1-She's A Pass 3.16
2-Mega City One 3.13
3-The Plan 2.37
4-The Rise of Ma-Ma 1.55
5-Anderson's Theme 2.36
6-Lockdown 2.46
7-Cornered 2.17
8-Kay Escapes 3.16
9-Mini-Guns 2.02
10-Undefined Space 1.16
11-Bad Judges 2.03
12-Judgment Time 1.52
13-Hiding Out 2.23
14-Order in the Chaos 1.16
15-Slo-Mo 1.27
16-Taking Over Peach Trees 1.28
17-It's All A Deep End 2.20
18-Judge, Jury and Executioner 2.18
19-Any Last Requests? 3.25
20-You Look Ready 1.38
21-Ma-Ma's Requiem 3.37
22-Apocalyptic Wasteland 2.24

Musique  composée par:

Paul Leonard-Morgan

Editeur:

Metropolis Music Group
no label number

Produit par:
Paul Leonard-Morgan

(c) 2012 DNA Films/IM Global/Peach Trees/Reliance Big Pictures/Rena Film. All rights reserved.

Note: ***
DREDD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Paul Leonard-Morgan
C’est la seconde fois que les aventures du célèbre juge Dredd, personnage de comics conçu par John Wagner et Carlos Ezquerra en 1977, se voient porter à l’écran, après une première adaptation signée Danny Cannon en 1995 sous le titre « Judge Dredd » avec Sylvester Stallone dans la peau du célèbre héros. Suite à l’échec retentissant de cette première adaptation, il y avait fort peu à parier que nous reverrions de sitôt les exploits musclés du juge Joseph Dredd sur nos écrans, mais c’était sans compter sur la détermination du producteur/scénariste Alex Garland et du réalisateur britannique Pete Travis, qui décidèrent de tourner cette nouvelle version entièrement filmée en 3D en Afrique du sud (fait plutôt rare, « Dredd » est une co-production britannico-sud-africaine). « Dredd » nous replonge ainsi dans la gigantesque métropole Mega-City One dans l’Amérique du futur, une terre ravagée et irradiée dans laquelle une poignée de survivants se sont réfugiés dans une immense ville tentaculaire où règne le chaos et la violence. Pour endiguer cette violence, les forces de l’ordre ont décidé de créer la section des juges. Les juges sont ainsi chargés de rendre la justice, en tant que juge, jury et bourreau. Le juge Joseph Dredd (Karl Urban), le plus célèbre d’entre eux, est chargé par son supérieur d’évaluer une jeune recrue de 21 ans, Cassandra Anderson (Olivia Thirlby), qui serait ainsi dotée de pouvoirs psychiques. Au cours d’une mission, Dredd et Anderson se rendent dans l’immeuble bidonville de 200 étages Peach Trees pour enquêter sur une série de meurtres particulièrement barbares impliquant la sinistre Madeline Madrigal alias Ma-Ma (Lena Headey), une impitoyable baronne de la drogue qui règne sur Peach Trees grâce au commerce d’une nouvelle drogue particulièrement addictive appelée Slo-Mo. Alors que Dredd et Anderson procèdent à l’arrestation d’un bras-droit de Ma-Ma, cette dernière décide de déclencher le système de sécurité de la tour, verrouillant le bâtiment tout entier et forçant ainsi Dredd et Anderson à rester prisonniers à l’intérieur de l’immeuble. Désormais, les deux juges vont devoir affronter une horde entière de trafiquants armés jusqu’aux dents, avec comme seul mot d’ordre la survie par tous les moyens. « Dredd » reprend donc les grandes lignes du comic book d’origine et plonge le juge Dredd dans une nouvelle aventure particulièrement violente et rythmée, avec une 3D plutôt passable et un cocktail détonnant de fusillades, de combats musclés et d’ultra-violence. Bien plus sombre que le « Judge Dredd » de 95, ce « Dredd » version 2012 est aussi bien plus fun et abouti en retournant aux sources même du comic d’origine : cette fois-ci, comme dans la BD, Dredd porte son casque en permanence, afin de mieux personnifier la justice expéditive anonyme et aveugle, avec un soupçon de fascisme latent (Dredd exécute sans remord tous les criminels). La photographie d’Anthony Dod Mantle privilégie les couleurs verdâtres comme les séquences hallucinées et expérimentales illustrant au ralenti les effets de la Slo-Mo sur l’organisme des consommateurs. Même si le script reste le point faible de « Dredd » (l'histoire est calquée sur celle du film « The Raid », fameux succès indonésien de l'année 2011), le long-métrage n’en demeure pas moins très réussi et bourré de testostérone (et, il faut bien le reconnaître, d’une violence extrême), avec un univers claustrophobique plutôt réussi qui lui permet de se démarquer totalement de la version de 1995.

C’est le compositeur écossais Paul Leonard-Morgan qui a été choisi pour concevoir la musique de « Dredd ». Refusant l’approche symphonique et classique d’Alan Silvestri sur « Judge Dredd », Paul Leonard-Morgan opte à contrario pour une musique plus électronique et contemporaine, à base de sections rock, de sonorités synthétiques déformées, de loops et d’expérimentations sonores. Dans une récente interview accordée à la sortie du film, le compositeur décrivait son travail comme un mélange détonnant de sons de synthétiseur analogue 80’s déformés avec de nombreux effets de distorsion, saupoudrés de nombreux « beats », pour un résultat décrit par l’un des producteurs du film comme un score ‘dynamique et super-contemporain’. Dès l’introduction dans « She’s a Pass », le ton est donné : section rock, samples synthétiques des années 80 déformés et saturés, et omniprésence de loops/rythmes électro/rock. Le résultat est à mi-chemin entre Tomandandy, John Carpenter et Cliff Martinez. Cette orientation contemporaine est aussi reflétée à travers « Mega City One » qui évoque la ville futuriste où se situe l’action de « Dredd », morceau quasiment entièrement composé de samples synthétiques saturés et grinçants. Les guitares électriques font leur apparition dans « The Plan » où la partie rock devient plus présente, personnifiant à l’écran la détermination du juge Dredd. Dans « The Rise of Ma-Ma », Paul Leonard-Morgan continue de triturer ses samples avec un certain doigté, même si son recours systématique aux effets de distorsion/saturation finit par devenir répétitif, monotone et ennuyeux. Mais le résultat est là : le compositeur parvient à créer une atmosphère contemporaine sombre et étrange dans « The Rise of Ma-Ma » ou même « Anderson’s Theme », thème associé à Anderson dans le film et qui évoque les pouvoirs psychiques de la jeune recrue de Dredd. Le « Anderson’s Theme » n’a rien de vraiment mélodique en soi et s’apparente davantage à un thème harmonique dominé par des pads synthétiques froids sur fond de nappes sonores mystérieuses et un brin mélancoliques. Dans « Lockdown », les rythmes électro/techno saturés s’intensifient, alors que Dredd et Anderson se retrouvent bloqués dans l’immeuble du Peach Trees. Les effets de saturation/distorsion dominent ensuite « Cornered », avec ses rythmes filtrés entêtants et un brin chaotiques, alors que la situation commence à basculer dangereusement dans l’anarchie.

Dans « Kay Escapes », Paul Leonard-Morgan s’essaie à quelques expérimentations électroniques plus étranges et insolites, traduisant non seulement le caractère menaçant des lieux où se situe l’action mais aussi les dangers de la Slo-Mo conçue par Ma-Ma et la menace qui pèse constamment sur Dredd et Anderson, traqués sans relâche par les hommes de main de la baronne de la drogue. Les rythmes techno/rock de « She’s a Pass » reviennent dans l’enragé « Mini-Guns » pour la séquence où Ma-Ma abat des centaines de personnes en tirant de nombreuses rafales à travers les murs de l’immeuble, espérant tuer Dredd et sa jeune recrue. La tension et l’action sont les maîtres mot du compositeur, refusant ici toute approche orchestrale au profit d’une musique essentiellement rock/électronique, comme le rappelle le sombre « Bad Judges » ou l’étrange « Judgment Time », dont les effets de glissandi saturés font basculer le score dans la musique industrielle pure et dure. Les rythmes rock du juge Dredd se détachent enfin dans « Order in the Chaos », alors que le juge met en application sa conception très personnelle de la justice aveugle et intransigeante, comme dans « Taking Over Peach Trees » et ses riffs fun de guitare électrique. Morceau particulier dans le score de « Dredd », « It’s All a Deep End », avec ses nappes sonores éthérées new-age doucement mélancoliques et mystérieuses, un passage plutôt intéressant bien qu’assez peu exploité au final dans la partition du film, hormis le dramatique et conclusif « Ma-Ma’s Requiem » traduisant les derniers instants de Ma-Ma, apportant un début d’émotion plutôt étonnant et fort bienvenue. Paul Leonard-Morgan signe donc une partition éminemment contemporaine pour « Dredd », entre musique industrielle, expérimentations électronique et musique rock, un score qui correspond parfaitement à l’univers déshumanisé, froid et violent du film de Pete Travis. Voilà en tout cas un score plutôt fonctionnel et assez particulier qui ne plaira qu’aux amateurs de musique électro-rock pure, et à ceux qui se désintéressent des traditionnelles musiques d’action orchestrales hollywoodiennes. Pour les autres, qui aiment des approches plus conventionnelles, le score de « Dredd » risque d’être une véritable douche froide, car si vous vous attendez à un nouvel exploit musical dans la veine du « Judge Dredd » d’Alan Silvestri, vous risquez fort d’être déçu !



---Quentin Billard