1-Ted, Audrey and the Trees 2.36
2-Granny To The Edge 2.33
3-Wasteland 2.17
4-Truffala Valley Fantasy 5.00*
5-Onceler & Lorax Meet 2.35
6-O'Hare Warns Ted 3.21
7-The River Bed 4.03
8-Houseguests 3.12
9-Valley Exodus 4.54
10-The Last Seed 4.54
11-Thneedville Chase 5.04
12-At The Park 3.12
13-Funeral For A Tree 2.10

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-7138

Musique produite par:
John Powell
Producteur album:
John Powell
Directeur de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Musique supervisée pour
Universal Pictures:
Rachel Levy
Music business affairs
pour Universal Pictures:
Philip M.Cohen
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
Paul Mounsey, Beth Caucci
Arrangements additionnels de:
Michael John Mollo

Artwork and pictures (c) 2012 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE LORAX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
« The Lorax » est l’adaptation animée du roman pour enfant de Theodor Seuss Geisel alias « Dr. Seuss », adaptation conçue par Chris Renaud et Kyle Balda. L’histoire se déroule dans la ville imaginaire de Thneedville, une ville totalement artificielle où toute la végétation a disparue et a été remplacée par des arbres et des plantes synthétiques. Pour conquérir le coeur de sa jolie voisine Audrey, le jeune Ted s’échappe de Thneedville et s’aventure à l’extérieur des frontières de la ville pour y faire la rencontre du Gash-pilleur, un vieil ermite aigri qui vit reclus dans une grande cabane perdue au milieu d’une plaine aride. Expliquant le but de sa visite au Gash-pilleur, Ted découvre à travers le récit du vieillard la légende du Lorax, une créature orange, moustachue et renfrognée qui vit dans la grande vallée de Truffala, et qui lutte régulièrement pour protéger la nature. Lorsqu’il comprend pourquoi la végétation a disparue, Ted décide d’agir et va tout faire pour récupérer la dernière graine d’arbre vivant au monde et la rapporter à Audrey. Pour cela, il devra déjouer les pièges du sinistre O’Hare et de ses hommes de mains pour atteindre son but, avec la complicité de sa grand-mère, Mamie Norma, une grande aventure qui pourrait transformer à tout jamais le destin de Thneedville. « The Lorax » s’avère être un film d’animation plutôt sympathique et sans grande prétention, avec un message écologique un peu simpliste mais surtout destiné aux enfants. Chris Renaud et Kyle Balda connaissent leur boulot et cela se sent : l’animation 3D est fluide et réussie, les graphismes colorés, corrects sans plus, et les personnages plutôt attachants, notamment les animaux fantaisistes de la grande vallée de Truffala peuplée de nounours gentillets et de poissons chanteurs. Le film s’avère être parfois humoristique, parfois plus tendre et touchant, et toujours très rythmé et irrésistiblement fantaisiste, mais jamais dénué d’une certaine morale, critiquant ouvertement les dangers de l’industrialisation en masse, du gaspillage et de la course au profit. On appréciera aussi les nombreux numéros musicaux dans l’esprit des productions Disney, faisant de « The Lorax » un mélange hybride entre animation et comédie musicale, avec quelques chansons souvent plutôt humoristiques et assez drôles. Prenant des allures de conte satirique sur l’importance de protéger la nature, cette production américano-française réussit à faire passer son message sans trop de lourdeur, sur un ton humoristique et décalé qui devrait séduire aussi bien les petits comme les grands, même si l’on a déjà vu bien mieux dans le genre.

Encore une fois, John Powell se voit confier les rennes d’une partition pour un film animé, le compositeur étant devenu au fil des années un expert insurpassable en la matière. A la première écoute de la musique dans le film, aucun doute possible : John Powell navigue en terrain connu, tant toutes ses formules orchestrales habituelles semblent passer ici en revue avec un savoir-faire toujours aussi irréprochable. Orchestrations colorées, instrumentation éclectique, choeurs féminins, rythmes latinos, guitares, rien n’y manque, si ce n’est d’un soupçon d’originalité. « Ted, Audrey and the Trees » pose d’entrée le ton du score avec une musique vive, énergique et colorée, emprunte des traditionnels accents mickey-mousing propres aux musiques de dessin animé, introduisant pour débuter le thème héroïque et aventureux de Ted entendu à 0:23. Le Hollywood Studio Symphony s’en donne ici à coeur joie, tandis qu’un nouveau thème fait son apparition à partir de 1:19, le thème des arbres de la vallée de Truffalla, aux allures de mélodie fantaisiste et rêveuse, accompagné d’un mélange de célesta/glockenspiel cristallins tendance boîte à musique, qui soulignent le caractère magique et sacré des arbres. On appréciera d’ailleurs la façon dont le dit thème est repris par la chorale féminine dans la dernière partie de « Ted, Audrey and the Trees ». « Granny to the Edge » développe le style mickey-mousing du score de « The Lorax » en passant d’un instrument à un autre sur fond de pizz sautillants et de bois légers et virevoltants. Ici aussi, le ton est bon enfant et les orchestrations éclectiques et très soignées, mais sans réelle originalité particulière. On notera l’emploi des guitares chères au compositeur, et des choeurs mixtes qui apportent un caractère plus grandiose à la musique, tandis que la seconde partie de « Granny to the Edge » souligne le caractère aventureux du film. Le jeune Ted découvre alors la plaine aride où vit l’ermite dans « Wasteland », morceau plus rythmé soutenu par des percussions, des cordes agitées, des choeurs et des cuivres imposants. Ici aussi, les voix apportent un caractère grandiose à la musique du film, et souligne l’univers fantaisiste et excentrique du récit imaginé à l’origine par Dr. Seuss. On retrouve ici le style action coloré et bondissant cher à Powell, avec cette touche d’excentricité qui caractérise parfois certaines de ses partitions pour le cinéma d’animation hollywoodien. A noter que certains thèmes entendus dans le score s’avèrent être en réalité des reprises des mélodies de certaines chansons entendues dans le film, comme c’est par exemple le cas pour « Thneedville » ou « Let It Grow ».

Dans « Truffala Valley Fantasy », John Powell verse à fond dans la fantaisie et la dérision avec la séquence de la découverte de la vallée magique de Truffala. Le morceau, non dénué d’humour, verse à fond dans les clichés avec une envolée orchestrale/chorale grandiloquente et féerique, tandis que le morceau dévoile le second thème du score, associé à la vallée de Truffala. Fidèle à son sens de l’humour habituel, Powell utilise ici des voix aigues (façon « Alvin & the Chipmunks ») pour caractériser à l’écran les poissons chanteurs. Encore une fois, on nage ici en pleine fantaisie, même si le caractère volontairement cliché et exagéré de « Truffala Valley Fantasy » risque fort d’en irriter plus d’un. La seconde partie du morceau, plus agitée et rythmée, fait la part belle aux passages d’action et nous offre même un bref numéro musical kitsch tendance années 50/60 pour un groupe de chanteuses et un orchestre que l’on croirait sorti d’un film musical de Jacques Demy. Enfin, la dernière partie de « Truffala Valley Fantasy » reprend dès 3:40 le thème des arbres de Truffala (déjà introduit en ouverture du film), dont certaines notes ascendantes ne sont pas sans rappeler curieusement l’hymne à la joie de la 9ème Symphonie de Beethoven. Le thème est développé ensuite à travers une brève reprise amusante de la mélodie sous la forme d’une valse pour clarinettes, flûte et pizz à partir de 4:30, sans oublier l’introduction surprise d’un clavecin à la fin du morceau. Dans le même ordre d’idée, « Onceler & Lorax Meet » introduit le troisième thème du score, le thème du Lorax, confié ici à une mandoline plus ‘méditerranéenne’ d’esprit sur fond de rythmique de batterie pop légère, bois, célesta et cordes. La seconde partie du morceau bascule ensuite dans une envolée aventureuse exubérante à la limite du western, lors de la rencontre entre Onceler et le Lorax. Le personnage d’Onceler a droit aussi à son propre thème, mélodie descendante introduite dans le film par la chanson « This is the Place » que chante Onceler lui-même dans le film. Le thème des arbres est, quand à lui, à nouveau suggéré à 2:07 aux cordes. Le bad guy du film, O’Hare, a aussi droit à son propre thème, introduit dans « O’Hare Warns Ted » à partir de 1:08 aux cuivres graves sur fond de percussions martiales. Ce thème typique des mélodies de méchant reviendra d’ailleurs régulièrement dans la dernière partie du film, pour souligner la menace du chef de Thneedville. On appréciera aussi la reprise du thème héroïque de Ted aux cuivres à 2:49, envolée héroïque typique de John Powell, dans la lignée de « Mars Needs Moms » ou « How to Train Your Dragon ». La séquence où Onceler dévale la rivière sur son lit permet à Powell de nous offrir un solide morceau d’action solide mais non dénué de touches d’humour et de mickey-mousing (le morceau développe particulièrement le thème du Lorax). Le thème d’Onceler revient tout le long de « The River Bed », développé ici de façon plus dense. Quand à la mélodie de mandoline du Lorax, elle revient dans « Houseguests », alors que l’intrépide jeune homme débute sa création effrénée, qui va l’amener à ravager les arbres de la vallée de Truffala, le matériau mélodique et instrumental de « Houseguests » étant en partie basé sur « Onceler & Lorax Meet ». A noter à 2:23 les rythmes dansants de musique cubaine/latino qui débutent de façon ludique et fantaisiste pour notre plus grand plaisir !

« Valley Exodus » change radicalement la donne en imposant un ton soudainement plus dramatique et mélancolique, alors que la vallée a été entièrement ravagée par l’industrialisation en masse d’Onceler et de sa famille. Ici, les arpèges de célesta, les cordes et les choeurs masculins imposent un ton curieusement plus sombre et funèbre, alors que le thème d’Onceler est repris ici aux cordes sur un mode mineur plus tragique et amer. L’intensité dramatique de « Valley Exodus » s’avère être d’ailleurs assez impressionnante dans une musique aussi virevoltante, fantaisiste et colorée, preuve que John Powell ne minimise jamais l’impact émotionnel de sa musique à l’écran, quitte à offrir une musique parfois plus adulte et mature dans un film animé pour enfants. Les harmonies développées vers le milieu de « Valley Exodus » sont à la fois élégantes et dramatiques, et apportent un éclairage musical tragique différent à cette séquence de désastre écologique, pour ce qui reste un moment d’émotion fort de la partition de « The Lorax ». Le final de « Valley Exodus » développe alors une mélodie mélancolique et solitaire pour piano, alors qu’Onceler réalise ce qu’il a fait et se retrouve abandonné de tous. Le thème des arbres est repris au début de « The Last Seed », alors que le vieil ermite confie à Ted la dernière graine d’arbre, lui offrant l’occasion de se rattraper et de corriger les erreurs du passé. Très vite, le morceau reprend les rythmes martiaux et le motif de cuivres d’O’Hare à 1:36, directement enchaîné au motif héroïque de Ted à 1:42. C’est le début d’une longue course poursuite dans Thneedville qui débute dans la seconde partie très agitée de « The Last Seed » et s’intensifie dans l’excitant et frénétique « Thneedville Chase », 5 minutes d’action pure et dure typique de John Powell, sur fond de percussions électroniques, guitare électrique et orchestre déchaîné. C’est l’occasion pour Powell de développer ici le thème de Ted dans une version action assez intrépide et prenante, comme il sait si bien le faire, tout comme le thème d’O’Hare, développé lui aussi sous une forme plus rythmique et déterminée, notamment lors du crescendo orchestral/choral final, assez saisissant, et de la grande envolée héroïque rétro du thème de Ted à 4:14. Cette scène de course poursuite (non dénuée d’humour comme en témoigne la présence furtive et impromptue d’une musique d’ascenseur à 2:16) prend véritablement son envol grâce à l’intensité et l’énergique de la musique de Powell, apportant un punch incroyable à l’écran pour ce qui reste l’un des meilleurs morceaux de « The Lorax ». Impossible enfin de ne pas être touché par l’émotion du dramatique « Funeral for a Tree », où revient le thème de piano poignant de « Valley Exodus », qui reprend en réalité l’air de la chanson « Let it Grow » à la fin du film. John Powell nous livre donc une nouvelle partition de qualité pour « The Lorax », où ses thèmes se multiplient avec une inspiration constante, sans être aussi mémorable que ceux de « How to Train your Dragon » ou même « Mars Needs Moms ». Il manque dans « The Lorax » un soupçon d’originalité et ce petit ‘plus’ qui aurait permis au score de faire toute la différence. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, car la musique de Powell est aussi fraîche et exubérante que ses précédents travaux sur des films animés, un mélange détonnant d’humour, d’aventure et d’émotion, dans lequel les mélodies des chansons du film interagissent avec celles du score pour un résultat éclectique et tout à fait cohérent. A noter néanmoins que plusieurs écoutes s’avèreront sans aucun doute nécessaires pour pouvoir assimiler les différents thèmes et développements mélodiques d’un score riche, coloré et généreux, à réserver surtout aux fans des musiques de film animé de John Powell !




---Quentin Billard