1-Space Battleship Yamato
Opening Title 3.35
2-Raggedy Men 1.14
3-Ship of Hope 4.16
4-Fire Wave Motion Gun 4.38
5-Gamilas Fleet 3.25
6-The Return 2.44
7-Gamilasroid 0.47
8-Orders 1.39
9-Enemy Fleet Destroyed 3.21
10-A Moment of Silence 4.23
11-Comfort 1.40
12-Beautiful Blue Planet 0.47
13-Crisis 2.13
14-Faith 2.10
15-A New History 2.27
16-Cosmo Zero Launch 4.37
17-The Truth About The
Radioactivity Removal Device 5.51
18-Entrusted With the Future 2.06
19-Earth 2.34
20-Desslar's Revenge 3.21
21-The One I Want to Protect 4.41
22-The Final Salute 3.07

Musique  composée par:

Naoki Satô

Editeur:

Crown Tokuma Music NQKS-2001

Produit par:
Kozo Araki
Mélodies originales de:
Hiroshi Miyagawa

(c) 2010 Robot Communications/TBS Films. All rights reserved.

Note: ****1/2
SPACE BATTLESHIP YAMATO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Naoki Satô
Série animée cultissime au Japon, « Space Battleship Yamato » a vu le jour pour la première fois en 1974, date à laquelle l’anime a été diffusée à la télévision nippone. Cette série de science-fiction/aventure est l’oeuvre de Leiji Matsumoto, auteur de deux autres animes tout aussi populaires, « Albator » et « Galaxy Express 999 ». « Yamato » représente aussi une étape fondamentale dans l’animation japonaise, puisque la série est souvent considérée comme le début de l’incroyable ‘boom’ des séries animées nippones dans les années 70/80, au Japon mais aussi en Europe et dans le reste du monde. Pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, la série n’a jamais été diffusée à la télévision française, puisqu’il faudra finalement attendre l’année 2011 pour voir débarquer chez nous un DVD consacré au film live réalisé en 2010. Effectivement, après 3 séries TV, des OAV, un téléfilm et plusieurs films, voici la première adaptation cinématographique live de « Space Battleship Yamato », réalisée en 2010 par Takashi Yamazaki et produite par la Toho. Le film retrace les grandes lignes de la série TV d’origine : en l’an 2199, cinq ans après que la terre ait été attaquée par une force mystérieuse surnommée Gamilas, le cuirassé de combat spatial Yamato se voit confier une ultime mission d’espoir pour sauver l’humanité, alors que la terre est ravagée par les radiations des Gamilas, et que les humains sont contraints de s’enfouir sous terre pour échapper à la contamination radioactive. Selon une capsule arrivée mystérieusement sur terre et contenant un message en provenance de la lointaine planète Iskandar, cette dernière abriterait, aux dires du message, un appareil anti-radiation capable de sauver l’humanité. Des coordonnées sont fournies avec le message, indiquant clairement un endroit précis sur Iskandar. L’équipage du Yamato, dirigé par le vieux capitaine Okita (Tsutomu Yamazaki), se lance alors dans une ultime mission pour sauver le monde, en direction d’Iskandar. A son bord, le jeune Susumu Kodai (Takuya Kimura), a rejoint l’équipage, désireux de voir d’un peu plus près quel homme est réellement le capitaine Okita, qui a laissé son frère Mamoru se sacrifier au cours d’une dernière bataille contre les Gamilas. L’aventure ne sera pas de tout repos, car la flotte Gamilas n’aura de cesse d’attaquer le Yamato, et de l’empêcher d’arriver à bon port. « Space Battleship Yamato » est au final, à l’instar de l’animé de 1974, un space-opera grandiose et imposant, réalisé ici avec l’un des plus grands budgets de toute l’histoire du cinéma japonais (environ 28 millions de dollars). Bien évidemment, les influences U.S. sont incontestables – on pense d’emblée à « Star Wars », « Star Trek », « Battlestar Galactia », « Starship Troopers » ou « Wing Commander » - mais le ton de la série TV originelle est respecté à la lettre. Grandiose et épique, le film de Takashi Yamazaki nous promet un lot impressionnant de batailles spatiales, d’effets spéciaux démesurés (capables de rivaliser avec n’importe quel blockbuster hollywoodien !), mais aussi de morceaux de bravoure, de personnages attachants, d’émotion et de sacrifices. Le film est un pur régal pour tous les fans de l’anime de Leiji Matsumoto, un vibrant hommage pour un spectacle total de science-fiction qui ressuscite les grandes heures du space-opera des années 70 (rappelons d’ailleurs que le show japonais a été conçu quelques années avant « Star Wars » !) : une pure réussite, et aussi l’un des plus gros succès du cinéma japonais de l’année 2010 !

Les amateurs de l’animé de 74 connaissent sans aucun doute sur le bout des doigts les fameux thèmes musicaux du compositeur Hiroshi Miyagawa, qui opta tout au long de la série pour une approche pop/orchestrale alors typique des années 70. L’un des principaux thèmes de la série, interprété par des vocalises féminines éthérées, lorgnait même vers Ennio Morricone. Pour les besoins du film live de 2010, la musique fut confiée cette fois-ci à Naoki Sato, compositeur nippon connu pour ses musiques d’animes japonais tels que « Eureka Seven », « Heroic Age » ou « Moyasimon », sans oublier ses quelques musiques de séries TV/films telles que « Ryomaden » ou « Sword of the Stranger ». Pour « Space Battleship Yamato », Naoki Sato s’est vu confier l’immense tâche de reprendre les thèmes musicaux bien connus d’Hiroshi Miyagawa est de les réadapter dans une toute nouvelle partition musicale, plus moderne et aussi plus épique et grandiose – à l’instar du film. Pour les besoins du film, Sato a abandonné l’approche pop 70’s kitsch des musiques de l’anime originel et a opté pour une approche résolument symphonique et plus hollywoodienne d’esprit, à mi-chemin entre David Arnold, James Newton Howard ou Jerry Goldsmith. Le compositeur fait appel à un grand effectif orchestral avec choeurs et quelques éléments synthétiques discrets pour illustrer l’ultime combat du Yamato pour sauver l’humanité toute entière. Le film s’ouvre au son du puissant « Space Battleship Yamato (Opening) », qui présente les deux thèmes bien connus écrits par Hiroshi Miyagawa pour la série animée : le thème héroïque du Yamato, avec sa mélodie de six notes introduite aux cuivres dès 0:13 sur un rythme martial proche du « Mars » de Holst, et le thème spatial à 1:42, magnifique mélodie d’une grande beauté bien connue des fans de la série de 1974 – il s’agit du thème original composé par Miyagawa pour le générique de la série animée – débarrassée ici de son instrumentation pop 70’s originelle pour une approche beaucoup plus symphonique et chorale, avec une superbe reprise entonnée par une soprano lyrique à 2:42, qui rappelle clairement les vocalises inoubliables d’Edda Dell’Orso chez Ennio Morricone. Le thème héroïque du Yamato est repris sous la forme d’une fanfare triomphante pour l’apparition du titre du film dans l’ouverture, une véritable signature musicale de la partition de « Space Battleship Yamato », qui reviendra constamment tout au long du film (bien plus que le thème spatial d’ailleurs). Naoki Sato commence à arranger et développer ce thème dans « Raggedy Men » et le poignant « Ship of Hope », superbe morceau d’espoir solennel et vibrant, alors que l’équipage du Yamato se prépare au départ de l’expédition vers Iskandar. « Ship of Hope » est le premier morceau mémorable (en dehors de l’ouverture) du score de Sato, avec un arrangement poignant du thème principal qui prend ici des allures d’hymne solennel évoquant l’ultime espoir incarné par l’expédition du Yamato pour la survie de l’humanité.

Niveau orchestrations, Sato met ici l’accent sur les cordes, la trompette soliste, les bois et les choeurs dans un mélange majestueux de sentiments entre appréhension, détermination et espoir. Après 1:45, Sato entame une longue ascension solennelle et majestueuse du thème de l’espoir, avec un ostinato de cordes à la Steve Jablonsky et quelques touches martiales discrètes, la chorale apportant cette dimension épique typique de la musique du film de Takashi Yamazaki. Ce thème d’espoir associé à la Terre reviendra à quelques reprises dans le film, et plus particulièrement dans le magnifique « Earth » vers la fin du film, durant lequel Sato superpose ce thème à la mélodie principale héroïque et majestueuse du Yamato, pour un autre grand passage d’espoir et d’émotion de la partition de « Space Battleship Yamato ». Le score de Naoki Sato nous présente aussi une longue série de morceaux d’action amples, épiques et intenses versant clairement dans une démesure symphonique ahurissante, comme le rappelle la scène du premier tir du canon du Yamato dans « Fire Wave Motion Gun » au début du film : rythmes martiaux saccadés, cuivres imposants, bois virevoltants, cordes staccatos agitées, percussions métalliques, envolées héroïques et guerrières du thème principal, tout est mis en oeuvre pour nous plonger ici au coeur même de la bataille avec une puissance orchestrale impressionnante et très hollywoodienne – on n’est guère loin par moment du « Wing Commander » de Kevin Kiner et David Arnold, ou de certains scores épiques d’Howard Shore ou James Newton Howard – Dans « Gamilas Fleet », Sato introduit un nouveau rythme d’action tonitruant aux cordes staccatos sur fond de ponctuations rythmiques syncopées à la Jerry Goldsmith : l’attaque spatiale de la flotte Gamilas est un autre grand moment d’action du score de Naoki Sato, avec ses envolées héroïques du motif triomphant associé aux Black Tigers, accompagnant les grands moments de bravoure de cette bataille spatiale. Dans « The Return », Sato introduit un autre thème du score, un thème plus sombre et dramatique associé à la menace de l’armée Gamilas dans le film, thème de cordes qui reviendra dans les moments les plus désespérés du film, et dont la construction très carrée, les harmonies de cuivres et les phrases mélodiques répétées systématiquement deux fois rappellent curieusement John Barry. Autre passage d’action indispensable : « Enemy Fleet Destroyed », avec sa marche guerrière et cuivrée associée aux Gamilas, dans un style à mi-chemin entre le « Independence Day » de David Arnold ou les « Star Trek » de Jerry Goldsmith. A noter que ce thème guerrier des Gamilas revient aussi à la fin du film dans « Desslar’s Retaliation ». Autres passages d’action mémorables : les déchaînements orchestraux intenses de « Crisis » et « Cosmo Zero Launch », qui reprend dès le début le superbe motif héroïque guerrier des Black Tigers de « Gamilas Fleet ». A noter à 2:48 l’introduction d’une fanfare victorieuse reprise d’un autre fameux thème de la série de 74 composé par Hiroshi Miyagawa - la fanfare revient aussi en grande pompe dans le triomphant « Conviction » - Seul morceau qui sort quelque peu ici du lot : « Gamilasroid », pour l’attaque de l’alien Gamilas à bord du Yamato. Ce morceau s’apparente à un déchaînement atonal et dissonant avec ses glissandi avant-gardistes et sinistres d’une agressivité redoutable, peut-être le passage le plus dissonant et le plus brutal du score de « Space Battleship Yamato ».

Enfin, que ne serait une telle aventure sans une dose d’émotions et d’humanité ? Car, hormis les grandes batailles spatiales, « Space Battleship Yamato » est avant tout une aventure humaine, pour la survie d’une Terre à l’agonie. C’est ce que nous rappelle la reprise désespérée et poignante du thème principal dans « Orders », ou le lyrisme bouleversant de « A Moment of Silence », qui introduit un thème élégiaque de cordes qui évoque la mélancolie et les pertes humaines – un morceau typique des musiques dramatiques et lyriques habituelles de Naoki Sato – « A Moment of Silence » vous fera vibrer à coup sûr dans le film grâce à son émotion résignée et son crescendo dramatique poignant. « Beautiful Blue Planet » évoque la Terre avec la reprise du thème de l’espoir/de la Terre aux cordes et aux choeurs, un morceau malheureusement trop bref mais qui évoque en quelques secondes l’humanité entière retenant son souffle, attend son salut. Dans « A New History », Sato reprend le thème principal du Yamato dans une version plus élégiaque et solennelle, avec le retour de la chorale évoquant l’espoir lors d’une reprise lente et vibrante de la fanfare de Miyagawa. Impossible aussi de passer sous silence l’apport émotionnel incroyable de « The Truth About the Radioactivity Removal Device », lorsque l’équipage mené par Susumu Kodai atteint enfin son objectif et découvre la vérité au sujet du soi-disant appareil antiradiation. Sato reprend pour l’occasion le thème spatial de Miyagawa dans une version pour cordes lente, poignante et résignée, avant une reprise orchestrale plus lyrique et puissante du thème avec la chanteuse soprano à partir de 3:11, rejoint quelques mesures plus loin par les choeurs. « Entrusted With the Future » nous introduit à la partie finale du score et du film, avec l’idée du sacrifice des héros. « The One I Want to Protect » évoque l’évacuation de l’équipage du Yamato à la fin du film et le sacrifice final avec un ton ambigu, entre espoir, résignation, regrets et détermination : Sato reprend ici la mélodie mélancolique et dramatique de « Comfort » avec un ensemble de cordes tourmentées, lyriques et élégiaques, pour un autre passage tragique et poignant de la partition de « Space Battleship Yamato », qui ne laissera pas non plus indifférent à l’écran. C’est d’ailleurs en toute logique que ce morceau débouche sur la coda bouleversante du film dans « The Final Salute » (le générique de fin étant accompagné de la chanson « Love Lives » de Steven Tyler), qui reprend le thème spatial de la série de 74 dans une version élégiaque pour orchestre, choeurs et soprano, avec quelques roulements martiaux de caisse claire, une conclusion grandiose à l’instar du travail de Naoki Sato sur le film de Takashi Yamazaki : un ouvrage remarquable et un vrai accomplissement musical pour Sato, qui signe une partition symphonique épique, dramatique et poignante pour « Space Battleship Yamato ». Le compositeur nippon s’est réapproprié les thèmes bien connus de l’anime japonais de 1974 auxquels il a apporté une nouvelle jeunesse et de nouveaux développements conséquents, le tout mâtiné d’orchestrations généreuses, d’écriture symphonique riche et de mélodies amples et accrocheuses. Impossible de s’ôter de la tête les thèmes d’Hiroshi Miyagawa dans « Space Battleship Yamato ». Impossible de ne pas ressentir dans le film l’émotion de « Ship of Hope » ou de « A Moment of Silence », difficile de ne pas se laisser entraîner par l’exubérance et la démesure orchestrale de « Cosmo Zero Launch » ou de « Fire Wave Motion Gun » : pour toutes ces raisons, et bien plus encore, « Space Battleship Yamato » est à ce jour l’un des meilleurs travaux de Naoki Sato pour le cinéma japonais, une partition remarquable de bout en bout à découvrir de toute urgence, comme le film : un must !



---Quentin Billard