1-Vietnam Jungle 1.33
2-The Explosion 1.40
3-Unisols on Fire 2.37
4-Mc Gregor 1.51
5-Grand Canyon 5.20
6-I'm Already Dead 1.45
7-The Truck 1.42
8-Escape from Airfield 6.15
9-Hoover Dam Takeover 5.28
10-Security Deposit 3.43
11-Going Home 1.54
12-The Fight 3.58
13-Back from Dead 0.47
14-Finale 1.31

Musique  composée par:

Christopher Franke

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5373

Producteur exécutif:
Robert Townson
Assistant exécutif CD:
Tom Null
Enregistré et produit par:
Richard E.Roth

Artwork and pictures (c) 1992 Carolco Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
UNIVERSAL SOLDIER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Franke
Réalisé deux ans après « Moon 44 » (1990), première production hollywoodienne du réalisateur allemand Roland Emmerich (surnommée le « maître du désastre »), « Universal Soldier » connaît un certain succès dès sa sortie en salle en 1992 et devient le premier opus d’une franchise comptant ainsi plusieurs suites dont un deuxième film sorti au cinéma en 1999 (« Universal Soldier : The Return »), et un troisième opus sorti en direct-to-video (« Universal Soldier : Regeneration ») en 2009, sans oublier un quatrième épisode en 3D tourné par John Hyams et prévu pour 2012. La franchise contient aussi deux téléfilms de bas étage sortis tous deux en 1998, « Universal Soldier II : Brothers in Arms » et « Universal Soldier III : Unfinished Business », avec des acteurs de second rang. Pour le tout premier épisode – et le seul véritablement digne d’intérêt – Jean-Claude Van Damme y interprète Luc Deveraux, un soldat américain plongé en plein coeur de la Guerre du Vietnam en 1969. Une nuit, dans un village en plein coeur de la jungle, Deveraux surprend son supérieur le sergent Andrew Scott (Dolph Lundgren) en train de massacrer des villageois. Deveraux et Scott s’entretuent et leurs corps sont rapatriés par l’armée américaine dans le secret le plus total. 25 ans plus tard, ils deviennent comme beaucoup d’autres soldats tués des UNI-SOL : des cadavres de militaires qui ont été ramenés à la vie et programmés pour obéir aux ordres sans jamais discuter. Les UNI-SOL sont deux fois plus résistants que n’importe quel soldat vivant et ne ressentent aucune émotion. Pour l’armée américaine, ils forment une force d’élite secrète et implacable. Une nuit, une journaliste intrépide, Veronica Roberts (Ally Walker), s’introduit dans un complexe scientifique de l’armée et prend des photos du corps congelé d’un UNI-SOL. Considérée comme une menace, le colonel Perry (Ed O’Ross), responsable du projet, ordonne aux UNI-SOL de la retrouver et de l’éliminer, mais l’un d’entre eux, qui s’avère être Luc Deveraux, ressent soudainement des émotions et se souvient du Vietnam : il décide alors d’aider Veronica et s’enfuit avec elle. Pour Luc, il s’agit surtout de se souvenir de son passé et de ce qui lui est arrivé après la guerre. Pendant ce temps, Andrew Scott, devenu enragé, tue les membres du projet et décide de traquer Veronica et Deveraux afin de régler un contentieux datant de près de 25 ans. « Universal Soldier » reste un hit dans la carrière de Jean-Claude Van Damme. Prévu à l’origine pour Andrew Davis (« Under Siege », « The Fugitive »), le film d’Emmerich, tourné pour un budget modeste pour l’époque (20 millions de dollars), affiche ses bonnes intentions dès les premières 10 minutes, avec une intrigue de science-fiction intéressante, mais malheureusement totalement évacuée par la suite. Ainsi donc, « Universal Soldier » se résume essentiellement à un actionner décérébré où le bad guy poursuit le héros pendant plus d’une heure jusqu’à l’inévitable et sanglante confrontation finale – s’en suit une mise à mort du méchant plutôt gore, même pour l’époque – Le film n’a pas trop vieilli et tient toujours la route, mais on regrettera la banalité d’un script paresseux et d’un film qui hésite parfois trop entre l’action et la comédie. Effectivement, afin de tempérer la violence relative du film, les producteurs décidèrent d’apporter un peu d’humour en ponctuant le récit de quelques gags, notamment lorsque Van Damme découvre la nourriture humaine dans un fast-food peuplé de rednecks ricains totalement stéréotypés (s’en suit une grosse bagarre durant laquelle notre cher karatéka belge nous rappelle ses dons de sportif surentraîné !), un humour qui frôle par moment le nanar pur et dur. Et que dire de ces scènes avec Ally Walker, qui apporte une légèreté étrange à ses scènes avec Van Damme, à commencer par une séquence hilarante où Veronica recherche la puce électronique cachée dans le corps de Deveraux, avant de finir par s’arrêter sur ses parties intimes et de demander nonchalamment si la puce est censée se trouver là. Reste que pour beaucoup, « Universal Soldier »
reste l’un des meilleurs films de Jean-Claude Van Damme et Dolph Lundgren, sans être pour autant particulièrement mémorable. Quand à Roland Emmerich, il a indéniablement fait bien mieux depuis !

La partition de « Universal Soldier » a été confiée à Christopher Franke, compositeur allemand connu pour son travail sur la série TV « Babylon 5 » et membre du groupe de musique électro Tangerine Dream. Batteur et claviériste, Christopher Franke fonda en 1991 son propre label, Sonic Images, et créa peu de temps après le Berlin Symphonic Film Orchestra. Pour « Universal Soldier », Franke fit ainsi appel à son propre orchestre berlinois agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs plutôt modernes pour l’époque, bien que parfois très cheap. Avec l’introduction sombre de « Vietnam Jungle », Franke ouvre le film au son de percussions et instruments ethniques/asiatiques évoquant l’enfer du Vietnam, tandis que quelques nappes synthétiques et une poignée de cordes suffisent à évoquer le chaos des combats et la mort de Deveraux et Scott. Avec « The Explosion », le compositeur évoque l’action en mélangeant cordes agitées, percussions et cuivres synthétiques cheap. Malgré la présence de l’orchestre berlinois de Christopher Franke, la musique demeure fondamentalement synthétique et semble traduire au mieux une volonté esthétique de la part du compositeur ou au pire un sérieux manque de moyens, d’où le côté résolument téléfilm/série-B de la composition de Franke. « Unisols on Fire » confirme d’ailleurs l’orientation synthétique du score de « Universal Soldier » lors de la séquence où les UNI-SOL brulent suite à l’évasion de Veronica et Luc. Ici aussi, Franke se contente bien souvent de conserver les cordes de l’orchestre en placardant par-dessus des samples de cuivres et de percussions peu crédibles, agrémentées de quelques notes discrètes de guitare électrique. Si les passages d’action s’avèrent donc peu convaincants dans l’ensemble, le score de « Universal Soldier » se rattrape curieusement lors des passages plus intimes comme la première moitié de « McGregor », lorsque Deveraux en apprend davantage sur son passé, avec une écriture de cordes plus élégiaque et délicate. C’est le cas par exemple dans le poignant « I’m Already Dead », dont le lyrisme classique soudain semble faire tâche à l’écran au milieu de morceaux d’action synthétiques. Néanmoins, le compositeur saisit l’opportunité d’exprimer en musique les sentiments de Luc Deveraux et son besoin de retourner enfin chez lui pour y retrouver une paix bien méritée. La traque s’intensifie avec « The Truck » et le long « Escape from Airfield », morceaux d’action peuplés de sursauts agressifs, de percussions martiales, de cordes dissonantes, de cuivres synthétiques et de nappes brumeuses évoquant la menace du redoutable Scott. « Escape from Airfield » bascule même à plusieurs reprises dans la musique de thriller pure, notamment dans son emploi des dissonances et des sonorités sombres et menaçantes.

Les morceaux d’action suivants, « Hoover Dam Takeover » (attaque du barrage par les UNI-SOL au début du film) et l’agressif « Security Deposit » renforcent le climat intense et sombre de la musique de Christopher Franke. Ici, peu de place aux respirations et au calme : la musique conserve ce côté noir et inquiétant avec ses dissonances dignes d’une musique de thriller (cf. les sursauts introductifs soudains de « Security Deposit », soulignant la folie et la violence de Scott). On retrouve ensuite le thème de piano lyrique entendu à la fin de « I’m Already Dead » lorsque Deveraux retourne enfin chez lui dans « Going Home » pour un nouveau passage plus intime et délicat malheureusement quelque peu gâché par le côté cheap des instruments samplés. Enfin, l’affrontement final entre Deveraux et Scott permet à Christopher Franke d’intensifier son travail autour des dissonances et des percussions martiales, pour un passage résolument chaotique, sombre et intense. On retrouve ici aussi le motif de cordes de 4 notes repris de « The Explosion » et « Hoover Dam Takeover », le morceau se concluant de façon quasi héroïque pour souligner la victoire de Deveraux sur son ennemi. Le bad guy capitule d’ailleurs définitivement dans le tonitruant « Back from Dead », bref passage d’action musclé qui souligne le caractère violent et gore de la mort de Scott. Quant à « Finale », il nous permet de retrouver avec un certain plaisir le très beau thème lyrique et élégiaque de cordes de « I’m Already Dead », concluant le film sur une touche d’émotion plutôt sympathique et salvatrice. Score mi-orchestral mi-synthétique, « Universal Soldier » n’a donc rien de fondamentalement mémorable mais apporte malgré tout son lot nécessaire d’action, de suspense et même d’émotion au film de Roland Emmerich, même si le travail mené par Christopher Franke peine beaucoup à se hisser au-dessus de la masse des partitions pour série-B musclée à budget modeste. Le score de « Universal Soldier » fait donc son effet à l’écran mais déçoit davantage en écoute isolée, trahissant rapidement le caractère cheap de ses banques de son instrumentales, bien plus adaptées pour des téléfilms ou des séries TV que pour une production d’action/science-fiction d’une telle envergure.



---Quentin Billard