1-Palmdale 4.17
2-Email Attachment 5.29
3-In Tents 0.55
4-BackYard Sound 2.51
5-Broken Camera 3.04
6-Kid Scare 1.51
7-Kelly Watches Video 1.43
8-Alone In The House 2.40
9-Hotel 0.57
10-On The Ceiling 1.50
11-Placing Transmitters 1.17
12-Scary Laundry 2.23
13-Trapping The Apparition 1.39
14-Aftermath 2.10
15-Safe House 4.56
16-Kelly Escapes 2.00
17-Apparition Main Titles 3.05

Musique  composée par:

Tomandandy

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 162 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Percussions et Opérateur ProTools:
Gabe Castro
Monteur musique:
Brian Richards
Superviseur musique:
Amine Ramer
Co-ordinateur musique:
Andy Ross

Artwork (c) 2012 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **
THE APPARITION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tomandandy
« The Apparition » narre le quotidien de Kelly (Greene) et Ben (Stan), qui mènent une existence ordinaire dans leur nouvelle maison située dans une jolie banlieue pavillonnaire typiquement américaine. Mais très vite, des événements étranges surviennent dans la maison : des meubles sont déplacés tout seul, des tâches de pourriture apparaissent dans le carrelage, les portes de la maison sont mystérieusement ouvertes en pleine nuit, le chien du voisin décède mystérieusement dans une pièce de la maison, etc. Alors que Kelly est terrifiée et ignore tout de la situation, Ben, lui, connaît les origines de tous leurs tracas et reste très préoccupé par un secret qui le ronge depuis plusieurs années : il a participé il y a longtemps à une expérience scientifique en compagnie de trois de ses anciens camarades de classe, qui tentaient de reproduire la fameuse « expérience de Charles », une expérience de parapsychologie censée prouver que les esprits et les apparitions sont purement le fruit de notre pensée. L’expérience fut conduite une première fois en 1973, avant d’être à nouveau reproduite des années plus tard par Patrick (Tom Felton), Lydia (Julianna Guill), Greg (Luke Pasqualino) et Ben. Mais l’expérience a mal tourné, et les étudiants ont ouvert la porte à un terrifiant esprit maléfique provenant d’un autre monde, entraînant la disparition brutale de Lydia. Parce qu’il a participé à cette expérience dangereuse, Ben sait que lui et sa fiancée Kelly sont aujourd’hui menacés par l’esprit maléfique, bien décidé à s’emparer de chacun des êtres vivants qu’il croisera sur son chemin. Si l’intrigue de l’expérience qui a mal tourné était plutôt bien trouvé, le scénario de « The Apparition » n’est au final qu’un prétexte à un recyclage complet de tous les thrillers paranormaux en vogue à Hollywood depuis ces dernières années : le film de Todd Lincoln mange donc à tous les râteliers et recycle en grande pompe des idées piochées à droite à gauche : « Paranormal Activity », « Insidious », « The Grudge », rien de tout ce que l’on voit dans « The Apparition » semble neuf ou même un tant soi peu original (cf. le plan de la fille fantôme qui apparaît derrière le sèche linge, totalement recopié sur « The Grudge » !). « The Apparition » est donc un thriller soporifique d’un ennui colossal : le film est non seulement lent mais aussi incroyablement mou et totalement dénué de la moindre once d’angoisse ou de frisson. Même les jeunes acteurs du film semblent totalement dépassés par la situation. Pire encore : le film a été un échec cuisant au box-office U.S., car malgré son petit budget, « The Apparition » n’a même pas encore réussi à rentrer dans ses frais aux Etats-Unis, où il atteint tout juste les 9,6 millions de dollars. Il faut dire que le studio en lui-même n’a rien fait pour promouvoir sérieusement le film, probablement convaincu qu’il n’était pas assez bon pour rencontrer son public – curieuse logique, car on peut dès lors se demander la raison pour laquelle ils ont tout de même produit le film s’ils savaient qu’il était si mauvais ? – Au final, « The Apparition » est donc voué à tomber dans les oubliettes, car à trop vouloir copier les thrillers paranormaux du moment, le long-métrage de Todd Lincoln se plante totalement et fait fausse route du début jusqu’à la fin !

Seule l’étrange musique électronique conçue par le groupe électro américain Tomandandy - alias Andy Milburn et Thomas Hajdu – parvient à capter un minimum notre attention dans le film, bien que la musique reste somme toute utilisée avec parcimonie dans le film, et relativement discrète sur les images. Tomandandy n’en est pas à sa première musique de film, puisque le groupe a déjà composé pour des films tels que « The Mothman Prophecies » (2002), « The Rules of Attraction » (2002), « The Hills Have Eyes » (2006) ou bien encore le récent « Resident Evil Retribution » (2012). Dès les premières minutes du film, Tomandandy impose d’emblée le ton électro et contemporain du score dans « Palmdale », évoquant la vie de Ben et Kelly dans leur paisible maison située en pleine banlieue pavillonnaire. Le morceau s’apparente à un thème aux consonances pop/new-age/électro plutôt mélodique et dynamique, dans la veine électro classique à la Daft Punk, évoquant clairement le caractère paisible et ordinaire de l’existence du jeune couple. Pourtant, « Email Attachment » arrive assez rapidement à casser cette atmosphère électronique paisible et mélodique avec l’instauration de nappes sonores plus sombres et étranges, plus typiques des musiques atmosphériques habituelles de Tomandandy pour les films d’horreur. On pense ici à « The Hills Have Eyes » ou aux « Resident Evil », dans cette façon dont les deux musiciens parviennent à manipuler les sons pour obtenir un résultat sonore foncièrement sombre, glauque et irrémédiablement indissociable des images. Au statut fonctionnel habituel de ce tapissage sonore, Tomandandy ajoute un jeu plutôt intéressant sur les sonorités, surtout dans la façon dont le duo déforme les sons – à commencer par des samples de glissandi ou de clusters de cordes – le tout saupoudré des sempiternels loops, nappes et effets sonores en tout genre. Foncièrement atonale, la musique glisse rapidement vers l’obscurité en soulignant la menace qui pèse sur le couple. Quelques notes de claviers tentent d’apporter un soupçon de relief à la musique, mais c’est sans compter sur l’habileté des deux compères pour suggérer la terreur en manipulant les sons avec un certain doigté, mais sans aucun génie. Si quelques notes étrangement mélancoliques du clavier apparaissent dans « In Tents » pour illustrer l’existence de Ben et Kelly sur le bord de basculer dans l’enfer, « Backyard Sound » souligne clairement l’apparition de l’entité qui s’en prend aux deux jeunes gens, avec, là aussi, tout un jeu de déformation sonore autour des instruments (piano, cordes) et des drones synthétiques habituels.

Qui dit musique d’épouvante dit bien évidemment scare jumps, et la musique de « The Apparition » n’en manque pas, à commencer par le sursaut introductif de « Kid Scare », marqué par le retour de ces notes mystérieuses de clavier, sur lesquelles Tomandandy ajoute d’étranges effets de chorus et de tremolos qui déforment là aussi le son, sans oublier ces quelques notes saturées et ces sonorités graves et inquiétantes. Pour un peu, on se croirait clairement revenu ici au temps des musiques de film d’horreur synthétiques des années 80, celles de Peter Bernstein pour « A Nightmare on Elm Street » ou de Goblin pour « Tenebre » ou « Phenomena ». La terreur provient largement des sonorités métalliques agressives ou des nappes sonores saturées et distordues de « Kelly Watches Video », avec ses sons mystérieux de piano associés dans le film au couple terrorisé. Même chose pour « Alone in the House ». Les samples macabres de l’éprouvant « On The Ceiling » basculent quant à eux dans l’expérimental et la musique industrielle pure, dans un style que n’aurait certainement pas renié Akira Yamaoka sur la saga « Silent Hill ». Tomandandy verse dans l’expérimental en utilisant ici d’étranges samples saturés et filtrés crées à partir d’une guitare électrique, pour un résultat terrifiant à l’écran comme sur l’album, où la musique bascule soudainement dans une sorte de folie sonore pas foncièrement original mais plutôt impressionnante. Hélas, cette folie est malheureusement gâchée par le manque d’idées de Tomandandy, obligé à recycler dans le film les sempiternels loops électros habituels dans « Placing Transmitters » pour apporter un caractère moderne et forcément ‘in’ à leur musique. On se consolera néanmoins avec quelques passages atmosphériques plus mémorables comme l’intense « Scary Laundry », passage musical grand-guignolesque 100% expérimental et industriel, pour la séquence de l’apparition macabre dans le lave-linge. Vous l’aurez donc compris, la bande originale de « The Apparition » n’innove nullement dans le domaine des musiques d’épouvante synthétiques et confirme le penchant habituel du groupe Tomandandy dans le maniement des samples électros et des atmosphères sonores macabres et oppressantes. « The Apparition » apporte une ambiance foncièrement sinistre au film de Todd Lincoln et reste un score fonctionnel qui résiste difficilement à l’épreuve de l’écoute isolée sur l’album. Le score reste beaucoup trop monotone, répétitif et sans relief pour susciter un quelconque enthousiasme, hormis quelques brefs passages plus enragés et trépidants, où il semble enfin se passer quelque chose de particulier. Difficile en tout cas d’être euphorique à l’écoute de ce score atmosphérique d’une banalité affligeante, alors que le domaine de l’électronique, pourtant propice aux possibilités et aux initiatives artistiques, reste toujours aussi décevant dans la plupart des films d’épouvante hollywoodiens des années 2000, dans lesquels les musiciens se contentent trop souvent de simples tapissages sonores et d’un amalgame de sound design ordinaire et sans imagination.



---Quentin Billard