1-Childhood Tragedy 0.53
2-Vampires 3.05
3-What Do You Hate? 1.15
4-Power Comes From Truth 2.28
5-You Are Full of Surprises 1.15
6-Mary Todd 1.55
7-The Horse Stampede 3.14
8-Henry Sturgess 0.54
9-Adam 1.27
10-Rescue Mission 1.14
11-Inauguration 1.52
12-All Slave to Something 2.48
13-Emancipation 0.44
14-Haunted By the Past 2.59
15-Battle at Gettysburg 0.49
16-Forging Silver 1.39
17-80 Miles 1.51
18-The Burning Bridge 3.40
19-Not the Only Railroad 1.37
20-The Gettysburg Address 2.21
21-Late to the Theater 1.59

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Sony Classical 88691978332

Musique produite par:
Henry Jackman
Musique additionnelle de:
Dominic Lewis, Matthew Margeson
Monteurs musique:
Jack Dolman, Jeanette Surga
Album produit par:
Henry Jackman, Jack Dolman

Artwork and pictures (c) 2012 20th Century Fox. All rights reserved.

Note: **1/2
ABRAHAM LINCOLN :
VAMPIRE HUNTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
Et si le seizième président des Etats-Unis avait été dans une vie cachée un redoutable chasseur de vampires assoiffé de vengeance ? C’est le postulat initial insolite de « Abraham Lincoln : Vampire Hunter », nouveau long-métrage du réalisateur russe Timur Bekmambetov, auteur du populaire « Night Watch » (2004). Adapté du roman de Seth Grahame-Smith publié en 2010, « Abraham Lincoln : Vampire Hunter » mélange de façon étonnante l’histoire du véritable Abraham Lincoln dans une intrigue de chasse aux vampires assez classique mais plutôt efficace. Produit par Tim Burton et la 20th Century Fox, « Abraham Lincoln : Vampire Hunter » relate l’histoire de Lincoln, partagée ici entre réalité et fiction : président des Etats-Unis le jour, Lincoln devient un terrible chasseur de vampires la nuit, faisant du personnage brillamment incarné à l’écran par le jeune Benjamin Walker un véritable héros de comic book, armé de sa fidèle hache et d’une détermination infaillible, épaulé par son mentor Henry Sturgess (Dominic Cooper), qui lui apprendra à combattre les vampires, sans oublier le soutien primordial de son épouse Mary Todd Lincoln (Mary Elizabeth Winstead). L’exercice semblait périlleux, mais le réalisateur Timur Bekmanbetov s’en tire plutôt à bon compte, nous offrant quelques scènes d’action démesurées (la bataille finale sur les rails du train en feu), un casting solide (Mary Elizabeth Winstead, Dominic Cooper, Anthony Mackie, Rufus Sewell), un peu de frissons, des vampires déchaînés et des effets spéciaux solides. On retrouve d’ailleurs ici le style visuel habituel de Bekmambetov avec une mise en scène et une photographie souvent inventive – l’affrontement en plein coucher de soleil sur le dos d’un troupeau de chevaux – quelques prouesses techniques qui permettent de retrouver le style du réalisateur russe dans une intrigue uchronique mêlant réel et fiction avec une audace que seule Hollywood peut se permettre. Le résultat, sans casser trois pattes à un canard, se laisse regarder avec un certain plaisir, un pur divertissement coupable nappé d’effets spéciaux, de vampires assoiffés de sang et d’un Abraham Lincoln qui rejoint enfin le panthéon des super héros U.S. et autres pourfendeurs de créatures aux dents longues !

Remarqué pour ses excellentes partitions pour « X-Men First Class » et « Puss in Boots », le compositeur Henry Jackman est devenu en quelques années une valeur sûre issue du studio Remote Control de l’omniprésent Hans Zimmer. C’est d’ailleurs avec un certain enthousiasme que l’on attendait le nouvel opus musical d’Henry Jackman pour « Abraham Lincoln : Vampire Hunter », car le film offrait enfin l’occasion au compositeur de s’exprimer sur un long-métrage mélangeant action et frissons. Hélas, le résultat est en dessous de nos attentes, car le compositeur délaisse la carte de la musique gothique ténébreuse si chère aux films de vampires mais élabore davantage un style musical plus ordinaire mélangeant orchestre et synthé dans la veine des scores d’action habituels de chez Remote Control. Paresseux, le compositeur semble l’avoir été sur « Abraham Lincoln : Vampire Hunter », lui qui nous avait pourtant conquis avec ses thèmes prenants et ses envolées orchestrales épiques sur « X-Men First Class ». Ainsi, tous les clichés habituels des musiques de chez Hans Zimmer sont passés ici en revue dans « Abraham Lincoln » : ostinati simplistes de cordes, percussions et rythmes électro, guitare électrique, etc. « Childhood Tragedy » débute le film en introduisant le thème principal qui sera constamment répété (voire trop ?) tout au long du film, motif de 5 notes pas franchement mémorable, introduit ici par la voix fragile d’un jeune garçon soprano sur fond de cordes et de piano, une introduction intime et touchante qui ne tarde pas à céder la place à des notes plus sombres et menaçantes des cordes. « Childhood Tragedy » évoque d’ailleurs la tragédie à l’origine de la haine de Lincoln pour les vampires. Le thème devient plus sombre dans « Vampires », pour lequel Jackman mélange cordes lugubres et samples/loops électro plus ordinaires et sans surprises. Le musicien développe son thème de façon entêtante, comme pour suggérer à l’écran la détermination aveugle de Lincoln à combattre ces créatures maléfiques et maudites. Un premier sursaut de terreur se fait entendre sur la fin de « Vampires », avec ses rythmes nerveux et sa guitare électrique trash qui semble surgir tout droit d’un score de Trevor Rabin.

A ce sujet, l’influence de Trevor Rabin paraît indiscutable dans « What Do You Hate ? », notamment dans l’écriture plus rythmique des cordes, des percussions et de la guitare : lorsque l’on connaît le réel potentiel musical d’Henry Jackman, on ne peut qu’être déçu par ce genre de choix plutôt simpliste et extrêmement impersonnel de la part du compositeur ! C’est pourtant bien le chemin que prend Jackman tout au long du film, comme le confirme « Power Comes From Truth », qui, malgré ses accords héroïques de cuivres, ne parvient pas à sortir de l’influence trop écrasante des productions Remote Control et celles de Rabin. Dans « You Are Full of Surprises », on retrouve le style plus délicat et intimiste du début avec le retour du mélange piano/cordes, très vite interrompu par un sursaut cacophonique brutal, atonal et dissonant pour une autre scène d’attaque de vampires. Le thème principal prend aussi une tournure plus romantique dans « Mary Todd », pour la séquence où Lincoln croise Mary Todd et tombe amoureux de la jeune femme, qu’il commence à courtiser. L’action n’est pas en reste avec un premier morceau-clé du score d’Henry Jackman, « The Horse Stampede », affrontement sur le dos des chevaux qui permet à Jackman de nous offrir un pur déchaînement orchestral saupoudré de percussions électroniques et de guitare électrique trash. L’entêtant motif principal associé à Lincoln revient pendant près de 3 minutes aux cordes avec l’ajout de quelques parties chorales plus massives, mais c’est l’apparition d’un motif héroïque qui attire ici notre attention, confié aux cuivres sur fond d’ostinati enragés de cordes. Ce motif héroïque évoque clairement les exploits d’Abraham Lincoln, que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film, et notamment dans une envolée solennelle et dramatique pour « Inauguration ». On retrouve d’ailleurs ces ostinato entêtants de cordes dans « Rescue Mission », « 80 Miles » - très inspiré du « Dark Knight » de Hans Zimmer - ou l’héroïque « Emancipation », qui semble surgir tout droit d’un score de Steve Jablonsky, tandis que « Haunted by the Past » apporte un éclairage plus tragique au film en soulignant les drames liés au passé de Lincoln, avec une écriture plus élégiaque et poignante des cordes et des choeurs.

La bataille finale sur le pont en feu permet à Jackman de nous offrir un dernier grand morceau d’action intense et déchaîné qui résume tous les principaux éléments du score : ostinati de cordes, reprises du motif principal, percussions synthétiques, choeurs et même quelques accélérations rythmiques qui s’intensifient au fur et à mesure que le pont menace de s’écrouler dans le ravin. Henry Jackman signe donc un score d’action typique des productions Remote Control pour « Abraham Lincoln : Vampire Hunter », sans grande inspiration et sans aucune originalité particulière. Alors que l’on s’attendait à un score résolument gothique et ténébreux, Jackman nous ressort tous les clichés habituels entendus maintes et maintes fois à Hollywood, de « Dark Knight » à « Transformers » en passant par les scores de Trevor Rabin. Si l’émotion n’est pas en reste avec les délicats « Mary Todd » ou le solennel et prenant « The Gettysburg Address », rien ne permet à la partition d’Henry Jackman de se démarquer du lot, comme c’était pourtant le cas dans le mémorable « X-Men First Class ». Dire que l’on est déçu par ce paresseux « Abraham Lincoln : Vampire Hunter » tiendrait donc du pur euphémisme, car Jackman est vraiment un compositeur talentueux capable de faire bien mieux que cela, beaucoup mieux !



---Quentin Billard