1-Silent Hill Revelation 2.30*
2-Early Birthday Present 5.18*
3-Armless/The
Missionary Attack 4.21*
4-Vincent & Heather
Open The Box 6.14*
5-Born and Raised in Silent Hill 3.55*
6-Heather in the Fog World 4.10
7-Alessa's Mother/
No Ordinary Spider 5.41***
8-Vincent Condemned 1.37**
9-Master of the Order 5.12*
10-Red Pyramid/The Nurses 3.59***
11-The Carousel/Red Pyramid
Battles the Missionary 7.44*
12-Lost Souls 4.18*
13-Rain of Brass Petals
Three Voices Edit 5.03+
14-Silent Scream 5.37++

*Composé par Jeff Danna
et Akira Yamaoka
**Composé par Jeff Danna
***Composé par Akira Yamaoka
+Ecrit par Akira Yamaoka
et Oscar Wilkenson
Interprété par Oscar Wilkenson
Courtesy of Konami
++Ecrit par Akira Yamaoka
et Mary Elizabeth McGlynn
Interprété par
Mary Elizabeth McGlynn et
Akira Yamaoka.

Musique  composée par:

Jeff Danna/Akira Yamaoka

Editeur:

Lakeshore Records

Album produit par:
Jeff Danna, Akira Yamaoka

(c) 2012 Davis-Films/Konami/Silent Hill 2 DCP. All rights reserved.

Note: ***
SILENT HILL : REVELATION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jeff Danna/Akira Yamaoka
Si le premier « Silent Hill » (2006) de Christophe Gans avait été salué pour son univers visuel et son atmosphère sensiblement fidèle aux fameux jeux vidéos de chez Konami, ce deuxième épisode, réalisé cette fois-ci en 2012 par le britannique Michael J. Bassett (« Solomon Kane »), peine davantage à convaincre, même si tous les éléments du jeu sont là. Tourné en 3D, ce « Silent Hill Revelation » s’inspire majoritairement du jeu « Silent Hill 3 », généralement considéré comme l’opus le plus impressionnant (et le plus dérangeant) de la franchise de chez Konami. Désireux de rester le plus fidèle possible aux jeux d’origine, Michael J. Bassett reprend donc bon nombre d’éléments du premier et du troisième jeu pour un résultat assez impressionnant, mais malheureusement gâché par un scénario bâclé et peu abouti. Agée tout juste de 18 ans, Heather Mason (Adelaide Clemens) vient de finir de s’installer dans sa nouvelle maison avec son père Harry (Sean Bean). Depuis son plus jeune âge, elle fuit son passé et a pris l’habitude de changer régulièrement d’adresse, sans savoir vraiment pourquoi. Toutes les nuits, Heather fait des cauchemars et rêve d’une ville nommée Silent Hill avec une étrange jeune fille démoniaque nommée Alessa. Pour son père, Silent Hill est un endroit maudit où Heather ne devra jamais se rendre, quoiqu’il puisse se passer. Mais un jour, Harry est mystérieusement enlevé, tandis que les ravisseurs ont laissé une étrange inscription en sang sur un mur : « come to Silent Hill », accompagné d’un étrange symbole occulte, l’emblème de l’Ordre de Valtiel, une secte prosélytiste de Silent Hill qui vénère une divinité obscure, et qui cherche à faire revenir Heather par tous les moyens à Silent Hill. Heather n’a plus d’autre choix que celui de se rendre dans Silent Hill, accompagné de son nouvel ami, l’énigmatique Vincent (Kit Harington), qui semble en savoir plus qu’il n’en dit. Ce voyage sera l’occasion pour Heather d’affronter les ténèbres de son passé et de découvrir qui elle est réellement et ce pourquoi elle est faite. « Silent Hill Revelation » possédait donc tous les atouts pour être une vraie réussite : ambiance glauque et sinistre, 3D immersive avec un usage intéressant des reliefs (gouttes de sang qui giclent vers la caméra, cendres très proches du spectateur), éléments du jeu vidéo respectés la plupart du temps, et surtout réintroduction dans l’histoire de ce qui faisait défaut à celle du premier film : cette fois-ci, les méchants ne sont pas des fanatiques religieux qui se cachent dans une église mais bien les dangereux individus de l’Ordre de Valtiel, organisation maléfique au coeur des intrigues de « Silent Hill », « Silent Hill 3 » et « Silent Hill Origins ».

En réintroduisant cet élément-clé des jeux, Michael J. Bassett se rapproche davantage de l’esprit de « Silent Hill 3 », avec en particulier les personnages de Claudia Wolf (Carrie-Anne Moss), grande prêtresse de l’Ordre et de son père Leonard (Malcolm McDowell). Hélas, cela ne suffira pas à convaincre pleinement les aficionados des jeux et tous les autres, car le film mise tout sur son visuel mais délaisse complètement ses personnages, bâclés, mal développés, et parfois même injustement sous-utilisés dans le récit. Ainsi, le rôle de Claudia Wolf, personnage-clé de « Silent Hill 3 », se retrouve réduit ici à deux malheureuses scènes bien courtes et terriblement frustrantes. Leonard, boss que l’on affronte à la fin de l’hôpital alterné dans « Silent Hill 3 », est réduit ici à 10 petites minutes bien trop courtes pour convaincre pleinement – à noter que sa transformation en monstre dans le film est quand même très réussie et proche du look de la créature dans le jeu – Même Dahlia Gillespie, Douglas Cartland et Rose Da Silva n’ont que de très brèves apparitions. Mais le plus frustrant reste le personnage de Vincent, l’inquiétant fondateur de la secte dans le jeu qui devient dans le film un jeune étudiant ami d’Heather. Les fans seront donc très frustrés par les quelques libertés prises avec le jeu et le manque d’intérêt de certains personnages-clé d’origine. Quand au bestiaire, s’il s’avère tout aussi intéressant que celui du film de Christophe Gans (on admirera encore une fois l’excellent travail du français Patrick Tatopoulos), il trahit là aussi certains mauvais choix du réalisateur : encore une fois, le fameux Pyramid Head n’a rien à faire là, apparaissant uniquement dans le jeu « Silent Hill 2 » en tant que bourreau lié à la conscience torturée de James Sunderland (dans le film, il est le gardien et le bourreau d’Alessa). Certaines créatures bien connues de la saga sont réunies ici pour le plaisir des fans : en plus de Pyramid Head, on retrouve aussi les infirmières, les mannequins, le lying figure. En revanche, intérêt zéro pour la bataille finale entre Pyramid Head et le missionnaire, séquence nullissime qui n’a absolument rien à voir avec la saga « Silent Hill » et qui gâche complètement les dernières minutes du film. Quand aux clins d’oeil conclusifs à « Silent Hill Origins » et « Silent Hill Downpour », ils ne suffisent pas à rehausser le niveau lamentable des 10 dernières minutes du film, totalement ratées. Voilà donc une formidable occasion manquée pour Michael J. Basset, qui signe donc un « Silent Hill Revelation » bancal et furieusement inégal, visuellement splendide et immersif mais terriblement frustrant dans son scénario et ses personnages.

Le premier « Silent Hill » sorti en 2006 était l’un des rares exemples d’adaptation cinématographique d’un jeu vidéo dans lequel le compositeur des musiques d’origine était à nouveau présent sur le film. Il faut dire que le travail musical et sonore d’Akira Yamaoka sur la saga « Silent Hill » reste exceptionnel et totalement indissociable de l’univers sombre et dérangeant de la franchise. C’est pourquoi la production tenait absolument à ce que Yamaoka soit présent sur la musique du premier film, secondé par le compositeur canadien Jeff Danna, qui s’est uniquement contenté d’ajouter quelques parties instrumentales aux longues pistes atmosphériques angoissantes et ténébreuses du musicien nippon. Les fans d’Akira Yamaoka ont d’ailleurs reconnu tout au long du film de nombreux morceaux provenant des scores des trois premiers jeux, brillamment réadaptés sur les images du long-métrage. Pour « Silent Hill Revelation », Michael J. Bassett tenait à procéder de la même façon en réengageant à nouveau Jeff Danna et Akira Yamaoka, pour un résultat musical somme toute assez différent de celui du premier film, à savoir que la musique de ce deuxième opus reste beaucoup plus orchestrale et mélodique que celle du « Silent Hill » de Gans. Priorité donc au travail original de Jeff Danna sur « Revelation », alors que la partie électronique et atmosphérique de Yamaoka est cette fois-ci curieusement reléguée au second plan, faisant parfois office de bouche-trou ou de remplissage sonore. A noter que les monteurs de la musique n’ont pas hésité une seule seconde à superposer et empiler les morceaux atmosphériques bien connus du compositeur japonais les uns par dessus les autres pour certains passages du score de « Revelation », bien souvent juxtaposés aux parties orchestrales de Jeff Danna. Le résultat reste d’ailleurs moins convaincant dans l’ensemble que certains montages du score effectués sur la bande originale du premier film. Le film s’ouvre au son d’un thème bien connu repris du score de « Silent Hill 3 » : « Never Forgive Me, Never Forget Me », réintroduit ici avec les mêmes sons synthétiques du jeu dans l’introduction « Silent Hill Revelation ». La seconde partie de cette première piste introduit les sonorités industrielles et chaotiques si chères aux atmosphères sonores suffocantes des jeux : on retrouve entre autre les fameux choeurs masculins imitant les chants tibétains ultra graves entendus dans « Silent Hill 3 », Yamaoka développant ici ses sonorités synthétiques si particulières et si impressionnantes dans les jeux comme dans les deux films. Le prologue se termine d’ailleurs par une brève reprise d’un autre thème issu de « Silent Hill 3 » : « Innocent Moon », accompagné ici par un violoncelle ajouté par Jeff Danna (morceau déjà présent dans le premier film). Si l’identité sonore de la saga « Silent Hill » est donc présente dès les premières minutes, elle sera très vite diluée par les parties instrumentales plus conventionnelles et moins impressionnantes de Jeff Danna. Dès « Early Birthday Present », Danna introduit ainsi un nouveau thème de cordes et piano pour Heather, thème plus chaleureux et intime qui rompt un peu avec l’atmosphère glauque des musiques de la franchise.

La seconde partie de « Early Birthday Present » permet donc à Jeff Danna de juxtaposer ses passages orchestraux sur des samples issus des musiques d’Akira Yamaoka, pour un premier montage plutôt réussi bien qu’assez bancal et pas toujours très heureux. Plus impressionnant, « Armless/The Missionnary Attack » réintroduit les samples issus des musiques atmosphériques macabres de « Silent Hill 3 » (à 0:59) et de « Silent Hill » (à 1:54) pour un premier passage plus sombre et sinistre, qui ravira les fans des musiques oppressantes et exceptionnelles de Yamaoka sur les jeux d’origine. Dans « Vincent and Heather Opens the Box », Danna introduit un second thème, associé à l’amitié entre Heather et Vincent dans le film, thème de piano/cordes et harpe intime et chaleureux qui prolonge là aussi cette démarche mélodique et plus accessible souhaitée par la production sur la musique du film. Néanmoins, les samples d’Akira Yamaoka sont toujours très présents, Danna n’hésitant pas à verser dans l’atonalité pure en utilisant à quelques reprises les cordes de façon avant-gardistes et dissonantes (utilisation de clusters stridents, etc.), à la manière des musiques horrifiques hollywoodiennes habituelles, bien que ces effets plus stéréotypés restent assez pondérés dans le score. On appréciera la reprise de « Never Forgive Me, Never Forget Me » avec son rythme plus soutenu lors de la scène où Heather et Vincent ouvrent la boîte contenant les objets laissés par Harry, suivi d’une brève reprise du morceau « Promise (reprise) », extrait de la BO du jeu « Silent Hill 2 », entendu dès 3:00 et repris à 5:13 au piano, « Promise » étant d’ailleurs assez présent dans la musique du « Silent Hill » de 2006. Akira Yamaoka compose de nouveaux morceaux pour les besoins du film, à commencer par l’obscur « Heather in the Fog World », typique des atmosphères sonores oppressantes habituelles du compositeur, et qui illustre l’arrivée d’Heather dans le monde terrifiant et claustro de Silent Hill. Yamaoka reste fidèle à lui-même avec « Heather in the Fog World », bien que ce nouveau morceau ne parvienne pas vraiment à laisser un souvenir particulier dans le film, comme c’était pourtant le cas des musiques dans les jeux. Autre composition originale du musicien japonais, « Red Pyramid/The Nurse » réintroduit les samples des jeux « Silent Hill 1 » et « Silent Hill 3 » et en particulier un montage sonore des sons industriels chaotiques et métalliques associés dans le film au redoutable Pyramid Head. La rencontre entre Danna et Yamaoka laisse donc la place à d’autres morceaux atmosphériques tels que le sombre et violent « Alessa’s Mother/No Ordinary Spider », où l’on retrouve les samples issus des jeux, les sonorités électroniques étranges et les passages instrumentaux dissonants et chaotiques de Jeff Danna. A noter que l’Ordre de Valtiel a droit à son propre morceau dans « Master of the Order », constitué d’un assemblage/montage de samples d’Akira Yamaoka et de sonorités dissonantes, torturées et macabres de Jeff Danna, illustrant la menace de la secte de fanatiques de Claudia Wolf. La rencontre entre Heather et Leonard donne lieu à 4:02 à une brève reprise de la musique du boss Leonard de « Silent Hill 3 », passage bien adapté dans le film à la scène où Heather affronte Leonard et s’empare du sceau de Métatron.

Bilan mitigé pour Jeff Danna et Akira Yamaoka qui signent donc une partition ténébreuse et particulièrement sombre sur « Silent Hill Revelation », malheureusement bien moins impressionnante que celle du premier film de 2006. Le score fait la part belle aux passages orchestraux plus conventionnels de Jeff Danna et ne parvient pas à convaincre autant que sur le premier score, qui rendait davantage hommage au travail monumental d’Akira Yamaoka sur les jeux d’origine, alors que sur « Revelation », la partie du musicien nippon, bien que très présente à l’écran, est davantage reléguée au second plan voire peu valorisée par endroit ou alors montée et mixée de façon brouillonne et aléatoire. Si le cahier des charges est donc rempli pour les deux compositeurs, qui apportent chacun à leur tour une partie créative sur la bande originale du film de Michael J. Bassett et soulignent l’univers sombre, unique et dérangeant de Silent Hill, le résultat, qui est un amalgame du travail des deux musiciens, n’atteint jamais la folie sonore et musicale des jeux d’origine. Même les fans des travaux d’Akira Yamaoka risquent fort d’être déçu par le score de « Revelation » : à réserver malgré tout aux accrocs des jeux, et à ceux désireux de prolonger l’expérience des jeux à travers ce nouveau film !



---Quentin Billard