1-Morning Peaches 2.22
2-Schism 2.28
3-Storm 3.50
4-No Exit Gutt 5.37
5-Escape From Captivity 3.02
6-New Loves 4.50
7-Hydraxes/Prison Talk 2.57
8-Diversion 3.57
9-Pirating the Pirates 4.37
10-Teen Cave 4.42
11-Sirens 2.35
12-Land Bridge Trap 8.22
13-Herd Reunion 3.08
14-Scrat's Fantasia
On A Theme By LVB 5.30*

*Basé sur des thèmes extraits
de la 9ème Symphonie de
Ludwig Van Beethoven.

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 152 2

Musique produite par:
John Powell
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour la
20th Century Fox par:
Danielle Diego
Production musicale supervisée pour
la 20th Century Fox par:
Rebecca Morellato

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2012 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
ICE AGE :
CONTINENTAL DRIFT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
« Ice Age : Continental Drift » (L’âge de glace 4 : la dérive des continents) est le quatrième épisode de la franchise d’animation « Ice Age », qui débuta en 2002 et qui a connu plusieurs suites et même une série de court-métrages animés. « Ice Age 4 » est confié cette fois-ci au duo Steve Martino et Michael Thurmeier, Carlos Saldanha abandonnant la réalisation d’un film de la saga pour se consacrer à d’autres projets. C’est donc avec un certain plaisir que l’on retrouve encore une fois nos héros préférés, Sid, Manny et Diego dans une nouvelle aventure pleine de rebondissements et d’action. Alors que Scrat, l’infatigable écureuil intrépide, se lance à nouveau à la poursuite de son gland, il déclenche par inadvertance un cataclysme continental qui va bouleverser le monde entier. C’est alors que les continents se mettent à bouger soudainement et à dériver sur l’océan, entraînant Sid, Diego, Manny et sa famille dans une aventure aussi inattendue que pleine de dangers. La petite troupe s’agrandit alors avec l’arrivée inopinée de l’agaçante grand-mère de Sid, qui se joint à eux dans cette toute nouvelle aventure, perdue sur un bloc de terre à la dérive. Les héros se retrouvent alors à affronter une bande de pirates dirigés par l’odieux capitaine Gutt, un orang-outan menaçant et bien décidé à empêcher Manny et sa bande de rentrer chez eux pour retrouver leurs familles et leurs proches. « Ice Age 4 » reprend donc les formules habituelles des trois précédents films et apporte quelques nouveautés avec l’arrivée de nouveaux personnages, à commencer par l’affreuse grand-mère de Sid, les camarades de Peaches, la fille de Manny, ou la bande de pirates incluant Shira, la tigresse à dents de sabre qui rend fou Diego, mais avec qui il vivra enfin une romance. Le film reste centré encore une fois sur l’idée de la famille et de l’amitié, les héros s’entraidant toujours mutuellement dans toutes les épreuves qu’ils doivent affronter. L’animation 3D, efficace, fonctionne parfaitement, sans grand éclat, et les personnages restent comme toujours très attachants. Et pourtant, la sauce ne prend plus, curieusement, même si tous les éléments sont là. On sent que la saga s’essouffle dangereusement, notamment à cause de l’emploi d’un humour décalé parfois lourdingue (la grand-mère de Sid) et souvent destiné à un public d’ados, qui semblent être la nouvelle cible de la franchise « Ice Age », notamment avec le personnage de la jeune Peaches et de ses copains. Du coup, les adultes risquent d’en rester sur leur faim, Carlos Saldanha ayant su éviter ce piège facile dans ses précédents films. La plupart des gags tombent souvent à plat, même si l’on apprécie toujours autant les péripéties rocambolesques du pauvre Scrat et sa traque acharnée du gland. Quant à l’histoire des pirates, elle n’est qu’un prétexte à une série de nouvelles scènes d’action et de nouveaux personnages mais ne parvient pas vraiment à susciter un réel enthousiasme, tant l’ensemble semble patauger dans le manque d’idées neuves et de renouvellement. La saga s’essouffle donc, et le rythme intrépide du récit ne suffit pas à rehausser le niveau d’un quatrième épisode décevant, en demi-teinte : la franchise serait-elle arrivée au bout de ce qu’elle avait à dire ?

On retrouve encore une fois John Powell à la musique de « Ice Age 4 », qui nous livre une nouvelle partition orchestrale vive, énergique et colorée, dans la lignée de ses précédents travaux sur les opus 2 et 3. Cet habitué des musiques de film animé se fait à nouveau plaisir sur « Ice Age 4 », sans apporter quoique ce soit de bien neuf à la musique de cette quatrième aventure de nos héros préhistoriques préférés. L’ouverture du film se fait au son de l’habituel thème principal, joyeux et énergique, entendu depuis « Ice Age 2 ». Ainsi, si les premières notes de « Morning Peach » paraîtront familières aux habitués des travaux de John Powell, idéales pour se replonger dans l’univers musical de la saga (en tout cas depuis le deuxième opus, le premier film ayant été mis en musique par David Newman !), la seconde partie, plus vive et colorée, introduit un nouveau thème évoquant la famille de Peaches et ses amis, avec les orchestrations colorées et vives chères à John Powell : le compositeur se fait à nouveau plaisir en mélangeant, comme il le fait souvent, des rythmes divers et des instruments variés, dont une guitare acoustique et quelques rythmes un brin hispaniques/latinos, le tout accompagné de touches mickey-mousing ordinaires et indissociables des musiques de film animé habituel. Si cette première partie, plus sautillante et colorée n’apporte donc rien de nouveau, « Schism » s’offre quand à lui une brève incursion dans l’action, avec un premier déchaînement orchestral grandiose alors que les continents se séparent et dérivent sur l’océan. Orchestre, choeurs, percussions, rien n’y manque, si ce n’est d’un soupçon d’originalité. Powell confirme qu’il maîtrise parfaitement l’écriture symphonique, avec un premier morceau d’action virtuose et ample, au classicisme évident. Ici, tous les pupitres sont valorisés, que ce soit les cordes, les bois, les cuivres, les percussions et même quelques guitares. L’action se prolonge dans « Storm » pour évoquer les péripéties et les épreuves qui attendent Manny, Diego, Sid et sa grand-mère. Ici aussi, les touches de mickey-mousing sont très présentes, tempérant l’action et le caractère énergique et aventureux de « Storm ». Le morceau enchaîne d’ailleurs avec une envolée héroïque centrale du plus bel effet, qui renvoie clairement aux grandes heures de « How to Train Your Dragon ». Le nouveau thème principal, associé à la famille, est réentendu dans « No Exit Gutt », morceau plus coloré et joyeux dans lequel Powell réemploie à nouveau les guitares et notamment la mandoline, apportant un soupçon d’humour à sa partition. Le morceau est aussi important car il introduit le thème des pirates du sinistre capitaine Gutt, à grand renfort de valses à trois temps, de rythmes musclés, d’accordéons et de guitare. A noter ici l’emploi particulier d’une vingtaine d’accordéonistes qui jouent ensemble dans le registre grave à la place des trombones, un effet musical un peu particulier et plutôt intéressant mais malheureusement peu développé tout au long du score.

John Powell développera ainsi ses nouveaux thèmes tout au long du film, qu’il s’agisse du thème familial, du thème des pirates ou du Love Theme pour Diego et Shira, entendu dans « New Loves ». L’humour est aussi très présent, même dans des passages d’action énergiques comme « Escape from Captivity », illustrant l’évasion des héros, traqués par les pirates. Le morceau développe des sonorités différentes et hétéroclites, avec notamment l’emploi d’un banjo, de rythmes martiaux, de cuivres héroïques et survoltés, et de percussions latinos, sans oublier les accordéons graves et menaçants du thème des pirates. Cette énergie constante qu’apporte John Powell à ses idées sonores et ses instrumentations fait plaisir à entendre, surtout de la part d’un musicien formé au studio Remote Control d’Hans Zimmer, pourtant peu habitué à pareille virtuosité orchestrale. Ainsi donc, l’humour et l’aventure sont au coeur du travail de John Powell sur « Ice Age 4 », comme le rappelle « Hydraxes/Prison Talk », avec sa grande envolée héroïque et triomphante inspirée de « How to Train Your Dragon » et ses arpèges de guitare hispanique/latino associée dans le film à la tigresse Shira. L’action culmine ensuite avec les énergiques « Diversion », « Pirating the Pirates » et « Land Bridge Trap », qui raviront à n’en point douter les fans de John Powell – à noter l’emploi réussi d’une chorale féminine dans « Teen Cave » - Le compositeur réemploie d’ailleurs ces choeurs dans « Sirens », pour lequel il va même jusqu’à écrire un véritable numéro musical en anglais évoquant les comédies musicales de Broadway des années 40/50 pour la scène où les héros sont hypnotisés par les redoutables sirènes, un morceau plutôt fantaisiste, étrange et assez original, qui n’est pas sans rappeler curieusement Danny Elfman. On appréciera la reprise finale du thème familial dans toute sa splendeur avec « Herd Reunion », pour les retrouvailles finales, morceau qui permet à John Powell de reprendre d’ailleurs des éléments thématiques de son travail sur « Ice Age : The Meltdown ». Au rayon des curiosités, Powell va encore plus loin que « Sirens » dans la fantaisie et nous propose carrément une reprise totalement déjantée de segments de la célébrissime 9ème Symphonie de Beethoven dans « Scrat’s Fantasia On A Theme By LVB », où il évoque durant plus de 5 minutes les péripéties du pauvre Scrat en passant d’un style à un autre autour des célèbres notes du chef-d’oeuvre musical de Beethoven, revu et « corrigé » à la sauce John Powell : les puristes vont certainement sauter au plafond, mais les fans du compositeur apprécieront l’humour débridé de cette reprise un brin anarchique mais assez enthousiasmante, survoltée et délirante de Beethoven, le tout à grand renfort de choeurs féminins, de valses, de guitares, de trompettes déchaînées et même d’un final étrange et absurde où les choeurs sont enregistrés et déphasés dans leur attaque – un effet particulièrement laid et peu plaisant à écouter, mais qui a le mérite de repousser les limites de la folie musicale de ce morceau très particulier de la partition de « Ice Age : Continental Drift ».

Ainsi donc, place à l’humour, l’aventure et la dérision sur ce quatrième opus musical toujours signé John Powell ! Le compositeur ne se prend pas vraiment au sérieux ici et expérimente autour d’orchestrations débridées et de couleurs instrumentales intéressantes sans pour autant révolutionner quoique ce soit dans sa façon de faire habituelle : « Ice Age 4 » sonne ainsi comme la plupart des musiques de film animé qu’écrit maintenant John Powell depuis plus d’une décennie, sans grande originalité particulière, si ce n’est l’étrange « Sirens » et la reprise loufoque de Beethoven dans « Scrat’s Fantasia ». Voilà donc un travail à recommander chaudement aux fans de John Powell et à ceux qui apprécient ses travaux de qualité pour le cinéma d’animation américain. Mais pour ceux qui s’attendaient à un nouveau coup de maître dans la lignée du désormais indispensable « How To Train Your Dragon », il faudra malheureusement passer votre tour en attendant un travail plus original et plus mémorable de la part du compositeur !




---Quentin Billard