1-In 1982 2.01
2-Babysteps 1.32
3-Alexa 2.30
4-Atrocity 1.33
5-Flash Frames 1.20
6-Death Martini 2.03
7-Highway to Hell 1.27
8-The Ugly Truth 1.34
9-Death Rattle 1.24
10-Desiderio 2.35
11-Director's Cut 1.33
12-Wilson Wyler Concannon 2.01
13-Redneck Requiem 1.54
14-The Tree Scene 2.56
15-The Woods Are Dark 1.28
16-Lambs to the Slaughter 1.43
17-Female Bondage 2.01
18-On Location 2.00
19-Playpen 1.40
20-Smoke House 1.40
21-The Gorezone 2.09
22-Private Screening 2.22
23-Phantasmagorical Holocaust 2.27
24-Babyshower 1.38

Musique  composée par:

Frederik Wiedmann

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 985 2

Produit par:
Frederik Wiedmann
Producteur exécutif:
Robert Townson
Orchestrations de:
Hyesu Yang

Artwork and pictures (c) 2009 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE HILLS RUN RED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frederik Wiedmann
Petite série-B horrifique destinée au marché vidéo et sortie en DVD en 2009, « The Hills Run Red » est le deuxième long-métrage de Dave Parker, qui débuta en 2000 avec un premier film d’épouvante très modeste, « The Dead Hate The Living », un direct-to-video tombé dans l’oubli. Avec « The Hills Run Red », Dave Parker montre enfin de quel bois il se chauffe et met les bouchées doubles dans ce slasher-movie trash, brutal et dérangeant. Le point de départ du film, c’est avant tout le concept du film dans le film : Tyler (Tad Hilgenbrink), un jeune ado cinéphile, devient totalement obsédé par le film d’horreur « The Hills Run Red », considéré par beaucoup comme le film le plus terrifiant au monde, avec, dans le rôle principal, le tueur masqué Babyface. Mais le réalisateur de ce film, Wilson Wyler Concannon (William Sadler), a disparu avec son film il y a plusieurs années, sans qu’aucune copie n’ait été conservée quelque part. Tyler découvre alors que Concannon a une fille, Alexa (Sophia Monk), qui travaille comme strip-teaseuse dans un night club. Il décide alors de rentrer en contact avec elle et organise ensuite une expédition vers la maison de Concannon perdue en pleine forêt, accompagné de sa copine Serina (Janet Montgomery) et de son ami Lalo (Alex Wyndham). Tyler rêve d’interviewer le réalisateur et d’en savoir un peu plus sur son film maudit, mais ce qu’il va découvrir dépassera tout ce qu’il avait pu imaginer : le film contenait en réalité de véritables scènes de meurtre et de torture, expliquant ainsi pourquoi « The Hills Run Red » disparu très rapidement de la circulation avec son créateur. Et lorsque le véritable Babyface fait son apparition en plein milieu des bois, Tyler et ses compagnons comprennent enfin qu’ils sont tombés dans un piège sans issue.

« The Hills Run Red » est un film d’horreur choc, baignant dans une atmosphère glauque, gore et dérangeante. Réalisé à la manière d’un slasher-movie ordinaire, le long-métrage de Dave Parker est pourtant loin d’être ordinaire : le film repousse sans arrêt les limites du genre en tordant le coup aux clichés habituels des films d’horreur et autre survival à la mode. En explorant un film à l’intérieur du film, le cinéaste en profite aussi pour s’interroger sur le genre même du cinéma d’horreur, ses qualités et ses limites, sans oublier son impact sur le public en général. Ainsi donc, grâce à une étonnante mise en abîme et une réflexion sur le septième art en général, « The Hills Run Red » parvient à se démarquer très rapidement des slasher movies habituels, notamment dans sa façon de traiter la violence à l’extrême et sans aucune concession, que ce soit lors des scènes de meurtre ou de torture, toutes plus violentes les unes que les autres – et ce sans le second degré habituel du cinéma commercial hollywoodien – Pire encore, le film fait preuve d’une grande cruauté à plus d’une reprise et plonge régulièrement dans la folie furieuse pure, avec un serial killer impressionnant, le redoutable Babyface, fruit atroce d’un inceste, qui s’est mutilé le visage étant enfant avant de se greffer lui-même sur la chair un visage de poupée (la séquence de générique est assez éprouvante voire traumatisante !). Evidemment, on pense aux boogeymen habituels, de Jason Voorhees à Leatherface ou même au Ghostface de « Scream », tandis que la dernière partie du film, évoquant la terrifiante famille de psychopathes, rappelle indiscutablement la dernière demi heure du « Texas Chainsaw Massacre » de Tobe Hooper (1974), grand classique indémodable du genre. Et c’est dans cette dernière partie que le film s’avère être particulièrement dérangeant, car la violence, d’abord graphique, devient plus psychologique et forcément plus viscérale et perturbante (le twist final est un sommet du genre !). La mise en abîme constante voulue par Dave Parker renforce le sentiment d’oppression du film, entre folie et cauchemar pur, et même si les références sont là (John Carpenter, Tobe Hooper, et même un peu de Dario Argento par moment), « The Hills Run Red » s’avère être suffisamment singulier dans son scénario et son atmosphère dérangeante pour se démarquer radicalement de la plupart des slasher movies habituels, en s’affirmant comme une véritable pépite du genre, malheureusement encore trop méconnue, et qui n’a jamais été distribuée en France.

La musique de « The Hills Run Red » est l’oeuvre de Frederik Wiedmann, jeune compositeur de films d’horreur et habitué des scores pour des séries-B et des direct-to-video en tout genre. On lui doit notamment les partitions de « Hostel : Part III », « Hellraiser : Revelations », « Mirrors 2 » ou bien encore « Return to House on Haunted Hill », sans oublier « Green Lantern - The Animated Series »). Frederik Wiedmann a aussi été l’assistant de John Frizzell sur plusieurs scores du compositeur tels que « The Prize Winner of Defiance, Ohio », « Primeval » ou bien encore « Stay Alive », partitions pour lesquelles le jeune Wiedmann a d’ailleurs occupé différents postes. Avec « The Hills Run Red », le compositeur confirme son goût pour les musiques horrifiques et nous livre une partition agressive, angoissante et ténébreuse, à l’image du film de Dave Parker. Alors que le réalisateur souhaitait à l’origine une musique plutôt sonore et abstraite pour son film, sa rencontre avec Frederik Wiedmann lui fit rapidement changer d’avis et l’incita à réclamer une partition plus instrumentale et mélodique pour les besoins du film. Témoignant d’une technique et d’un savoir-faire évident malgré son jeune âge (technique probablement acquise au contact de son mentor John Frizzell), Wiedmann utilise un orchestre réduit, le Czech Film Orchestra – avec, chose rare, une section d’altos assez imposante - agrémenté d’une pléiade d’effets sonores électroniques, de loops synthétiques et de sons instrumentaux manipulés pour arriver à ses fins (incluant des effets de dulcimer et d’instruments à vent). Malgré la maigreur du budget alloué ici à la musique (et au film), le compositeur parvient néanmoins à créer une véritable dynamique orchestrale impressionnante durant les passages de terreur et de suspense du film. A noter l’emploi de deux solistes, Ayana Haviv et Katrin Wiedmann, dont les vocalises éthérées et mystérieuses apportent un sentiment de mysticisme oriental assez étonnant à certains passages du score. « In 1982 » nous introduit aux principales sonorités de la bande originale de « The Hills Run Red », avec une série de nappes sonores d’un petit ensemble à cordes, des effets de trémolos mystérieux de dulcimer (élément sonore récurrent du score de Wiedmann) sans oublier l’introduction d’un premier thème, mélodie plutôt calme et mélancolique, développée par un piano intime sur fond de cordes, sans oublier quelques vocalises féminines discrètes et quelques éléments électroniques. Si la partie mélodique existe réellement dans « In 1982 », c’est pour mieux nous perdre dans les méandres sonores de l’agressif « Babysteps », premier morceau de terreur du score, saupoudré de cordes déchaînées et dissonantes, de samples électros/techno, de percussions et de rythmes modernes. Comme explicité précédemment, le compositeur parvient à palier au manque de moyens évident du score (l’orchestre sonne assez cheap) en usant d’une écriture orchestrale assez soutenue, bien que l’orchestre se retrouve parfois un peu trop noyé sous les synthétiseurs.

« Alexa » dévoile le thème mélancolique d’Alexa, la fille du réalisateur disparu, thème interprété ici par un violoncelle plaintif et élégant, sur fond de cordes, piano, vocalises féminines et synthétiseurs (sans oublier ces effets sonores étranges de dulcimer déjà introduit au début de « In 1982 »). « Atrocity » reprend quand à lui un élément clé du score de Frederik Wiedmann, l’utilisation d’instruments à vent évoquant la forêt dans laquelle se cache Wilson Wyler Concannon et son monstrueux acteur. « Flash Frames » dévoile le second thème du score, un motif sinistre de 7 notes ascendantes de contrebasses/violoncelles qui évoque le réalisateur disparu et son film maudit (on peut l’entendre à partir de 0:12). L’action et la terreur sont au rendez-vous dans « Death Martini », tandis que le thème d’Alexia est repris par une flûte alto dans « The Ugly Truth », alors que l’on découvre la vérité au sujet de la fille de Concannon. Les tempi rapides, les arpèges survoltés des cordes, les clusters stridents des violons et les percussions agressives de « Death Rattle » confirment ici aussi tout le savoir de Frederik Wiedmann, visiblement autant à l’aise dans les techniques instrumentales avant-gardistes et la manipulation des sons acoustiques/électroniques. Dans le sensuel « Desiderio », le compositeur s’essaie même à la pop/rock sur fond de vocalises éthérées et de guitares électriques. « Director’s Cut » est un autre témoignage saisissant du savoir-faire de Wiedmann dans le domaine des déchaînements horrifiques, avec ses cordes dissonantes brutales, ses effets instrumentaux (flûte alto) et ses vocalises plaintives et mystérieuses. « Wilson Wyler Concannon » reprend le motif menaçant de cordes du film de Concannon entendu pour la première fois dans « Flash Frames », et qui évoque aussi le cinéaste dérangé et son oeuvre maléfique – à noter ici le rôle important accordé encore une fois à la section d’altos dans l’orchestre – Le thème de Concannon prend ici une tournure plus ample et inquiétante alors que le cinéaste est sur le point d’achever son oeuvre avec ses nouvelles victimes. Et si vous n’êtes pas lassés des déchaînements orchestraux angoissants « Lambs to the Slaughter » devrait vous rassasier pleinement avec ses effets instrumentaux étranges à la limite de l’expérimental (cf. les notes hyper rapides des cordes et ses effets de trémolos étranges de dulcimer). Le motif de Concannon est repris à la harpe au début de « Female Bondage » tandis que « Smoke House » nous offre l’un des plus puissants et terrifiants déchaînements orchestraux de « The Hills Run Red », pour la confrontation finale dans la maison de Concannon – on notera ici l’emploi dérangeant et remarquable d’une berceuse enfantine étrangement déformée à partir de 0:32, à l’image du terrifiant Babyface dans le film – Accentuant davantage son travail sur les sons organiques, « The Gorezone » bascule dans l’anarchie avec une série de sons électroniques difformes assez horrifiants et dérangeants, à l’image des scènes gores assez extrêmes du film. Enfin, le thème d’Alexa est repris aux cordes dans le macabre « Private Screening » où l’on retrouve aussi le thème de Concannon et du film maudit. Les vocalises féminines atteignent leur climax dans le grandiose « Phantasmagorical Holocaust », véritable aria d’opéra pour la terrifiante projection finale du film.

Frederik Wiedmann impose donc une certaine personnalité à son travail sur « The Hills Run Red », sans apporter quoique ce soit de vraiment neuf au genre. Mais comme le film de Dave Parker lui-même, la partition musicale du compositeur est à la fois intense, prenante et impressionnante, conçue avec des moyens limités mais jamais trop cheap et surtout pas bâclée. Le compositeur nous offre même deux thèmes bien distincts et parfaitement développés tout au long du score, qui ne sacrifie jamais l’orchestre ou les mélodies à la cacophonie pure. A l’écran, le résultat est impeccable, la musique participant activement au récit et à l’atmosphère glauque et dérangeante du long-métrage de Dave Parker, avec une intensité constante. Si la musique de « The Hills Run Red » n’a rien de follement mémorable, et ce malgré ses quelques bonnes idées sonores, et n’atteint pas le niveau d’un Christopher Young ou même d’un John Frizzell, elle n’en demeure pas moins très réussie et prouve à quel point Frederik Wiedmann est un jeune talent prometteur sur lequel on pourrait bien compter d’ici quelques années, pour peu qu’il réussisse à percer à Hollywood sur des projets plus ambitieux et qu’il réussisse à quitter le monde très clos des direct-to-video foireux. C’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite ! A réserver donc aux amateurs de musique horrifique soignée et conçue avec intelligence !



---Quentin Billard