1-Night of the Ripper 2.06
2-Abel's Theme 2.23
3-Seven Souls 1.47
4-Bad for Tourism 1.19
5-Condor Edifice 1.29
6-Pray for Our Souls 2.12
7-Condor and Crow 2.29
8-The Unveiling 2.41
9-Fang Zone 2.44
10-River's Edge 3.00
11-Two Stiffs 2.43
12-Not My Mother 2.45
13-Ripping the Shreds 3.28
14-The Ripper Talks 4.03

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Relativity Music Group no number

Produit par:
Marco Beltrami, Buck Sanders
Musique additionnelle de:
Marcus Trumpp, Kevin Teasley,
Dennis Smith

Montage musique:
Ben Schor

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2010 Rogue Pictures. All rights reserved.

Note: **
MY SOUL TO TAKE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Décidemment, la carrière de réalisateur de Wes Craven n’en finit pas de plonger dans les méandres de la frustration et de la déception. L’auteur de « Freddy » et « Scream » s’est imposé dans les années 80 comme l’un des grands maîtres de l’horreur à Hollywood, créant l’un des plus célèbres boogeymen culte du cinéma, Freddy Krueger. Mais le passage aux années 2000 n’aura guère été bénéfique au réalisateur, qui enchaîne les projets les plus décevants avec une constance rare. Si la saga « Scream » aura sacrément reboosté la carrière de Wes Craven (même si la franchise reste de qualité inégale, notamment avec un troisième et un quatrième opus décevants), on ne pourra pas en dire autant de ses films plus récents comme « Cursed » (2004), énorme fiasco dans la carrière du cinéaste, ou « Red Eye », premier thriller que tourne le réalisateur en 2005, et grosse déception pour une production plate et insipide (mais qui a malgré tout connu un certain succès au cinéma). Pour se remettre de ses déconvenues avec le box-office (et les mauvaises critiques d’une partie du public), Craven produit certains films comme les remakes de « The Last House on the Left » ou « The Hills Have Eyes ». En 2010, après le décevant « Scream 4 », Craven revient au genre du thriller horrifique avec « My Soul to Take », série-B sanguinolente qui tente de ramener sur le devant de la scène hollywoodienne le genre vieillissant du slasher-movie, avec son lot d’ados décérébrés et de serial-killer mystérieux et imprenable. Cette fois, le réalisateur assure tous les postes : il tourne, produit et scénarise son propre film. Bien qu’il ait été tourné en 2009, le film mettra plus d’un an à sortir en salle aux Etats-Unis, Craven décidant de convertir son long-métrage aux standards du 3D – bien que ce choix purement commercial se soit avéré totalement inutile, le film restant plat et la 3D sans aucune envergure – En France, il faudra carrément attendre l’été 2012 pour le voir débarquer sur nos écrans, preuve certaine de la médiocrité du film, qui reste un nouvel échec cuisant au box-office et un nouveau fiasco pour Wes Craven. L’histoire, quand à elle, est on ne peut plus simple : la petite ville américaine de Riverton est hantée chaque année par une légende locale, celle d’un serial-killer qui a juré il y a 16 ans de revenir pour assassiner les sept enfants nés la nuit de sa mort. Les sept adolescents qui sont effectivement nés la même nuit se retrouvent alors mystérieusement traqués et tués les uns à la suite des autres, mais tout le monde ignore encore l’identité du tueur : a-t-il ressuscité pour accomplir sa vengeance (alors que tout le monde le croyait mort) ou bien s’est-il tout simplement réincarné dans l’un des sept jeunes de Riverton pour y mener sa quête sanglante ? « My Soul to Take » reste donc un énième slasher-movie banal et prévisible, qui se distingue uniquement par son montage nerveux et rapide (notamment durant les 20 premières minutes, assez intenses et sanguinaires !), quelques scènes gore plutôt réussies et une intrigue qui mélange suspense et surnaturel, avec cette histoire de schizophrénie et de réincarnation. Le film est entièrement calqué sur « Scream » et reprend ainsi tous les codes du genre : le campus universitaire, les ados étudiants fascinés par une légende locale, le serial-killer à l’identité secrète qui est suspecté d’être l’un des étudiants, le rebondissement lors du combat final dans la maison, etc. Rien n’y manque, si ce n’est de l’originalité et de vraies idées. Mais l’interprétation du jeune Max Thieriot dans le rôle clé de Bug, ado shizo qui ignore tout de son mal-être, les scènes de cauchemar/visions et le rythme intense et ultra nerveux du prologue permettent néanmoins à Wes Craven de sauver la face sur cette série-B efficace mais atrocement prévisible.

Marco Beltrami retrouve encore une fois Wes Craven sur « My Soul to Take », pour lequel le compositeur nous livre une énième partition à suspense écrite cette fois-ci dans la précipitation, avec peu de moyens (problème qui toucha aussi sa partition de « Scream 4 », entièrement écrite aux synthétiseurs pour palier au manque de budget alloué à la musique sur le film !). Le compositeur qui s’est connaître en 1996 avec sa colossale partition horrifique pour « Scream » n’a de toute évidence plus grand chose de nouveau à dire dans le registre de l’horreur. C’est d’ailleurs avec étonnement que le musicien avoue régulièrement dans des interviews qu’il n’a jamais été fan de film d’horreur et qu’il se lasse de plus en plus de ses travaux pour Wes Craven. Et pourtant, le compositeur continue encore et toujours de collaborer avec le réalisateur, pour lequel il a ainsi déjà écrit les musiques de « Scream » (1996), « Scream 2 » (1997), « Scream 3 » (2000), « Cursed » (2005), « Red Eye » (2005) et le récent « Scream 4 » (2011). Composée un an avant celle du dernier opus de la quadrilogie « Scream », la musique de « My Soul to Take » apporte le suspense et la tension adéquate au long-métrage de Craven, sans apporter quoique ce soit de nouveau au genre. On y retrouve ainsi le style habituel du compositeur, à ceci près que l’écoute de la musique dans le film témoigne très vite d’un souci évident de discrétion, de la part du réalisateur comme du musicien : la musique reste curieusement très retenue, même dans les séquences horrifiques, et utilise le strict minimum là où Beltrami allait plus loin dans ses orchestrations élaborées et complexes pour « Scream » ou « Cursed ». Discrète certes, mais pas effacée pour autant, car la musique est bel et bien présente du début jusqu’à la fin de l’histoire, et irrigue chaque scène d’une tension permanente, de façon plutôt fonctionnelle et sans surprise. Co-écrite aux côtés de Marcus Trumpp, complice habituel de Marco Beltrami, avec Kevin Teasley et Dennis Smith, la musique de « My Soul to Take » privilégie donc les atmosphères électroniques et les samples synthétiques au détriment d’un vrai orchestre, qui aurait pourtant permis de rendre la musique plus intense et moins axée sur ce côté ‘score de série-B horrifique à petit budget’. A noter que les crédits musicaux indiquent que le score est interprété par le Hollywood Studio Symphony avec des orchestrations de Marcus Trumpp et Dennis Smith, mais à l’écoute du score, on a vraiment du mal à croire à la présence d’un vrai orchestre, tant certains passages sonnent résolument artificiels et un brin cheap. Dès les premiers instants de « Night of the Ripper », le ton est donné avec une série de cordes lugubres et sinistres, de samples synthétiques inquiétants, de rythmiques électroniques et d’effets instrumentaux avant-gardistes et dissonants (les gargouillis sonores des cordes, les clusters aléatoires habituels, les glissandi, etc.). Aucun doute possible, on est à fond ici dans la facette horrifique si chère à Marco Beltrami et reconnaissable entre mille (notamment dans le jeu de certains instruments et dans les rythmes électroniques). Cette personnalité musicale, nous la retrouvons aussi dans le sombre « Abel’s Theme », motif du serial-killer de Riverton plutôt discret et difficilement identifiable dans le film, car plus harmonique que réellement mélodique, en dehors de quelques vagues notes de violoncelles. Ici aussi, priorité à la dissonance et aux sursauts orchestraux agressifs et terrifiants, censés illustrer à l’écran l’omniprésence du tueur tapi dans l’ombre.

Dans « Seven Souls », on retrouve le style horrifique/action cher à Beltrami, avec son lot de cordes survoltées, de percussions brutales et d’effets instrumentaux dissonants. Priorité aux sursauts et aux nappes sonores et tendues des cordes lugubres et dissonantes ici. Dans « Bad for Tourism », Beltrami souligne la menace du tueur dans les alentours de Riverton avec quelques cordes mystérieuses et une utilisation réussie de percussions mélodiques. Le compositeur utilise un mélange réussi de guitares et piano préparé dans « Condor Edifice », pour le thème associé à Bug dans le film. A noter les effets sonores ajoutés sur le piano préparé, dont les notes ont été enregistrées et jouées à l’envers. Comme souvent chez Beltrami, on retrouve ici un jeu sur les sonorités instrumentales typique du musicien, toujours très à l’aise dans la manipulation des sons et des instruments. La musique apporte même un bref sentiment d’espoir avec les harmonies majeures introductives de « Pray of our Souls » avec ses voix synthétiques, tandis que les rythmes martelés de la seconde partie du morceau soulignent clairement les méfaits sanguinaires du tueur. Priorité à l’électronique et aux rythmes modernes dans « Condor and Crow », où l’on retrouve le thème mystérieux de Bug, avec ce jeu toujours particulier des cordes du piano, du clavier, de la voix féminine synthétique et des pizzicati de cordes. Beltrami expérimente largement sur les percussions dans l’étrange « Fang Zone », durant la scène où Bug et Alex espionnent Fang dans les toilettes féminines de l’école. Le suspense sont au rendez-vous dans « The Unveiling » et « River’s Edge », alors que commencent à s’accumuler les cadavres victimes du redoutable tueur. A noter l’emploi du piano et des sonorités inversées de boîte à musique dans « Not My Mother », alors que Bug découvre la vérité sur son passé à la fin du film. Le « Abel’s Theme » revient ici, amplifié par une envolée orchestrale spectaculaire et imposante, et quelques sursauts orchestraux violents et intenses. La terreur culmine dans le climax de « Ripping the Shreds » et « The Ripper Talks » pour la confrontation finale dans la maison de Bug, morceaux intenses dans le film malheureusement gâchés par le côté cheap des samples orchestraux synthétiques, qui plombent l’écoute et trahissent trop clairement le côté artificiel de certains passages du score. Relativement discrète dans le film, la musique remplit donc parfaitement le cahier des charges et apporte le suspense et la tension nécessaire à « My Soul to Take », mais le résultat reste à des années lumières de la qualité insurpassée d’un « Scream » ou d’un « Mimic ». Beltrami semble tourner en rond sur ce type de film et reprend encore et toujours ses formules orchestrales habituelles sans grande originalité. Sa musique semble plate, fonctionnelle et sans inspiration, malgré quelques bonnes idées sonores et instrumentales (le piano avec ses notes inversées). Encore une fois, après les déceptions musicales de « Red Eye » et du récent « Scream 4 », difficile de s’enthousiasmer pour un score horrifique prévisible, insipide et sans grande originalité, un Marco Beltrami en pilotage automatique, qui n’a pas grand chose à raconter dans sa musique !




---Quentin Billard