1-Men in Black III (Main Title) 5.54
2-Spiky Bulba 2.18
3-The Set-Up 3.36
4-Headquarters 2.00
5-Regret 3.03
6-Wrong 1.02
7-Not Funny 1.48
8-Big Trouble 1.15
9-Out On A Limb 2.00
10-Time Jump 1.14
11-Bad Fortune 1.15
12-Forget Me Not 1.27
13-Goin' Back Or
Into The Past 1.37
14-Griffin Steps Up 1.41
15-True Story 0.41
16-The Prize-Monocycles 3.56
17-Boris Meets Boris 1.27
18-Under The Bridge 5.51
19-The Mission Begins 5.28
20-Mission Accomplished 3.08
21-A Close One 1.33
22-Men In Black III
(Main Title Revisited) 1.31

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 88725 40372 2

Score produit par:
Danny Elfman, Steve Bartek
Monteur musique:
Bill Abbott
Arrangements additionnels de:
Edward Shearmur, T.J. Lindgren
Score conforming:
Deborah Lurie
Supervision MIDI et préparation:
Marc Mann
Préparation musique:
Rob Skinnell, Ron Vermillion,
Tim Rodier, Reprise Music Services

Opérateur Auricle:
Richard Grant
Assistant musique:
Melisa McGregor
Album produit par:
Danny Elfman, Bill Abbott
Direction de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack

Artwork and pictures (c) 2012 Columbia TriStar Marketing Group, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
MEN IN BLACK 3
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Réaliser une suite 10 ans après le second opus sorti en 2002 tenait de la pure gageure ! C’est pourtant le défi risqué qu’ont relevé Barry Sonnenfeld et son équipe avec « Men in Black 3 », sorti en 2012, marquant au passage le retour de Will Smith au cinéma, après quelques années d’absence du grand écran (il n’avait rien tourné depuis « Seven Pounds » en 2009). Après 15 ans d’association, les agents J (Will Smith) et K (Tommy Lee Jones) continuent encore et toujours de traquer les extraterrestres clandestins sur terre et de régler le trafic des aliens sur notre bonne vieille planète. K et J doivent désormais lutter à nouveau ensemble contre une nouvelle menace : le sinistre Boris l’Animal (Jemaine Clement), alien broglodyte tout récemment échappé de sa prison lunaire, et arrivé sur terre pour se venger de l’agent K, qui a l’a capturé en 1969 et lui a détruit le bras gauche au cours de cet affrontement. Défiant l’agent, Boris réplique par cette phrase énigmatique : « tu es déjà mort, mais tu ne le sais pas encore ! ». Peu de temps après, K disparaît et seul J semble se souvenir de lui, car tout le monde chez les « Men in Black » lui répond que K a été abattu en pleine mission à Cap Canaveral le 16 juillet 1969. Comprenant que Boris a trouvé le moyen de remonter le temps pour éliminer K dans le passé, J décide à son tour de faire un bond dans le temps et d’intercepter K jeune (Josh Brolin) en 1969, alors âgé de 29 ans, soit un jour avant que Boris ne le tue. Désormais, c’est plus qu’un ami que J va devoir sauver, car en ayant modifié les événements, Boris a aussi crée une brèche dans le système de sécurité de la Terre, désormais menacée d’une terrifiante invasion broglodyte.

Avec un scénario plus malin signé Etan Cohen (ne pas confondre avec Ethan Coen !), « Men in Black 3 » renouvelle la franchise en abordant le thème du voyage dans le temps, un grand classique dans le cinéma de science-fiction américain (on pense tout de suite à « Back to the Future » par exemple !). Du coup, plutôt que de créer une redite des deux précédents films, ce troisième volet parvient à apporter suffisamment de nouveauté pour recoller avec l’univers de la franchise, que nous avions quittée en 2002 avec un deuxième opus plus décevant. Ainsi donc, Josh Brolin rejoint le casting des « hommes en noir » en campant l’agent K plus jeune en 1969, juste à l’époque du décollage de la fusée amenant les premiers astronautes américains sur la lune. Seule ombre au tableau : le duo Tommy Lee Jones/Will Smith semble être passé à la trappe, Tommy Lee Jones n’apparaissant qu’à peine 20 minutes dans le film, très vite remplacé par Josh Brolin. Pire encore, Jones semble s’ennuyer, et, pour ne rien arranger, l’acteur a été considérablement vieilli, grimé avec du mauvais maquillage qui le rend particulièrement grotesque. Rappelons aussi que la production de « Men in Black 3 » s’est avérée assez chaotique, le tournage ayant débuté en réalité en 2010, avant d’être brusquement interrompu pour cause de remaniement de script (et plus particulièrement pour toute la partie se déroulant en 1969). Il faut dire que le tournage du film débuta alors que le scénario d’Etan Cohen ne contenait ni de deuxième ni de troisième acte, une très mauvaise décision de la part de l’équipe de Sonnenfeld qui coûta d’ailleurs beaucoup d’argent aux producteurs – le tournage reprendra ensuite en 2011 – Mais au final, tout le monde s’en tire plutôt bien car « Men in Black 3 » a été un gros succès au box-office 2012 et reste à ce jour l’épisode qui a connu le plus grand succès commercial dans la franchise des « hommes en noir », un succès relativement mérité, bien que le film ne soit guère exempt de défauts. On retrouve malgré tout le côté décalé des deux précédents opus, un bestiaire alien toujours aussi bizarre et impressionnant, quelques seconds rôles sympathiques et autre guest-star de prestige (Bill Hader qui interprète Andy Warhol en agent des hommes en noir !), sans oublier un super méchant bien monstrueux, Boris l’Animal, et quelques scènes d’action très spectaculaires (la poursuite en véhicule roue futuriste, le saut de J du haut de l’immeuble pour remonter le temps, la confrontation finale sur la rampe de lancement de la fusée, etc.).

Qui dit « Men in Black » dit bien évidemment Danny Elfman à la musique, le compositeur attitré de la franchise qui signa ainsi les musiques de « Men in Black » en 1997 et de « Men in Black 2 » en 2002. Avec « Men in Black 3 », Elfman poursuit ses efforts sur les deux précédents volets de la saga en reprenant le motif principal des hommes en noir, toujours aussi énergique et un brin fantaisiste, avec un orchestre survitaminé, quelques choeurs féminins typiques du compositeur, des guitares électriques et une bonne dose de fun – au niveau de l’équipe d’Elfman, on notera la présence d’Edward Shearmur et T.J. Lindgren aux arrangements additionnels : le premier est connu pour ses musiques de film telles que « Reign of Fire » ou « Captain Sky », le second est un complice de certains musiciens de chez Remote Control et un collaborateur régulier de Danny Elfman depuis quelques années déjà – Le score débute de façon énergique avec un « Men in Black 3 – Main Titles » énergique introduit par une guitare électrique rock aux sonorités étrangement saturées, installant les harmonies du fameux thème principal présent depuis « Men in Black » en 1997. Les cordes staccatos entonnent alors rapidement le fameux motif de 8 notes indissociables des aventures de K et J, accompagnées de quelques brèves vocalises des choeurs féminins rappelant l’univers musical fantaisiste habituel de Danny Elfman. Rapidement, l’orchestre se retrouve accompagné des percussions samplées extraites du « Stormdrum » de chez East-West, qu’Elfman utilise depuis « Terminator Salvation », sans oublier la présence de la batterie, de la basse et de cette guitare électrique trash. Elfman reste donc fidèle à l’esthétique musicale qu’il a instauré sur les deux autres scores de la saga, et semble ne rien avoir perdu de sa verve fantaisiste. La musique devient ensuite plus sombre, agressive et dissonante lorsqu’elle évoque l’évasion du monstrueux Boris l’Animal, introduisant par la même occasion le nouveau motif de Boris, introduit dans la seconde moitié de « Men in Black 3 – Main Titles » et qui se caractérise par ses deux phrases mélodiques : le motif A, plutôt concis, basé sur une cellule de 5 notes, puis le motif B constitué de 5 notes descendantes. A 2:12, on retrouve ce motif A confié à un mélange clarinette basse/trombones/contrebasses, le motif B étant ensuite entendu à 2:18 aux mêmes instruments, de façon sournoise et menaçante. Les auditeurs plus attentifs remarqueront que les contrebasses introduisent déjà quelques notes du motif B bien avant leur apparition intégrale, à 1:50. Comme d’habitude, Danny Elfman aime écrire des motifs sournois et discrets, qui ne prennent jamais le pas sur l’ensemble de la partition, mais qui restent pourtant très présents, soutenus par des orchestrations sombres qui rappellent souvent Bernard Herrmann (influence majeure d’Elfman depuis ses débuts). Le motif de Boris l’Animal pourrait même produire d’une partition thriller d’Herrmann pour un Hitchcock, tant les couleurs orchestrales choisies par Elfman coïncident avec celles d’Herrmann dans sa période thriller des années 50/60. Le reste du « Main Titles » développe ainsi le motif de Boris, parfois de façon plus agressive et terrifiante, évoquant la détermination inquiétante de l’alien revanchard - à noter par exemple la reprise du motif B descendant à 4 :25 à la guitare électrique, ou la reprise complète des deux motifs collés l’un à l’autre aux cordes à 4:37.

On retrouve les rythmes rock de l’ouverture dans « Spiky Bulba » pour illustrer l’arrivée des hommes en noir sur les lieux de leur nouvelle enquête. Le motif A de Boris est à nouveau présent, suggéré brièvement par quelques instruments de l’orchestre, tandis que la basse électrique revient ici, accompagnée de quelques bongos qui apportent un côté ‘film d’espionnage rétro’ à la musique du film. A noter la présence de quelques touches de mickey-mousing qui ponctuent certaines scènes du film, rappelant le caractère exubérant et fantaisiste du film et du travail de Danny Elfman. L’entêtant motif menaçant de Boris est à nouveau entendu dans « The Set-Up », où il prend une tournure plus énergique et musclée, alors que l’alien broglodyte défie les agents K et J avant de prendre la fuite. Après l’évasion du « Main Titles », « The Set-Up » est le premier grand morceau d’action du score de « Men in Black 3 », soutenu par des orchestrations très soignées et colorées privilégiant chaque pupitre de l’orchestre, qu’il s’agisse des cuivres imposants, des cordes (prédominance des contrebasses pour Boris), des bois (utilisation fréquente de la clarinette basse) ou des percussions (xylophone, timbales, etc.). On retrouve aussi l’univers ‘espionnage’ des agents dans « Headquarters » avec son accompagnement rock/groovy rétro et le fameux thème principal de cordes staccato, illustrant ici le retour dans le QG des men in black. Ici aussi, comme dans les précédents morceaux, l’entêtant motif de Boris est à nouveau entendu, aux cordes trémolos à 0:48. Dans « Regret », Elfman apporte un soupçon de nostalgie au personnage de K, évoquant son passé de façon plus intime et touchante, à l’aide de quelques cordes et d’une guitare sèche, reprenant par la même occasion un morceau similaire déjà introduit dans le score de « Men in Black » en 1997. Impossible de résister ensuite à la folie orchestrale du survolté et grandiose « Time Jump », séquence où J saute du toit de l’immeuble pour voyager dans le temps et revenir en 1969. Elfman pousse l’exubérance jusqu’à utiliser brièvement le fameux théremin, instrument électronique qu’il pasticha dans « Mars Attacks ! » (1996), en référence aux musiques de films de science-fiction/extra-terrestre des années 50. La musique devient même plus féerique et poétique avec « Griffin Steps Up », où les choeurs apportent un sentiment d’émerveillement avec le pouvoir surnaturel de Griffin, capable de connaître tous les avenirs et tous les futurs. Le retour en 1969 permet aussi au compositeur d’évoquer l’univers musical rétro des « sixties » comme c’est le cas dans « True Story », avec ses rythmes pop et sa flûte un brin kitsch. On retrouve aussi le joli thème intime de guitare associé au passé de K dans « Under the Bridge », morceau ponctué de quelques touches martiales qui débouchent ensuite sur le massif « The Mission Begins », où culmine aux cuivres le thème de Boris pour la confrontation finale sur la rampe de lancement de la fusée – on notera au passage quelques ostinati martiaux empruntés au fameux « Mars » des « Planètes » de Holst – « The Mission Begins » reste d’ailleurs de loin le meilleur morceau d’action du film, un véritable tour de force orchestral de plus de 5 minutes, grisant et galvanisant à souhait !

Et comme l’indique d’ailleurs le titre d’un des derniers morceaux du score, c’est effectivement une « mission accomplie » pour Danny Elfman, qui signe là le meilleur opus musical de la franchise « Men in Black ». Plus approfondie et plus aboutie que les deux précédents opus, le score de « Men in Black 3 » ne déçoit pas et va là où on l’attend, sans apporter quoique ce soit de neuf pour autant, en dehors de l’excellent thème de Boris. Danny Elfman reste fidèle à lui-même, et sa musique témoigne de la richesse de ses idées, même si l’on retrouve ici l’éternel défaut du compositeur, un manque total d’aération et de respiration dans sa musique (en dehors de quelques moments plus calmes). La musique d’Elfman apporte une force et une vitalité nécessaire aux images du long-métrage de Barry Sonnenfeld, et rappelle à quel point Elfman reste un musicien incontournable de la scène hollywoodienne, qui n’a rien perdu de son inspiration au fil du temps : recommandé, donc !



---Quentin Billard