1-They're Calling My Flight 3.02
2-Chrysanthemum Complex 2.36
3-Placebo 0.25
4-Move Away From the Table 1.49
5-The Birds Are Doing That 1.35
6-Get Off the Bus 2.03
7-100 Doses 1.46
8-Affected Cities 2.48
9-Bad Day to Be a
Rhesus Monkey 2.25
10-I'm Sick 1.29
11-Get Us to the
Front of the Line 2.00
12-Don't Tell Anyone 2.13
13-Forsythia 2.48
14-It's Mutated 2.22
15-Merry Christmas 1.39
16-They Didn't Touch Me 2.02
17-There's Nothing in There 1.52
18-Handshake 4.16
19-Bat & Pig 2.39
20-Contagion 3.37

Musique  composée par:

Cliff Martinez

Editeur:

WaterTower Music WTM39266

Album produit par:
Cliff Martinez
Producteur exécutif:
Steven Soderbergh
Directeurs de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Carter Armstrong,
Niki Sherrod

Direction de WaterTower Music:
Jason Linn
Montage musique:
Sam Zeines
Score orchestré et conduit par:
Randy Miller
Opérateur ProTools:
Adam Olmsted
Musique additionnelle de:
Gregory Tripi, Mac Quayle
Music business affairs:
Lisa Margolis
Direction artistique:
Sandeep Sriram

Artwork and pictures (c) 2011 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
CONTAGION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Cliff Martinez
Steven Soderbergh, auteur de « Sex, Lies and Videotape » et « Ocean’s Eleven », revient en 2011 avec « Contagion », film catastrophe évoquant une terrifiante pandémie qui se propage sur le sol américain et menace l’humanité entière tandis que la société américaine se désagrège progressivement. Filmé de façon réaliste sans effets spéciaux mais caméra à l’épaule, « Contagion » impose d’emblée le parti de raconter l’histoire à travers une galerie de personnages vivants dans des endroits différents, mais reliés entre eux par un même sujet : un terrifiant virus qui s’est propagé sur le sol américain depuis qu’une femme d’affaire nommée Beth Emhoff (Gwyneth Paltrow) est revenue d’un voyage d’affaire à Hong Kong. A son retour chez elle dans la banlieue de Minneapolis, Beth commence à contracter une mystérieuse maladie, tandis que des symptômes similaires surviennent aussi chez son jeune fils Clark. Quelques jours après, Beth décède à l’hôpital pour des raisons inconnues. Son mari Mitch (Matt Damon), bouleversé et totalement dépassé par la rapidité de la situation, voit sa vie basculer dans le cauchemar en seulement quelques jours. Les médecins comprennent alors que le virus baptisé MEV-1 attaque directement le système nerveux central et pensent qu’il s’agit d’une forme de méningo-encéphalite aigue. A son retour de l’hôpital, Mitch découvre que son fils Clark est aussi décédé dans des conditions similaires. Placé en chambre d’isolation, Mitch se trouve être immunisé génétiquement contre le mystérieux virus. La ville est alors placée sous quarantaine et contrôlée par l’armée américaine, tandis que des mouvements de casse et d’anarchie sévissent en ville. Pendant ce temps, à Atlanta, le docteur Ellis Cheever (Laurence Fishburne) du CDC (Centers of Disease Control and Prevention) cherche un moyen de combattre la terrible pandémie et envoie à Minneapolis le Dr. Erin Mears (Kate Winslet) pour enquêter sur le virus. Les choses se gâtent lorsqu’un blogueur militant (Jude Law) publie sur le net un message expliquant que le gouvernement nous cache la vérité sur le MEV-1 depuis le début, suscitant un dangereux mouvement de panique générale un peu partout dans le pays. Et pendant ce temps, les plus grands groupes pharmaceutiques du monde entament une longue course contre la montre pour tenter de mettre au point un vaccin contre le virus. « Contagion » est donc une énième histoire de pandémie, un sujet maintes fois rabâché au cinéma américain, remis au goût du jour en 1994 avec « Outbreak » de Wolfgang Petersen, vu et revu des centaines de fois au cinéma ou dans des téléfilms depuis. Hélas, comme on pouvait s’y attendre, « Contagion » ne va guère plus loin que ses prédécesseurs, car derrière son casting hallucinant de stars et ses apparences de film choral/documentaire, le long-métrage de Steven Soderbergh semble avoir été tourné comme un banal téléfilm du dimanche soir, tant la mise en scène paraît plate et incroyablement peu inspirée. Soderbergh pose sa caméra et attend que les choses se passent, filmant des acteurs qui bougent dans tous les sens mais qui ont pourtant l’air de s’ennuyer plus qu’autre chose, à commencer par Matt Damon, peu inspiré par son rôle. Le film s’avère être aussi beaucoup trop long, avec un rythme mal dosé et bourré de longueurs : dire que l’on s’ennuie ferme à la vision de « Contagion » relèverait presque du pur euphémisme ! Le film ne décolle jamais, s’éternise sur des informations et du jargon pseudo médico-scientifique dont on se serait passé volontiers, Soderbergh n’ayant de toute façon pas grand chose à raconter. Même le twist final, raconté sous forme de flashback, semble tomber comme un cheveu sur la soupe. On nous promettait un vrai film catastrophe sur la destruction de la société américaine à travers la pandémie et le chaos qui s’ensuit, mais on se retrouve au final avec un film long, monotone, sans intensité et d’une platitude encore plus effrayante que la pandémie décrite à l’écran. Même l’impressionnant casting n’a pas suffit à inspirer plus que ça le réalisateur : on retrouve pourtant à l’affiche de
« Contagion » Matt Damon, Marion Cotillard, Laurence Fishburne, Jude Law, Jennifer Ehle, Kate Winslet, Bryan Cranston, Gwyneth Paltrow, Elliot Gould, Sanaa Lathan, etc. « Contagion » reste donc un semi-échec dans la filmo du réalisateur, le film ayant d’ailleurs à peine remboursé le budget initial (68 millions de dollars), un faux pas de la part d’un Soderbergh toujours aussi inégal dans ses projets, qui semble avoir pris l’habitude d’osciller entre le bon et le moins bon d’une année sur l’autre !

« Contagion » marque les retrouvailles entre Steven Soderbergh et son compositeur fétiche Cliff Martinez, avec lequel il collabore depuis ses débuts avec « Sex, Lies and Videotape » (1989). Parmi les collaborations entre Soderbergh et Martinez, on notera aussi « Kafka » (1991), « King of the Hill » (1993), « Underneath » (1995), « Gray’s Anatomy » (1996), « Schizopolis » (1996), « The Limey » (1999), « Traffic » (2000) et « Solaris » (2002). Ancien batteur du célèbre groupe Red Hot Chili Peppers, Cliff Martinez s’est imposé au fil des années comme un expert des musiques électroniques modernes, sa musique pour « Contagion » ne dérogeant ainsi pas à la règle. Ecrite la même année que la bande originale du très remarqué « Drive », la partition de « Contagion » impose d’entrée un ton sombre et moderne sur fond de rythmes électro modernes pour instaurer à l’écran un sentiment de panique et de paranoïa. La musique se trouve alors rapidement partagée entre sonorités électroniques déformées, loops électro/techno divers, claviers et même quelques parties orchestrales. « They’re Calling My Flight » instaure ainsi dès le début du film ce sentiment de paranoïa à l’aide de synthétiseurs étranges, de nappes sonores filtrées et de basse synthétique techno avec un premier motif de clavier qui crée une tension permanente à l’écran. Le rythme soutenu de « They’re Calling My Flight » évoque clairement l’avancée meurtrière de la pandémie sur le continent américain. Dans « Chrysanthemum Complex », Cliff Martinez évoque le reste du monde en utilisant quelques sonorités asiatiques du violon erhu sur fond de percussions ethniques, de rythmes électro et même de quelques cordes plus sombres et tendues (pour les premières scènes du film à Hong Kong). Ici aussi, le compositeur privilégie un « beat » constant dans sa musique, en accentuant l’utilisation de l’orchestre, qui développe des accords plus sombres et mystérieux des cuivres et des cordes pour renforcer la tension avec ces ostinatos rythmiques permanents. Cliff Martinez n’hésite pas à basculer parfois dans l’expérimental pur, un peu comme il le fit dans les scores de « Traffic » ou « Drive » avec ses synthétiseurs et ses samples électro : c’est le cas de l’étrange « Placebo » qui consiste en une simple tenue sonore synthétique stridente qui monte crescendo pendant 25 secondes. On retrouve aussi dans « Move Away From the Table » l’utilisation habituelle de filtres sur les sons synthétiques (ici, une ligne de basse filtrée de façon distante, et qui semble vouloir revenir progressivement sur le premier plan sonore). A l’écran, le caractère étrange et expérimental de ces sons électroniques renforce la tension permanente tout en rappelant le contexte contemporain et moderne du récit, dans une Amérique d’aujourd’hui.

« The Birds Are Doing That » souligne l’acharnement des scientifiques/médecins qui cherchent alors une solution pour contrer le terrifiant MEV-1. Ici aussi, Cliff Martinez développe les lignes de basse, les « beats » permanents et les synthétiseurs filtrés pour parvenir à ses fins, avec le retour de l’orchestre mélangé aux parties électroniques, un mélange plutôt satisfaisant, Martinez parvenant à trouver un juste milieu entre ces deux parties même si ce sont les synthétiseurs qui dominent ici l’ensemble de la partition de « Contagion » à l’écran. « Get Off the Bus » illustre la panique grimpante avec un orchestre aux sonorités plus agressives et dissonantes (notamment dans le jeu des cuivres) sur fond de percussions et d’ostinato rythmique. Le principe des lignes de basse filtrées revient dans « 100 Doses », où Martinez approfondit davantage ses beats électro mélangés aux cordes et aux cuivres de l’orchestre (partagé cette fois entre cordes, bois et cuivres), qui développe ici aussi une série d’accords sombres et mystérieux assez réussis. Les rythmes techno semblent plus pressants et urgents dans « Affected Cities », qui reprend les sons saturés de « They’re Calling My Flight » et le motif principal de clavier, alors que la pandémie s’est désormais répandue dans de nombreuses villes du pays. A noter l’importance de l’orchestre dans « Bad Day To Be A Rhesus Monkey », où les rythmes semblent s’accélérer, alors que « I’m Sick » développe une atmosphère plus mystérieuse et obscure assez minimaliste et saisissante. L’orchestre développe une série de clusters de cordes et de cuivres agressifs dans « Get Us To The Front of the Line », alors que la tension monte dans « Forsythia » et « It’s Mutated ». Quelques accords majeurs de l’orchestre viennent tempérer le début de « Merry Christmas » dans le film, accords rendus ambigus par l’ajout de nappes sonores synthétiques plus menaçantes. Les amateurs d’ambiance électro pures apprécieront sans aucun doute « There’s Nothing in There » et « Handshake », avec leurs lignes de basse entêtantes et leurs accords de cordes. Enfin, on retrouve les basses saturées/filtrées de « Move Away From the Table » dans « Bat & Pig » pour le flashback final du film évoquant les origines du terrifiant virus, à l’origine de la pandémie qui a dévasté l’Amérique entière. Enfin, « Contagion » reprend le thème initial de piano et les harmonies mystérieuses des cordes et des cuivres du début pour le générique de fin, une conclusion idéale à un score somme toute assez sombre et atmosphérique, mais non dénué de rythme et d’intensité.

Cliff Martinez reste donc fidèle à lui-même avec « Contagion », offrant au film de Steven Soderbergh une partition électronique/orchestrale moderne, soulignant le ton contemporain du récit à travers l’utilisation de samples électro un brin cheap, tendance années 80 (le duo Trent Reznor/Atticus Ross opéraient déjà de façon similaire sur la musique du film « The Social Network »), mais qui apportent une certaine personnalité à la musique du film, à des années lumières des banques de sons hollywoodiennes que le studio Remote Control nous balance à longueur de temps dans leurs scores. Ici, c’est du travail soigné et bien fait, qui ravira les amateurs de Cliff Martinez et ceux qui apprécient ses musiques synthétiques/atmosphériques modernes pour les films de Soderbergh. Curieusement, autant le film s'avère être soporifique et ennuyeux, autant la musique de Martinez reste bien au contraire rythmée et engageante, à des années lumières de la platitude extrême du film. Si la partition de « Contagion » est loin d’être un sommet dans la collaboration entre les deux artistes, elle n’en demeure pas moins très réussie et parfaitement adaptée aux images du long-métrage de Soderbergh, preuve de la vitalité constante de cette excellente collaboration.




---Quentin Billard