1-Superman Falls 1.11
2-Louis Simo, P.I. 1.37
3-The Suit 2.30
4-George and Toni 4.09
5-The Meaning of Justice 2.16
6-The Will 4.09
7-Playground 1.48
8-The Morgue 2.56
9-Father's Apology 1.17
10-Mannix Estate 3.03
11-A Violent Past 2.52
12-George and Toni (Reprise) 1.26
13-Roosevelt Hotel 3.31
14-Super 8 0.55
15-Last Night, Part I 2.34
16-Last Night, Part II 2.25
17-Laurie and Evan 1.25
18-Superman Rises 1.10
19-A New Simo 3.02

Musique  composée par:

Marcelo Zarvos

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 754 2

Album produit par:
Marcelo Zarvos
Producteur exécutif:
Robert Townson
Coordinateur soundtrack pour
Focus Features:
Jennifer Towle
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 2006 Focus Features LLC. All rights reserved.

Note: ***
HOLLYWOODLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marcelo Zarvos
« Hollywoodland » est un polar d’Allen Coulter sorti en 2006, centré autour de l’énigmatique décès de l’acteur américain George Reeves (Ben Affleck) le 16 juin 1959 dans sa maison de Beverly Hills située sur les collines d’Hollywood. Reeves s’était fait connaître dans les années 50 en incarnant pour la télévision le célèbre homme d’acier dans la série TV « Adventures of Superman ». Il mourra finalement d’une balle dans la tête, laissant derrière lui une fiancée, la starlette Leonore Lemmon (Robin Tunney), et suscitant l’émoi dans la communauté des fans de Superman. Rapidement, la police clôt l’affaire, et ce malgré le caractère étrange de ce décès. C’est alors qu’Helen Bessolo (Lois Smith), la mère de George Reeves, décide d’engager un détective privé, Louis Simo (Adrien Brody), pour enquêter sur la mort de son fils. Simo découvre que l’acteur entretenait une liaison sulfureuse avec Toni (Diane Lane), l’épouse d’Eddie Mannix (Bob Hoskins), le dirigeant du studio de cinéma de la MGM. Pour Simo, Mannix est la clé du meurtre de Reeves, et ses soupçons se portent rapidement vers lui. Au fil de son enquête, Simo accumule les pistes et conçoit plusieurs théories sur la mort de l’acteur hollywoodien : soit il s’agit d’un suicide, soit il s’agit d’un meurtre, avec comme principal suspect Eddie Mannix, mais aussi sa femme Toni, sa fiancée Leonore, ou bien il s’agit tout simplement d’un accident. « Hollywoodland » nous éclaire donc davantage sur cette énigme policière irrésolue, même à l’époque, car si la police américaine a effectivement conclu à la thèse du suicide en 1959, les soupçons d’assassinat ont toujours été tenaces, sans jamais aboutir à quoique ce soit de concret. Le réalisateur Allen Coulter parvient à donner corps à cette intrigue policière passionnante, menée par un Ben Affleck à contre-emploi dans le rôle difficile de George Reeves. Le film alterne entre les flash-backs du passé et les scènes du présent, dominées par Adrien Brody, parfait dans la peau d’un détective privé déterminé et obsédé par son enquête, rongé par un mystère impossible à résoudre, un puzzle dans lequel il manquerait une pièce importante. L’intrigue devient d’ailleurs plus captivante lorsque le réalisateur parvient à instaurer un étrange parallèle entre Reeves et Simo : tous les deux sombrent dans la déchéance à cause de leur égo et de leur entêtement. Même si le film n’a pas le brio ni la carrure d’un Brian DePalma, il reste un polar de qualité pour l’une des plus passionnantes affaires criminelles du Hollywood des années 50, et permet à Ben Affleck de se voir offrir l’un des meilleurs rôles de sa carrière, faisant taire ses nombreux détracteurs qui lui reprochèrent un jeu monolithique et un regard bovin dans ses premiers rôles : Affleck prouve avec « Hollywoodland » qu’il a la carrure d’un grand acteur hollywoodien, en campant cette star déchue qui restera connue à jamais pour son incarnation télévisée de Superman.

La partition orchestrale du compositeur et pianiste brésilien Marcelo Zarvos n’est certes pas l’élément le plus mémorable de « Hollywoodland », mais son impact sur les images reste indéniable, Zarvos parvenant à retranscrire chaque émotion et chaque sentiment avec une certaine finesse, sans jamais en faire de trop. Le compositeur suggère le Hollywood des années 50 en ayant recours à un style jazzy discret mais très présent dans le film, parsemé de trompette solitaire, de cordes et de piano intime. Dès les premières secondes de « Superman Falls », Marcelo Zarvos pose le ton du score de « Hollywoodland » en évoquant la chute de la star qui incarna pendant plusieurs années Superman à la télévision. La musique reste dramatique et mélancolique, avec ses arpèges de harpe et ses nappes de cordes, tandis que quelques timbales funèbres viennent rappeler le décès tragique de George Reeves. Dans « Louis Simo, P.I. », Zarvos introduit les sonorités jazzy associée au personnage du détective brillamment interprété à l’écran par Adrien Brody. Une trompette en sourdine accompagnée d’un vibraphone et de pizz de contrebasses suffisent à évoquer la couleur polar rétro des fifties voulue par le compositeur sur le film, un peu à la manière des films noirs hollywoodiens de cette époque, dans la lignée du « Chinatown » de Jerry Goldsmith. Mais la partie jazzy reste discrète, toujours accompagnée par l’orchestre dominé par les cordes, quelques bois et une harpe. On notera dans « Louis Simo, P.I. » l’introduction d’un thème de trompette qui restera associé à Simo tout au long de son enquête, personnifiant aussi bien le détective privé que son entêtement à découvrir la vérité. « The Suit » prolonge le climat mélancolique et intime du début en optant pour un style minimaliste et retenu que n’aurait pas renié Thomas Newman. Evitant de verser dans la surenchère orchestrale, Marcelo Zarvos dose sa musique à l’écran et l’adapte au drame humain qui se déroule sous nos yeux. La seconde partie plus sombre et tendue de « The Suit » suggère d’ailleurs clairement tout le mystère entourant la mort de Reeves, avec l’introduction du piano, instrument-clé de la partition de « Hollywoodland », avec quelques notes de vibraphone, des coups discrets de timbales et des tenues de cordes. Dans « George and Toni », l’atmosphère devient plus feutrée et suave avec une musique plus romantique et mélancolique pour la liaison entre George Reeves et Toni, la femme d’Eddi Mannix. On découvre ici un thème de trompette jazzy dans la lignée du « Chinatow » ou du « L.A. Confidential » de Jerry Goldsmith, accompagné par quelques notes de clarinette basse, de vibraphone et de cordes. Ici aussi, priorité à une retenue extrême et une économie de moyens, la musique restant centrée autour d’un petit ensemble instrumental judicieusement choisi et adapté aux images.

« The Meaning of Justice » devient plus ample avec ses harmonies de vents et de cordes sur fond de notes graves de piano, harpe et vibraphone. La musique devient aussi plus pesante alors que l’enquête de Simo avance difficilement. Le thème jazzy de Simo revient dans « The Will », toujours dominé par sa trompette en sourdine indissociable du monde des détectives privés américains des 50’s. Ici, comme dans la seconde partie de « The Suit », la musique devient plus sombre avec ses tenues de cordes froides et ses notes hésitantes de piano et de pizz de contrebasse, l’utilisation du piano rappelant parfois vaguement Christopher Young. L’influence de Young paraît d’ailleurs un brin plus évidente dans « The Morgue », où la musique devient plus sombre et pesante, alors que Simo se rend à la morgue pour observer le corps de George Reeves. Il règne dans « The Morgue » une tension plus suggérée mais néanmoins présente, renforçant le caractère sombre de la musique et du film. « Mannix Estate » renforce d’ailleurs le climat de suspicion du film avec une utilisation systématique des instruments et des nappes de cordes. Cette atmosphère de suspicion et de tension trouve un écho évident dans « A Violent Past » et « Roosevelt Hotel », alors que le thème de Simo est repris à nouveau à la trompette puis au vibraphone sur fond d’ostinati entêtants de harpe et de cordes. La tension semble présente dans la plupart de ces morceaux, même si, là aussi, Marcelo Zarvos conserve son approche minimaliste et retenue sans jamais en faire de trop. Quelques notes dissonantes viennent pointer le bout de leur nez dans « Last Night Part 1 », faisant basculer la musique de « Hollywoodland » dans le thriller pur et dur, alors que Simo conçoit ses différentes théories sur la mort de Reeves. « Last Night Part 2 » devient même résolument tragique avec la trompette soliste et des cordes plus dramatiques. A noter que le Love Theme mélancolique et jazzy de « George and Toni » revient une dernière fois dans « Laura and Evan » avant la conclusion plus paisible de « A New Simo ». Marcelo Zarvos signe donc une partition orchestrale dramatique, sombre et retenue pour « Hollywoodland », teintée de touches jazzy discrètes évoquant le Hollywood des années 50 et son atmosphère de polar/film noir. La musique conserve tout au long du film cette approche retenue qui pourra s’avérer un peu monotone et fastidieuse sur l’album, mais parfaitement adaptée à l’ambiance et aux images du long-métrage d’Allen Coulter.



---Quentin Billard