1-Prologue 2.57
2-Building the Deathcoaster 1.57
3-Give Me Some Sugar/
Boneanza 2.00
4-Time Traveller 2.42
5-Ash Splits 2.20
6-Little Ashes 2.44
7-Ash in Chains 3.04
8-Night Court 1.41
9-The Forest of the Dead/
Graveyard 2.52
10-The Pit 2.06
11-God Save Us 1.32
12-Foulthing 1.10
13-March of the Dead 3.55*
14-Whites of Their Skulls 1.37
15-The Deathcoaster 2.03
16-On The Parapet 2.45
17-Ash Bucklers 2.33
18-Skeletor 1.56
19-Soul Swallower 0.48
20-Many Men 1.53
21-End Titles 5.26

*Composé par Danny Elfman.

Musique  composée par:

Joseph LoDuca

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5411

Album produit par:
Joseph LoDuca
Producteur exécutif:
Robert Tonwson
Montage de la musique:
Doug Lackey
Assistant de Mr. LoDuca:
Trisha Hagan
"March Of The Dead"
Composé par:
Danny Elfman

Artwork and pictures (c) 1992 Universal City Studios Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
ARMY OF DARKNESS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph LoDuca
La trilogie des « Evil Dead » du réalisateur Sam Raimi est considérée à juste titre comme une oeuvre majeure dans le cinéma d'horreur/fantastique américain. En fait, tout comme les précédents volets, ce troisième épisode (« Army of Darkness ») s’apparente à une délirante parodie de films d'horreur, contenant finalement plus de rire que de scènes gores à proprement parler ! Pour sa troisième aventure, Ash (toujours interprété parfaitement par l’excellent Bruce Campbell), une tronçonneuse greffée au poignet, doit remonter le temps afin de mettre la main sur le Nécronomicon, grimoire maléfique à l’origine de tous ses malheurs. Pour accomplir sa quête, il devra remonter le temps jusqu’en l’an 1300, en pleine période du Moyen-âge. Mais sa croisade ne sera pas de tout repos, puisqu’il se retrouvera alors en pleine bataille opposant un peuple de villageois opprimés à une armée de morts prêts à tout pour détruire l’humanité. Sans jamais se prendre complètement au sérieux, ce « Army of Darkness » est une conclusion totalement délirante et déjantée à la saga crée par Sam Raimi en 1981. Ici, les gags sont légions et l’humour noir omniprésent : on rigole beaucoup devant la stupidité de certaines scènes ultra-exagérées (le pauvre Ash qui se fait agresser par une armée de mains de squelettes qui lui tirent les oreilles et lui curent le nez !). Ce troisième opus se distingue aussi des autres par ses décors médiévaux qui permettent au réalisateur de caricaturer la période du Moyen-âge en détournant habilement les codes du genre : ici, c’est le choc de la rencontre entre le passé et le futur sur fond d’armée de squelettes, de démons putrides et autres esprits pervers ! Avec un budget plus conséquent (environ 11 millions de dollars), et des effets spéciaux impressionnants pour l’époque - utilisant la technique très kitsch du stop-motion - « Army of Darkness » n’a malheureusement pas rencontré le succès escompté à sa sortie en salle mais devint très rapidement culte par la suite, lors de sa sortie vidéo, ayant par la suite inspiré une série de comics et de jeux vidéos.

Le compositeur Joseph LoDuca (connu pour ses musiques pour les séries « Hercules », « Young Hercules » et « Xena, Warrior Princess ») a signé les musiques deux précédents opus de la saga « Evil Dead ». Mais pour ce troisième film, Sam Raimi souhaitait faire appel à Danny Elfman, qui collabora avec le réalisateur deux ans auparavant sur « Darkman » (1990). Elfman écrivit alors un seul morceau pour le film, le fameux « March of the Dead », mais alors qu’une bonne partie du film allait être modifiée, Elfman quitta le projet et fut rapidement remplacé par Joseph LoDuca, qui en profita ainsi pour conclure la musique de la saga qui débuta en 1981. Afin d’assurer la continuité avec le style Elfman et de tenter de trouver un compromis entre la personnalité des deux musiciens, Sam Raimi demanda à Joseph LoDuca de s’inspirer du style musical de Danny Elfman pour composer la musique de son film. Du coup, la BO de « Army of Darkness » s’apparente à une véritable fantaisie musicale « Elfmanienne » en bonne et due forme, mais avec la personnalité de LoDuca en plus - qui a toujours été un fin caméléon musical, capable de se fondre avec habileté dans n’importe quel style, et ce même si l’on regrette bien souvent son manque d’idées réellement personnelles.

Dès les premières minutes du « Prologue », LoDuca nous plonge d’emblée dans un univers fantastique et surréaliste, avec une chorale grandiose et un orchestre massif principalement constitué des cordes et des cuivres. Cette ouverture chorale gothique et ténébreuse rappelle clairement la musique de « Evil Dead II » et permet au compositeur d’assurer la transition entre les deux films. L'aspect aventureux de « Army of Darkness » est alors suggéré ici par une petite marche entraînante, accompagnée de quelques coups de caisse claire et de cuivres, avant de se conclure de façon plus mystérieuse sur les bois et les cordes. Joseph LoDuca fait alors intervenir à nouveau les choeurs qui vont crescendo jusqu’à un climax totalement déchaîné et infernal, dans l'esprit de Danny Elfman. LoDuca évoque alors avec ce « Prologue » le caractère démoniaque et maléfique de cette nouvelle aventure particulièrement mouvementée !

Mais si le « Prologue » annonce clairement une histoire toute aussi sombre, sinistre et grandiose que le film précédent, « Building The Deathcoaster » rompt avec la noirceur gothique de l’introduction en dévoilant ici le nouveau thème principal de la partition, une sorte de chevauchée héroïque médiévale cuivrée représentant le courage et la bravoure de Ash, le grand héros du film. Cette superbe chevauchée semble ici faire ironiquement référence au « Robin Hood » de Michael Kamen - partition alors très populaire et aussi très influente dans les années 90 pour tout ce qui touche à l’aventure médiévale et à l’héroïsme musical. Les choeurs sont toujours présents, la musique devenant alors particulièrement prenante et grandiose à l’écran. LoDuca s’amuse donc à varier les ambiances, puisqu’après le ténébreux « Prologue » et le thème héroïque épique et savoureux de « Building The Deathcoaster », le musicien nous offre l’inévitable thème d’amour, une mélodie magnifique écrite pour hautbois et cordes, apportant un peu de fraîcheur et de poésie à un score fantaisiste et infernal, un Love Theme très conventionnel et caricatural - et aussi non dénué d’humour - qui enchaîne sur une autre chevauchée héroïque et triomphante de notre héros préféré. A noter que le dit Love Theme accompagne en fait dans le film la romance entre Ash et la belle Sheila (Embeth Davidtz). C’est d’ailleurs la première fois qu’un film de la saga « Evil Dead » contient une musique plus intime et romantique, la partition de « Army of Darkness » étant d’ailleurs la BO la plus accessible des trois films.

Avec « Time Traveller », on retombe très vite dans les délires fantaisistes typiques de la musique de « Army of Darkness ». « Time Traveller » évoque l’idée d'un voyage dans le temps, de la découverte quasi hypnotisante d’un autre monde. Les chœurs sont toujours présents, la musique basculant finalement dans le grotesque pur lorsque les choristes commencent à crier dans tous les sens de façon quasi surréaliste (à l’écran, Ash remonte le temps), sur un fond de glissandi morbides et dissonants des cordes. Le délire semble ne plus avoir de limite avec des pièces plus burlesques telles que « Ash Splits », « Little Ashes » et « Ash in Chains », véritables petits déchaînements orchestraux totalement délirants aux orchestrations fantaisistes et étranges à la Danny Elfman. Ainsi donc, « Ash Splits » s’apparente à une véritable fantaisie musicale, faisant intervenir le piccolo lors d’une caricature délirante d’une danse médiévale. « Little Ashes » prend quand à lui les traits d’une petite marche espiègle totalement grotesque, dans le style du thème principal du « Beetlejuice » de Elfman pour la scène où les mains de squelettes harcèlent Ash, sans oublier « Ash in Chains », dans lequel on pourra réentendre une version totalement inattendue du « Love Theme » dans une très belle version pour flûte à bec, guitare et tambourin - imitant par la même occasion des clichés d’instrumentation moyenâgeuse. Cette véritable fantaisie musicale libérée de toute contrainte fonctionne parfaitement à l’écran, permettant ainsi au compositeur de renforcer le caractère parodique et humoristique du film de Sam Raimi, avec un sens de la dérision constant.

Néanmoins, LoDuca continue de varier les ambiances tout au long du film, passant d'une extrémité à une autre, alternant passage intime/romantique et déchaînements délirants dans « Time Traveller » ou « Little Ashes », sans oublier les morceaux plus héroïques ou aventureux comme le très épique et chevaleresque « Building The Deathcoaster », censé accompagner les préparatifs de la bataille finale contre les démons, lorsque Ash et les villageois préparent ensemble une nouvelle arme censée vaincre le chef de l’armée des ténèbres. A noter la présence d’une petite danse médiévale dans « Night Court », écrite pour un petit groupe d'instruments (flûte traversière, guitare, tambourin, violon solo). Visiblement, Joseph LoDuca se fait plaisir et cela se sent ! Le reste de la partition de « Army of Darkness » reste tout aussi surprenant, la musique ne se relâchant jamais afin de conserver un intérêt constant tout au long du film. Ainsi, « The Forest of the Dead/Graveyard » développe une atmosphère plus sombre, mystérieuse et macabre avec ses choeurs d'hommes a cappella, doublés par un violoncelle et un basson. Ces choeurs quasi sataniques évoquent la scène où Ash recherche le Nécronomicon dans la forêt de la mort. On débouche ensuite sur un passage plus inquiétant fait de chuchotements fantomatiques et autres sons surréalistes mystérieux et inquiétants.

Et c’est en toute logique que l’on aboutit enfin à l'inquiétante et délirante « March of the Dead » composée par Danny Elfman, et qui accompagne l'excellente scène où la mort rassemble son armée de squelettes afin de préparer l’attaque du château d’Ash. Cette marche assez lente continue de monter lentement en crescendo, laissant ainsi l'orchestre s'installer dans une atmosphère plus morbide et inquiétante - sans aucun doute le morceau-clé de la partition de « Army of Darkness ». A noter qu’avec ses orchestrations très inventives et son rythme de marche grotesque, la marche de la mort annonce clairement le thème que composera quelques années plus tard Danny Elfman pour « Mars Attacks ! » de Tim Burton. Quoiqu’il en soit, les fans du compositeur se régaleront à coup sûr avec cet excellent et fantaisiste « March of the Dead », dans un style un peu grinçant qui rappelle par moment les excentricités musicales de Bernard Herrmann - influence majeure chez Danny Elfman ! A ce sujet, impossible de ne pas penser à la fameuse scène des squelettes dans « Jason & The Argonauts » de Bernard Herrmann, partition monumentale dans laquelle le maestro utilisait un xylophone imitant le claquement des os, un effet instrumental classique qu’Elfman réutilisera à son tour dans « March of the Dead ». Humour noir garanti à l’écran !

Enfin, LoDuca revient sur le reste de la partition et nous offre plusieurs passages d'action tonitruants à souhait, illustrant ainsi les différents combats entre les squelettes et Ash (« White of Their Skulls », « The Pit », sans oublier le très héroïque « The Deathcoaster » qui reprend la chevauchée triomphante d’Ash. Même chose pour « On The Parapet », « Ash Bucklers » et « Skeletor », qui accompagne avec brio l’affrontement final contre le chef des morts. LoDuca soigne ici toute particulièrement ses orchestrations, alternant envolées cuivrés massives et percussions endiablées pour un mélange assez détonnant entre terreur, action, héroïsme et humour noir. Finalement, la partition de « Army of Darkness » aboutit à une coda triomphante dans « Manly Man » et le générique de fin (« End Titles »), passant en revue les différents thèmes du score.

Au final, « Army of Darkness » se distingue avant tout par son originalité et ses nombreuses trouvailles sonores. Joseph LoDuca n'hésite pas à faire crier un choeur, à incorporer des chuchotements macabres ou à lancer son orchestre dans une véritable succession de scherzos débridés, le tout baignant dans un sens infernal de la fantaisie musicale, frôlant bien souvent le grotesque pure voire le burlesque. L'esprit de Danny Elfman plane sur l’ensemble de cette BO pour laquelle le compositeur attitré de Tim Burton n’est intervenu que sur le classique « March of the Dead ». La partition de « Army of Darkness » tire donc sa force d’un humour noir omniprésent, n'hésitant pas à mélanger pêle-mêle du romantisme rétro (« Give Me Some Sugar ») ou de l’héroïsme chevaleresque (« Building The Deathcoaster »), sans oublier des danses médiévales (« Night Court ») ou des passages à suspense plus terrifiants (« The Pit »). L’ensemble se marie parfois difficilement mais la pluralité des ambiances et l’inventivité constante de Joseph LoDuca ont permis à la musique de devenir une espèce de classique du genre, sans aucun doute la partition la plus accessible des trois films de la trilogie de Sam Raimi. A la fois entraînante, sombre, mémorable et déjantée dans le film, la musique de « Army of Darkness » est à découvrir sans plus attendre, un score désormais incontournable pour tous ceux qui s’intéressant à l’univers des « Evil Dead » et aux oeuvres de Joseph LoDuca !



---Quentin Billard