1-Aibilene 3.07
2-Them Fools 2.50
3-Upside-Down Cake 1.22
4-Mississippi 3.50
5-Heart Palpitations 1.43
6-The Help 2.19
7-Jim Crow 1.45
8-Skeeter 1.03
9-Miss Hilly 1.14
10-Write That Down 1.38
11-Bottom of the List 3.23
12-Deviled Eggs 2.03
13-First White Baby 2.00
14-Celia Digs 2.06
15-November 22 1.12
16-Not to Die 1.28
17-My Son 2.51
18-Trash on the Road 1.37
19-The Terrible Awful 2.57
20-Constantine 4.09
21-Gripping Testimonials 1.32
22-Sugar 1.50
23-Amen 3.06
24-Mile High Meringue 2.00
25-Ain't You Tired (End Title) 6.29

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 114 2

Produit par:
Thomas Newman, Bill Bernstein
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction musicale pour
DreamWorks:
Jennifer Hawks
Orchestrations de:
J.A.C. Redford
Monteur musique:
Bill Bernstein
Assistant montage:
Michael Zainer
Contrats musicaux:
Leslie Morris
Coordination audio:
George Doering
Coordination digitale:
Ernest Lee
Préparation musique:
Reprise Music Services

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 DreamWorks II Distribution Co., LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE HELP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
ime« The Help » (La couleur des sentiments) est l’adaptation cinématographique du roman de Kathryn Stockett sorti en 2009. Le film est sorti en 2011, réalisé par Tate Taylor et co-produit par DreamWorks – on retrouve Chris Columbus à la production – « The Help » a été tourné pour un budget assez modeste (environ 25 millions de dollars) mais a été un grand succès à sa sortie au cinéma, récompensé par l’Oscar 2012 de la meilleure actrice dans un second rôle pour Octavia Spencer. « The Help » nous plonge dans l’Amérique des années 60 en pleine époque de la ségrégation raciale. L’histoire se déroule dans la petite ville de Jackson dans le Mississippi. Aibileen Clark (Viola Davis) est une femme de ménage noire qui travaille chez une dame raciste et exécrable, Hilly Holbrook (Bryce Dallas-Howard). Cela fait maintenant une quarantaine d’années qu’Aibileen travaille chez les Holbrook, s’occupant non seulement du ménage mais aussi de la cuisine et des enfants, avec qui elle s’entend merveilleusement bien. Aibileen sait que ses conditions de travail sont difficiles et qu’elle est considérée comme une moins que rien à cause de sa couleur de peau, mais dans l’Amérique raciste des années 60, elle a appris à faire avec et à se taire afin de conserver son emploi coûte que coûte. Son amie Minny Jackson (Octavia Spencer) est elle aussi une femme de ménage noire connue pour ses talents culinaires exceptionnels, mais à l’inverse d’Aibileen, Minny est insolente et ne sait pas tenir sa langue. Elle vient d’ailleurs tout juste d’être renvoyée de son boulot. Et puis, il y a la vieille Constantine (Cicely Tyson), qui travailla longtemps pour le compte des Phelan avant d’être brusquement renvoyée par la famille pour des raisons inavouables. Skeeter (Emma Stone), la fille des Phelan, vient tout juste de revenir à Jackson après avoir décroché son diplôme à l’université de Mississippi, et découvre que Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant 22 ans, a quitté la maison. Sceptique, Skeeter sait que Constantine ne serait jamais partie sans lui dire au revoir et reste convaincue qu’il s’est passé quelque chose de grave durant son absence. Constatant la façon dont les femmes de ménage noires sont traitées en ville, Skeeter décide de réagir et se lance dans l’écriture d’un livre intitulé « The Help », en recueillant les témoignages divers d’Aibileen, Minny et leurs camarades. Objectif du livre : proposer un témoignage réaliste et sans concession de l’existence difficile de ces travailleuses noires traitées comme des chiens, afin de bousculer les mentalités et de faire réagir les habitants d’une ville conservatrice qui refuse tout changement, là où le racisme est encore malheureusement assez vivace. « The Help » est au final une jolie réussite de bout en bout, un drame intimiste évoquant la ségrégation raciale dans l’Amérique des sixties, qui doit beaucoup à ses interprètes féminines, à commencer par Viola Davis, Emma Stone, Jessica Chastain, Bryce Dallas-Howard et l’excellente Octavia Spencer, récompensée justement en 2012 par l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Quand au film, il a lui-même été nominé à trois reprises aux Oscars 2012 (dans la catégorie « meilleur film », « meilleure actrice » pour Viola Davis et « meilleure actrice dans un second rôle » pour Jessica Chastain) et reste très fidèle au roman original de Kathryn Stockett, un film engagé et bouleversant évoquant la lutte pour les droits civiques des noirs aux Etats-Unis, et qui reste l’un des plus beaux succès surprises du cinéma américain de 2011, réalisé de façon sensible et sans artifice particulier.

« The Help » offre à nouveau l’occasion au compositeur Thomas Newman de nous offrir une nouvelle partition minimaliste et intimiste dans la lignée de ses précédents travaux pour des drames ou des comédies dramatiques, tout en évoquant par la même occasion les sonorités musicales de la région du Mississippi et du sud des Etats-Unis, un peu comme il le fit en 1991 sur le film « Fried Green Tomatoes ». Encore une fois, et comme souvent chez Thomas Newman, l’instrumentation est originale et très particulière, nous obligeant ainsi à récapituler le listing des musiciens indiqués sur l’album : parmi les interprètes de la musique de « The Help », et en plus du traditionnel Hollywood Studio Symphony pour les parties orchestrales, on trouve donc l’indispensable George Doering aux guitares (ukulélé, cithare, harpe éolienne, dulcimer, cavaquinho), Steve Tavaglione aux vents (clarinettes, flûte, flûte alto, harmonica de verre, piano, hang, cristal baschet), Rick Cox aux effets sonores (sifflet, voix, effets sonores métalliques/vents, etc.), Michael Fisher aux percussions (cymbales avec balais, marimba, udu nigérien, wave drum, vibraphone, shaker, vases), Sid Page au violon soliste, Steve Kujala à la flûte et flûte alto, et Katie Kirkpatrick à la harpe. Dès les premiers instants du film, Thomas Newman pose les bases de sa partition avec « Aibilene », introduction intime, poignante et délicate à base de cordes, nappes synthétiques planantes, piano en écho, flûte et guitares. Le morceau évolue lentement d’une douce mélancolie touchante à une énergie plus optimiste et un final plus rythmé et enthousiaste. On reconnaît aisément ici le style intime et minimaliste habituel de Thomas Newman, pour une introduction résumant parfaitement l’esprit du film de Tate Taylor. Le piano reste l’élément clé du score, comme le rappelle le touchant « Them Fools » avec ses notes délicates de piano, du violon soliste et des harmonies planantes des cordes. Le score oscillera ainsi tout au long du film entre optimisme réconfortant et moments de mélancolie plus délicate (et poétique), comme souvent chez Thomas Newman. Un morceau comme « Upside-Down Cake » est ainsi très représentatif du style minimaliste habituel de Newman dans le jeu des instruments solistes, qu’il s’agisse de l’indispensable piano, des guitares, de la basse et des cordes (à noter l’absence totale de cuivres dans la partie orchestrale du Hollywood Studio Symphony !). La musique suit à l’écran les péripéties de cette galerie de personnages féminins forts tout en surlignant habilement et avec pudeur les sentiments de Skeeter, Aibileen, Minny ou l’épouvantable Hilly Holbrook. Newman joue sur une retenue très personnelle dans « Mississippi » en confiant une partie de ses morceaux aux solistes, avec l’omniprésence du piano et des guitares, qui rappellent les sonorités traditionnelles du sud des Etats-Unis et de la région du Mississippi (cf. « Heart Palpitations »). Dans « The Help », le compositeur évoque le rapprochement de Skeeter et du groupe de bonnes en utilisant piano, flûte exotique, harpe, guitares, sonorités cristallines et cordes pour parvenir à ses fins. Ici aussi, il règne dans la musique une pudeur et une poésie contemplative extrêmement touchante, qui rappelle encore une fois pourquoi Thomas Newman est l’un des compositeurs américains les plus appréciés à Hollywood, et ce depuis plus de trois décennies déjà.

Un morceau comme « Jim Crow » fait quand à lui la part belle aux guitares ‘americana’ traditionnelles pour évoquer la petite ville de Jackson et ses habitants, tandis que « Skeeter » met davantage l’accent sur les rythmes chers à Thomas Newman pour surligner la détermination de Skeeter à rédiger son livre et lutter à sa façon contre le racisme et les préjugés ambiants. A contrario, « Miss Hilly » se veut plus sombre et sarcastique pour évoquer le personnage de Bryce Dallas-Howard dans le film, avec un ton à la fois espiègle et plus malicieux que réellement ‘méchant’. Newman tourne d’ailleurs quelque peu en ridicule le personnage d’Hilly Holbrook en accentuant davantage sa bêtise que sa méchanceté par le biais de pizzicati espiègles et de quelques ponctuations instrumentales discrètes. On retrouve d’ailleurs ce côté légèrement humoristique dans « The Terrible Awful », pour la fameuse scène des excréments dans le cake, Newman reprenant ici les pizzicati avec guitares, cithare, vibraphone, clarinette, cordes et shaker au rythme malicieusement dansant. Evidemment, le compositeur n’oublie pas pour autant l’émotion du film dans le touchant « Write That Down », où il suggère les doutes et les sentiments d’Aibileen, Minny et Skeeter, tout comme les dramatiques « Bottom of the List » et « Celia Digs » avec leurs sonorités synthétiques graves et inquiétantes, ou les mélancoliques « First White Baby » et « November 22 » évoquant les souvenirs des bonnes. Le motif de guitares americana de « Jim Crow » revient dans « My Son » tout comme le thème de piano introductif de « Aibileen », qui revient à quelques reprises dans le film, et surtout dans l’émouvante conclusion de « Ain’t You Tired (End Title) ». L’émotion et lyrisme sont d’ailleurs les maîtres mots de cette partition extrêmement touchante, comme le rappellent les poétiques « Amen » (probablement l’un des plus beaux morceaux de la partition) et « Constantine ». Encore une fois, Thomas Newman signe une partition dramatique et intimiste à l’émotion quasi palpable à chaque instant, le tout enrobé d’une fraîcheur poétique, d’une pudeur et d’un minimalisme qui sied à merveille à l’ambiance du film de Tate Taylor. Sans jamais en faire de trop, la musique de « The Help » conserve cette approche émotionnelle évidente tout en restant très proche des personnages principaux du film. Le score suggère leurs sentiments, leurs pensées et leur combat de chaque instant, aux uns comme aux autres, avec toujours ce profond respect du compositeur pour le jeu des comédiens et la psychologie des personnages. Suivant les traces de partitions telles que « Fried Green Tomatoes », « American Beauty », « Road to Perdition » ou bien encore « Pay It Forward », Thomas Newman nous livre pour « The Help » un nouveau score indiscutablement personnel et émouvant, et qui, à défaut d’apporter quoique ce soit de nouveau à l’univers musical si singulier du musicien américain (qui ne prend ici aucun risque), confirme le talent indéniable de Thomas Newman dans le registre des films intimistes et dramatiques. Une jolie réussite, en somme !




---Quentin Billard