1-Still Dream 3.12*
2-Calling the Guardians 2.06
3-Alone in the World 2.04
4-Fanfare for the Elves 0.53
5-Wind Take Me Home 1.28
6-Dreamsand 2.03
7-Pitch on the Globe 0.57
8-The Moon 1.32
9-Snowballs 1.31
10-Busy Workshop 1.33
11-Sleigh Launch 1.45
12-Nightmares Attack 7.17
13-Tooth Collection 2.22
14-Jamie's Bedroom 2.31
15-Jack and Sandman 4.18
16-Memorial 1.21
17-Guardians Regroup 0.58
18-Easter 3.39
19-Jack Betrays 3.20
20-Kids Stop Believing 2.35
21-Jack's Memories 2.24
22-Pitch At North Pole 2.00
23-Jamie Believes 3.01
24-Jack's Center 4.52
25-Sandman Returns 2.36
26-Dreamsand Miracles 2.18
27-Oath Of The Guardians 3.11

*Interprétée par Renée Fleming
Musique d'Alexandre Desplat
Paroles de David Lindsay-Abaire
Produit par Alexandre Desplat.

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 175 2

Musique produite par:
Alexandre Desplat
Musique produite par:
Solré
Direction de la musique:
Sunny Park
Producteur exécutif album:
Robert Townson
Monteur musique:
Joe E.Rand
Montage additionnel:
Barbara McDermott
Préparation musique:
Mark Graham
Programmation, séquençage:
Xavier Forcioli, Romain Allender
Manager musique:
Susan Thampi
Coordinateur musique:
Roger Tang
Consultant musical:
Charlene Ann Huang
Music clearances:
Julie Butchko
Music business affairs:
Dan Butler, Liz McNicoll,
Jennifer Schiller

Artwork and pictures (c) 2012 DreamWorks Animation L.L.C. All rights reserved.

Note: ****1/2
RISE OF THE GUARDIANS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
Chaque période de noël voit débouler au cinéma son lot de films familiaux, avec une tendance systématique au cinéma d’animation. Ainsi, « Rise of the Guardians » ne déroge pas à la règle et permet aux studios DreamWorks de nous offrir leur nouvelle merveille d’animation, adaptée d’une série de livres pour enfants de Williams Joyce. Réalisé par Peter Ramsey, « Rise of the Guardians » évoque les aventures des personnages de notre enfance : le père Noël, le lapin de Pâques, la fée des dents, le marchand de sable et Jack Frost, le jeune garçon de l’hiver. Ce dernier vit seul depuis des centaines d’années, provoquant le froid et la glace partout où il passe, mais invisible aux yeux de tous. 300 ans plus tard, au Pôle Nord, Santa Claus (le père Noël), qui veille sur les enfants du monde entier, est alerté par le retour soudain de Pitch, le sinistre croque-mitaine revenu des ténèbres pour voler les rêves des enfants et les remplacer par des cauchemars terrifiants. Santa Claus réunit alors un groupe de héros, les gardiens légendaires chargés de veiller sur le monde. Mais l’homme de la lune les informe qu’il leur manque un cinquième gardien, et que celui qui a été choisi n’est autre que Jack Frost en personne. Après moult hésitation, Frost finit par accepter de rejoindre le groupe des gardiens et se lance dans l’aventure, aux côtés du père Noël, de la fée des dents, du lapin de Pâques et du marchand de sable pour combattre Pitch et mettre fin à sa folie avant qu’il ne soit trop tard. « Rise of the Guardians » s’inscrit clairement dans la continuité des films animés de Noël, avec ses personnages attachants, son lot d’aventure, son animation de qualité et bien sûr sa morale sur le pouvoir des rêves et l’importance de croire aux héros de notre enfance. Avec une animation 3D de qualité et un visuel époustouflant, « Rise of the Guardians » est un film d’aventure destiné aux petits comme aux grands, une sorte de « Avengers » version enfant, avec ses héros célèbres qui nous ont tant fait rêver plus petit, et ses scènes d’action impressionnantes – le film est parfois assez sombre, notamment lors des scènes avec Pitch le croque-mitaine – « Rise of the Guardians » reste un divertissement hivernal agréable entièrement centré sur une galerie de héros attachants (mention spéciale au lapin de Pâques et ses boomerangs, de loin le personnage le plus fun du film). Jack Frost apporte un quota d’émotion appréciable au film, tandis que Pitch reste un méchant charismatique particulièrement sinistre et impressionnant pour un film de ce genre. A noter quelques scènes particulièrement réussies comme la séquence où les gardiens font la course aux dents chez les enfants du monde entier, séquence exubérante, drôle et rafraîchissante qui prouve à quel point les concepteurs du film semblent s’être fait particulièrement plaisir en réalisant « Rise of the Guardians ».

Cela faisait longtemps qu’Alexandre Desplat n’avait pas participé à la musique d’un film animé. A vrai dire, dans toute sa filmographie, seuls « Le Château des Singes » (1999) et « Fantastic Mr. Fox » (2009) représentaient à ce jour les rares incursions du compositeur dans le domaine du cinéma d’animation. Avec « Rise of the Guardians », Desplat renoue enfin avec l’univers des films animés et se paie carrément le luxe de nous offrir l’une de ses meilleures partitions pour le cinéma, une musique débordant de magie, de poésie, d’aventure et d’émotion, à l’image du très bon film de Peter Ramsey. Dès les premières notes du « Prelude », Desplat dévoile son sens habituel du lyrisme avec une écriture de cordes délicate et élégante, introduisant le premier thème du score dans « Alone in the World » à la harpe et à la flûte, thème intime et mélancolique associé à Jack Frost dans le film et à sa solitude, étant invisible aux yeux de tous. Le deuxième thème majeur du score est introduit dès l’apparition du titre du film, thème héroïque dominé par des cuivres vaillants et triomphants à la John Williams. A vrai dire, l’influence de Williams est omniprésente tout au long du score de « Rise of the Guardians » (on pense aussi parfois à James Horner), avec une influence indiscutable du « Hook » de Williams, qui semble avoir quelque peu retenu l’attention d’Alexandre Desplat sur ce film – le thème héroïque des 5 gardiens n’est d’ailleurs pas sans rappeler le thème d’aventure de « Hook » - Les orchestrations, comme toujours, sont extrêmement riches, vivantes et colorées, faisant preuve d’un savoir-faire évident de la part du compositeur français. Et comme si cela ne suffisait pas, Desplat fait appel au traditionnel et prestigieux London Symphony Orchestra pour s’assurer une interprétation solide et sans faille de sa musique à l’écran. L’appel des gardiens donne ainsi l’occasion à Desplat de nous offrir un « Calling the Guardians » splendide, sur un rythme enthousiaste et entraînant dominé par tous les pupitres de l’orchestre : cordes, cuivres, bois, percussions, écriture virevoltante du piano. « Calling the Guardians » est une formidable leçon d’héroïsme et d’optimisme musical, alors que Santa Claus réunit les gardiens pour le début d’une toute nouvelle aventure, la vitalité des percussions dans la dernière partie du morceau étant la cerise sur le gâteau (à vrai dire, le thème des gardiens pourrait tout aussi bien avoir sa place dans un film de super héros façon « Avengers » ou « Superman »). Bien évidemment, on n’évite pas les traditionnels effets de mickey-mousing indissociables des musiques de dessin animé, mais ce sont véritablement les thèmes qui attirent ici toute notre attention, s’imposant par leur richesse mélodique et leur diversité à l’écran.

En plus du thème de Jack Frost (« Alone in the World ») et du thème des gardiens (« Calling the Guardians »), on découvre un autre thème fondamental dans « Dreamsand », lorsque le marchand de sable dispense son sable magique aux jeunes enfants du monde. Confié aux cordes à partir de 0:18 sur un contrepoint virevoltant de flûtes/clarinettes/harpe/célesta/piano/glockenspiel, le magnifique thème des rêves apporte une certaine poésie au film et rappelle la sensibilité lyrique du compositeur. Développé essentiellement dans la deuxième partie du film, le thème des rêves prendra une toute autre tournure lors de la chanson conclusive du générique de fin, « Still Dream », brillamment interprétée par la soprano Renée Fleming à la manière d’un aria d’opéra classique traditionnel, chanson magnifique et véritable coup de coeur de la partition de « Rise of the Guardians » (et qui rappelle certaines musiques de James Horner pour des films animés comme « An American Tail » ou « We’re Back ! A Dinosaur’s Story »). Le thème atteindra aussi son climax lors de la puissante envolée orchestrale grandiose dans « Dreamsand Miracles » pour la fin du film, qui reste à n’en point douter l’un des moments forts du score d’Alexandre Desplat. Dans une récente interview, le compositeur expliquait même qu’écrire un thème de la trempe à celui de « Still Dream » (surnommé le « Belief Theme » par Desplat lui-même) était un rêve qui prend forme, l’occasion unique pour Desplat d’écrire une mélodie magnifique pour un film qui puisse rivaliser avec des classiques tels que « Someday My Prince Will Come » ou « Over the Rainbow ». Pour en finir avec les thèmes de « Rise of the Guardians », signalons le thème menaçant et sombre de Pitch, introduit à partir de 1:04 dans « Dreamsand ». Le thème de Pitch se distingue par son instrumentation étrange, basée sur une combinaison assez particulière de trois instruments : une flûte en effet de flatt (roulements de langue), une trompette et un saxophone ténor qui joue une octave en dessous en tritons parallèles (la connotation musicale habituelle du mal). Très particulier, ce thème sera présent lors de la plupart des scènes avec le maléfique croquemitaine. A noter que Pitch se voit aussi adjoindre à l’écran un second motif, entendu à 1:43 dans « Dreamsand », motif caractérisé par une série de sept notes descendantes et menaçantes – il s’agit du motif des cauchemars – Si la thématique de Pitch est loin d’être mémorable à l’écran, Desplat essaie malgré tout de rendre chacune des apparitions du sinistre croquemitaine de façon intense et inquiétante. Pour Bunny le lapin de Pâques, Desplat a composé un thème joyeux dont certaines notes descendantes rappellent vaguement Bach : le thème est suggéré brièvement dans « Tooth Collection » et apparaît dans son intégralité dès le début de « Easter » aux cordes sur fond de choeurs.

Au niveau des orchestrations, on notera la présence d’un ensemble de saxophones, que Desplat utilise judicieusement pour colorer sa musique de façon particulière et appréciable – le compositeur utilise par exemple un saxophone soprano pour le personnage de la fée des dents. Avec ses nombreux thèmes, Desplat élabore une grande partition d’une vitalité et d’une richesse incroyable, de la magie de « Dreamsand » à la jovialité extraordinaire de « Easter » ou du remarquable « Tooth Collection » (avec son utilisation réussie d’un cymbalum), qui ressemble à un véritable morceau de ballet pour la scène de la course aux dents, sans oublier le survolté « Sleigh Launch », dont les rythmes dansants et l’utilisation du cymbalum rappelle curieusement certains airs de musique tzigane populaire (on sent à quel point les musiciens du LSO se sont éclaté à interpréter cette splendide partition !), tout est fait pour plonger le spectateur dans un univers magique, féerique et aussi plein de dangers, comme le rappelle l’intense « Nightmares Attack », morceau d’action de plus de 7 minutes tout bonnement monumental – peut être l’un des meilleurs morceaux d’action écrit par Alexandre Desplat pour un film ? - L’influence de John Williams au début de « Nightmares Attack » paraît d’ailleurs assez évidente, notamment dans la façon d’écrire pour les vents, les percussions et dans l’utilisation particulière des rythmes. « Nightmares Attack » évoque la confrontation entre les cauchemars de Pitch et les gardiens. C’est l’occasion pour Desplat de combiner plusieurs thèmes qu’il développe ici à loisir, à commencer par le thème sombre de Pitch, son motif descendant secondaire, mais aussi le « Belief Theme » (ou thème des rêves), le thème des gardiens et le thème de Jack Frost. Tous les thèmes sont là mais développés de façon plus sombre et ambiguë, alors que Pitch menace pour de bon les rêves des enfants du monde entier. La partie finale de « Jamie’s Bedroom » est un exemple même d’inventivité et de jovialité, l’orchestre regorgeant d’énergie et de virtuosité avec son instrumentation fournie et d’une richesse ahurissante et rare de nos jours à Hollywood. « Jack & Sandman » est un autre morceau d’action détonnant, parsemé d’envolées héroïques et de cuivres brillants pour la scène de la défaite du marchand de sable. A noter l’emploi de la chorale et des percussions dans « Guardians Regroup » qui suggère clairement le rassemblement des gardiens et les préparatifs de la contre-attaque finale.

La musique devient plus dramatique dans « Kids Stop Believing », parsemé de quelques touches plus sombres et dissonantes pour le redoutable Pitch, tandis que le thème de Jack est repris de façon émouvante et nostalgique dans « Jack’s Memories », lorsque Jack se souvient enfin de son passé. L’action culmine dans l’excellent « Jack’s Center » et dans l’énergie triomphale du superbe « Sandman Returns », avec sa fanfare centrale héritée du « Hook » de John Williams et son envolée grandiose du thème des gardiens, sans oublier une coda triomphante et monumentale que n’aurait certainement pas renié Jerry Goldsmith. Impossible aussi de résister à l’énergie de « Oath of the Guardians », qui reprend les principales idées thématiques du compositeur pour une conclusion de plus de 3 minutes d’une richesse époustouflante. Prétendre que « Rise of the Guardians » est une partition d’une qualité exceptionnelle tiendrait du pur euphémisme, car Alexandre Desplat a accomplit l’exploit d’écrire enfin une grande oeuvre symphonique à la manière des maîtres d’antan tout en écrivant des thèmes riches, variés et mémorables, chose plutôt rare chez un compositeur dont les thèmes sont bien souvent peu mémorables ou trop discrets pour pouvoir captiver véritablement notre attention. Ici, Desplat repousse ses limites et nous offre une musique écrite avec le coeur, une oeuvre qui respire la passion évidente de la musique de film symphonique, tout en apportant une force, une poésie et une vitalité extraordinaire au film de Peter Ramsay. Le score de « Rise of the Guardians » confirme par ailleurs que les productions animées DreamWorks continuent encore aujourd’hui d’inspirer agréablement les compositeurs, surtout après le triomphe absolu de l’inoubliable « How to Train Your Dragon » de John Powell. A une époque où les scores de films hollywoodiens se suivent et se ressemblent, sombrant de plus en plus dans le sound design et la bouillie sonore uniforme des productions Remote Control, une partition exceptionnelle comme « Rise of the Guardians » est une véritable bouffée de fraîcheur, un score d’une qualité incroyable qui reste à ce jour l’un des meilleurs travaux d’Alexandre Desplat pour le cinéma, une partition remarquable à ne rater sous aucun prétexte, sous peine de quoi vous pourriez bien passer à côté de l’une des plus grandes musiques de film de l’année 2012 !



---Quentin Billard