sunny et l’éléphant », Hisaishi, qui a enregistré sa partition à Tokyo, utilise l’orchestre symphonique habituel agrémenté d’un ensemble de percussions asiatiques évoquant les décors de la forêt thaïlandaise et de quelques instruments ethniques dont la cithare ou le didgeridoo australien qui apportent une couleur supplémentaire appréciable à la musique du film. Au niveau des orchestrations, le score privilégie comme souvent chez Hisaishi les bois et le piano (interprété par le compositeur lui-même), avec quelques cordes et une poignée de cuivres. On y retrouve le style habituel d’Hisaishi, notamment au niveau mélodique, puisque le musicien nous livre un très joli thème principal évoquant l’aventure des cornacs, thème agréable évoquant le lien qui unit l’homme et son éléphant tout en évoquant la beauté de la nature. Introduit dès le début du film, le thème principal est dominé par une mélodie de piano (« Dara and Sunny, Arriving in Bangkok ») sur fond de petites percussions, bois, cordes et instruments ethniques. Pour Hisaishi, ce très beau thème représente aussi l’accomplissement initiatique du jeune Sunny avec son éléphante Dara, thème dont les premières notes, plutôt douces et posées, évoluent très vite vers une envolée pour piano et orchestre plus aérienne, généreuse et émouvante, à l’image de l’aventure du jeune héros et de son fidèle animal. Le second thème de la partition apparaît dans « Return of the Patrol », thème énergique et rythmé toujours confié au piano sur fond de cordes, bois, percussions et instruments ethniques. Ce thème évoquant les gardes forestiers et s’impose par son optimisme rafraîchissant et son enthousiasme innocent et communicatif, une autre jolie réussite de la partition de « Sunny et l’éléphant ». Ce thème revient d’ailleurs dans « Waterfalls », avec toujours cette même énergie communicative et extrêmement positive. Manifestement, Hisaishi se fait plaisir et reste fidèle à sa personnalité musicale reconnaissable entre mille, que ce soit dans l’écriture, les harmonies, les couleurs instrumentales et les mélodies. Même les quelques passages d’action comme le dramatique « The Accident » ou « Rescuing Dara » (scène du sauvetage de Dara dans le trou du chantier) font réellement plaisir à entendre, tant l’on sent le compositeur sincère et intègre dans son propos musical, renouant avec un style et une esthétique proche de ses travaux pour Miyazaki.

A vrai dire, l’influence des travaux d’Hisaishi pour Miyazaki est très reconnaissable tout au long de « Sunny et l’éléphant » (tout comme elle l’était de façon tout aussi évidente dans « Le Petit Poucet ») : les premières notes du thème principal de Sunny et Dara ne sont pas sans rappeler le morceau final du score de « Princesse Mononoké », tandis qu’un morceau d’action très classique d’esprit comme « Rescuing Dara » rappellent beaucoup certains passages plus agités du « Voyage de Chihiro » ou du « Château ambulant ». Dans « Happy Together », Hisaishi renoue avec son style intime et poétique habituel, avec un très beau morceau empreint d’une délicatesse nostalgique pour piano et orchestre. L’action n’est pas en reste avec notamment l’agité « Fire ! » et son écriture contrapuntique des cordes, le déterminé « Ready to Fight » ou le dramatique « Boon’s Death » pour la mort du vieux maître de Sunny, avec une utilisation plus étonnante d’un choeur synthétique funèbre. Le thème principal est aussi repris sous une forme plus lente et émouvante dans « By the River » et « Go to the Temple » aux bois et aux cordes. On retrouve l’esthétique symphonique japonaise typique de Joe Hisaishi dans « Mysteries », qui apporte un soupçon de calme et de mystère poétique avec son écriture élégante des cordes, son piano intime et son utilisation très nippone des harmonies répétitives des bois. Dans « Becoming a Man », Hisaishi va même jusqu’à utiliser une échelle pentatonique très asiatique d’esprit par le biais de synthétiseurs cristallins et de pizzicati de cordes – impossible ici aussi de ne pas ressentir l’influence de ses travaux pour Miyazaki – On appréciera enfin l’héroïsme optimiste et militaire de « They got Prisoners ! », la menace de « So close to Danger » (évoquant les bad guys du film), la tension de « Escape » ou les percussions quasi guerrières pour la confrontation finale dans le solide « Final Battle ». A noter d’ailleurs qu’Hisaishi développe plus intensément un thème pour les méchants à partir de « Fire ! » (dès 0:09 aux cordes et aux bois à partir de 1:40), motif plus intriguant que foncièrement menaçant, repris ensuite dans « Mysteries » à la clarinette à 1:13 et dans « So close to Danger ». Le thème des méchants est constitué d’une série de huit notes répétitives développées de façon protéiforme - dès 0:07 aux cuivres dans « So close to Danger », puis à 0:47 dans « Escape », et à 1:34 dans « Final Battle »- et qui servira même de formule rythmique dans les derniers morceaux d’action du score. Le motif des méchants revient une dernière fois dans « Guilty » lorsque le chef du complot est finalement démasqué. Enfin, « Cool ! » reprend le thème optimiste de « Return of the Patrol » tandis que le thème principal de Sunny et Dara revient une dernière fois pour conclure le générique de fin dans « Dara and Sunny, End Credits ». L’ensemble reste donc suffisamment solide et attachant pour susciter l’intérêt, même s’il s’agit ici d’une composition anecdotique en regard de partitions plus importantes de Joe Hisaishi. Si « Sunny et l’éléphant » n’a rien du nouveau chef-d’oeuvre du maestro japonais, il n’en demeure pas moins un très bon score frais, énergique et entraînant, une très belle partition sympathique et attachante, à l’instar du film lui-même. A noter d’ailleurs que – et c’est suffisamment rare pour le signaler – le film valorise largement le travail d’Hisaishi à l’écran, le score étant très présent et nettement mis en avant, une initiative fort intéressante et rarissime pour un film français de ce genre. Toujours est-il que la partition de « Sunny et l’éléphant » saura satisfaire les fans d’Hisaishi, en attendant de futures partitions pour d’autres films français plus ambitieux et surtout plus exigeants : à suivre, donc !




---Quentin Billard