1-Escape from New York
Main Title 2.07*
2-History of Los Angeles 2.09**
3-Snake's Uniform 0.58***
4-Submarine Launch 2.36+
5-Sunset Boulevard Bazaar 2.03+
6-Motorcycle Chase 2.23+
7-Showdown 1.27***
8-Beverly Hills
Surgeon General 4.10**
9-The Future Is Right Now 2.00+
10-Hang Glider Attack 2.30+
11-The Black Box 1.14+
12-Escape from Coliseum 1.53+
13-Helicopter Arrival 2.05+
14-Fire Fight 2.49+
15-Escape from Happy Kingdom 1.30+
16-Crash Landing 1.38+

*Musique de John Carpenter
et Alan Howarth
**Musique de John Carpenter
et Shirley Walker
***Musique de John Carpenter
+Musique de Shirley Walker

Musique  composée par:

John Carpenter/Shirley Walker

Editeur:

Milan Records 74321 49051-2

Musique produite et arrangée par:
Shirley Walker
Orchestrations de:
Lolita Ritmanis, Michael McCuistion
Préparation musique:
Bob Bornstein
Score Mockups:
Kristopher Carter
Monteurs superviseurs musique:
Thomas Milano, Segue Music
Assistants monteurs:
Jeanette Surga, Segue Music
Supervision et production album:
David Franco
Producteurs exécutifs pour Milan:
Emmanuel Chamboredon, Toby Pieniek

Artwork and pictures (c) 1996 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
ESCAPE FROM L.A.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Carpenter/Shirley Walker
C’est en 1996 que sortit sur les écrans « Escape From L.A. » (Los Angeles 2013), long-métrage de John Carpenter faisant suite au cultissime « Escape from New York » tourné en 1981, mettant à nouveau en scène le personnage emblématique de Snake Plissken, guerrier marginal cynique toujours brillamment interprété à l’écran par Kurt Russell. Avec un budget un peu plus conséquent que celui du premier épisode - 50 millions de dollars – Carpenter nous livre un nouveau film d’action tonitruant et agité se déroulant dans le Los Angeles de 2013. Suite à un gigantesque tremblement de terre, la ville s’est détachée du continent américain et vit désormais en totale autarcie, sur une île dirigée par un gouvernement extrêmement puritain et autoritaire. Tous les bannis de la société et les opposants au régime sont automatiquement envoyés sur la prison située de l’autre côté de l’île, isolée de Los Angeles. Snake Plissken, qui est emprisonné sur l’île, est recruté par le président des Etats-Unis lui-même (Cliff Robertson) et son principal bras droit Malloy (Stacy Keach) pour se rendre dans Los Angeles et tenter d’éliminer le révolutionnaire Cuervo Jones (George Corraface), leader du mouvement révolutionnaire du Sentier Lumineux, qui cherche à renverser le pouvoir en place par la force et à reconquérir la liberté du peuple américain en menaçant de neutraliser toutes les sources d’énergie de la planète. Cuervo Jones s’apprête ainsi à prendre le contrôle d’un important réseau de satellites militaires aux impulsions électromagnétiques. Allié avec la fille du Président, Utopia (A.J. Langer), le chef révolutionnaire possède une mystérieuse boîte noire contenant les codes d’accès aux satellites. Objectif de Snake Plissken : s’infiltrer dans la ville, neutraliser Cuervo Jones et s’emparer de la boîte noire avant qu’il ne soit trop tard : il n’a que 10 heures pour réussir sa mission, sous peine de quoi le virus Plutoxin 7 qui lui a été injecté dans les veines le tuera définitivement. « Escape from L.A. » reprend donc les formules du premier film de 1981 sans aucune originalité particulière. Le film est assez divertissant et bien rythmé, bien que malheureusement gâché par un script un peu paresseux et des effets spéciaux médiocres et ratés pour la plupart – les incrustations en écran vert sont systématiquement bâclées– Signalons d’ailleurs qu’une partie du problème est directement liée au studio responsable des effets spéciaux, la société ayant fait faillite durant la post-production du film. Du coup John Carpenter a dû faire avec et s’en accommoder (le budget modeste du film n’ayant pas permis d’en faire davantage ou de les améliorer !), mais à l’écran, cela reste bien souvent très laid bien que non dénué d’un certain charme rétro. Autre problème du film : Carpenter semble se singer lui-même car son film est dans la plupart des plans une copie quasi conforme de « Escape from New York », en beaucoup moins inspiré. On retrouve, amplifié ici, une dénonciation des travers de la société américaine contemporaine à travers le personnage emblématique de Snake Plissken, marginal solitaire perdu dans une société qu’il ne reconnaît plus. A noter quelques seconds rôles de qualité confiés à une brochette de têtes connues qui s’en donnent ici à coeur joie, à commencer par Steve Buscemi, impeccable en petite frappe qui retourne sans arrêt sa veste. A noter aussi des apparitions savoureuses de Peter Fonda en surfer casse-cou, Valeria Golino, Leland Orser, Stacy Keach, George Corraface, l’indispensable Pam Grier et même l’excellent Bruce Campbell, grimé sous les traits d’un chirurgien esthétique fou, pour ce qui reste la séquence du film la plus sarcastique et la plus corrosive, teintée d’un humour noir assez particulier. De l’humour, le film n’en manque pas, et Kurt Russell, toujours égal à lui-même, nous offre quelques punchlines assez savoureuses (« plus les choses changent, plus elles restent les mêmes ! »), sans oublier des allusions aux westerns, genre cinématographique fétiche de Carpenter. Seulement voilà, la sauce ne prend plus, et on se retrouve devant
une copie plate et peu inspirée de « Escape from New York » version années 90. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés et le film a été un échec cuisant au box-office U.S.

John Carpenter compose à nouveau la musique de son propre film sur « Escape from L.A. », en s’adjoignant cette fois-ci les services de Shirley Walker, compositrice avec laquelle Carpenter collabora quelques années auparavant sur « Memoirs of an Invisible Man » en 1992. Pour Carpenter, le film nécessitait une approche plus orchestrale, d’où la présence d’une musicienne capable de maîtriser le registre symphonique, tandis que Carpenter se réserve une fois de plus la partie électronique/synthétique/rock du reste du score. C’est avec un grand plaisir que l’on retrouve dans le générique de début du film le fameux thème principal de « Escape from New York » co-écrit avec Alan Howarth dans « Escape from New York (Main Title) », modernisé et remis au goût du jour par Shirley Walker avec les sonorités électro/rock des années 90. Carpenter renoue pour l’occasion avec un style rock-électro qui caractérisera la musique de ses derniers films, et plus particulièrement « Vampires » et « Ghosts of Mars ». Avec un véritable relifting sonore et musical, le thème de « Escape from New York » version 1996 est encore plus fun et plaisant que celui du film de 81 et évoque à la perfection les aventures de Snake Plissken et son côté marginal, cynique et irrésistiblement cool. On retrouve aussi le thème rock de Snake dans « Snake’s Uniform », thème aux accents western campé par une guitare électrique, une section rock et un harmonica, arrangé ici aussi par Walker. A ce sujet, impossible de rater la reprise western du thème dans « Showdown », durant la séquence du duel à la Clint Eastwood (un hommage évident de Carpenter aux westerns qui ont bercé son enfance). Dommage que le thème de « New York 1997 » et celui de Snake Plissken ne reviennent pas par la suite dans le film, un choix regrettable de la part de John Carpenter, dont le travail musical aurait certainement gagné en intérêt avec une thématique plus généreuse et moins timide. Concernant le rôle de Carpenter et Shirley Walker sur la musique de « Escape from L.A. », il est très simple : Carpenter a composé quelques passages de la première partie du score, tandis que la plupart des morceaux du début et de la seconde partie sont de Shirley Walker, la compositrice ayant aussi arrangé « Escape from New York Main Title », « History of Los Angeles », « Showdown » et « Beverly Hills Surgeon General ».

Concernant la partie de John Carpenter, elle reste typique de l’approche électronique habituelle du compositeur, à commencer par l’introduction sombre et rythmée de « History of Los Angeles », avec ses loops électro mécaniques entêtants évoquant la situation du Los Angeles de 2013. Dans « Beverly Hills Surgeon General », Carpenter évoque l’évasion de Snake de Beverly Hills, avec son lot habituel de nappes synthétiques glauques et de percussions électroniques, à la manière de ses anciennes musiques d’épouvante (on pense aux sonorités 80’s de « The Fog » ou de « Halloween »). Pour la partie de Shirley Walker, elle débute avec « Submarine Launch » lors du départ du sous-marin de Snake vers Los Angeles : la compositrice bâtit ici un motif d’action de cuivres sur fond de loops électroniques et de rythmes rock à grand renfort de guitare électrique et de batterie, qui évoquent à la fois le danger et le départ vers une nouvelle aventure. La scène du marché du Sunset Boulevard (« Sunset Boulevard Bazaar ») permet même à la musicienne de nous offrir un passage aux sonorités arabisantes traditionnelles, qui jurent quelque peu avec l’esthétique générale du score. L’action débute avec « Motorcycle Chase », entièrement confié aux synthétiseurs et aux rythmes électroniques modernes durant la scène de la poursuite en moto. Mais si « Motorcycle Chase » impose encore un ton électronique contemporain et typique du milieu des années 90 (le film est censé se dérouler en 2013), « Hand Glider Attack » nous permet enfin de découvrir l’attirail orchestral de Shirley Walker dès le début de la bataille finale, avec un orchestre dominé par les cuivres, les cordes, quelques bois et quelques percussions. On retrouve d’ailleurs ici le thème d’action de « Submarine Launch » (à partir de 1:15), développé aux cordes sur fond de percussions électroniques. A noter que Walker nous offre ici un nouveau thème de cuivres pour le personnage de Cuervo Jones, surtout dominé par les trompettes, les trombones et les cors (entendu à partir de 1:41), et qui reviendra à quelques reprises durant la partie finale du film. On notera ici l’écriture très énergique du pupitre des cuivres, typique des musiques d’action chères à Shirley Walker.

Plus sombre et atmosphérique, « The Black Box » prend des allures quasi funèbres avec ses cordes torturées et graves, tandis que « Escape from Coliseum » est un énième morceau d’action énergique et intense toujours dominé par ses cuivres imposants et ses ostinati rythmiques synthétiques entêtants, durant la scène de l’évasion du Colisée. Dans « Helicopter Arrival », on retrouve le thème de cuivres de Cuervo Jones à 0:26 pour un autre morceau d’action imposant et très réussi, tandis que « Fire Fight » permet à Walker de faire culminer le thème d’action de « Submarine Launch » sur un tempo plus rapide et des orchestrations de qualité avec quelques touches électroniques toujours très présentes. A noter la façon dont Shirley Walker privilégie encore une fois le pupitre des cuivres mais sans jamais oublier tous les autres, qu’il s’agisse des cordes ou des bois – on appréciera par la même occasion l’écriture très contrapuntique de la musicienne, gage de qualité dans bon nombre de ses partitions orchestrales pour le cinéma – Même le motif de Cuervo Jones est brièvement suggéré de façon plus rythmique, avec l’ajout de quelques percussions de l’orchestre assez efficaces. Enfin, l’évasion finale de « Escape from Happy Kingdom » permet au score d’atteindre un impressionnant climax d’action avec le conclusif « Crash Landing », dont les accords massifs des cuivres rappellent parfois le travail de Walker sur la série animée « Batman The Animated Series » (1992). En engageant à nouveau Shirley Walker sur « Escape from L.A. », John Carpenter ne s’est pas trompé, car la musicienne prouve encore une fois qu’elle est une spécialiste acharnée des grosses musiques d’action hollywoodiennes énergiques et musclées, avec un sens personnel de l’orchestration et du contrepoint. Ne cédant jamais à la facilité, Walker parvient même à écrire quelques passages synthétiques intéressants, bien que ce sont surtout les morceaux symphoniques de la bataille finale qui sortent radicalement du lot, une sorte de second score à l’intérieur du score. Evidemment, on regrettera le côté fourre-tout de la bande originale de « Escape from L.A. », qui passe bien souvent dans le film d’une ambiance à une autre sans trop de réelle continuité, hormis peut être le choix des rythmes électroniques ou des quelques thèmes récurrents. Mais le résultat, fruit d’un réel travail de collaboration entre Carpenter et Walker, est assez enthousiasmant et rappelle à quel point la regrettée Shirley Walker fut une grande musicienne d’Hollywood, en plus d’être l’une des premières femmes à composer en solo des musiques de film hollywoodiens dans les années 90, écrivant à la main et orchestrant elle-même ses propres compositions. Plus engageante et plus rythmée que « Escape from New York », la partition de « Escape from L.A. » est donc une jolie réussite qui doit autant au talent de Shirley Walker qu’aux convictions de John Carpenter, qui sait toujours s’entourer des meilleurs pour les musiques de ses films !




---Quentin Billard