1-Welcome Amigo 3.57*
2-Rango Suite 5.58**
3-Certain Demise 0.24***
4-It's A Metaphor (Medley) 0.43+
5-Welcome to Dirt 0.58++
6-Name's Rango 1.33+++
7-Lizard for Lunch 1.26#
8-Stuck in Guacamole 0.21##
9-Underground 3.18###
10-We Ride, Really! 0.51°
11-Rango and Beans 1.04°°
12-Bats 4.28°°°
13-The Bank's Been Robbed 0.23^
14-Rango Returns 1.16^^
15-La Muerte A Llegado 0.45^^^
16-It's A Miracle 1.58²
17-El Canelo 0.44²²
18-The Sunset Shot 0.53²²²
19-Walk Don't Rango 2.49<
20-Rango Theme Song 3.57<<

*Rick Garcia/Kenneth Karman/
Gore Verbinski/
James Ward Byrkit
Dialogue interprété par
George Del Hoyo
**Score de Hans Zimmer
***Heitor Pereira
Dialogue interprété par
George Del Hoyo
+Medley de Hans Zimmer
"Forkboy" par Lard
(Jello Biafra/Paul Baker/
Al Jourgensen/
Jeff Ward/Bill Reflin
++Score de Hans Zimmer
Dialogue interprété par
Isla Fisher & Johnny Depp
+++Score de Hans Zimmer
Dialogue interprété par
Johnny Depp
#Score de Hans Zimmer
Interprété par Jose Hernandez,
Anthony Zuniga et Robert Lopez
##Score de Heitor Pereira
Dialogue interprété par
Charles Fleischer,
George Del Hoyo et
Gore Verbinski
###Score de Hans Zimmer
°John Thum/David Thum
Produit par Hans Zimmer
Dialogue interprété par
Lew Temple et Johnny Depp
°°Score de Hans Zimmer
°°°Medley de Hans Zimmer
"Rango Theme"
John Thum/David Thum
"Ride of the Valkyries"
(Richard Wagner)
"An Der Schönen Blauen Donau Op.314
(Johann Strauss)
^Rick Garcia/Kenneth Karman/
Gore Verbinski/James Ward Byrkit
Produit par Kenneth Karman
et Rick Garcia
Dialogue interprété par
Crash McCreery
^^Score de Hans Zimmer
^^^Rick Garcia et George Del Hoyo
Rick Garcia/Kenneth Karman/
Gore Verbinski/James Ward Byrkit
²Score de Hans Zimmer
²²Interprété par Los Lobos
Traditionnel
Dialogue interprété par
George Del Hoyo
²²²Score de Hans Zimmer
et Arturo Sandoval
Ecrit par John Thum
et David Thum
<Ecrit par John Thum
et David Thum.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Anti ANTI-87141-2

Album produit par:
Hans Zimmer
Producteur exécutif album:
Gore Verbinski
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordinateur album:
Jason Richmond
Score arrangé par:
Lorne Balfe, Tom Gire,
Michael Levine, Dominic Lewis,
Adam Peters, Heitor Pereira,
John Sponsler, Geoff Zanelli

Monteur superviseur:
Kenneth Karman
Montage musique:
Peter Oso Snell
Assistant montage:
Jeannie Lee Marks

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
RANGO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Sorti du succès colossal de la franchise « Pirates of the Caribbean », le réalisateur Gore Verbinski s’attaque pour la première fois en 2011 au cinéma d’animation avec « Rango », parodie décapante et dépaysante des westerns spaghettis italiens des années 60, dont le titre fait ironiquement référence au film « Django » de Sergio Corbucci réalisé en 1966 (avec Franco Nero dans le rôle-clé). Ici, tous les stéréotypes de l’univers traditionnel des westerns sont passés en revue, version animalière. Mais « Rango », ce n’est pas Disney : ne vous attendez donc pas aux héros au physique idéalisé et aux histoires d’amour mielleuses : le film est peuplé de grandes gueules aux physiques ingrats avec un humour souvent très décalé et plutôt adultes, à tel point que les enfants auront du mal à rentrer dans le film. En ce sens, « Rango » s’avère être une belle réussite, car le film de Gore Verbinski ne prend jamais les spectateurs pour des idiots et s’adresse avant tout aux cinéphiles, grâce à ses quelques clins d’oeil cinématographiques plutôt bien placés : l’esprit de l’ouest qui prend la silhouette de Clint Eastwood et plus particulièrement de son célèbre personnage de western spaghetti « l’homme sans nom », les deux personnages dans la voiture au début du film, hommage évident à Johnny Depp et Benicio Del Toro dans « Fear and Loathing in Las Vegas » de Terry Gilliam, le personnage de Bad Bill qui est un clin d’oeil à « Per qualche dollaro in piu » (1965) de Sergio Leone et plus particulièrement au personnage de Wild le bossu (incarné par Klaus Kinski), sans oublier une série d’allusions en tout genre à des films tels que « Star Wars », « Chinatown », « Raising Arizona », « The Good, the Bad and the Ugly », etc. Concernant l’histoire, on y suit les péripéties d’un caméléon domestique échappé d’un terrarium, et qui se retrouve perdu en plein milieu du désert de Mojave dans le Mexique. Après avoir échappé à l’attaque d’une buse, le caméléon rencontre Fève la lézarde et qui l’emmène dans la petite ville du Far West nommée Poussière, peuplée de créatures qui vivent et s’habillent comme des personnages de westerns spaghettis. Le caméléon décide de jouer le jeu et prétend s’appeler Rango. Doué d’une imagination débordante et de talents de comédien évidents, Rango se fait passer pour un homme de loi et s’attire les foudres du redoutable Bad Bill, jusqu’à ce que la buse refasse son apparition. Et de fil en aiguille, Rango deviendra shérif, imposteur et héros de la providence prêt à prendre son destin en mains. Avec un scénario intelligent et ses nombreux clins d’oeil en hommage aux westerns d’antan, « Rango » s’adresse donc essentiellement aux cinéphiles et à tous ceux qui maîtrisent les codes et le folklore du genre. Le film, peuplé de gueules burinées et de personnages rudes, fait aussi preuve d’une grande imagination et d’un humour décalé impressionnant pour un film d’animation américain contemporain (les personnages fument, parlent de façon outrancière et se battent avec leurs revolvers !). Visiblement, Gore Verbinski veut prouver avec « Rango » que le cinéma d’animation peut aussi s’adresser aux adultes, et pas seulement aux enfants, qui pourront aussi apprécier l’humour et le ton aventureux du film.

Gore Verbinski retrouve à nouveau Hans Zimmer sur « Rango », le compositeur allemand renouant avec le réalisateur de « Pirates of the Caribbean » pour une nouvelle partition orchestrale qui évoque clairement les musiques de western spaghetti des années 60, et plus particulièrement celles d’Ennio Morricone. Ainsi donc, Zimmer se paie le luxe de pasticher sur « Rango » son musicien fétiche, le compositeur teuton n’ayant jamais caché son admiration indéfectible pour le maestro italien (on se souvient notamment d’une citation évidente au « Sahara » de Morricone dans « Gladiator »). Epaulé par le Hollywood Studio Symphony – Zimmer a rarement enregistré avec cet orchestre – le compositeur s’entoure de son équipe habituelle (incluant Dominic Lewis, Lorne Balfe, Michael Levine, Heitor Pereira et Geoff Zanelli aux arrangements, pour ne citer que les plus connus) pour livrer une partition colorée et énergique fleurant bon les musiques western italiennes des sixties. Si le défi musical que relève Zimmer sur « Rango » tient plus de l’exercice de style un brin scolaire que d’un réel point de vue musical personnel du film, le résultat est somme toute assez réussi et plutôt agréable dans l’ensemble. Après la chanson introductive de « Welcome Amigo » évoquant les voix des hiboux mexicains qui introduisent l’histoire au début du film, « Rango Suite » développe le thème principal associé à Rango tout au long du film, mélodie malicieuse et espiègle qui passe d’un instrument à un autre avec une certaine fluidité, incluant une pléiade d’instruments à vent (ocarina synthétique, bassons, etc.) et un ensemble de guitares incluant un banjo – on retrouve aux guitares les complices habituels de Zimmer : l’indispensable George Doering bien sûr, mais aussi Craig Eastman, Heitor Pereira ou Arturo Sandoval – Le thème est présenté dans la première partie de « Rango Suite » sous une forme plutôt sautillante et joyeuse, dominé par le banjo, avant de céder la place à une envolée plus solennelle et western avec son sifflement et sa trompette mexicaine très connotée, ainsi que ses accents Morriconiens puissants et aisément reconnaissables – on n’est guère loin par moment de « The Good, the Bad and the Ugly » ou « Once Upon A Time in the West ». Seule ombre au tableau : l’utilisation un peu limite de samples orchestraux mélangés aux vraies parties orchestrales, des samples qui trahissent le côté souvent trop artificiel des orchestrations de « Rango » et rappellent ce fait agaçant chez Zimmer qui, bien qu’épaulé par un orchestre conséquent, ne peut s’empêcher de balancer des synthétiseurs partout. Point positif : le thème est suffisamment simple et mémorable pour laisser un souvenir immédiat après écoute : il paraît d’ailleurs plus que probable que vous vous mettrez à le siffler à votre tour à la sortie du film !

Très présent tout au long du score, le thème de Rango prend une tournure plus festive et survoltée dans « It’s A Metaphor » dans lequel Zimmer semble s’amuser comme un petit fou en alternant les sonorités et les instruments avec un certain humour et une fantaisie évidente. Le morceau s’apparente à une danse tzigane survoltée avec son rythme scandé ultra rapide et son mélange de violon tzigane, de cuivres, de percussions diverses, de kazoos (clin d’oeil au « Chicken Run » de ses potes John Powell et Harry Gregson-Williams ?), de cordes et même une brève section rock speed et un brin trash. Zimmer se fait plaisir et cela se sent : expérimentant autour des instruments, des collages de style et de sons, le compositeur contourne encore une fois ses faiblesses de composition pour un résultat indéniablement personnel et un vrai plaisir d’écoute, la musique n’hésitant pas à basculer dans la joyeuse folie quand le film le lui permet. L’humour est donc au rendez-vous dans la partition d’Hans Zimmer, qui démontre ici un goût évident pour la fantaisie en se donnant les moyens de faire une musique énergique, colorée, ludique et suffisamment variée pour ne jamais susciter le moindre ennui. « Underground » continue de jouer sur les codes des musiques de western en utilisant des instruments typés (banjo, guimbarde, guitare, harmonica) et des harmonies typiques de certains scores western italiens des sixties. Zimmer mélange ici aussi les sonorités et les ambiances dans « Underground » en expérimentant sur certains sons avec une inventivité constante, rappelant le goût du compositeur pour la conceptualisation de sa musique. Et qui dit western dit bien évidemment chevauchée héroïque, ce que Zimmer ne tarde pas à nous offrir avec le somptueux et entraînant « We Ride, Really ! », dans lequel tous les codes musicaux des western sont passés en revue, que ce soit le rythme de chevauchée des guitares, la trompette mexicaine héroïque ou le motif rythmique emprunté subtilement au « Seven Mercenaries » d’Elmer Bernstein.

Le score n’est pas exempt d’humour, avec une citation amusante à la chevauchée des Walkyries de Wagner dans « Bats » qui permet à Zimmer de pasticher le maître allemand à la sauce western à grand renfort de banjos, l’occasion pour le compositeur de suivre les traces de Wagner pour un nouveau morceau d’action assez énergique et percutant. Et comme si cela ne suffisait pas, la seconde moitié de « Bats » nous permet même d’entendre une brève parodie du « Beau Danube Bleu » de Strauss, ainsi qu’une reprise du thème de Rango en version héroïque à 2:59 (et dont les notes rapides ne sont pas sans rappeler curieusement le chant russe introductif du « Hunt for the Red October » de Basil Poledouris). « Bats » reste à n’en point douter l’un des meilleurs morceaux d’action du score, malheureusement gâché comme de nombreuses pistes du CD par l’inclusion inutile de dialogues et de FX du film, problème récurrent chez Zimmer (le volume 2 de « Gladiator », ou l’album de « Hannibal »). Quoiqu’il en soit, Zimmer se fait réellement plaisir comme le confirme le thème western épique et solennel de « Rango Returns » en hommage à Ennio Morricone, sans oublier les envolées grandioses et prenantes de « It’s A Miracle ! » ou la coda triomphante de « The Sunset Shot ». A noter que l’album inclut aussi quelques chansons du groupe de rock Los Lobos, spécialisé dans les musiques tex-mex et hispanique, qui signent l’excellent « Rango Theme Song » pour le générique de fin du film. Bilan positif donc pour la partition de « Rango », sans aucun doute l’un des meilleurs travaux que signe Hans Zimmer pour un film d’animation de 2011, car, derrière l’exercice de style et un humour omniprésent se cache une passion évidente de la part du compositeur allemand pour l’imagerie musicale des westerns traditionnels, et plus particulièrement des musiques d’Ennio Morricone, auquel tout le score semble être un large hommage, conçu avec une certaine malice et un fun évident, et aussi très réussi à l’écran. Car même si le score de « Rango » n’est certainement pas un chef-d’oeuvre du genre, le plaisir d’écoute dans le film comme sur l’album reste incontestable, preuve de la vivacité du compositeur et de ses collègues dans le registre du cinéma d’animation !




---Quentin Billard