1-Snow White 3.24
2-I'll Take Your Throne 3.00
3-Tower Prayers 2.07
4-Something For What Ails You 3.26*
5-Escape From the Tower 2.33
6-You Failed Me, Finn 3.03*
7-White Horse 2.02
8-Journey to Fenland 3.38
9-Fenland in Flames 4.08*
10-Sanctuary 2.33
11-White Hart 6.37
12-Gone 3.10**
13-I Remember That Trick 5.35
14-Death Favors No Man 6.13
15-Warriors On The Beach 4.52
16-You Can Not Defeat Me 2.35
17-You Can't Have My Heart 1.57
18-Coronation 2.06
19-Breath of Life 4.11***

*Featuring Solo Cello
By Maya Beiser
**Interprété par Ioanna Gika
Ecrit par Ioanna Gika
Orchestre arrangé par
James Newton Howard
***Interprété par
Florence + The Machine
Ecrit par Florence Welch et
Isabella Summers
Produit par Isabella Summers
Orchestre et chorale arrangés par
James Newton Howard.

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Republic 001693002

Musique produite par:
James Newton Howard,
Stuart Thomas

Co-produit par:
Jim Weidman
Producteur exécutif de l'album:
Joe Roth
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Musique supervisée pour la
Universal Pictures:
Rachel Levy
Music Business Affairs
pour Universal Pictures:
Philip M.Cohen
Monteur superviseur musique:
Jim Weidman
Monteur musique:
David Olson
Programmation synthétiseur
et percussion:
Stuart Thomas, Sven Faulconer
Programmation additionnelle synthé:
Sam Estes
Sound design de:
Clay Duncan, Mel Wesson
Sound design additionnel:
Leopold Ross
Montage scoring:
David Channing
Assistant scoring:
Christopher Wray
Consultant musique celtique:
Paddy Moloney
Recherche musique d'époque:
Steven Baker

Artwork and pictures (c) 2012 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
SNOW WHITE AND THE HUNTSMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
« Snow White and the Huntsman » (Blanche-Neige et le Chasseur) est une relecture du célèbre conte des frères Grimm dans une version considérablement assombrie, parfois glauque et même guerrière. Ce n’est pas la première fois que le cinéma hollywoodien s’empare du conte puisque Walt Disney nous livra sa propre version dans le premier long-métrage animé du célèbre studio en 1937. Il y eut aussi une relecture horrifique du conte dans « Snow White : A Tale of Terror » de Michael Cohn sorti en 1997, sans oublier le téléfilm « Snow White » de Caroline Thompson en 2001, ou la série TV « Once Upon a Time » qui s’avère être une relecture moderne et contemporaine du conte. Il faut aussi mentionner le « Mirror Mirror » de Tarsem Singh, sorti pile la même année que « Snow White and the Huntsman », en 2012, mais qui propose quand à lui une vision beaucoup plus légère et féerique du conte des frères Grimm. Concernant « Snow White and the Huntsman », il s’agit du premier long-métrage hollywoodien du réalisateur britannique Rupert Sanders, qui décida de faire de cette version 2012 une sorte de relecture sombre, brutale et adulte du célèbre conte, dans un registre proche de l’heroic-fantasy et du fantastique. On a d’ailleurs beaucoup comparé le film de Rupert Sanders à la trilogie « Lord of the Rings » de Peter Jackson ou au « Brothers Grimm » de Terry Gilliam, Quand au scénario, il reste similaire au conte d’origine : la reine Ravenna (Charlize Theron), désespérément en quête de jeunesse éternelle et jalouse de la beauté de la jeune Blanche-neige (Kristen Stewart), fille d’un bon roi et d’une reine aimante, décide un jour d’éliminer le couple monacale et de prendre la tête du royaume de Tabor. Ravenna fait ensuite enfermer Blanche-neige au sommet d’une tour, mais la jeune fille réussit à s’enfuir et fait alors la connaissance du chasseur (Chris Hemsworth) que Ravenna a elle-même envoyé pour capturer Blanche-neige. Le chasseur décide alors d’aider la demoiselle à reconquérir son royaume. Ensemble, ils vont organiser une rébellion et lever une armée pour libérer le royaume de Tabor des griffes de la cruelle Ravenna. « Snow White and the Huntsman » est donc une version plus sombre et aussi plus guerrière et épique du conte des frères Grimm, un long-métrage ample, grandiose et prenant, dont le casting, plutôt hétéroclite, est dominé par la magnifique Charlize Theron dans un rôle à contre-emploi assez saisissant, tandis que Kristen Stewart, à peine sortie du succès colossal de la saga « Twilight », campe une Blanche-neige guerrière tout à fait convaincante, sans oublier une pléiade de têtes connues parmi les sept nains : Ian McShane, Bob Hoskins, Ray Winstone, Nick Frost, Toby Jones, etc. Malgré son caractère sombre et épique, le film de Rupert Sanders n’oublie pas pour autant le caractère magique et féerique du récit d’origine, avec notamment une séquence centrale dans la forêt magique un peu naïve mais visuellement très réussie, et aussi curieusement très inspirée du « Princesse Mononoké » d’Hayao Miyazaki. Les amateurs d’heroic-fantasy en auront donc pour leur argent avec « Snow White and the Huntsman », ou la rencontre improbable entre le Blanche-neige des frères Grimm et la saga « Lord of the Rings » : un blockbuster estival très réussi, en somme !

La partition orchestrale de James Newton Howard reste l’un des éléments-clé du film de Rupert Sanders, car, sans apporter quoique ce soit de nouveau au genre, JNH parvient à insuffler un vrai souffle épique, sombre et gothique aux images de « Snow White and the Huntsman ». Le score de JNH évoque ainsi la destinée de Blanche neige, à la reconquête de son royaume, à travers un très beau thème principal lyrique à souhait, typique du compositeur, et introduit dès les premières secondes du film par un cor soliste au début de « Snow White ». Ce thème, qui rappellera aux auditeurs bon nombre d’anciens thèmes similaires de JNH, est ensuite repris par un hautbois délicat à 1:31 après une section plus magique et poétique à base de piano, synthétiseurs et violoncelle soliste, puis développé dans toute sa splendeur aux cordes à 1:51. Comme toujours, James Newton Howard apporte un soin tout particulier à ses orchestrations, reposant beaucoup ici sur le jeu des solistes en dialogue avec l’orchestre, dans un style qui n’est pas sans rappeler certains scores pour Shyamalan (on pense ici à « Lady in the Water », « The Last Airbender » ou « The Village » pour l’emploi des solistes). Dans « I’ll Take Your Throne », JNH dévoile le second thème du score de « Snow White and the Huntsman », motif menaçant de 4 notes associé à la maléfique reine Ravenna. Le sombre « I’ll Take Your Throne » débute de façon chaotique et agressive avec son lot de cuivres, de sound design synthétique et de percussions évoquant la prise de pouvoir de Ravenna et l’emprisonnement de Blanche neige. Le motif de Ravenna reviendra tout au long du film pour illustrer les scènes les plus sombres du récit ou celles qui évoquent le personnage de Charlize Theron (cf. le lugubre « You Can Not Defeat Me », où le motif est introduit par les contrebasses à 0:11 puis à 1:31). On appréciera la façon dont JNH évoque aussi le caractère torturé et tragique de Ravenna, tout en soulignant sa présence par l’utilisation plus inattendue de sound design électronique qui, bien que parfois envahissant par rapport aux parties orchestrales, apporte une couleur particulière à certains passages incluant le motif de Ravenna, comme c’est le cas dans « Something for What Ails You », où les nappes synthétiques brumeuses sont soutenues par un violoncelle soliste, des choeurs et des cordes, qui développent ici l’entêtant motif de 4 notes de la maléfique reine. A noter que, comme dans « The Last Airbender » et « Salt », JNH semble fâché avec les parties chorales car les voix sont ici étrangement sous mixées (un comble, surtout après la polémique des choeurs samplés des albums de « The Last Airbender » et « Salt » !) et manquent souvent d’impact dans certains passages où ils auraient pourtant dû avoir un rôle plus fort.

Jurant encore une fois fidélité au son du studio Remote Control de son complice Hans Zimmer, duquel il s’est rapproché au fil des années jusqu’à travailler en étroite collaboration avec lui sur « Batman Begins » et « The Dark Knight », JNH nous offre dans « Escape from the Tower » un grand morceau d’action pour l’évasion de Blanche neige de la tour, soutenu par des rythmes électroniques et des percussions synthétiques qui semblent surgir tout droit d’un score d’Hans Zimmer, sans oublier les sempiternels ostinati de cordes et les ponctuations chorales qui rappellent le « Transformers » de Steve Jablonsky. JNH reste encore une fois dans l’ère du temps avec ses allusions lassantes au son Remote Control, et ses percussions synthétiques héritées de scores d’action tels que « Salt » ou « The Dark Knight ». Ces éléments électroniques, très présents tout au long du film, vont régulièrement ponctuer le plupart des scènes d’action mettant en scène les bad guys de Ravenna. On regrettera néanmoins ce recours facile à des éléments électroniques déjà entendus des centaines de fois auparavant, là où l’on aurait préféré entendre un JNH plus expérimental et inventif pour suggérer l’idée du mal, d’autant que la cohabitation entre les parties symphoniques très soignées et les éléments synthétiques/rythmiques plus bâclés n’est pas toujours très heureuse dans le film. Mais les fans des scores d’action modernes à la Remote Control apprécieront ainsi certainement la poursuite en cheval de « White Horse », la coda apocalyptique de « White Hart » ou les envolées guerrières et épiques de « Warriors on the Beach », pour la bataille finale. Fort heureusement, le score de « Snow White and the Huntsman » se rattrape en apportant une poésie et un lyrisme émouvant à certaines scènes-clé du film. Plus intime et réservé, « Journey to Fenland » valorise à nouveau le jeu des instruments solistes, partagés ici entre le basson, le piano et le violoncelle pour un résultat appréciable et touchant, emprunt d’une certaine grâce, surtout dans les 30 dernières secondes du morceau. JNH illustre ainsi la destinée personnelle de Blanche neige et du chasseur sous un angle plus humain et introspectif. Dans « Sanctuary », la musique cède même la place à un véritable sentiment d’émerveillement et de magie pour la découverte du sanctuaire de la forêt, scène à la Miyazaki accompagnée d’harmonies planantes de cordes et d’un piano en écho. A noter d’ailleurs que les arpèges de piano et les harmonies mouvantes des cordes dans la seconde partie de « Sanctuary » rappellent beaucoup les passages plus lyriques du magnifique « Lady in the Water ». Le morceau se conclut sur un tutti orchestral/choral d’une grande beauté, que l’on retrouve aussi dans « White Hart », pour la rencontre avec le cerf géant.

Ici aussi, JNH met l’accent sur les instruments solistes : basson, violoncelle, violon, hautbois, piano, le tout accompagné de cette élégance harmonique si chère à James Newton Howard et emprunte d’un lyrisme rappelant les plus belles pages de « The Village ». On notera ici la façon dont le compositeur développe le thème de Blanche neige aux solistes et à l’orchestre, en contrepoint des éléments instrumentaux évoquant la beauté de cette forêt secrète et enchantée, un pur moment de magie dans la partition de « Snow White and the Huntsman ». L’émotion est aussi au rendez-vous dans le poignant « Death Favors No Man », autre passage-clé de la partition de JNH, illustrant avec une grande beauté la séquence de la mort de Blanche neige. Introduit par quelques nappes synthétiques planantes et quelques notes de flûte ethnique, le morceau évolue rapidement vers une reprise aux cordes du très beau thème de Blanche neige, avec des choeurs lointains et discrets soulignant subtilement la dimension tragique de cette scène. JNH utilise même quelques vocalises féminines planantes vers le milieu de « Death Favors No Man » à la manière d’un chant traditionnel médiéval sur fond de harpe. L’épique est ensuite au rendez-vous pour la bataille finale du colossal « Warriors on the Beach », avec ses ponctuations chorales entonnant un robuste « Dies Irae » latin hélas totalement sous mixé sur l’album. Enfin, « You Can’t Have My Heart » ramène le calme dans la partition tandis que « Coronation » illustre de façon noble et majestueuse le couronnement finale de Blanche neige, ayant enfin libéré son royaume du joug de la tyrannie. La scène du couronnement est l’occasion pour James Newton Howard de laisser son thème principal s’exprimer dans toute sa splendeur, avec sa première phrase mélodique de cordes et sa seconde phrase plus harmonique de 3 notes, qui se conclut sur une reprise grandiose pour orchestre, choeurs et percussions martiales. Au final, la partition de « Snow White and the Huntsman » reste un travail de qualité mais plutôt inégal de la part de James Newton Howard, qui, il faut le reconnaître, semble bien moins inspiré depuis quelques années, et surtout depuis qu’il s’est rapproché de Hans Zimmer et du studio Remote Control. Ce rapprochement apparaît de façon flagrante pour le pire dans « Snow White and the Huntsman », à tel point que l’on se demande parfois ce que ce score aurait pu être s’il avait été écrit 10 ans plus tôt par le compositeur ? Laissant une impression un peu mitigé quand à son réel potentiel musical, le score de JNH apporte pourtant un souffle épique et dramatique intense au film de Rupert Sanders, tout en apportant une véritable magie et une émotion sincère à certaines séquences-clé du film, comme celle dans la forêt enchantée. En revanche, on reste dubitatif sur les passages d’action, pourtant très soignés mais en dessous de ce que le compositeur sait faire pour le mieux dans ce domaine (on préfèrera dans le même genre 100 fois plus les passages d’action de « The Last Airbender » par exemple !). Voilà donc un bon travail de la part de JNH, malheureusement gâché par quelques défauts agaçants chez le compositeur, un score solide qui apporte une émotion et un caractère épique remarquable au film, même si « Snow White and the Huntsman » est loin d’être le meilleur opus de James Newton Howard dans le domaine des films d’aventure/fantastique !



---Quentin Billard